Les analyses en termes de classes sociales restent-elles pertinentes aujourd’hu
Les analyses en termes de classes sociales restent-elles pertinentes aujourd’hui pour rendre compte de la dynamique de la structuration sociale? En 2009, le Conseil Economique et Social « s'inquiète, dans un rapport, du risque d'une "guerre des générations" entre les jeunes, durement affectés par la crise, et les vieux, considérés par certains comme les détenteurs d'un "pouvoir gris" » (document 2). Les conflits opposeraient aujourd’hui les jeunes aux vieux. La France connaîtrait ainsi une stratification sociale nouvelle. La stratification sociale correspond à la division d’une société en plusieurs groupes (ou strates) hiérarchisées .Elle est universelle c’est à dire qu’elle est présente dans toutes les sociétés, aussi bien les plus primitives que les plus modernes, les plus simples que les plus complexes. Elle est omniprésente, c’est à dire que la société est traversée de divisions verticales qui peuvent être fondées sur des critères très différents. Les premiers sociologues à étudier la stratification sociale des sociétés modernes sont Marx et Weber dès le milieu du XIX° siècle. Ces analyses considèrent que les critères de différenciation sont des inégalités économiques ou de statut social. Or, la croissance des 30 Glorieuses a généré une moyennisation de la société qui rend moins pertinentes ces théories. D’autant plus que de nouveaux critères de différenciation, comme le sexe et l’âge, non pris en compte par Marx et Weber, sont apparus. Cependant, la fin des 30 Glorieuses a interrompu le processus de moyennisation. L’accroissement des inégalités économiques remet alors au goût du jour les analyses des classes de Marx et Weber. I. Les analyses des classes sociales ne sont plus adaptées pour expliquer la stratification sociale actuelle L’évolution économique et sociale que connaissent les PDEM, à partir des années 50, rend caduque les analyses en terme de classes sociales, qu’elles soient de Marx ou de Weber. En effet, les transformations sociales de la France de la seconde moitié du XXe siècle sont marquées par une transformation numérique des classes sociales et par le développement de la société de consommation qui vont dans le sens d'une moyennisation. Les critères de stratification mis en évidence par Marx ou Weber ne sont plus déterminants. En revanche, d’autres critères de différenciation apparaissent. A. Les critères de différenciation de l’analyse marxiste sont moins adaptés aujourd’hui 1. L’analyse des classes de Marx Marx étudie les sociétés occidentales au milieu du XIX° siècle, au moment où l’industrialisation génère un creusement des écarts entre deux classes. Il les explique par la plus-value que réalisent les propriétaires sur la seule vraie richesse: la force de travail de leurs salariés. Selon Marx l’histoire de toute société jusqu’à nos jours n’est que l’histoire de la lutte des classes. Cette lutte s’est caractérisée par l’opposition entre les deux classes fondamentales dans tous les modes de production. Pour qu’un groupe puisse se constituer en classe, plusieurs étapes sont indispensables. La première est que les individus doivent vivre de manière semblable et donc exercer le même travail. Ces conditions objectives créent alors une classe en soi. Ces conditions, si elles sont nécessaires ne sont pas suffisantes. En effet, tant que les individus n’ont pas pris conscience de leur appartenance à une même communauté ayant des intérêts semblables, ils sont en concurrence et ne sont pas solidaires. Il faut que la classe en soi devienne une classe pour soi. Il est alors impératif qu’ils prennent conscience des relations antagoniques qui les lient aux autres classes : la classe sociale n’existerait réellement que dans la mesure où elle aurait conscience d’elle- même, mais il ne peut y avoir de conscience de classe sans reconnaissance de la lutte de classes. La condition suffisante pour que la classe prenne conscience d’elle- même est qu’elle entre en lutte contre d’autres classes : c’est la lutte qui détermine la prise de conscience. 2. Ne correspond pas à la réalité de la seconde moitié du XX° siècle Or, le processus de croissance entamée au début des années 50 va être à l’origine d’une transformation de la structure sociale qui rend peu pertinente ces trois conditions. En effet, le sentiment d’appartenance à une classe sociale devient moins prégnant dans les années 60 : la part des français ayant le sentiment d’appartenir à une classe sociale est passée de 61 à 59% entre 1964 et 1967. Car la condition essentielle de la prise de conscience : la lutte des classes semble peu pertinente aux français : 37% des français considèrent en 1967 que la lutte des classes n’est pas une réalité (doc 1 ). Ce sentiment s’explique par la moyennisation de la société. En effet, les parts respectives des indépendants (ceux qui possèdent les moyens de production) et des ouvriers diminuent : de 1970 à 2000 les ouvriers et contremaîtres sont passés de 40 % à 30 % de la population active. Il n’ y a donc plus de classes au sens marxistes du terme , car il n’ y a plus deux groupes économiquement opposés . Il n’ y a plus ni propriétaires , ni exploités puisque la part des emplois salariés a augmenté et représente près des 80 % des emplois aujourd’hui . B. C’est aussi le cas pour l’analyse de Weber La moyennisation de la société rend aussi moins pertinente l’analyse de Weber. 1. L’analyse des classes de Weber Weber étudie, lui aussi, les sociétés occidentales, mais à la fin du XIX° siècle, début XX° siècle. Son analyse se révèle alors différente. En effet, l’approche de Weber est pluridimensionnelle. Weber retient trois dimensions essentielles de la stratification sociale : classes (ordre économique), groupes de statut (ordre social), partis (ordre politique). Ces dimensions peuvent se recouper, mais cela n’est pas nécessaire Weber considère que les groupes de statut existent réellement, alors que les classes sociales sont des créations du sociologue qui peuvent devenir des groupes réels par prise de conscience de leurs membres), mais l’approche de Weber est réaliste dans le cas des groupes de statut. C’est un groupe social dont les membres disposent d’un même degré de prestige social associé à leur statut social. Les critères sont alors subjectifs avec des fondements objectifs : profession, naissance,….Le statut est presque entièrement conditionné aussi bien qu’exprimé par un style de vie particulier. 2. Ne correspond pas à la réalité de la seconde moitié du XX° siècle Or, avec la moyennisation, les styles de vie se rapprochent. La population a des modes de vie qui se rapprochent du fait de la forte réduction des inégalités économiques (revenu), sociales (grâce à la redistribution et à l’Etat- providence) et éducatives (démocratisation du système scolaire). A.Lipietz peut alors écrire : « la distribution des revenus prend ainsi la forme d’une mongolfière ventrue (peu de riches, peu de pauvres, beaucoup de moyens) qui s’élève régulièrement et avec ensemble. La hiérarchie des salaires est en effet rigidement corsetée par les conventions collectives : classes aisées, classes moyennes, classes populaires, accèdent successivement à une même structure de consommation, qui s’élève selon des trajectoires décalées dans le temps mais semblables. Le mode de vie de l’ingénieur précède de quelques années celui du technicien, celui-ci éclaire l’avenir de l’ouvrier professionnel, qui montre le chemin à l’OS. Si l’on veut une autre image, la société est emportée par un escalier mécanique où les distances sociales restent stables mais où tout le monde s’élève. Les nouveaux venus de l’exode rural et de l’immigration prennent place sur la dernière marche ». Ce rapprochement des styles de vie est visible dans la réduction des inégalités de consommation. Ainsi, en 1985, les inégalités de consommation entre les 10% les plus riches et les 10% les plus pauvres sont relativement faibles : les 10% des ménages les plus riches dépensaient 2 fois plus que les 10%les ménages les plus pauvres. Certaines consommations, considérées comme ostentatoires et réservées à une élite, se démocratisent : c’est le cas des dépenses de communication. En 1995, les 10% les plus riches dépensaient 2 fois plus pour ces achats que les 10% les plus pauvres ; en 2005, l’écart n’est que de 1,8(document 4). Cette réduction des inégalités de consommation engendre alors un rapprochement des valeurs. Inglehart montre ainsi qu’une fois ses besoins matériels immédiats satisfaits, l’homme tourne ses préférences vers des besoins non matériels, de nature intellectuelle ou esthétique. Les revendications changent d’après R.Inglehart : de matérielles, elles deviennent immatérielles. Une grande partie de la population partage ainsi de nouvelles valeurs. Les analyses des classes de Marx et de Weber ne permettent donc plus d’expliquer la stratification des sociétés modernes. Car elles étaient adaptées au contexte économique et social de la fin du XIX° siècle, début XX°. Mais, il serait faux d’en déduire que la stratification sociale a disparu. De nouveaux critères de différenciation apparaissent , qui ne sont pas analysés par les analyses traditionnelles des classes. II. De nouveaux critères de différenciation apparaissent. Ainsi, les individus se définissent de moins en moins par leur position dans la production. D’autres critères vont alors jouer : identité sexuelle, ethnique, âge. La stratification sociale repose alors sur une multiplicité de facteurs A. Le sexe reste un critère de différenciation Même si uploads/Management/ correction-dissertation-n01 1 .pdf
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- Publié le Apv 09, 2021
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