Enzo Traverso: Paul Celan et la poésie de la destruction in "L'Histoire déchiré
Enzo Traverso: Paul Celan et la poésie de la destruction in "L'Histoire déchirée. Essai sur Auschwitz et les intellectuels" ISBN 2-204-05562-X © Les Éditions du Cerf 1997 Reproduction interdite sauf pour usage personnel - No reproduction except for personal use only http://www.anti-rev.org/textes/Traverso97a6/ Nous remercions Enzo Traverso et les Éditions du Cerf de nous avoir autorisés à reproduire ces textes. Je reprends ici une formule employée par Rachel Ertel à propos des poètes yiddish ayant survécus au génocide, pour lesquels « écrire était une obligation, une manifestation quasi biologique du vivre » (Dans la langue de personne. Poésie yiddish de l'anéantissement, Éd. du Seuil, Paris, 1993, p. 16). C. Magris, Danube, L'Arpenteur, Paris, 1988, p. 392. G. Steiner, « La longue vie de la métaphore », Écrits du temps, n° 14-15, 1987, p. 16. Cité dans John Felstiner, Paul Celan. Poet, Survivor, Jew, Yale University Press, New Haven - Londres, 1995, p. 51. G. Steiner, « A Lacerated Destiny. The Dark and Glittering Genius of Paul Celan », Times Literary Supplement, Juin 1995, p. 3. P. Celan, La rose de personne (RP), trad. Martine Broda, Le Nouveau Commerce, Paris, 1979, p. 139. Voir Régine Robin, Le deuil de l'origine. Une langue en trop, la langue en moins, Presses Universitaires de Vincennes, Paris, 1993, p. 20. Cité dans J. Felstiner, Paul Celan, p. 185-186. R. Robin, L'amour du yiddish. Écriture juive et sentiment de la langue (1830-1930), Éd. du Sorbier, Paris, 1984. Alain Suied, Kaddish pour Paul Celan. Essais, notes, traductions, Obsidiane, Paris, 1989, p. 10. Sur le rapport de Kafka à la judéité, voir surtout Giuliano Baioni, Kafka, letteratura ed ebraismo, Einaudi, Turin, 1984. P. Celan, Pavot et mémoire (PM), trad. Valérie Briet, Christian Bourgois, Paris, 1987, p. 85. J. Felstiner, Paul Celan, p. 28. Pour Bettelheim, le « lait noir de l'aube » évoque « l'image d'une mère détruisant son enfant » (Survivre, Laffont, Paris, 1979, p. 142). Voir Jean Bollack, « Fugue de la mort de Paul Celan », dans J. Gillibert, P. Wilgowicz (éds), L'ange exterminateur, Éd. de l'Université de Bruxelles, Cerisy, Bruxelles, 1995, p. 131. Selon G. Steiner, Celan aurait emprunté cette image au personnage du « grand forestier » qui apparaît dans le roman d'Ernst Jünger Auf den Marmorklippen, paru à Hambourg en 1939 (Sur les falaises de marbre, Éd. du Seuil, Paris, 1994). Voir G. Steiner, « A Lacerated Destiny », p. 3. J. Bollack, « Fugue de la mort de Paul Celan », p. 149. Bollack cite intégralement le poème de Weissglas, dans l'original allemand et dans sa propre traduction française, p. 146-147. P. Levi, « Dello scrivere oscuro », Opere III, Einaudi, Turin, 1990, p. 637. P. Levi, La ricerca delle radici. Un'antologia personale, Einaudi, Turin, 1981, p. 211. P. Celan, De seuil en seuil (SS), trad. Valérie Briet, Christian Bourgois, Paris, 1991, p. 13. P. Celan, « Strette », Grille de paroles (GP), trad. Martine Broda, Christian Bourgois, Paris, 1991, p. 101. Martine Broda, Dans la main de personne. Essai sur Paul Celan, Éd. du Cerf, Paris, 1986, p. 87. M. Heidegger, Qu'appelle-t-on penser ?, Presses Universitaires de France, Paris, 1959. P. Celan, « Ansprache anläßlich der Entgegennahme des Literaturpreises der Freien Hansestadt Bremen », Gesammelte Werke, (GW), t. III, Suhrkamp, Frankfort- sur-le-Main, 1983, p. 185 (trad. française E. Jackson, dans P. Celan, Poèmes, Éd. Unes, Paris, 1987, p. 15). P. Celan, « Notice », dans M. Broda, Dans la main de personne, p. 81. P. Celan, « Der Meridian », GW, III, p. 198 (il existe une traduction française, par André du Bouchet, dans P. Celan, Strette, Mercure de France, Paris, 1971, et une autre par Jean Launay, Po&sie, n° 9, 1979). Pour la citation sur Kafka, voir W. Benjamin, « Franz Kafka », Essais 1922-1934, Denoël-Gonthier, Paris, 1983, p. 198 ; il s'agit en réalité d'une citation de Malebranche. Voir J. Felstiner, Paul Celan, p. 145. P. Celan, Gespräch im Gebirg / Entretien dans la Montagne (GG), trad. Stéphane Moses, Éd. Chandeigne, Paris, 1989, p. 9. P. Szondi, « Essai sur la poésie de Paul Celan », Critique, n° 288, 1971, p. 416. Parmi les différentes lectures du Gespräch im Gebirg, je voudrais signaler ici celle qui m'a paru la plus pénétrante, proposée par le traducteur italien de Celan, Giuseppe Bevilacqua, dans son introduction à P. Celan, La verità della poesia, Einaudi, Turin, 1993, p. XXIX-XXXIII. Voir aussi, à propos du rapport avec la thèse d'Adorno, S. Moses, « Quand le langage se fait voix. Paul Celan : Entretien dans la Montagne », dans M. Broda (éd.), Contre- Jour. Études sur Paul Celan, Éd. du Cerf, Paris, 1986, p. 124. Voir G. Steiner, « A Lacerated Destiny », p. 4. Otto Pöggeler, Spur des Worts. Zur Lyrik Paul Celans, K. Alber, Fribourg, Munich, 1986, p. 259, et Hugo Ott, Martin Heidegger. Éléments pour une biographie, Payot, Paris, 1990, p. 371. Voir aussi, sur cette rencontre, J. Felstiner, Paul Celan, p. 244-247. Et R. Safranski, Heidegger et son temps. Biographie, Grasset, Paris, 1996, p. 440-443. P. Celan, « Todtnauberg », Contrainte de lumière, trad. B. Badiou et J.C. Rombach, Belin, Paris, 1989, p. 52-53. Cité dans J. Felstiner, Paul Celan, p. 280. H. Mayer, « Erinnerung an Paul Celan », Merkur, n° 272, 1970, p. 1160. Un passage analogue se trouve aussi dans une lettre de Celan à Nelly Sachs du 31 octobre 1959, dans P. Celan, N. Sachs, Briefwechsel, Suhrkamp, Frankfort- sur-le-Main, 1994, p. 26. J. Bollack, « Histoire d'une lutte », Lignes, n° 21, 1994, p. 215, 217. Voir aussi, sur cet aspect, Alfred Hoelzel, « Paul Celan: An Authentic Jewish Voice? », dans Amy Colin (éd.), Argumentum e Silentio, Walter de Gruyter, Berlin, 1987, p. 352-358. M. Löwy, Rédemption et utopie. Le judaïsme libertaire en Europe centrale, Presses Universitaires de France, Paris, 1988, p. 162. GP, p. 33 (l'expression ineinander verkrallt reprend mot à mot celle utilisée dans la traduction allemande d'un des premiers ouvrages sur le génocide juif, par l'historien G. Reitlinger, Endlösung, paru à Berlin en 1956. Voir la discussion sur les différentes interprétations de ce poème dans J. Bollack, J.M. Winkler, W. Wörgebauer (éds), « Sur quatre poèmes de Paul Celan. Une lecture à plusieurs », Revue des Sciences Humaines, n° 223, 1991-1993, p. 146. L'interprétation de ce poème dans le sens de l'existence possible, révélée par Auschwitz, d'un Dieu ennemi des hommes, a été avancée par Michael Ossar, « The Malevolent God and Paul Celan's Tenebrae ", Deutsche Vierteljahrsschrift, n° 65, 1991, p. 178. RP, p. 19. Voir aussi P. Celan, N. Sachs, Briefwechsel, p. 41. G. Scholem, Les grands courants de la mystique juive, Payot, Paris, 1994, p. 24. GP, p. 33. Une conception analogue de Dieu, non plus Seigneur tout-puissant mais faible parce que juste, a été élaborée sur le plan philosophique par Hans Jonas (Le concept de Dieu après Auschwitz, Éd. Rivages, Paris, 1994), mais elle était déjà présente dans le journal d'Etty Hillesum (Une vie bouleversée / Lettres de Westerbork, Éd. du Seuil, Paris, 1995). SS, p. 97. -- C'est à partir de ce « mot de passe » que Jacques Derrida a fondé son interprétation de l'oeuvre de Celan; voir Schibboleth. Pour Paul Celan (Galilée, Paris, 1986). Voir Israel Chalfen, Paul Celan. Biographie de jeunesse, Plon, Paris, 1989, p. 88. Cité dans J. Felstiner, Paul Celan, p. 187. P. Celan, « La poesia di Osip Mandelstam », La verità della poesia, p. 52 (ce texte, préparé pour une émission à la radio allemande et découvert en 1988, n'est pas inclu dans les Gesammelte Werke de Celan, publiées à Francfort cinq ans auparavant). GW, III, p. 179. Voir J. Felstiner, Paul Celan., p. 258. « Du dedans de la langue-de-mort » L'oeuvre poétique de Celan semble s'inscrire, avant la lettre, contre les thèses d'une prétendue « incommunicabilité » ou « indicibilité » de l'anéantissement. Depuis la fin de la guerre, sa courte vie ne fut qu'une longue souffrance, qu'un chemin douloureux à la recherche des mots pour dire la brisure d'Auschwitz. Sa déportation dans un camp de travail et la perte de ses parents, engloutis dans l'univers concentrationnaire nazi, produisirent une fracture insurmontable dans son existence qui ne put être supportée, pendant vingt-cinq ans, que par un travail forcené d'écriture, par un besoin presque biologique d'expression1, au-delà des limites de la langue et des apories de la raison. L'extrême difficulté d'approche de sa poésie tient, tout d'abord, à l'originalité d'une recherche lexicale qui puise à plusieurs idiomes, qui exploite tout le spectre des possibilités sémantiques des mots, qui n'hésite pas, si nécessaire, à en forger de nouveaux, qui invente une nouvelle langue du deuil à la fois universelle et irréductiblement personnelle, « un chant aux limites extrêmes de l'orphisme -- a écrit Claudio Magris -- qui descend dans la nuit et dans le royaume des morts, qui se dissout dans l'indistinct murmure vital, et brise toute forme, linguistique et sociale, pour trouver le mot de passe magique qui ouvre la prison de l'Histoire2 ». Un lecteur parmi les plus attentifs uploads/Litterature/ traverso-e-paul-celan-et-la-poesie-de-la-destruction.pdf
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- Publié le Mar 04, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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