Cahiers de l’ILSL, N° 34, 2013, pp. 1-2 Sommaire Sommaire......................
Cahiers de l’ILSL, N° 34, 2013, pp. 1-2 Sommaire Sommaire...................................................................... Présentation générale et enjeux 1 M. Burger Qu’est-ce qu’un discours de communication publique......................................................................... 3 A.-Cl. Berthoud La communication plurilingue et ses enjeux............................................................................ 43 G. Merminod Dynamique réflexive et transférabilité des compétences : un usage intégré du e- porfolio......................................................................... 59 Méthodes Ph. Gonzalez & K. Skuza Apparition impossible : Emmanuelle Béart et l’affaire des sans papiers. Une sociologie énonciative de l’espace public............................................................ 79 M. Burger Vers une analyse de la construction des identités dans les discours de communication publique........................................................................ 101 J. Jacquin Quelques pistes et jalons pour une approche réflexive de l’élaboration des corpus en analyse des discours et de la communication publics...................................... 123 V. Capt & S. Pahud Du bien-fondé didactique d’une analyse textuelle critique des idéologies dans les discours de communication publique.............................................. 141 2 Cahiers de l’ILSL, N° 34, 2013 R. Micheli La notion d’«argumentation» et ses définitions : éléments pour une didactique des théories argumentatives contemporaines au niveau universitaire................................................................. 157 Etudes de cas D. Perrin « La voie tranquille » : Formulierungsroutine und Emergenz im Service Public........................................ 157 A. Rocci The Discourse System of Financial Communication............................................................ 175 A. Ansorge Political Narrative : A Never Ending Rhetorical Tool.............................................................................. 223 G. Merminod « Oui mais vous avez vu ma Rolex » : mise en scène des stratégies discursives de Nicolas Sarkozy par les Guignols de l’info........................................................ 239 V. Lonfat Construction et déconstruction des éthos dans les débats médiatiques...................................................... 261 E. Glerum L’argument environnemental dans le discours publicitaire suisse romand.......................................... 277 V. Depallens Comment gérer la place institutionnelle de Président sortant dans un débat d’entre-deux tours ? Regards croisés sur les stratégies adoptées par François Mitterrand et Nicolas Sarkozy .................................... 305 Cahiers de l’ILSL, N° 34, 2013, pp. 3-41 QU’EST-CE QU’UN DISCOURS DE COMMUNICATION PUBLIQUE ? Marcel BURGER Université de Lausanne – CLSL1 marcel.burger@unil.ch Résumé Cette contribution propose une définition élargie, respectivement restreinte des discours de communication publique. Peu étudiés dans le domaine des sciences du langage et dans celui des sciences de la communication, les discours de communication publique sont essentiels pour comprendre les enjeux des sociétés contemporaines. C’est en effet dans et par le discours – c’est-à-dire la dimension langagière de la communication – que se construisent et se légitiment les institutions publiques et l’Appareil d’Etat. C’est aussi dans et par le discours que se construisent les espaces publics et se négocient les significations qui définissent le rapport à la citoyenneté d’une société. Mots-clés : communication publique, discours, citoyenneté, espaces publics contemporains 1. Une forme de communication complexe Communiquer publiquement constitue un mode d’expression majeur dans les sociétés contemporaines (voir Pasquier 2011 ; Maigret et Macé 2005). Les professionnels des espaces publics – les politiques et les journalistes en premier lieu – ont ce mode d’intervention pour vocation depuis toujours (voir Burger, Jacquin & Micheli 2011 ; Neveu 2009). Avec l’avènement des nouvelles technologies et l’extrême popularisation des réseaux sociaux on observe cependant une redéfinition des acteurs de la communication publique, tout comme des sphères « publique » et « privée » (voir Koller & Wodak 2010 ; Turbide 2009). Si les discours de communication publique sont essentiels pour comprendre les enjeux des institutions et des espaces sociaux contemporains, on constate qu’ils sont paradoxalement peu étudiés tant dans le domaine des sciences du langage que dans celui des sciences de la communication et des médias. Dans cette contribution, on propose au fil du texte une spécification d’abord large 1 Centre de linguistique et des sciences du langage. 4 Cahiers de l’ILSL, N° 34, 2013 (§1), puis plus restreinte – pour la rendre si possible heuristique et opératoire – des discours de communication publique (§2). A ce titre, notre réflexion s’ancre dans le postulat de la dimension « constructrice » des discours telle que thématisée par la philosophie du langage (voir en particulier Searle 2010) et redéfinie dans le cadre de la perspective d’une linguistique proprement « impliquée » dans les espaces sociaux (voir les propositions de Berthoud & Burger 2013)2. Dans un troisième temps, on présente l’état de la réflexion sur la construction discursive des espaces publics contemporains menée dans le cadre du cursus de spécialisation en Analyse des discours et de la communication publics du Master ès Lettres de l’Université de Lausanne (§3 et §4). 1.1. Les discours de communication publique comme discours institutionnels Intuitivement, la communication publique s’oppose à la communication privée. En deux mots, la communication publique se déroule « en public » et « devant » un public. Un peu à la manière des arts de la scène – le théâtre par exemple – les discours tenus témoignent de la présence de spectateurs, et, de ce fait, d’une mise en scène planifiée dont le public est le destinataire. Cette première distinction schématique entre « public » et « privé » rejoint celle que les approches conversationnelles proposent, dans le domaine des sciences du langage, entre les discours « conversationnels » et les discours « institutionnels » (voir Heritage & Clayman 2010 ; Watts 2010 ; Hakulinen 2009). À ce titre, on peut poser que les discours de communication publique sont des discours institutionnels. Au contraire des discours conversationnels caractérisés par une apparente absence de prédétermination sociale, les discours institutionnels sont marqués au sceau d’attentes contractuelles touchant différents aspects : le thème, la finalité, le destinataire, l’identité du producteur etc. Dans ce sens, les discours institutionnels témoignent de contraintes propres au champ social dans lequel ils s’ancrent : politique, médiatique, éducation, santé etc. À un niveau plus directement sensible pour l’analyste, les discours institutionnels manifestent des contraintes propres à des genres d’activités de communication. Ainsi, un 2 D’une manière plus marquée que la linguistique appliquée, la linguistique « impliquée » s’ancre dans le champ de l’action et des activités sociales avec le défi de contribuer à la résolution des tensions qui structurent les espaces sociaux contemporains (voir Berthoud & Burger 2013). M. Burger : Qu’est-ce qu’un discours de communication publique ? 5 meeting (électoral), un débat (télévisé), une leçon (de géographie en classe élémentaire), une consultation médicale représentent autant de genres dans lesquels le discours – la part proprement langagière de la communication – occupe une place variable. Toutes ces situations ressortissent de la communication institutionnelle car les discours qui s’y tiennent sont à la fois « informés » par et « informants » d’attentes contractuelles à différents niveaux3. 1.2. Les discours de communication publique comme discours des institutions publiques En vertu de ce qui précède, on conçoit que les discours de communication publique constituent une sous-catégorie de discours institutionnels : ceux émanant des institutions publiques. On entend par là les discours de l’Appareil d’Etat (exécutif et législatif) et de ses composantes premières que sont la santé publique, l’instruction publique, les transports publics, la sécurité publique, les médias (de service public), les espaces verts publics etc. (voir Pasquier 2011 : 43-81 ; Riutort 2009 : 28-101). Avant de détailler cet aspect, il s’agit de considérer un enjeu majeur rappelé par Alice Krieg-Planque : « l’existence d’institutions suppose un langage permettant la formation, l’expression, la transmission et la transformation de croyances et d’attitudes par lesquelles sont créées et organisées ces formes et structures sociales que sont les institutions » (Krieg-Planque 2012 :22). Admettre cette thèse, c’est assigner aux discours de communication publique un double rôle dans l’écologie des institutions publiques. D’une part, les discours publics « expriment » les institutions auxquelles ils se rattachent : autrement dit, ils les disent, les racontent, les montrent. D’autre part, les discours publics constituent le pivot ou l’axe central des institutions publiques, c’est-à- dire la réalité même à partir de laquelle ces institutions « existent ». Il apparaît en effet que dans l’ordre des institutions, celles publiques dépendent des discours qui les fondent. On peut considérer l’exemple de 3 Dans cette optique, il n’est pas pertinent de parler de discours politiques, médiatiques, éducatifs, de santé etc., car de telles catégories sont trop générales. Au contraire, il s’agit de focaliser d’emblée l’attention sur la spécificité des activités communicatives que les discours contribuent à réaliser (c’est le niveau des « genres » : débat, entretien, consultation etc.). Plus techniquement parlant, l’analyse des discours institutionnels requiert une méthodologie particulière. Pour être heuristique, elle doit décrire le niveau méso-pragmatique de la communication (celui des activités en cours) dont ni l’analyse conversationnelle (focalisée sur le niveau micro pragmatique de l’alternance des tours de parole) ni l’analyse du discours (focalisée sur le niveau macro pragmatique de l’ancrage dans des types de discours) ne tiennent véritablement compte (voir les propositions de Burger & Jacquin 2013). 6 Cahiers de l’ILSL, N° 34, 2013 l’institution juridique pour illustrer le rôle constituant des discours. L’institution juridique repose entièrement sur une réalité discursive : le discours constitutionnel (c’est-à-dire la « Constitution » en tant que discours). Du fait d’être fondée par le discours, l’institution se règle en fonction de ce discours. Autrement dit, les acteurs engagés dans l’espace social juridique – les juges, procureurs, avocats, notaires et les citoyens concernés – justifient, expliquent et évaluent leurs comportements à l’aune du discours constituant. uploads/Management/ cils34-30oct.pdf
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- Publié le Jui 12, 2021
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