UNIVERSITÉ PARIS IV – SORBONNE ÉCOLE DOCTORALE MONDES ANCIENS ET MÉDIÉVAUX THÈS

UNIVERSITÉ PARIS IV – SORBONNE ÉCOLE DOCTORALE MONDES ANCIENS ET MÉDIÉVAUX THÈSE pour obtenir le grade de DOCTEUR DE L’UNIVERSITÉ PARIS IV Discipline : Histoire du Christianisme Ancien et Antiquité tardive présentée et soutenue publiquement par Smaranda MARCULESCU-BADILITA le 8 décembre 2007 Titre : RECHERCHES SUR LA PROPHÉTIE CHEZ PHILON D’ALEXANDRIE Directeur de thèse : Madame Monique ALEXANDRE JURY Madame Monique ALEXANDRE (Université de Paris IV) Madame Francesca CALABI (Université de Pavie) Monsieur Alain LE BOULLUEC (École Pratique des Hautes Études ) Monsieur Olivier MUNNICH (Université de Paris IV) `H d‹ ¢n£klhsij toà profˇtou deut◊ra g◊nes∂j œsti, tÁj prot◊raj ¢me∂nwn. « Mais l’appel du prophète est une deuxième naissance, qui est supérieure à la première. » (Philon, Quaestiones in Exodum, II, 46) REMERCIEMENTS Je tiens à remercier tous ceux qui ont contribué à l’aboutissement de ce travail, en particulier Mme Monique Alexandre, qui a dirigé cette thèse avec un rare dévouement et qui, depuis mes premiers pas à la Sorbonne m’a guidé dans les études philoniennes avec science, sagesse et générosité, en m’encourageant dans les moments les plus difficiles et en ayant confiance en moi jusqu’au bout. C’est aussi grâce à Mme Alexandre, ainsi qu’à M. Jean-Claude Fredouille et à M. Wladimir Mercouroff, directeur des relations internationales de l’ENS, que j’ai pu bénéficier, durant les trois premières années de ma thèse, d’une Allocation de recherche de la part du Ministère de l’Enseignement supérieur. Je leur suis profondément reconnaissante. Mes remerciements vont aussi à mes anciens collègues de l’Université de Rouen, en particulier à Mme Laurence Villard, qui a dépensé tous ses efforts pour prolonger au maximum la durée de mon enseignement et à mes amis, Isabelle Gassino et Jean-Michel Poinsotte, qui ont lu des pages de cette thèse et fait des remarques très utiles. Je remercie également M. Pierre Petitmengin, qui m’a généreusement offert plusieurs volumes des Œuvres de Philon d’Alexandrie, M. Olivier Munnich, qui m’a encouragé et aidé à surmonter certains obstacles et mon amie Cristina Alexandru, qui a été à mes côtés sur la dernière ligne droite. Toute ma gratitude va aussi à ma famille : à mes parents, dont l’aide m’a été si précieuse durant les derniers mois avant la fin de ce travail, à Paul et Anca, à Raluca, pour leur soutien effectif et affectueux. Je remercie aussi ma petite Irina qui m’a donné envie de finir ce que j’avais commencé. Mon époux, Cristian, a relu et corrigé toutes les pages de cette thèse, que je n’aurais jamais commencée et certainement jamais finie sans lui. Son amour, sa patience et ses conseils m’ont aidé à aller jusqu’au bout. Je n’ai pas de mots pour le remercier et lui dire mon affection. 4 Notice préliminaire Pour les passages philoniens cités en français nous avons adopté les traductions de l'édition des Oeuvres de Philon d'Alexandrie publiées sous le patronage de l'Université de Lyon, R. Arnaldez, J. Pouilloux et C. Mondésert, Paris, 1961-1992. Les traductions des textes du Pentateuque appartiennent à la La Bible d'Alexandrie, Paris, 1986— …. Lorsqu’il nous a semblé nécessaire de modifier ces traductions, nous l’avons signalé en note. Abréviations et sigles Abréviations des titres des traités de Philon : Abr. De Abrahamo Aet. De aeternitate mundi Agric. De agricultura Alex. Alexander Cher. De Cherubim Confus. De confusione linguarum Congr. De congressu eruditionis gratia Contempl. De vita contemplativa Decal. De Decalogo Deter. Quod deterius potiori insidiari soleat Deus Qoud Deus sit immutabilis Ebr. De ebrietate Flacc. In Flaccum Fug. De Fuga et inventione Gig. De gigantibus Her. Quis rerum divinarum heres sit Hypot. Hypothetica (Apologia pro Iudaeis) 5 Ios. De Iosepho Legat. Legatio ad Caium Leg. I, II, III Legum allegoriae, I, II, III Migr. De migratione Abrahami Mos. I, II De vita Mosis, I, II Mutat. De mutatione nominum Opif. De opificio mundi Plant. De plantatione Poster. De posteritate Caini Praem. De praemiis et poenis, de execrationibus Prob. Quod omnis probus liber sit Prov. De Providentia QG I-IV Questiones et solutiones in Genesim, I, II, III, IV QE I-II Quaestiones et solutiones in Ex.odum I, II Sacrif. De sacrificiis Abelis et Caini Sobr. De sobrietate Somn. I, II De somniis, I, II Spec. I, II… De specialibus legibus, I, II… Virt. De virtutibus Autres abréviations et sigles : ANRW Aufstieg und Niedergang der römischen Welt AJ Antiquités juives BA Bible d’Alexandrie BJ Bible de Jérusalem BJudSt Brown Judaic Studies JBL Journal of Biblical Literature JQR Jewish Quarterly Review JSJ Journal for the Study of Judaism 6 JSP Journal for the Study of Pseudoepigrapha LAB Liber Antiquitatum Biblicarum NT Nouveau Testament Nov T Novum Testamentum RB Revue Biblique REG Revue des Études Grecques SBLSP Society of Biblical Literature Seminar Papers SPhA Studia Philonica Annual Talmud B. Talmud de Babylone TDNT Theological Dictionnary of the New Testament TLG Thesaurus Linguae Grecae TM Texte massorétique VC Vigiliae Christianae ZAW Zeitschrift für die Alttestamentliche Wissenschaft 7 INTRODUCTION La prophétie fait partie de ces sujets qui ne cessent d’interpeller les esprits et dont plus on en sait, plus ils gardent une part de mystère… Mais, comme l’essentiel dans ces cas-là est de ne jamais abandonner sa quête, commençons par dire que l’un des mérites des recherches menées durant ces dernières décennies est d’avoir abordé le prophétisme dans une perspective plus large, comme celle de l’histoire des religions, et d’avoir rapproché des expériences et des traditions prophétiques très différentes et éloignées dans l’espace et dans le temps, qui, malgré tout, ne maquent pas de dénominateur commun et peuvent s’éclairer les unes les autres. Nous pensons, pour ne donner qu’un exemple, au récent ouvrage paru sous la direction de Giovanni Filoramo1, où, à travers la notion de « charisme prophétique » ― telle qu’elle a été définie par Max Weber2, comme facteur d’innovation religieuse  se côtoient des études sur le prophétisme biblique, la prophétie chez les Grecques, dans le Nouveau Testament, dans l’Islam, le confucianisme ou dans des mouvements néoprotestants contemporains. Plus centré sur l’Antiquité, un ouvrage comme celui de D. E. Aune3, place les conceptions de la prophétie dans le judaïsme hellénistique et dans le Nouveau Testament à la fois dans une continuité avec la tradition biblique 1 Carisma profetico, fattore di inovazione religiosa, Brescia, 2003. 2 « Par le mot prophète nous entendons un simple individu porteur d’un charisme, qui en vertu de sa mission proclame une doctrine religieuse ou un commandement divin ». (Max Weber, Wirtschaft undGesellschaft, vol. II, Tübingen, 1947, p. 250). 3 Prophecy in Early Christianity and the Ancient Mediterranean World, Grand Rapids, 1983, 19912. 8 des prophètes d’Israël et dans le contexte de la divination et du prophétisme païens gréco-romains. Nous retrouvons une démarche similaire chez G. Sfameni Gasparro4, qui voit, dans la confrontation entre le monothéisme juif puis chrétien et le polythéisme gréco-romain sur le terrain de la révélation, l’une des sources de la ferveur religieuse qui marque le climat spirituel des premiers siècles du christianisme à tous les niveaux de la société. Des approches comme celles évoquées plus haut peuvent nous aider à mieux situer Philon et ses conceptions de la prophétie aussi bien par rapport à la tradition biblique dont il se revendique et par rapport à ce qu’on peut regrouper sous l’expression, très générale, d’ailleurs, de « prophétisme greco- romain ». * Pour ce qui est de l’étude du prophétisme biblique ne serait-ce que dans le cadre élargi de sa propre tradition, Joseph Blenkinsopp, auteur d’Une histoire de la prophétie en Israël5 déplore la tendance de « certains exposés historiques sur la prophétie à s’arrêter à l’Exil au VIe siècle av. J. C. ou à en faire un sommet. L’effet, sinon l’intention, est de perpétuer l’idée, si répandue au siècle dernier, que les développements postérieurs, avec leurs formes différentes d’expression religieuse, représentent une décadence de la religion prophétique, une soumission à la paralysie institutionnelle »6. Une telle approche laisserait également de côté l’examen des « transformations si intéressantes que la prophétie a connues durant la période du Second Temple, une époque qui a vu non seulement l’essor et la consolidation du 4Oracoli, Profeti, Sibille, Rivelazione e salvezza nel mondo antico, Roma, 2002. Un « appendice » de ce livre (pp. 343-369) est d’ailleurs consacré à la discussion de l’ouvrage de D. E. Aune. 5 Paris, Cerf, 1993. 6Op. cit., p. 8. 9 judaïsme dans sa patrie et dans la diaspora, mais aussi l’apparition du christianisme avec ses propres formes d’activité prophétique. »7 En parlant de la tradition prophétique en Israël ― tradition marquée d’ailleurs par la diversité ―, Blenkinsopp attire l’attention sur un phénomène qui se développe tout particulièrement pendant la période du Second Temple : « le processus d’appropriation, d’assimilation et d’adaptation » qui marquait la prophétie d’avant le Second Temple (même si les prophètes ne reconnaissent pas explicitement les prédécesseurs dont ils s’inspirent) prend alors la forme d’une exégèse des anciennes prophéties. « Cette exégèse de la Bible par la Bible fournit une indication précieuse sur les changements dans la façon de comprendre les prophéties et nous amène à ce point où les livres prophétiques, ayant atteint un statut uploads/Litterature/ the-se-s-marculescu-badilita.pdf

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