Mariage homosexuel, homoparentalité et adoption : Ce que l’on oublie souvent de
Mariage homosexuel, homoparentalité et adoption : Ce que l’on oublie souvent de dire. Par Gilles Bernheim, Grand Rabbin de France MARIAGE HOMOSEXUEL, HOMOPARENTALITÉ ET ADOPTION : CE QUE L’ON OUBLIE SOUVENT DE DIRE. 2 MARIAGE HOMOSEXUEL, HOMOPARENTALITÉ ET ADOPTION : CE QUE L’ON OUBLIE SOUVENT DE DIRE. 3 INTRODUCTION PREMIÈRE PARTIE Analyse des arguments invoqués par les partisans d’une Loi Le mariage homosexuel au nom de l’égalité ?................................................7 Le mariage homosexuel au nom de la protection du conjoint ?........................8 L’homoparentalité au nom de l’amour ?. .........................................................9 L’homoparentalité au nom de la protection de l’enfant ?...............................11 L’adoption au nom du droit à l’enfant ?........................................................12 L’adoption au nom des enfants attendant d’être adoptés ?............................13 De nouvelles formes d’homoparentalité au nom de l’égalité ?.......................14 La Loi et l’intérêt général à l’épreuve des chiffres.. .......................................15 DEUXIÈME PARTIE Derrière les arguments, la confrontation de deux visions du monde La volonté des militants LGBT de nier la différence sexuelle.........................19 La vision biblique de la complémentarité homme-femme.............................21 CONCLUSION....................................................................................................24 MARIAGE HOMOSEXUEL, HOMOPARENTALITÉ ET ADOPTION : CE QUE L’ON OUBLIE SOUVENT DE DIRE. 4 INTRODUCTION Un grand nombre de nos concitoyens ne perçoit dans la revendication du mariage homosexuel qu’une étape supplémentaire de la lutte démocratique contre l’injustice et les discriminations, dans la continuité de celle engagée contre le racisme. C’est finalement au nom de l’égalité, de l’ouverture d’esprit, de la modernité et de la bien-pensance dominante qu’il nous est demandé d’accepter la mise en cause de l’un des fondements de notre société. Et d’ailleurs, sondages à l’appui, cette mise en cause serait déjà acceptable par une majorité de nos concitoyens et son inscription dans la Loi n’appellerait, de ce fait, aucun débat à la mesure des enjeux. Je pense, au contraire, qu’il est de la plus haute importance d’expliciter les véritables enjeux liés à la négation de la différence sexuelle et de débattre publiquement sur ces bases – plutôt que sur des principes, comme l’égalité, qui flattent ceux qui s’en font les porte-étendards, mais dont l’invocation pour faire passer dans la Loi le mariage homosexuel, l’homoparentalité et l’adoption par les homosexuels ne résiste pas longtemps à l’analyse. Dans cet essai, je propose de décrypter le discours des partisans d’une Loi, de passer au crible leurs arguments et de mettre en lumière les effets négatifs des dispositions qu’ils revendiquent. Mon objectif est de contribuer à l’émergence d’un véritable débat sur la place publique car le sujet mérite mieux que le tribunal des bonnes consciences, où ses partisans entendent le maintenir jusqu’au vote de la Loi, à coup de caricatures disqualifiantes contre ceux qui chercheraient à questionner leur projet et leurs motivations. Les caricatures ont la vie dure et certains pourraient avoir envie de rejeter l’ensemble de mon propos au motif qu’un Rabbin ne devrait pas sortir de sa sphère religieuse ou que la Bible interdisant l’homosexualité, je n’aurais rien de plus à ajouter. A ces deux objections, je veux répondre d’emblée car je sais trop l’efficacité des attaques ad hominem qui permettent de décrédibiliser un intervenant, de faire l’économie de l’analyse de ses propos et donc d’esquiver le débat. Je m’exprime en qualité de Rabbin, et plus particulièrement de Grand Rabbin de France. Je ne suis pas le porte-parole d’un groupe d’individus, mais le référent et le porte-parole du judaïsme français dans sa dimension religieuse. Comme tous les autres Rabbins, je suis un lecteur, un enseignant et un commentateur des textes de la sagesse juive qui sont empreints d’une grande tradition de dialogue, de dialectique, d’herméneutique, bref de pluralisme. J’ai toujours regardé comme un devoir l’engagement intellectuel dans les grands choix de l’histoire et en premier lieu dans les grands choix de mon pays. A ce titre, le projet d’autoriser le mariage homosexuel, de même que le projet de donner une réalité juridique à des faits d’homoparentalité et d’adoption, me concernent. C’est pourquoi je récuse la posture de repli d’une minorité de responsables religieux, consistant à se mettre hors-jeu et à s’exclure du débat, au motif qu’il existe la possibilité d’un mariage religieux en aval du mariage civil. Le hors-jeu est une faute quand il pratique l’autopromotion. MARIAGE HOMOSEXUEL, HOMOPARENTALITÉ ET ADOPTION : CE QUE L’ON OUBLIE SOUVENT DE DIRE. 5 Ma prise de parole est l’expression réfléchie de la solidarité qui me lie à la communauté nationale dont je fais partie. Elle est aussi l’expression responsable des principes universels que cette communauté a forgés et défendus au cours des siècles, principes sur lesquels la République est fondée et sans lesquels elle ne saurait subsister. Si quelqu’un qui n’est pas juif veut bien m’écouter, il recevra mes propos en fonction de son jugement personnel, de son propre système de valeurs et de sa propre identité religieuse, agnostique ou athée. Il pourra, s’il le souhaite, leur reconnaître de la sagesse et leur attribuer une valeur morale. Ma vision du monde est guidée par la Bible et par les commentaires rabbiniques – ce qui ne surprendra personne. Concernant les sujets-clés de la sexualité et de la filiation, elle est fondée sur la complémentarité de l’homme et de la femme. Dans cet essai, je me suis référé exclusivement au livre de la Genèse et ai donc choisi ne pas mentionner les interdits homosexuels inscrits dans le Lévitique car j’ai considéré que l’enjeu n’est pas ici l’homosexualité qui est un fait, une réalité, quelle que soit mon appréciation de Rabbin à ce sujet, mais le risque irréversible d’un brouillage des généalogies, des statuts (l’enfant- sujet devenant enfant-objet) et des identités – brouillage préjudiciable à l’ensemble de la société et perdant de vue l’intérêt général au profit de celui d’une infime minorité. Enfin, j’ajouterai que ma vision biblique du monde, où la justice est un principe central, me conduit naturellement à condamner et à combattre avec force les agressions physiques et verbales dont sont victimes les personnes homosexuelles, au même titre que je condamne et combats avec force les actes et propos racistes et antisémites. Je tiens à remercier T. Collin, J.P. Winter, M. Gross, B. Bourges et L. Roussel pour la richesse de leurs réflexions qui a nourri ce projet et dire toute ma gratitude à Joël Amar pour son aide si précieuse dans l’accompagnement de cet essai. MARIAGE HOMOSEXUEL, HOMOPARENTALITÉ ET ADOPTION : CE QUE L’ON OUBLIE SOUVENT DE DIRE. 6 PREMIÈRE PARTIE : Analyse des arguments invoqués par les partisans d’une Loi MARIAGE HOMOSEXUEL, HOMOPARENTALITÉ ET ADOPTION : CE QUE L’ON OUBLIE SOUVENT DE DIRE. 7 Le mariage homosexuel au nom de l’égalité ? Ce que l’on entend : “ Les homosexuels sont victimes de discriminations. Ils doivent avoir, comme les hétérosexuels, le droit de se marier. ” Ce que l’on oublie souvent de dire : L’argument du mariage pour tous ceux qui s’aiment ne tient pas : ce n’est pas parce que des gens s’aiment qu’ils ont systématiquement le droit de se marier, qu’ils soient hétérosexuels ou homosexuels. Par exemple, un homme ne peut pas se marier avec une femme déjà mariée, même s’ils s’aiment. De même, une femme ne peut pas se marier avec deux hommes, au motif qu’elle les aime tous les deux et que chacun d’entre eux veut être son mari. Ou encore, un père ne peut pas se marier avec sa fille même si leur amour est uniquement paternel et filial. Au nom de l’égalité, de la tolérance, de la lutte contre les discriminations et de tant d’autres principes, on ne peut pas donner droit au mariage à tous ceux qui s’aiment. N’est pas en cause ici la sincérité d’un amour. Et il est compréhensible que des personnes amoureuses souhaitent voir leur amour reconnu. Toutefois, des règles strictes délimitent aujourd’hui et continueront demain de délimiter les alliances autorisées et les alliances interdites au mariage. En ce sens, le mariage pour tous est uniquement un slogan car l’autorisation du mariage homosexuel maintiendrait des inégalités et des discriminations à l’encontre de tous ceux qui s’aiment, mais dont le mariage continuerait d’être interdit. L’argument du mariage pour tous occulte les deux visions actuelles du mariage. Dans la vision du monde, que je partage avec de très nombreuses personnes, croyantes ou non, le mariage n’est pas uniquement la reconnaissance d’un amour. C’est l’institution qui articule l’alliance de l’homme et de la femme avec la succession des générations. C’est l’institution d’une famille, c’est-à-dire d’une cellule qui crée une relation de filiation directe entre ses membres. Au-delà de la vie commune de deux personnes, il organise la vie d’une Communauté composée de descendants et d’ascendants. En ce sens, c’est un acte fondamental dans la construction et dans la stabilité tant des individus que de la société. Dans une autre vision du monde, le mariage est jugé comme une institution dépassée et compassée, comme l’héritage absurde d’une société traditionnelle et aliénante. Mais alors, n’est-il pas paradoxal d’entendre les tenants de cette vision du monde élever leurs voix en faveur du mariage homosexuel ? Pour quelle raison celles et ceux qui refusent le mariage et lui préfèrent l’union libre, défilent-ils aujourd’hui aux côtés des militants LGBT 1 pour les soutenir dans leur combat uploads/Management/ mariage-homosexuel-homoparentalite-et-adoption-ce-que-l-x27-on-oublie-souvent-de-dire-essai-de-gilles-bernheim-grand-rabbin-de-france 1 .pdf
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- Publié le Apv 15, 2021
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