Mély Fernand de. La Virga Aurea. . Ernest Leroux. Paris. 1922 . Avertissement a
Mély Fernand de. La Virga Aurea. . Ernest Leroux. Paris. 1922 . Avertissement au lecteur. Le format de ce document est une photocopie texte, c'est à dire est exactement conforme à l'original, au caractère près. Ainsi la pagination, le nombre de lignes par page et le nombre de caractères par ligne est respecté, permettant ainsi une recherche facile des références citées par d'autres auteurs. Seules les pages blanches sont supprimées pour faciliter la lecture. Les éventuelles erreurs d'orthographe, de numéro de page, etc... du document sont en principe identiques à l'original. Cependant malgré le soin apporté à la mise en texte de cet ouvrage, il peut subsister des différences par rapport au texte original. En effet la procédure de création de ce fichier texte, à partir du livre original, nécessite un grand nombre d'opérations délicates, laissant place à d'éventuelles erreurs. En cas de doute, prenez le soin de vérifier sur le texte original du livre papier. (C) Copyright 2014 by Jean Pierre Donabin. Mail: p.nybanod@orange.fr L A V I R G A A U R E A ________________________________________________________________ PREFACE La science officielle nous apprend, par la voix des maîtres les plus autorisés, que les grands artistes du moyen âge étaient des anonymes, des humbles, des méprisés auxquels il était interdit de signer leurs oeuvres, enfin des ignorants. Cette quadruple qualification, qu'une tradition d'école désuète voudrait nous impo- ser, est du pur romantisme : elle satisfait d'ailleurs, parfaitement, le moindre effort, l'inutilité de la recherche scientifique. Née le 15 juillet 1837 dans le Journal de Paris, la théorie était indiscutable- ment fille du rousseautisme ; il reconnaît en effet toutes les vertus au pri- mitif qui n'a pas encore été perverti par la civilisation. Et c'est, pense-t-on, le cas des artistes du moyen âge, dont M. Dauphin Meunier, en 1904, dans la Revue des Deux Mondes, au moment de l'Exposition des Primitifs français, écrivait « qu'ils parlaient, mais que ces hommes vivaient en troupeaux, ne se croyaient pas les propriétaires de leurs personnes, et n'avaient pas une langue commune à tous les groupes ». Certainement, il n'avait pas lu les Lettres sur l'Histoire de France d'Augustin Thierry. Il était bien curieux cependant, de voir les plus intransigeants champions de la théorie admettre, que dis-je, apporter de temps à autre, un nom « qui par son exception venait confirmer la règle » . Inutile, du reste, oh combien ! puisque « pré- senté, isolément, il ne signifie pas grand chose », ajoutait le comte P. Durrieu. Mais cependant ces exceptions inutiles se sont, depuis dix-huit ans, si bien multipliées, que j'ai pu recueillir plus de vingt-cinq mille noms de ces anonymes, auxquels de courts fragments biographiques commencent à donner « une signifi- cation ». La brêche s'agrandit peu à peu, et le bel édifice romantique paraît ainsi en train de s'écrouler. Etaient-ce en effet des humbles, des anonymes, que ces artistes, qui signaient orgueilleusement leurs noms au bas de leurs ouvrages, en se comparant à Poly- gnotte, à Apelle, à Dédale : des méprisés, que ces hommes admis dans la fami- liarité des princes qui les envoyaient en ambassades, les décoraient de leurs ordres, les récompensaient par des titres de noblesse ? Par exemple demeure toujours la légendaire ignorance, qu'aucun historien d'art sérieux ne se permettrait de mettre en doute. Si bien, que dans tous les F. DE MELY 1 ــ2 ــ travaux qui relèvent des inscriptions sur des oeuvres d'art, elles sont qualifiées de simples hiéroglyphes et d'enroulements purement décoratifs; ajoutant même que « ce serait tomber dans le piège que de leur demander quelque renseignement ». On a pu voir, dans la préface de mes Primitifs (Paris, Geuthner, 1913, in-f°, couronné par l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres), combien étaient pré- caires les trois premières affirmations ; aujourd'hui la rarissime plaquette que je réédite, montrera, je pense, que l'ignorance affirmée de ces anonymes du moyen Fig. 1. -- La Vierge Bancel avec son inscription hébraïque (Musée du Louvre). âge, aujourd'hui connus, est aussi fantaisiste et inconsistante que l'humilité et le mépris dans les- quels on prétend que ces « bons ouvriers », comme les appelait le Duc Jean de Berry, étaient soi- disant tenus. Ce fut un étonnement incom- préhensible, on pourrait même dire un scandale « le mot a été répété hier », quand au moment de l'Exposition des Primitifs, j'étudiai, sur le tapis de la Vierge Bancel du Louvre (fig. 1.), « les hiéroglyphes purement décoratifs » dont parlait le Catalogue. Il y avait là cependant cinq lettres hébraïques, tout simplement, qui se lisaient couramment, J. P. 1490 (fig. 2). Et le tableau était attribué à Jean Peréal ! Mais comme la chose était « insensée », « c'est ainsi que M. Eug. Lefèvre-Pontalis trai- Fig.2. « Bordure du tapis de la Vierge Bancel, au Louvre. En caractères hébraïques J. P. 1490. tait mes lectures », l'affaire tourna mal pour le tableau ; son attribu- tion fut aussitôt modi- fiée, car l'école ne pou- vait avoir tort. Il faillit du reste en être de même, un peu plus tard, à propos de l'admirable feuille de parchemin du Louvre, attribuée à Jean Fouquet, sur laquelle je venais de photographier, dans les dorures, J. F. ; mais cette fois le ridicule effraya quelque peu un conservateur, auquel peut-être faisaient défaut les premiers principes de critique historique : et le nom de Fouquet fut conservé. Et peu à peu, la doctrine des signatures d'artistes, de la valeur des inscrip- tions prenait corps : mais combien, souvent pour des raisons auxquelles la séré- nité de la science pure n'avait rien à voir, jalousement inabordables, demeuraient énigmatiques et par là même barraient la route à la vérité qui s'efforçait de venir à la lumière. Seuls des exemples indiscutables pouvaient en effet l'imposer. Le moyen âge a vécu de symbolisme, de rébus, d'anagrammes, d'acrostiches, de cryptogrammes. Nos ancêtres se complaisaient tellement dans ces jeux de ــ3 ــ l'esprit que nous voyons les gens les plus éminents traduire ainsi leurs noms en idéogrammes, qui deviendront d'ailleurs dans la suite des armes parlantes. C'est ainsi qu'au XIIe siècle Guy de Munois, abbé de Saint-Germain d'Auxerre, fait graver sur son sceau (fig. 3.) un singe, en l'air, avec une main qui son dos serre ; et à Lisieux, l'évêque Pierre Cauchon, de sinistre mémoire, place à l'entrée de la chapelle de la Vierge, qu'il vient de faire construire au chevet de sa cathédrale de Saint-Pierre, une grosse tête de cochon (fig. 4). Quant aux artistes, pour n'en citer que quelques-uns, Sluter signe avec une clé (en flamand Sluter = clé), Broederlam avec deux agneaux (Broeder = frères, lam = agneau), Schauffel, avec une bûche (Schauffel= bûche), Bellegambe, avec une lune et une jambe (Belle = lune, gambe = jambe) ; seule manière d'ailleurs de faire connaître aux masses illettrées, des noms qu'elles n'auraient pu lire en caractères courants. Fig. 3 « Le sceau de Guy de Munois, abbé de Saint-Ger- main d'Auxerre (XIIe S.) Cependant, certains artistes aimaient à faire montre d'une véritable érudition. Tel Jean van Eyck qui signe son Timothé de la National Gallery en trois langues, en grec, en français, en latin, pendant que les inscriptions d'autres de ses tableaux, sont en allemand et en hébreu très correct. Voilà donc un artiste qui savait au moins cinq langues, indépendamment du flamand sa langue maternelle, et proba- blement de l'espagnol, puisqu'il fut envoyé en ambassade par Philippe le Bon, Cliché Mély. Fig. 4. « La tête de cochon à l'entrée de la chapelle de Pierre Cauchon, évêque de Lisieux. près du roi de Portugal, pour lui demander sa fille en mariage. Etait-ce là un ignorant? Pas plus certes que Roger van der Weyden, qui inscrit sur le turban de la Madeleine du retable du Louvre (fig. 5), en hébreu et en flamand « Malachah Kalah Wiyden -- oeuvre de peinture de Weyden -- vers le temps où l'auteur des pein- tures de l'admirable Roman du Coeur épris (ms. 2597 de la Biblioth. de Vienne), trace en caractères neski sur le galon de la robe de l'Amour: « Le deuxième jour du mois de moharem, l'an de l'hégire 825 (4 janvier 1422) » (fig. 6). Mais, si malgré notre déplorable spécialisation qui rend nos études en quelque sorte étanches, sans vraiment augmen- ter leur ampleur, les historiens d'art peuvent encore, s'ils le veulent, par d'aimables collaborations, découvrir là quelques renseignements pré- cieux, si même, grâce au précieux Dictionnaire de Calepin, imprimé à la fin du XVe siècle, dont le premier mot en latin, suivi du terme hébreu, écrit en caractères sémitiques et en italique pour la prononciation occidentale, est accompagné des noms grec, français, italien, allemand, espagnol, anglais et batave, ils peuvent parfois, sans aide, saisir le fil conducteur, on ne tarde pas à rencontrer une beau- coup plus grande difficulté. Roger Bacon, qui vint professer à la Sorbonne vers 1240 et qui trouvait que l'école française, vivant surtout sur la Tradition, courait le danger de tomber dans le psit- tacisme (du grec fittacÑj, perroquet), nous fait uploads/Litterature/ william-gray-between-good-amp-evil.pdf
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- Publié le Mar 01, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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