S’entraîner au commentaire 141 Chapitre 1 S’entraîner au commentaire Synthèse d
S’entraîner au commentaire 141 Chapitre 1 S’entraîner au commentaire Synthèse de cours Introduction Le jour du baccalauréat, si vous devez commenter un extrait de roman ou de récit (et vous avez une chance sur quatre pour que ce soit le cas !), il vous faut avoir acquis certaines connaissances propres à cet objet d’étude. Pour procéder avec méthode, à la fois dans vos révisions et le jour J, nous vous proposons d’acquérir les connaissances suivantes. Vous devez être capable : • de replacer le texte dans son contexte historique • d’analyser le texte, à l’aide d’outils spécifiques à l’étude du récit I. Replacer le texte dans l’histoire du roman Des indications précieuses vous sont données qu’il faut savoir utiliser : le nom de l’auteur et la date de publication. Ils permettent de replacer le texte dans son contexte historique. Quelques connaissances historiques sont nécessaires pour commenter un extrait de roman. L’intitulé de l’objet d’étude étant « Le roman du Moyen Âge au xxie siècle », vous pouvez avoir à commenter, à l’écrit, n’importe quel objet d’étude appar- tenant à cette très large période. 1 142 Le roman et le récit du Moyen Âge au xxie siècle A. Aux origines du roman : du Moyen Âge au XVIIe siècle 1. Les origines du roman (Moyen Âge et XVIe siècle) Le mot « roman » désignait au Moyen Âge une langue. Le « roman » ou « gallo-roman » est un état de la langue entre le latin et l’ancien français. Presque toute sa grammaire et tout son vocabulaire sont hérités du latin, mais le roman est un latin ayant subi de nombreuses modifications gramma- ticales et lexicales, si bien que les personnes qui le parlent ne comprennent bien souvent plus le latin. À cette époque, le latin était la langue des savants et des hommes d’église. Toutefois, pour se faire comprendre, certains auteurs se servaient des langues dites « vernaculaires », c’est-à-dire parlées par la foule, et commençaient à écrire en « roman », ancêtre de l’ancien français. Le terme « roman » désignait d’abord toute œuvre écrite en langue romane, que ce soit en prose ou en vers, un récit narratif ou non. Puis son sens se précise et désigne un genre littéraire. Le roman est alors une œuvre narrative, souvent en vers, qui raconte les aventures d’un ou de plusieurs personnages hors du commun. En cela, le roman se rapproche des épopées antiques d’Ho- mère et Virgile racontant en vers grecs et latins les prouesses d’Ulysse, d’Achille et d’Enée. Parmi ces récits se trouvent les romans courtois (ou romans de chevalerie) : ceux de Chrétien de Troie, Erec et Enide, Le Chevalier de Charrette, Yvain ou Le Chevalier au lion ou encore Tristan et Iseut et Le Roman de la Rose. Les valeurs qui y sont magnifiées sont le courage physique et l’amour courtois, la loyauté au suzerain et la fidélité à la dame. À cette époque, la notion d’auteur n’est pas encore bien définie. Le livre écrit étant peu accessible (l’imprimerie n’a pas encore été inventée), certains romans se propagent à l’oral grâce aux jongleurs ou troubadours qui apprennent le texte et le récitent, parfois le mettent en musique. Ainsi, certains romans peuvent difficilement être attribués à un auteur. Les romans gardent souvent une trace de cette transmission orale et musicale, notamment la présence de nombreuses répétitions qui aident le jongleur à mémoriser et l’auditeur à suivre le fil de l’histoire. 2. Le roman à l’âge classique (XVIIe siècle) Exemple La Princesse de Clèves de Mme de La Fayette, publié en 1678, est un roman de l’âge classique. Le roman, à l’âge classique, est un genre plébiscité par les lecteurs mais méprisé par les doctes. Les savants considèrent le roman comme un genre inférieur lu par les femmes et les jeunes gens ; et ils considèrent les romanciers comme des gens qui ne se soucient pas de doctrine mais seulement de plaire à ce public. Synthèse de cours S’entraîner au commentaire 143 Contrairement à la tragédie et à l’épopée, à l’ode et à l’épigramme, le roman est un genre récent qui ne figure pas dans la Poétique d’Aristote. Il n’est donc pas soumis à des règles, comme celles très précises qui, reprises de l’Antiquité, régissent le théâtre classique. Deux exigences du classicisme ne sont notam- ment pas respectées dans les romans : ɴ ɴ ils péchent contre la vraisemblance (roman merveilleux, roman pastoral, roman héroïque) : trop d’aventures romanesques sont invraisemblables voire même merveilleuses ; ɴ ɴ ils péchent contre la finalité morale (Boileau : « Dans un roman frivole aisément tout s’excuse ») : adultères et mensonges, corruptions et infidélités sont bien souvent la trame de l’intrigue. Les romanciers, pour accéder à la reconnaissance et être aussi bien considé- rés que l’étaient les auteurs tragiques, vont élaborer des règles et montrer que les romans suivent ces règles. C’est ainsi que le roman de l’âge classique cherche souvent à afficher une moralité pédagogique, parfois complètement factice, comme nous le verrons avec la Princesse de Clèves. Huet en 1669 définit le roman ainsi : « Les romans sont des histoires feintes d’aventures amoureuses, écrites en prose avec art, pour le plaisir et l’instruction des lecteurs ». Le terme d’« instruction » montre la volonté du savant Huet de donner une dimension morale au roman de l’âge classique. Par ailleurs, le roman est un genre hétéroclite, aux contours flous. Cette catégorie regroupe des réalités très variées : roman picaresque, roman moral, roman pastoral, etc. Et chaque roman accueille souvent lui-même plusieurs genres très divers. Ainsi, l’œuvre de Rabelais mettant en scène les géants Gargantua et Pantagruel est à la frontière entre le roman de chevalerie, le roman parodique, le roman réaliste, le roman satirique et le roman philoso- phique. Souvent, on définit aussi le roman en opposition aux récits brefs que sont les contes, les fables et fabliaux, et autres apologues à dimension narrative. Les romans de l’époque peuvent d’ailleurs parfois atteindre une taille consi- dérable. Pensons au grand succès d’Honoré d’Urfé, qu’aucune lectrice du xviie siècle ne pouvait ignorer et que plus personne ne lit aujourd’hui : il est constitué de 60 livres, soit plus de 5 000 pages. 1 144 Le roman et le récit du Moyen Âge au xxie siècle B. Le roman au XVIIIe siècle : libertinage et philosophie Exemple Les Lettres persanes de Montesquieu sont un roman du xviiie siècle. 1. Les romans libertins Au xviiie siècle, de nombreux romanciers font voler en éclat le carcan moral qui pesait sur le roman de l’âge classique. Soucieux de plaire et divertir, les romanciers se libèrent de ces codes avec d’autant plus de facilité qu’il avait été difficile d’y faire entrer le roman. Lieu de toutes les folies, le roman est le genre favori des libertins, personnes qui s’affranchissent totalement des conventions morales, notamment dans leurs relations sentimentales et sexuelles. C’est le cas de Choderlos de Laclos (Les Liaisons dangereuses), de Diderot (Les Bijoux secrets), de Sade qui sera enfermé à la Bastille, ou encore de Crébillon fils. Peu soucieux de respecter les bonnes mœurs, les romans du xviiie siècle sont bien souvent censurés, mais ils le sont aussi parfois pour des raisons politiques ou philosophiques. 2. Les romans des Lumières Le roman du xviiie se met aussi au service des idées des Lumières. Roman et philosophie ne font parfois plus qu’un. Ainsi, Rousseau, sous forme de roman, réfléchit à la meilleure éducation dans L’Emile ou de l’Éducation. C’est ce que fait aussi Bernardin de Saint-Pierre dans Paul et Virginie. Le roman de Diderot, Jacques le Fataliste, a des allures de dialogue philosophique et ses personnages déploient une longue réflexion sur le hasard et la fatalité. C. Essor du roman au XIXe siècle Exemple Le Rouge et le Noir de Stendhal est un roman du xixe siècle Publié bien souvent en feuilleton (ou épisodes), dans les journaux, le roman subit au xixe siècle une profonde transformation. Il ne cherche plus comme auparavant à entrer dans un carcan moral pour être hissé au rang des genres officiels, mais il devient, par le biais de la presse, un genre à la mode, qui se fait sa propre publicité et permet à certains auteurs d’accéder facilement à la notoriété, voire à l’aisance financière. Trois grands courants esthétiques ont particulièrement marqué les romans du xixe siècle : Synthèse de cours S’entraîner au commentaire 145 1. Le romantisme Mouvement littéraire du début du xixe siècle, le romantisme concerne les trois grands genres littéraires : théâtre, poésie et roman. La plupart des auteurs romantiques ne se cantonnent pas bien souvent à un seul genre. Ainsi, Victor Hugo, romantique par excellence, publie-t-il des drames romantiques (Hernani, Ruy-Blas), mais aussi des poèmes et des romans ayant des traits esthétiques romantiques, comme Notre-Dame de Paris et Les Misérables. Considéré comme le précurseur du romantisme, Chateaubriand, qu’admirait Hugo, écrit les romans René, et Atala. Musset, auteur de pièces de théâtre et de poèmes, écrit aussi Confession d’un enfant du siècle. Même si Paul Valéry disait uploads/Litterature/extrait 2 .pdf
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- Publié le Dec 02, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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