AUJOURD'HUI N.' 41 JANVIER 1980 Du socialisme démocratique au socialisme autoge
AUJOURD'HUI N.' 41 JANVIER 1980 Du socialisme démocratique au socialisme autogestionnaire 1. La minorité CFTC en recherche de ( perspectives D 2. Quel socialisme démocratique ? 3. Le débat au sein de la Confédération. 4. Vers le socialisme autogestionnaire. 3 ANALYSES DU SOCIALISME DEMOCRATIQUE un certa¡n nombre d'expériences étrangères et sur le mouve- ment ouvrier français, notamment le " Sy¡¿¡"arisme révorution- naire " d'avant 1914 (1). Du socialisme démocratique au socialisme autogestionnaire I Valeur des hommes et révotution La CFDT vient de fêter son soixantième anniversaire. Nous n'entendons pas ici reprendre toute I'histoire de la centrale, mais en examiner seulement un aspect. Comment de 1950 à 1970, des militants en recherche d'un projet de société nou- velle se sont orientés vers le socialisme, défini d'abord comme " socialisme démocratique ", puis " socialisme autogestion- naire ". I [o mlnorlté CFTC pectlves )) en recherche ds << pers- C'est surtout à partir des années 1950 que la minorité qui s'étoffe et le groupe d'études " Reconstruction D sont en recherche de perspectives pour le mouvement ouvrier français. En effet la CFTC jusqu'alors centrant principalement son action sur le domaine professionnel ne s'est guère préoccupée de ce problème. Cette recherche qui tente de répondre aux aspira- tions des travailleurs, telles que des syndicalistes peuvent les percevoir à travers I'action, se fait à partir d'une réflexion sur 4 commentant en 1g51 r'expérience soviétique, Marcer Gonin (uD.de la Loire) se dem-ande'à queiles conditioni it ãsi þoÀsiute de lier économie ptanífiée et tiberté potitique. " fãùtã-ã¡rec_ ron oe |economie ne risque-t-elle pas de conduire à la dicta- ture politique, voire à I'univers concentrationnaire ? " Tel est le.grave problème posé aux syndicalistes. ll n'en tire nullement la conclusion que, face aux risques, il convient de se rimiter à r'action protåssíonÀêrte, îais '¡r se demande au contra¡re si. re syndicarisme n'a pal ..'tiõl centre son action sur re seur rerèvemênt du niveau de vie sans'éduquer les travailleurs en vue d'une société nouvelle ". Et il cherche les moyens d'avancer en ce sens pour évíter tes riàques:äe la dictature. ". C'est en ayant conscience des problèmes économigues, de certaines réarités qu¡ sont, même si eiles ne nous praisent pas, que nous avancerons, en insérant notre action dâns la marge que laisse tibre un certa¡n déterminisme de Ihistòire. r_ã iiberte ne va pas sans ra conscience des conditions que ies-faits mettent à notre action. Notre responsabiritá ñesi-pas-leu¡e- ment d'or.dre professionner, comme certains le 'vãl¿raient encore, eile est responsabirité à r'égard de notre c¡asse et a travers e.tle à r'égard de ra communãrte hu;;ine. cä-õü nou, conduit à concevoir nos actes en fonctíon d'une ,óñtðe'totate de notre classe, à r'éduquer pour qu'eLre acquière ,üà-ãompe- tence dans |ordre économique. ri n'est_ päs o'atiituoã'ptus néfaste à t'éducation.que ra démagogìe. sáuronð-ñôus o-emain avoir le courage de dire la vérité..]dne pas avoir ce courage nous risquons de nous trouver .quelque ¡our Cans -ùn-iegime autoritaire gue nous aurons bâti 'sané r"'""uoir,'päinor"i¿t¡- ciences et nos erreurs. D Pour M. Gonin ir ne s'agit nuilement de faire du * réfor- misme ", c'est-à-dire de " [ravailler sans savoir où |,on va ,. Mais dit-it " ta révorurion à faire est rimitée pái l" u"låLi 0". hommes qui |entreprennent... si nous ne sommes que viorents (-t)_S_u1 ces problèmes le livre . Le Mouvement ouvrier 1g15_1977 ,, col. '. .cFÐT-Reflexion ' permettra au lecteur ¿e m¡eux saisir le contexte de ce Jébat qu'un articre aussi bref ne peut resituer lvoir notamm"nt påôã.'i¿ä-r¿s, 1 s9-1 6s, 1 68-1 69, 172-177). 5 ANALYSES et incompétents nous changerons de maîtres, c'est tout ". D'où la nécessité de pratiquer un syndicalisme qui soit < une péda- gogie active Ð, une école d' " hommes libres (2) ". I Un syndicalisme " techniquement révolutionnaire " ; Une note d'orientation de la minorité pour le Congrès confédéral de 1951 reprend certaines des idées précédentes et écrit notam- ment : " Nous ne sommes pas de ceux qui disent : on a vu trop grand à la Libération... On n'a pas vu trop grand puisqu'on n'a pas modifié de façon irréversible les rapports de forces entre le monde du travail et les catégories sociales bénéficiant des désordres établis... Si Révolution signifie transformation cons- ciente de la structure économique et des rapports sociaux, le syndicalisme français doit être aujourd'hui techniquement révo- lutionnaire. " Commentant cette dernière expression due à Albert Détraz, Raymond Marion écrivait cinq ans plus tard dans le rapport au Congrès de la Chimie : " Par I'emploi du terme révolution- naire, nous reconnaissons la nécessité de maintenir une ten- sion constante entre le mouvement ouvrier et le "désordre établi" (selon le terme lancé par Emmanuel Mounier), tension indispensable pour éviter le "conformisme"... et qu'il s'agit de maintenir dans un esprit et par des méthodes de pensée et d'action tout autres que celles du parti communiste : méthodes que nous avons toujours rejetées... " " En joignant au terme révolutionnaire la qualification techni- quement, on écarte tout romantisme sentimental, on insiste sur la nécessité de la compétence, de l'organisation, du réalisme. " Pour R. Marion ce réalisme consiste d'abord à reconnaître la relative faiblesse de la force syndicale d'où la nécessité pour la confédération d'aider avant tout les organisations confé- dérées capables de constituer cette force syndicale " par la base ' et dans des " secteurs-clés ". I Démocratie d'abord A la recherche de perspectives le Congrès des Métaux de 1952, avec Eugène Descamps, s'efforce de préciser la concep- tion de la démocratie. Dans un langage très marqué par I'in- (2) " Bulletin Reconstruction ", fév. 1951. On trouvera dans celui de fév. 1952 d'autres réflexions sur ( Comment repenser le syndicalisme révolutionnaire ". fluence . de philosophes comme Mounier et Maritain, on y affirme la nécessité d'une " démocratie personnariste aþperant des hommes libres au sens de ra justicä et du àon-¿än! oes conditions de bien-être matériel leur permettant une véritable culture... '. Au nom de la philosophie de * l,autonomiä , on insiste sur ta restriction des attribdtions de ¡'etat ãu-öroJ¡t oes instances " inférieures ". 9l :" déclare cependant partisan de ra pranification au moins partielle de l'économie. - sôure façon, seion nous,-de-!arantir un minimum de sécurité aux hommes qui y vivront -,,."ôertes toute économie dirigée recère des dangers de totaritarisme, mais " heureusement, I'expérience du mouvement ouvrier bri- tannique est là.pour no.us prouver qu,avec un peuple ayant une certaine .maturité poritique et un ðens civiqri" o¿u"iãppå. . ir est possible, au terme d'une transformation'sociãie-oe-iàroer la liberté poritique, ra démocratie, au sens "occidentar" du terme ". Enfin, se référant à une déclaration de Léon Blum dans son livre " A r'écheile humaine ", E. Descamps écrit ',, rvotre'õ¿ne- ration de miritants ne peut torérer une'démocraile-qüiåst ra î:T::iîI9I d' un, système d,exp Ioitarion. L'aboIition oü-sa=rariat, ra pranrrrcatron' doivent nous conduire à un régime de socia- lisation. " En 19S2 les..métailurgistes CFTC ñ" p"rfãni'pu" encore de " sociarisme démocratique > ; ce sera fait au congrès suivant en 1954, 2 Quel sociolisme démocrotl DU SOCIALISME DEMOCRATIQUE que ? ,. De 1951 à 1956, * Reconstruction, et les diverses organisa_ liolg.minoritaires, notamment tes Congrès de la Chimie, de la Métallurgie, de IuD de ra Loire -1ã¡... s'efforcent de définir quel type de socialisme proposer 'alx travailleurs français. N.ous ne pouvons ici reprendre tes ¿ivôrses formurations ; 'nous allons simprement te.ntór de présentei'essentiei â"é ðon""p- tions sous-jacentes à cette fórmule. 6 _^!3_) _lglrL*ent tes rappo.rts de Congrès:Chimie 1952_1954-1956, Métaux: 1954-1956. (Les réftexions des congrèi v¿t"ui oe 1952 et l-sso-rãÀt'rã"""r_ blées dans une brochure " Le soõiar¡sme ãémocratique ,. La fédération de la--climie a publié en tg5s une brochure -.. Èrooréri""'¿:&oi,i,äñ"'0" l" cFrc "). 7 ANALYSES I En référence à ra conférence internationate de Franclort (1e51 ) (4) " Bulletin Reconstructio¡ ", juin 1953. , (5) Livre de Paur vignqyx, à paraître : " Du syndicarisme au socialisme Reconstruclion (1946-1972). " I .. Parlant en juin 1gS3 Charles Savouillan, métallurgiste et directeur du " Bulletin des groupes Reconstruction ", déllarait : " L'Etat démocratique qui résoudra les problèmes vitaux de notre pays devra être un Etat socialiste. Tel est I'esprit dans lequel notre groupe fait siennes les idées directrices àu socia- lisme d.émocratique dans la synthèse qui en a été présentée à la Conférence internationate cje Francfort de juillet 19Sl (4). En fait cette déclaration de Francfort est une déclaratibn de l'lnternationale socialiste reconstituée, Comment expliquer que des syndicalistes, férus d'indépendance syndicale,'se réfèrent à un texte élaboré par des partis ? Expiiquant ce paradoxe Paul Vi.gnaux écrit : . La question : "eu'est-ce que 'le socia_ lisme ?" était inévitabte pour des militants délibérément anti- capitalistes et les documents de I'internationalisme svndical n'y répondaient point : ni ceux de la FSM, ni ceux de lá CISL. L'unité syndicale mondiale n'a pu se faire qu'en parlant le lan- gage idéologique commun aux Nations unies dans la guerre : langage démocratique et non socialiste... " Aussi le groupe " Reconstruction D se tourne vers I'lnterna- tionale socialiste, sachant " I'influence qu'y exerçait le Labour Party britannique. ll uploads/Management/ 17-du-socialisme-democratique-au-socialisme-autogestionnaire-198001-02.pdf
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