ﻣﺠﻠﺔ ﺣﻮﻟﻴﺎت اﻟﺘﺮاث Revue Annales du Patrimoine ISSN 1112-5020 Hawliyyat al-Tura
ﻣﺠﻠﺔ ﺣﻮﻟﻴﺎت اﻟﺘﺮاث Revue Annales du Patrimoine ISSN 1112-5020 Hawliyyat al-Turath, University of Mostaganem, Algeria N° 16, September 2016 La notion de lumière dans "Le tabernacle des lumières" de l’Imam al Ghazali The concept of light in "The tabernacle of lights" of Imam al Ghazali Dr Hicham Belhaj Université de Fès, Maroc hicham.belhaj@usmba.ac.ma Publié le : 15/9/2016 16 2016 Pour citer l'article : Dr Hicham Belhaj : La notion de lumière dans "Le tabernacle des lumières" de l’Imam al Ghazali, Revue Annales du patrimoine, Université de Mostaganem, N° 16, Septembre 2016, pp. 25-35. http://annales.univ-mosta.dz *** Revue Annales du patrimoine, N° 16, 2016, pp. 25 - 35 ISSN 1112-5020 Publié le : 15/9/2016 hicham.belhaj@usmba.ac.ma © Université de Mostaganem, Algérie 2016 La notion de lumière dans "Le tabernacle des lumières" de l’Imam al Ghazali Dr Hicham Belhaj Université de Fès, Maroc Résumé : Dans cette étude, nous projetons de mener une réflexion sur la notion de lumière telle que déployée dans "Le tabernacle des lumières" ou le Michkât al-Anwâr, chef-d’œuvre de la littérature soufie arabo-musulmane, de l’Imâm Abû Hâmid al-Ghazâli. L’article commence par un bref rappel de la place qu’accorde les deux religions chrétienne et islamique à cette notion, et se termine par l’énumération des différents sens de la lumière, selon la perspective de Ghazâli. La véritable Lumière, d’après l’auteur, est Dieu ; le nom de lumière relatif aux autres créatures n’est en revanche que figuré. Mots-clés : notion de lumière, al Ghazali, œil, intellect, Allah. o The concept of light in "The tabernacle of lights" of Imam al Ghazali Dr Hicham Belhaj University of Fez, Morocco Abstract: In this study, we plan to reflect on the notion of light as deployed in "The Tabernacle of Lights" or the Michkât al-Anwâr, a masterpiece of Arab- Muslim Sufi literature, by Imâm Abû Hâmid al-Ghazâli. The article begins with a brief reminder of the place that the two religions, Christian and Islamic, give to this notion, and ends with an enumeration of the different senses of light, from Ghazâli's perspective. The real Light, according to the author, is God; the name of light relating to other creatures, on the other hand, is only figurative. Keywords: light concept, al Ghazali, eye, intellect, Allah. o La lumière et sa nature complexe ont toujours été au cœur des débats scientifiques et philosophiques. L’objectif de cet article est de repenser la notion de lumière dans "Le Tabernacle des Lumières"(1) ou le Michkât al-Anwâr, qui est la dernière œuvre Dr Hicham Belhaj - 26 - Revue Annales du patrimoine de l’Imâm Abû Hâmid al-Ghazâli, un maître spirituel exceptionnel, surnommé la (preuve de l’Islam). Cette étude sera menée selon deux axes : premièrement en montrant que la lumière est une thématique centrale et majeure dans les deux religions monothéistes : le Christianisme et l’Islam ; et deuxièmement en soumettant à l’analyse le chapitre premier de l’œuvre de Ghazali susmentionnée. A ce dernier niveau, nous préciserons les trois acceptions du mot (lumière) comme modes de perception et nous en établirons la hiérarchie, en vue d’en arriver à la conclusion que la lumière véritable est Dieu et que le nom de lumière appliqué à un autre être est purement métaphorique et à ne pas prendre au sens propre. 1 - La place de la lumière dans la Bible et dans le Coran : La thématique de la lumière est omniprésente dans presque toutes les religions du monde. Chez les grecs, c’est Apollon, fils de Létô et Zeus, qui est nommé le dieu solaire car il est assimilé au soleil. Le roi des dieux, Zeus, lui a confié la tâche de répandre la lumière dans l'univers ; l'arc et les flèches qu'il porte symbolisent les rayons solaires bienfaisants. Pour l’Egypte ancienne, ce sont huit dieux qui représentent le disque solaire, dont Aton, Atoum et Rê sont les plus importants. En outre, dans les trois religions monothéistes, en l’occurrence le Judaïsme, le Christianisme et l’Islam, l’acception de la lumière outrepasse les limites de sa fonction pratique (rendre visibles et perceptibles les objets qui étaient invisibles dans l’obscurité) ; elle est immatérielle, voire spirituelle. Car elle associe à la fois des éléments physiques d’illumination et de clarté avec des connotations ayant des sens moraux, souvent formulées de manière antithétique : bien - mal, lumière - ténèbres, foi - infidélité, paradis - enfer, fidèles - mécréants... 1. La lumière dans la Bible : La lumière est une thématique éminemment judéo- chrétienne. La Bible(2), de la première parole du livre de la La notion de lumière dans Le tabernacle des lumières d'al-Ghazali - 27 - N° 16, Septembre 2016 Genèse(3) au dernier chapitre du livre de l’Apocalypse(4), en déploie une symbolique aussi bien riche que profonde. Dieu dit : "Que la lumière soit". Et la lumière fut. Dieu vit que la lumière était bonne, et Dieu sépara la lumière des ténèbres. Dieu appela la lumière "jour", il appela les ténèbres "nuit". Il y eut un soir, il y eut un matin : ce fut le premier jour(5). Le premier acte créateur exécuté par Yahvé (Dieu) est de séparer "la lumière des ténèbres". C’est la création de la lumière qui va mettre un terme définitif au chaos primordial. Cependant, le récit cosmogonique(6) biblique distingue deux types de lumière : D’abord, une lumière primordiale créée au premier jour ; ensuite une lumière naturelle provenant des astres créés au quatrième jour. La lumière est par ailleurs pure création divine et n’existe que par Dieu et lui est entièrement soumise ; Il en fait ce qu’Il veut : "Il envoie la lumière, elle part ; il la rappelle, elle obéit en tremblant". (Baruch, 3, 33). Le Christianisme considère la lumière comme un attribut de Dieu : "la lumière de sa face" (Psaume, 4, 7). Le Créateur lui- même y est à la fois "lumière et salut" (Psaume, 26, 1) dont la parole est une illumination étant donné qu’elle éclaire la voie aux fidèles : "une lampe pour mes pas, une lumière sur ma route" (Psaume, 118, 105). De surcroît, la lumière est le premier des signes annonciateurs des temps messianiques, c’est-à-dire des derniers temps où arrive le Messie évidemment, juste avant la fin du monde (l’apocalypse) : "Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière, et sur les habitants du pays de l’ombre une lumière a resplendi". (Isaïe. 9, 1). 2. La Lumière dans le Coran : La thématique de la lumière est redondante dans le Coran. C’est la 24e Sourate "An-Nur" (la lumière), qui lui est consacrée. Il y est dit : Allah est la Lumière des cieux et de la Terre. Sa Lumière est semblable à une niche où se trouve une lampe. La lampe est dans un (récipient de) cristal et celui-ci ressemble à un Dr Hicham Belhaj - 28 - Revue Annales du patrimoine astre de grand éclat ; son combustible vient d’un arbre béni : un olivier ni occidental ni oriental dont l'huile semble éclairer sans même que le feu la touche. Lumière sur lumière. Allah guide vers Sa lumière (de la foi) qui Il veut. Allah propose aux hommes des paraboles et Allah est Omniscient. (An-Nur "La lumière", 35)(7). Il est question, dans le verset ci-dessus, d’une lumière spéciale, en l’occurrence celle divine. Elle est comparée à une niche où se trouve une lampe. Cette dernière, source de la lumière, se trouve dans un récipient de cristal dont la fonction est double : Protectrice et esthétique car il permet, d’une part, de la protéger (contre le vent qui pourrait l’éteindre) ; d’autre part, il l’embellit et en amplifie l’éclairage et la brillance. Il est à ajouter que la lumière (An-Nur) est l’un des 99 attributs de Dieu. Le mot (lumière) se trouve dans différents endroits du Coran et a de nombreuses significations. Il existe en effet 45 occurrences de ce mot dans le livre sacré des musulmans. En voici les quelques sens dont il y est affublé : Ils veulent éteindre avec leurs bouches la lumière d'Allah, alors qu'Allah ne veut que parachever Sa lumière, quelque répulsion qu'en aient les mécréants. (At-Tawbah "Le repentir", 3). Dans ce verset, le mot lumière dénote l’Islam. Ainsi, vouloir éteindre "la lumière d'Allah", c’est vouloir éteindre l’Islam. Ce même verset se trouve presque repris dans la Sourate As-Saff (Le rang) : Ils veulent éteindre de leurs bouches la lumière d'Allah, alors qu'Allah parachèvera Sa lumière en dépit de l'aversion des mécréants. D’après Tafsir d'at-Tabari(8) (L'exégèse du Saint Coran de l'Imam at-Tabari), le mot lumière signifie l’Islam. Cependant, pour Ibn Zayd, ce mot revoie plutôt au Coran. Le mot lumière signifie aussi la foi : "Allah est le défenseur de ceux qui ont la foi : Il les fait sortir des ténèbres à la lumière". (Al-Baqarah "La vache", 257). Toutefois, ajoute Tabari, les ténèbres sont celles de la mécréance qui empêchent l’œil d’avoir La notion de lumière dans Le tabernacle des lumières d'al-Ghazali - 29 - N° 16, Septembre 2016 accès à la vérité de la foi. Ce sens se trouve repris dans uploads/Litterature/dr-hicham-belhaj-la-notion-de-lumiere-dans-le-tabernacle-des-lumieres-de-l-x27-imam-al-ghazali.pdf
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- Publié le Mai 29, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
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