Les cahiers du CERGOR centre d'étude et de recherche en gestion des organisatio
Les cahiers du CERGOR centre d'étude et de recherche en gestion des organisations et ressources humaines NUMÉRO 02/01 MARS 2002 Responsable de la publication J.F. AMADIEU, Professeur à l'Université Paris 1 Les cahiers du CERGOR Numéro 02/01 - mars 2002 UNIVERSITÉ PARIS 1 PANTHÉON SORBONNE Directeur de publication : J.F. AMADIEU La reponsabilité sociétale des entreprises Astrid MULLENBACH Université Paris 1 SOMMAIRE L’objet de la recherche 3 Les modèles de responsabilité 4 I - La responsabilité économique et financière de l’entreprise 4 A/ La théorie classique et néoclassique 4 B/ L’entreprise capitaliste 5 II - La responsabilité humaine et sociale de l’entreprise 5 A/ La formalisation de documents déontologiques 6 B/ Le contrat psychologique conclu entre l’employeur et ses salariés 6 III - La responsabilité sociétale de l’entreprise 7 A/ L’apport des théories des organisations au modèle 8 B/ Le concept de «stakeholder» 8 Limites et qualités des trois modèles 9 I - Les carences des modèles proposés 9 A/ Les carences du modèle de la responsabilité économique et financière de l’entreprise 9 B/ Les carences du modèle de la responsabilité humaine et sociale de l’entreprise 10 II - Le choix d’un modèle intégré 11 A/ Quelques définitions de la responsabilité sociétale 11 B/ Les apports de la Stakeholder Theory 12 Les cahiers du CERGOR sont disponibles au prix de 8 euros le numéro (chèque à l'ordre de l'agent comptable de l'Université Paris 1). Pour toute commande ou information, contactez Alice LE FLANCHEC Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Gestion Sorbonne 17, Rue de la Sorbonne 75231 Paris Cedex 05 Téléphone : 01 40 46 28 74 flanchec@univ-paris1.fr 3 La reponsabilité sociétale des entreprises La responsabilité sociétale des entreprises Astrid Mullenbach L’objet de la recherche Notre recherche porte sur l’apparition et l’évolution de nouvelles exigences de respon- sabilité éthique et sociétale au sein des orga- nisations. L’idée n’est certes pas nouvelle puisqu’Henri FORD écrit en 1920 que «l’en- treprise doit faire des profits sinon elle mourra. Mais si l’on tente de faire fonction- ner une entreprise uniquement sur le profit, alors elle mourra aussi car elle n’aura plus de raison d’être». Toutefois, cette dimension demeure, de longues années durant, l’apanage des associations et du secteur public. Ce n’est qu’un demi siècle plus tard que s’amorce un tournant décisif et que mûrit l’idée d’une vé- ritable responsabilité sociétale des organisa- tions. Jusqu’au début des années 1970, les orga- nisations, largement influencées par la théo- rie économique classique et néoclassique, n’ont, en effet, à se préoccuper que de leurs performances économiques et financières ; leur unique responsabilité se bornant à accroî- tre les profits. Ainsi, selon Milton FRIED- MAN (1962), l’acceptation par les dirigeants d’entreprises d’une conception autre que de servir au mieux les intérêts des actionnaires s’avère extrêmement dangereuse : «Few trends could so throughly undermine the very foundations of our free society as the acceptance by corporate officials of a social responsibility other than to make as much money for their stakeholder as possible. This is a very fundamentally subversive doctrine». L’entreprise de la seconde moitié du XXème siècle est, en conséquence, une entreprise qui a pour objectif premier d’optimiser ses per- formances financières et de maximiser la va- leur qu’elle crée pour ses actionnaires. En d’autres termes, il s’agit du modèle le plus restreint de l’entreprise capitaliste. Pourtant, certains auteurs hétérodoxes nuan- cent déjà la théorie économique classique et néoclassique et montrent, tout en restant en- tièrement favorables aux économies capitalis- tes, les faiblesses d’une approche organisation- nelle uniquement fondée sur le profit. Ainsi, François PERROUX (1903 - 1987) ou encore Oscar LANGE (1904 - 1965) estiment-ils qu’aucune société ne peut se perpétuer avec des entreprises qui fonctionnent à perte ; mais ils considèrent que le profit est un mauvais indicateur pour deux raisons essentielles : d’abord parce qu’il ne s’agit que d’un indica- teur financier et, la plupart du temps, les con- séquences sociales, écologiques, sociologi- ques ne sont pas prises en compte par l’entre- prise ; ensuite parce que ce qui est bon pour l’entreprise (ou ceux qui la gouvernent), ne l’est pas forcément pour la collectivité (BRÉMOND et SALORT, 1994). C’est dans ce contexte que naît une triple prise de conscience venant remettre en cause une approche traditionnelle ainsi que des mo- Notre recherche porte sur l'apparition et l'évolution de nouvelles exigences de responsabilités éthiques et sociétales au sein des organisations. Or, en matière de responsabilité, trois modèles coexistent : un mo- dèle de responsabilité économique et financière postulant la nécessité de servir au mieux les actionnaires en maximisant le résultat financier, un modèle de responsabilité humaine et sociale fondé sur la formali- sation de documents déontologiques et sur le contrat psychologique conclu entre l'employeur et ses sala- riés, et un modèle de responsabilité sociétale postulant l'importance de la prise en considération de tous les individus, de tous les groupes ayant part dans l'entreprise ("stakeholders"). Chacun de ces trois modèles présentant un certain nombre de carences, mais également une part de vérité non négligeable, l'idée de cette recherche est d'épouser une autre voie, un modèle agrégé alliant les trois modèles dévelop- pés précédemment, puisque l'entreprise doit, d'une part conserver la confiance de ses investisseurs, d'autre part s'assurer l'engagement de ses salariés, et enfin prendre en considération les conséquences de ses activités sur la société dans son ensemble. C'est en cela que l'on peut parler de vision intégrée au sein de laquelle les actionset les décisions sont, à la fois, fonction des contraintes économiques, des contraintes sociales et des contraintes sociétales. 4 La reponsabilité sociétale des entreprises dèles préétablis. D’une part, la vision de l’or- ganisation comme simple fonction de produc- tion disparaît ; cette dernière s’inscrivant né- cessairement au sein d’une communauté lui fournissant du capital, des ressources humai- nes … c’est à dire au sein d’un environnement plus ou moins complexe. D’autre part s’im- pose l’idée selon laquelle la valeur organisa- tionnelle ne se mesure pas uniquement en ter- mes monétaires (TOUBLAN, 1995) : la per- formance s’apprécie sur le long terme, sur le fondement de critères économiques et finan- ciers, mais également sociaux et environnementaux. Enfin, il apparaît désor- mais incontestable que l’entreprise possède une responsabilité vis à vis de ses différents partenaires; une responsabilité s’étirant bien au delà de celle conférée par la législation. Ces postulats, nourris des préoccupations et des avancées anglo-saxonnes, débouchent sur une vision «nouvelle» de l’organisation de laquelle on attend toujours qu’elle soit écono- miquement performante, mais de laquelle on attend également qu’elle soit socialement res- ponsable et citoyenne. Le principe fondateur est que, pour se développer de façon pérenne et prospère, l’entreprise doit placer son acti- vité dans une spirale vertueuse où elle se fait du bien tout en faisant du bien à l’ensemble de ses publics : «doing well by doing good» (WADDOCK et SMITH, 2000). Elle devient ainsi responsable, c’est à dire capable de ré- pondre de ses actes et de l’impact de ses acti- vités auprès de tous ses partenaires c’est à dire aussi bien les hommes et les femmes qu’elle emploie que l’environnement ou les collecti- vités locales ; engagée car elle se développe en harmonie avec son entourage; et citoyenne c’est à dire capable de contribuer à résoudre des problèmes de la société. Autrement dit, pour paraphraser André MALRAUX, l’entre- prise du XXIème siècle sera responsable ou ne sera pas. Ce passage d’un «stockholder model» à un «stakeholder model» (FREEMAN & REED, 1995) a révolutionné la façon d’envisager l’or- ganisation ainsi que, dans une large mesure, l’ensemble du management, tant au niveau conceptuel qu’empirique. Cependant, la res- ponsabilité sociétale se décline de bien diffé- rentes façons. Tout d’abord, elle apparaît sous différentes dénominations dans la littérature du management : développement durable, ci- toyenneté d’entreprise dans notre langue; Corporate Social Responsibility, Community Involvement dans la littérature anglo-saxonne. D’autre part, elle couvre des domaines extrê- mement variés allant de l’investissement éthi- que à l’écologie industrielle en passant par la consommation engagée, le travail des enfants ou encore le commerce équitable. Enfin, la responsabilité sociétale implique une multi- tude d’acteurs qu’il est parfois difficile d’iden- tifier. Dans ce contexte, notre question de recher- che porte sur les différents stakeholders c’est à dire les parties prenantes, les détenteurs d’en- jeux vis à vis desquels l’entreprise estime avoir une responsabilité : qui sont-ils ? Comment les identifier ? Et d’autre part, comment l’en- treprise exerce t elle cette responsabilité : quel- les sont les méthodologies, les outils à sa dis- position ? Comment les met elle en œuvre ? Enfin, quel est l’impact de cette prise de cons- cience sur sa propre performance ? Les modèles de responsabilité I - La responsabilité économique et financière de l’entreprise Le modèle de la responsabilité économique et financière de l’entreprise trouve son origine au cœur de la théorie traditionnelle, et plus particulièrement au sein de la théorie classi- que et néoclassique. Postulant la nécessité de maximisation du résultat financier, ce modèle a ensuite été repris et peaufiné par les plus fer- vents défenseurs du capitalisme. A/ La théorie classique et néoclassique C’est en uploads/Management/ article-rse.pdf
Documents similaires










-
32
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Fev 27, 2021
- Catégorie Management
- Langue French
- Taille du fichier 1.7101MB