№ 5 COLLECTION ARTHUR SAVAÈTE A O F R . 7 5 Politique et Littérature, Arts, Sci
№ 5 COLLECTION ARTHUR SAVAÈTE A O F R . 7 5 Politique et Littérature, Arts, Sciences, Histoire^ Philosophie et Religion LA SITUATION RELIGIEUSE AUX ÉTATS-UNIS I L L U S I O N S ET R É A L I T É S PAR le R. Père AT PARIS A R T H U R S A V A È T E , É D I T E U R 76» RUE DBS SAINTS-PÈRES, 76 Ton* droit* réservés LA SITUATION RELIGIEUSE AUX ÉTATS-UNIS I L L U S I O N S E T R É A L I T É S L A S I T U A T I O N RELIGIEUSE A U X ÉTATS-UNIS ILLUSIONS ET RÉALITÉ C'est le titre d'un volume de 300 pages, édité chez Desclées, en 1900, par M. Jules Tardivel, directeur-propriétaire de La Vé- rité de Québec. Dans Y Avant-Propos, l'auteur indique quelle en fut l'occasion. « L'Etude de M. Ferdinand Brunetière, dans la Revue des Deux-Mondes% de novembre 1898, sur le Catholicisme aux Etats* Unis, a été très remarquée, non seulement en Europe, mais aussi en Amérique. Ce qui attire tout d'abord l'attention, c'est la grande bienveillance à l'égard de la religion catholique qui éclate d'un bout à l'autre de ce travail... Un journal de Paris, \t Figaro, pu- bliait, dans son numéro du 8 novembre dernier, une communica- tion de Rome qui allait beaucoup plus loin, et donnait à l'étude de M. Brunetière le caractère d'un écrit inspiré en quelque sorte par l'autorité suprême... De toute évidence, le correspondant du jour- nal parisien était dans une étrange erreur : la Lettre du Saint-Père au'cardinàl Gibbons Ta prouvé. Certaines idées du P. Hecker, que M. Brunetière avait adoptées, du moins en partie, loin d'être approuvées, sont formellement condamnées par le Souverain Pon* tife. Dans l'article de l'illustre académicien, ce n'est donc pas tant la doctrine qu'il faut louer, que l'intention manifeste d'être agréable et même utile à l'Eglise. Malgré cette intention si louable, qui a certainement inspiré M. Brunetière, la lecture attentive de son article m'a convaincu que des idées fausses ont cours en Europe sur la situation du catholicisme aux Etats-Unis. SITUATION RELIGIEUSE I — 6 — On ne semble voir de si loin que les grandes lignes du tableau : les catholiques, qui étaient 30 ou 40.000, il y a cent vingt- cinq ans, avec un seul évêque, sont aujourd'hui neuf ou dix millions, avec une hiérarchie nombreuse qui se meut librement. Trop de catholiques en Europe, je le crains, ne remarquent que Iç fait historique incontestable; et ils en tirent la conclusion que dans aucun siècle et dans aucun pays l'Eglise n'a été aussi heureuse qu'elle l'est, en cette fin du xix c siècle, au sein de la grande Répur blique américaine; qu'à nulle autre époque et nulle part ailleurs elle n'a fait d'aussi merveilleux progrès, d'aussi précieuses con- quêtes... C'est là l'impression qui se dégage de la lecture de l'article de M. Brunetière. Et c'est cette impression qu'il importe, selon moi, de détruire ; car les impressions fausses ne font de bien à personne ». * ¥ « M. Jules Tardivel rend hommage en passant aux écrivains qui ont abordé la question de l'Américanisme dans le but louable de dissiper les erreurs répandues, chez les catholiques principalement. Il n'en nomme aucun ; mais il les retrouve sur son chemin, et il invoque leur autorité à l'appui de sa thèse. Parmi les plus récents, en Europe, il avait certainement en vue Claudio Jannet, l'auteur des Etats-Unis Contemporains. Il est d'accord avec ce publicistesi cons- ciencieux, et si peu disposé par tempérament à réagir contre les idées à peu près acceptables de notre temps. On pourrait même enchérir et dire que de Claudio Jannet à M. Jules Tardivel, près d'un <Iemi-siècle s'était écoulé, pendant lequel les germes d'erreur et de corruption qui fermentaient sourdement dans la grande Répu- blique s'étaient développés, et avaient rendu moins favorables au catholicisme les conditions sociales de ce pays trop vanté. M. Jules Tardivel ajoute : « Mais il m'a semblé que je pouvais apporter au débat un peu d'inédit, et que mon titre d'Américain authentique donnerait quelque poids à mon témoignage... Voilà mes titres à rendre témoignage dans la discussion engagée autour de YAméri- — 7 — canismé. On les trouvera suffisants, je crois, pour justifier mon intervention ». * * Depuis Tocqueville jusqu'à Claudio Jannet et en deçà, les écri- vains ont tantôt étudié un aspect particulier des Etats-Unis, tantôt ils ont analysé tout l'organisme de ce pays nouveau dans la famille des nations, en le décomposant pièce à pièce. Pour ne parler que des écrivains français, Tocqueville et Claudio Jannet sont de ces derniers. M. Jules Tardivel ne s'est proposé que de répondre à M. Brune- tière ; et il est resté sur la question religieuse et ses annexes, puisque c'est Tunique objet de la discussion. Mais la question religieuse touche à tout, au moins indirectement. Il divise son livre en deux parties très inégales : illusions et réa- lités. Les illusions de M. Brunetière sont plus surprenantes, parce qu'elles sont d'une date plus récente. Déjà Tocqueville retour d'Amérique, qui avait trouvé des échos sonores chez les libéraux de 1830, commençait à déchanter vers la fin de sa carrière, et Élisait des concessions à ses amis de la veille restés fidèles aux traditions nationales. Claudio Jannet, l'homme de l'observation et des faits, jeta plus tard sur le tableau de l'auteur de h. Démocratie en Amérique plus d'une ombre, qui furent un avertissement pour les esprits sans parti-pris. Noix les Etats-Unis contemporains, en particulier les cha- pitres qui traitent de la religion et de l'école. Les conditions favo- rables que les Etats-Unis offraient sous ce double rapport au com- mencement du xïx e siècle sont singulièrement modifiées au détri- ment du catholicisme : le tout établi par les faits et par les témoi- gnages des écrivains américains eux-mêmes. Claudio Jannet publia son ouvrage en 1875 : c'est d'hier. Depois cette date, les choses n'ont pas évolué en faveur de l'Eglise. Mais les Américanistes français sont tenaces : l'archevêque Ire- land y fait école ; l'illusion de ses adeptes, qui pourrait s'expliquer par la situation lamentable de l'église de France tombée sous la brutale domination des Jacobins, et qui donne à l'église d'Amé- rique une supériorité relative incontestable et digne d'envie, a survécu à l'Encyclique Longinqua Oceani, du 6 janvier 189$, où Léon XIII signale Terreur de ceux qui vont chercher dans ce pays l'exemplaire et comme l'idéal des relations de l'État de l'Eglise chez un peuple, malgré le bien relatît qui s'y rencontre par opposition à une situation pire. C'est dans cette école que l'article de M. Brunetière a trouvé son bouillon de culture. Il était nécessaire d'y répondre. * * M. Jules Tardivel réduit à trois les illusions de M. Brunetière sur le catholicisme en Amérique : le développement prodigieux qu'il a obtenu ; les grandes conquêtes que l'Eglise y a faites en rendant l'esprit du siècle favorable à ses doctrines et à ses institu- tions ; la prétention que les catholiques d'Amérique doivent servir de leçon et d'exemple aux autres nations. « Et voilà, après une étude sérieuse du travail de M. Brunetière, tout ce que j'y ai trouvé ». € Je n'y trouve pas la preuve de son assertion que le développe- ment du catholicisme aux Etats-Unis a été prodigieux. « Je n'y vois rien, non plus, qui justifie la prophétie de M. de Tocqueville, c'est-à-dire que l'esprit du siècle aux Etats-Unis soit devenu très favorable au catholicisme, et que l'Eglise y ait fait tout à coup de grandes conquêtes. « Enfin, je ne découvre rien dans ce travail qui montre que les « exemples », les « leçons » et « l'expérience » des catholiques d'Amérique aient éclairé, en quoi que ce soit, la marche que doivent suivre les catholiques des autres pays. « J'ai donc le droit de conclure que M. Brunetière se montre très sympathique à la religion catholique, ce dont il faut le féli- citer, mais que son travail n'est pas une page d'histoire contempo- raine 1 ». Evidemment, M. Brunetière a mal vu. Il faut convenir qu'une 1 Page 44-45- tournée de conférences dans un grand pays comme l'Amérique, quel que soit le talent d observation d'un publiciste, ne suffit pas pour saisir au vol la situation religieuse avec toutes les compli- cations auxquelles elle est ordinairement mêlée. Sans doute M. Bru- netière avait préparé son voyage ; il avait étudié la question dans les écrivains qui l'avaient traitée avant lui : autant de moyens de se faire une opinion raisonnée. Mais il a voulu penser par lui-même : en réalité, il a pensé comme une école, celle qui a les plus nom- breux partisans à notre époque, en Europe et surtout en Amé- rique, sans assez tenir compte d'une autre école parallèle qui, pour être moins à la mode, a pour elle une élite d'esprits plus jaloux de la vérité que de uploads/Litterature/at-jean-antoine-la-situation-religieuse-aux-etats-unis.pdf
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- Publié le Dec 15, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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