Page 1 sur 20 LES MEDIAS Dossier IEP 2010 Réalisé par L. Hansen-Löve (29 octobr
Page 1 sur 20 LES MEDIAS Dossier IEP 2010 Réalisé par L. Hansen-Löve (29 octobre 2009) Le plan : Présentation I. L’écrit. Communication et libre pensée II. Les masses médias III. A propos de… A - La communication politique B - La télévision C - Internet D - Le téléphone portable E - le cinéma IV. Un nouveau rapport au monde Conclusion Page 2 sur 20 Présentation Le terme de « média », pluriel de « medium », désigne à l’origine tout moyen de communication, naturel ou technique, permettant de transmettre un « message ». Son usage courant renvoie désormais aux « médias de mass » (mass-media en anglais), c’est-à-dire aux moyens de diffusion collective qui permettent d’atteindre des publics vastes et hétérogènes. On écrit aujourd’hui « média » au singulier et « médias » au pluriel tandis que « medium » ne comporte pas d’accent. Les principaux médias aujourd’hui sont : la radio, le cinéma, la télévision, la presse écrite, les opérateurs téléphoniques et Internet. L’analyse des médias a été impulsée au départ pas la philosophie anglo-saxonne. À partir de la moitié du XXe siècle, elle est investie par la psychologie sociale et prétend au statut de « science ». La question initiale posée par les premiers chercheurs (Carl Hovland - 1912-1961, Paul Lazarsfeld - 1901-1976, Harold Laswell - 1902-1972) est la suivante : « Qui dit quoi, par quel canal, à qui, et avec quel effet » ? Les sociologues français (Jean Stoetsel - 1910-1987, Edgar Morin, né en 1921) insistent de leur côté sur les bouleversements sociaux induits par les nouveaux médias, tandis que l’américain Marshall Mc Luhan (1911-1980) montre que les « mass media » produisent une « contraction de l’espace et du temps », constituant désormais une extension physique et mentale de l’activité humaine. Mais c’est la question de l’exposition aux médias, de leur impact et de leurs effets induits ou pervers, qui a suscité le plus grand nombre de travaux. Les médias ont toujours existé, même avant l’invention de l’imprimerie et du codex. La statuaire antique, les icônes religieuses, les œuvres picturales et divers autres modes d’expression furent les « médias » originels de nos aînés, comme le rappellent, entre autres, Régis Debray (Vie et mort de l’image) et André Bazin (Qu’est-ce que le cinéma ?). Toutefois, l’apparition et la divulgation généralisée d’une presse libre constituent un tournant décisif, « progrès » moral salué par la philosophie des Lumières (Kant, Benjamin Constant etc..). Les nouveaux médias de masse, apparus dès la fin du XIXe siècle, notamment avec la radio et le cinéma, changent la donne. Le pouvoir qu’ils confèrent à ceux qui en tirent les ficelles atteint des dimensions désormais vertigineuses - que l’on songe aujourd’hui par exemple aux tout- puissants maîtres de Hollywood et aux jeunes patrons de Microsoft et de Google. Mais les médias les plus accessibles à tous (Internet, les portables et…) ont également un impact considérable sur notre mode de vie, et comportent des effets indirects multiples, bien difficiles à cerner. Anthropologues, sociologues et philosophes nous aident donc à porter un regard critique sur la révolution technologique sociale, politique mais aussi mentale que les nouveaux médias ont enclenchée depuis maintenant plus d’un siècle. Page 3 sur 20 I. L’écrit Communication et libre pensée Texte 1 L’usage de la raison doit être libre Dans un vibrant plaidoyer en faveur de la liberté de pensée, Kant explique pourquoi l’expression libre implique la possibilité de communiquer nos idées. Il ose même proclamer que toute limitation de ce droit humain fondamental constituerait un « crime contre la nature humaine » : […] Dans tous les cas, la liberté est limitée. Or, quelle limitation fait obstacle aux Lumières ? Laquelle n'est pas un obstacle mais peut-être même les favorise ? - je réponds : il faut que l'usage public de la raison soit toujours libre et lui seul peut répandre les Lumières parmi les hommes […]. Une époque ne peut pas se liguer et jurer de mettre la suivante dans un état où il lui serait nécessairement impossible d'étendre ses connaissances (principalement celles qui sont du plus haut intérêt), de se débarrasser des erreurs et, d'une manière générale, de faire progresser les Lumières. Ce serait un crime contre la nature humaine, dont la destination originelle consiste justement dans ce progrès […]. » Kant, Qu’est-ce que les lumières ? (1784) § 5 et 6, Classiques Hatier et Cie, traduction J.M. Muglioni, 2007. Texte 2 La presse adoucit les mœurs Les gouvernements ne doivent en aucun cas redouter la liberté de la presse. Bien au contraire. La circulation et l’échange des idées en désamorcent le caractère éventuellement subversif : « Ce ne fut point la liberté de la presse qui causa le bouleversement de 1789 ; la cause immédiate de ce bouleversement fut, comme on le sait, le désordre des finances, et si, depuis cent cinquante ans, la liberté de la presse eût existé en France ainsi qu'en Angleterre, elle aurait mis un terme à des guerres ruineuses, et une limite à des vices dispendieux […]. Les gouvernements ne savent pas le mal qu'ils se font en se réservant le privilège exclusif de parler et d'écrire sur leurs propres actes : on ne croit rien de ce qu'affirme une autorité qui ne permet pas qu'on lui réponde ; on croit tout ce qui s'affirme contre une autorité qui ne tolère point d'examen ». Benjamin Constant, « Principes de politique » (1806), in Écrits Politiques, Éd. « Folio-Essais », 1997, p. 569. Page 4 sur 20 Texte 3 Nécessité des journaux en démocratie On pourrait croire que la démocratie étant par nature le régime de la liberté de tous, la communication et l’expression libre des idées lui sont consubstantielles. Tocqueville montre ici au contraire que la menace de conformisme et de tyrannie (de la majorité sur les minorités) dans toute démocratie, est permanente. C’est la raison pour laquelle la présence et la protection d’une presse libre y sont vitales : « Un journal est un conseiller qu'on n'a pas besoin d'aller chercher, mais qui se présente de lui-même et qui vous parle tous les jours et brièvement de l'affaire commune, sans vous déranger de vos affaires particulières. Les journaux deviennent donc plus nécessaires à mesure que les hommes sont plus égaux et l'individualisme plus à craindre. Ce serait diminuer leur importance que de croire qu'ils ne servent qu'à garantir la liberté ; ils maintiennent la civilisation. Je ne nierai point que, dans les pays démocratiques, les journaux ne portent souvent les citoyens à faire en commun des entreprises fort inconsidérées ; mais, s'il n'y avait pas de journaux, il n'y aurait presque pas d'action commune. Le mal qu'ils produisent est donc bien moindre que celui qu'ils guérissent. » Alexis de Tocqueville, « Du rapport des associations et des journaux », De la démocratie en Amérique (1835-1840), Livre II, deuxième partie, chapitre VI, Éd. « Folio-Histoire », 1961. Texte 4 Vertu créatrice de la communication L’homme n’est pas fait pour la solitude. Isolé, privé de toute communication avec ses semblables, il s’étiole et, souvent, s’assombrit. Car c’est notre propre substance qui se forme et s’alimente au contact des autres : « La communication a donc une vertu créatrice. Elle donne à chacun la révélation de soi dans la réciprocité avec l'autre. C'est dans le monde de la parole que se réalise l'édification de la vie personnelle, la communion des personnes se présentant toujours sous la forme d'une explicitation de valeur. La grâce de la communication, où l'on donne en recevant, où l'on reçoit en donnant, c'est la découverte du semblable, du prochain, - de l'autre moi-même, dans l'amitié ou dans l'amour, plus valable que moi parce qu'il s'identifie avec la valeur dont la rencontre m'a permis la découverte. Chacun donne à l'autre l'hospitalité essentielle, dans le meilleur de soi ; chacun reconnaît l'autre et reçoit de lui cette même reconnaissance sans laquelle l'existence humaine est impossible. Car, réduit à lui-même, l'homme est beaucoup moins que lui-même ; au lieu que, dans la lumière de l'accueil, s'offre à lui la possibilité d'une expansion sans limite ». Georges Gusdorf, La parole, P.U.F., 2008, p. 66-67. Page 5 sur 20 Texte 5 L’agir communicationnel Le philosophe Habermas a consacré une grande partie de son œuvre à établir que la communication possède par elle-même une dimension éthique. Non seulement l’« agir communicationnel » est au fondement de toute action collective, mais il est - réciproquement - lui-même fondé sur une demande rationnelle motivée et bienveillante à l’égard de tous nos interlocuteurs potentiels : « L'acte de langage de l'un ne réussit que si l'autre accepte l'offre qu'il contient, en prenant (implicitement) position pour oui ou non à l'égard d'une prétention à la validité, fondamentalement critiquable. Aussi bien Ego dont l'expression élève une prétention à la validité, que Alter, qui reconnaît ou rejette cette prétention, appuient leurs décisions sur des raisons potentielles. (...) Si nous ne pouvions pas nous référer au modèle du discours, nous ne serions pas en mesure d'analyser si peut que uploads/Management/ dossier-les-medias.pdf
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- Publié le Apv 30, 2022
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