ÉDITO / Page 3 et de Céline a de beaux jours devant elle. Mais des voix s’élève
ÉDITO / Page 3 et de Céline a de beaux jours devant elle. Mais des voix s’élèvent, souvent en off, tant elles semblent redouter Gallimard. Éditeurs, libraires, critiques, romanciers nous donnent leurs avis. Il nous a semblé par ailleurs intéressant de s’intéresser de nouveau au philosophe et sociologue Geoffroy de Lagasnerie, qui avait fait notre couverture l’année dernière pour son essai très stimulant sur la justice, Juger (Fayard). A l’occasion du très bon livre qu’il a fait paraître en cette rentrée, Penser dans un monde mauvais, (PUF), Oriane Jeancourt s’est entretenue près de trois heures avec lui à la Closerie des Lilas, pour essayer de mieux comprendre l’origine de sa pensée, et de mieux savoir qui est ce jeune homme de trente cinq ans venu du très chic XVIeme arrondissement de Paris devenu une des figures les plus en vues de la gauche radicale. A vous tous, chers lecteurs, qui souhaitez lire autre chose que ce qu’on lit dans la presse mainstream, qui en avez ras le bol d’entendre parler de ces élections, ces petites affaires, ces petites phrases, ces tweets sans intérêt, bienvenue à Transfuge ! par Vincent Jaury Au programme J ulia Ducournau fait notre couverture de ce mois pour son premier long métrage, Grave. Notons au passage que Transfuge est un des seuls magazines sinon le seul à prendre le risque de mettre en couv un premier film. Mais c’est que l’équipe ciné croit beaucoup à cette jeune cinéaste de trente-trois ans et qu’il y a fort à parier que dans dix ans on reparle d’elle comme d’une réalisatrice française incontournable. Tout le monde parle déjà du film dans le milieu de la critique, il était sélectionné à la Semaine de la critique à Cannes, il a fait sensation à Sundance, et a obtenu le Grand prix du très reconnu festival de Gérardmer (ainsi que le prix de la critique dont fait partie notre journaliste Frédéric Mercier). Justine est une fille surdouée qui intègre l’école de vétérinaire où se trouve déjà sa grande sœur. Elle est bizutée et l’on force cette végétarienne a manger de la viande crue. A partir de là, le film bascule dans le cannibalisme... Nous avons fait un long portrait de la réalisatrice, le plus précis possible, pour éclairer le film. Kamel Daoud est en ouverture de nos pages littéraires. On ne présente plus cet intellectuel algérien, son courage malgré sa fatwa à dénoncer l’islamisme du monde entier. Un livre paraît de l’ensemble de ses chroniques paru entre 2010 et 2016, Mes Indépendances (Actes sud). Il redonne ses lettres de noblesse au genre de la chronique qui sous la plume de Daoud devient littéraire. C’est le chroniqueur le plus lu d’Algérie, très apprécié aussi dans le monde arabe progressiste. Il a notamment beaucoup défendu la cause des femmes dans une région où leurs droits sont quotidiennement bafoués. Nous l’avons longuement interviewé. Dans un autre genre, nous avons mené l’enquête sur quelques mois du côté des éditions Gallimard. La prestigieuse maison est-elle toujours à la hauteur de sa réputation ? Il faut bien dire que oui selon un grand nombre d’intervenants que nous avons interviewés. La maison de Proust Page 4 / TRANSFUGE Page 3 NEWS 3 / Édito 6 / On prend un verre avec Constance Rousseau CHRONIQUES 8 / Le nez dans le texte de François Bégaudeau 10 / Croyez ce que vous voulez 12 / Journal d’un homme pressé 14 / Interview express : Olivier Minne 16 / Interview express : Claudio Giovannesi 18 / Interview express : Kiyoshi Kurosawa 20 / Interview express : Ivan I. Tverdovsky 22 / En coulisse avec Manuel Tricoteaux Page 24 DU CÔTÉ DE LA LITTÉRATURE 24 / Cahier critiques : comme chaque mois, Transfuge vous choisit ses 10 livres incontournables dont le formidable Mes Indépendances de Kamel Daoud 52 / Poche 53 / Polar 54 / Déshabillage : Paul Vacca 56 / Essai : Céline, la race, le juif 58 / Essai : portrait de Geoffroy de Lagasnerie 64 / Enquête : Gallimard est-il toujours Gallimard ? N°107 MARS 2016 SOMMAIRE Page 24 KAMEL DAOUD Page 74 JULIA DUCOURNAU Page 72 SUR NOS ÉCRANS 72 / Édito 74 / L’événement : Julia Ducournau, Grave 82 / Sélection des meilleurs films du mois 86 / DVD 92 / Classique : Warren Beatty 98 / Remous : Retour sur Papa ou Maman 2 102 / Scène : MayDay à la Colline 106 / Art : Arno Breker, une biographie 110 / Musique : Psychedelic Celluloid Page 102 EN VILLE Page 92 WARREN BEATTY 114 / En route ! Va devant ! editionslatableronde.fr « Quelque sujet qu’il traite, Jérôme Leroy pense et écrit en poète. » GÉRARD GUÉGAN, SUD-OUEST DIMANCHE « Roman de politique-fi ction, d’anticipation sociale, roman noir, roman du temps enfui aussi, beaucoup, et roman d’amours défuntes enfi n, Un peu tard dans la saison est tout cela à la fois. » LIONEL DESTREMAU, LE MATRICULE DES ANGES « Jérôme Leroy cultive les émerveillements minuscules et les voluptés de la mélancolie. » SOPHIE PUJAS, LE POINT « Ses romans nous sont devenus indispensables. » BENOÎT DUTEURTRE, LE FIGARO LITTÉRAIRE « Chez Leroy, la noirceur est toujours éclairée par une possible rédemption. » ELISE LÉPINE, TRANSFUGE « Direct, tranchant, excitant. » JEAN-CLAUDE RASPIENGEAS, LA CROIX CONSTANCE ROUSSEAU J’AI PRIS UN VERRE AVEC… Page 6 / TRANSFUGE C ’est une affaire bien mystérieuse : Constance Rousseau m’a donné rendez- vous au bar de l’hôtel Regina, au coin de la rue des Pyramides où j’avais rendez-vous juste avant pour m’entretenir de films d’horreur. Détail piquant de l’affaire, elle était comme moi la veille au festival international du film fantastique de Gérardmer où elle présentait Le Secret de la chambre noire, le nouveau film de Kiyoshi Kurosawa dont elle est l’inoubliable héroïne. Et bien qu’au cours du repas du dîner de clôture, nous étions assis à quelques centimètres l’un de l’autre, alors que je ne cessais de chercher son regard, elle me jure ne m’avoir ni remarqué ni vu. Qu’importe, c’est le lot des gens transparents ! (En tout cas, ça faire rire Franck, le photographe.) Ce jour là, au Regina, au fur et à mesure qu’elle boit son café, Constance Rousseau ne cesse de m’intriguer. À commencer par ses origines : elle est fi lle d’un ingénieur médical qui élabore des instruments destinés aux tests sanguins. « Mon père se décrit comme un vampire qui vit du sang de ses compatriotes. » Diffi cile d’imaginer que cette douce et frêle Parisienne puisse tant aimer se repaître d’images horrifi ques. Et pourtant, elle me parle avec appétit de spectres, de zombies et de John Carpenter, l’un de ses cinéastes préférés. A en juger par la délicatesse de son visage, de ses gestes effectuées du bout de petits doigts graciles – « ma gestuelle est très mesurée, je ne prends aucune place » s’excuse- t-elle alors que je la regarde fasciné, on jurerait plutôt une petite fi lle sage. Elle s’en amuse : « J’aimais très tôt pourfendre les interdits avec des fi lms d’horreur. Les Yeux sans visage est mon fi lm préféré. » Coïncidence déroutante : c’est aussi le fi lm favori de Kurosawa. Chose bien inquiétante : c’est à son œuvre que Constance Rousseau a consacré une partie de son mémoire qui portait sur l’étude de l’utilisation de l’image vidéo dans les fi lms de fantômes et notamment ceux de Kurosawa. Si bien que tourner pour le cinéaste était son rêve absolu. Mais les coïncidences ne s’arrêtent pas là et prennent un tour surnaturel : dans Le Secret de la chambre noire, elle joue Marie, une ingénue éprise de botanique qui espère pouvoir travailler au Jardin des Plantes et échapper avec son amant à l’emprise de son père, un photographe passionné par les daguerréotypes. Or, il se trouve que si elle n’avait pas été comédienne, si elle n’avait pas un jour de ses seize ans été repérée dans la rue par la directrice de casting de Mia Hansen- Love qui cherchait l’héroïne de Tout est pardonné, Constance Rousseau eût sans doute été… botaniste. Elle qui, comme Marie, aime le soir errer seule au Jardin des Plantes. On ne s’étonnera plus de rien et certainement pas que dans le dernier Kurosawa, elle campe un personnage qui semble avoir été calqué sur l’être insaisissable que j’ai en face de moi : ingénue, héroïne romantique, douce, ironique, fantôme aux yeux noirs dont la beauté émane d’un autre siècle. Pourtant, elle me jure avoir été recrutée après écriture du scénario. Il est des mystères sans réponses. A l’image de mon trouble qui persiste après cet entretien, pour une star en devenir saisie ici avant la mue, l’ultime métamorphose. Constance forever ! Par Frédéric Mercier Photo Franck Ferville « je ne prends aucune place » Ce que nous pouvons A propos de Que faire des classes moyennes? Nathalie Quintane, POL Page 8 / TRANSFUGE le nez dans le texte par François Bégaudeau Q ue faire des classes moyennes? » est une question uploads/Litterature/ transfuge-n107-mars-2017.pdf
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- Publié le Oct 01, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
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