91 Séminaire régional de recherche-action Cantho, du 1er au 5 décembre 2003 « F
91 Séminaire régional de recherche-action Cantho, du 1er au 5 décembre 2003 « Formation et autoformation des enseignants de français » Enseigner la grammaire aujourd'hui NGUYEN Quang Thuan (Université nationale de Hanoi) Résumé : Aujourd'hui, le rôle de la grammaire dans l'enseignement / apprentissage des langues étrangères a été mis en évidence. Mais le comment d'enseigner la grammaire est une question centrale à laquelle didacticiens et enseignants réfléchissent toujours. La présente communication a voulu apporter une nouvelle vision sur l'enseignement de la grammaire. La langue étant essentiellement l'instrument d'interaction et de communication, la grammaire est un outil et non une fin. L'objectif de l'enseignement d'une langue étrangère n'est pas ainsi d'enseigner la grammaire mais la langue. La démarche pédagogique adoptée doit donc être la démarche inductive en partant de l'implicite pour aller vers l'explicite. Aujourd'hui, le rôle de la grammaire dans l'enseignement / apprentissage des langues étrangères a été mis en évidence. Mais le comment d'enseigner la grammaire est une question centrale à laquelle didacticiens et enseignants réfléchissent toujours. En effet, la grammaire, un moment délaissé par l'approche structuro-globale audio-visuelle, retrouve une place dans l'enseignement des langues étrangères mais non pas celle qu'elle occupait dans les approches antérieures. Les approches actuelles dont l'approche communicative domine toujours (même si l'on parle de l'éclectisme didactique), à la différence des méthodes précédentes, privilégient le recours à des activités communicatives. Ces activités sont ainsi axées sur la fluidité verbale. On souhaite désormais que la langue ne soit plus considérée comme "un système de signes" que l'on s'entraîne à nommer, à décrire et à analyser mais comme "un moyen de communication" que l'on cherche à maîtriser, au moins partiellement, en fonction de l'objectif qu'on s'est fixé : compréhension orale, compréhension écrite, expression orale, expression écrite... sur des thèmes donnés. La grammaire dite "notionnelle-fonctionnelle" préfère regrouper les mots grammaticaux et les formes grammaticales selon la fonction qu'ils doivent remplir dans la langue et elle cherche à expliquer par le sens qu'ils donnent au texte. L'intérêt est alors qu'il y a à considérer les formes de la langue comme ayant une fonction et pas seulement comme véhicules de sens. L'enseignement de la grammaire se situe donc davantage au niveau de la présentation des contenus que de l'apprentissage grammatical. Les approches actuelles ne retiennent de la grammaire que ce qui peut favoriser l'apprentissage, et cela peut varier selon la langue de l'apprenant - en fonction de l'objectif fixé. La grammaire est ainsi un outil et non une fin. Elle permet d'élaborer des unités où il existe un rapport entre l'"entrée" des données et la "sortie" par des tâches communicatives. Les éléments grammaticaux sont appris dans la situation où ils ont une certaine chance d'apparaître, ils constituent de mini-paradigmes grammaticaux où la 92 grammaire a été sélectionnée mais où on peut repérer des régularités, et leur acquisition est renforcée par des pratiques ou des tâches communicatives qui remplaceront les traditionnels exercices grammaticaux. On établit ainsi un pont entre la situation et la grammaire, en évitant un placage arbitraire d'éléments grammaticaux qu'il faut "caser" à tout prix dans n'importe quelle situation, parce qu'il faut les apprendre. Une entrée par la situation de communication conçue fonctionnellement conduit l'apprenant à avoir à sa disposition des paradigmes communicatifs c'est-à-dire des séries d'énoncés servant une même fonction : je voudrais / vous avez / vous n'avez pas / vous n'auriez pas... On devrait donc favoriser l'apprentissage grammatical à travers des interactions et discussions entre les apprenants sur les règles de la langue. S'il y a bien une communication naturelle en classe de langue, c'est justement celle où on discute sur la langue. Seulement, cette démarche suppose qu'il y a ait découverte et réajustement des règles par les apprenants eux-mêmes. La méthode qui consiste à apprendre des règles pré-analysées et qui est fondée sur la conviction que l'apprentissage se fait par l'imitation et le transfert dirigé (théorie skinnéenne) fait place à l'approche par la découverte et réajustement progressif des règles, qui est fondée sur une théorie de type constructiviste. Cette dernière est préférable, parce qu'il s'agit de "grammaire de l'apprenant", le but visé est bien l'appropriation par l'apprenant des règles qui deviennent opératoires pour lui. En effet, l'objectif communicatif modifie beaucoup l'enseignement des langues en général et celui du français langue étrangère en particulier, dont l'enseignement de la grammaire. Aujourd'hui, l'enseignement formel de la grammaire (démarche explicite qui va de la règle aux exemples et qui demande une pensée déductive) n'est pas un des objectifs principaux et ne convient pas au développement cognitif linguistique des apprenants. La tendance actuelle dans l'enseignement des langues est de s'éloigner de l'opinion selon laquelle on fait apprendre des listes de mots et de formes grammaticales. Les exercices structuraux hors contexte sont répétitifs et ennuyeux pour les apprenants et ne sont donc pas très utiles. Ils les lassent très vite. C'est souvent le cas dans une approche structurale. En effet, on court le risque que les apprenants ne saisissent pas le lien entre les structures et le comportement communicatif. On privilégie donc la forme au détriment du sens. L'enseignement de la grammaire accorde une grande importance à la relation sens-forme. La présentation et le réemploi des formes doivent donc s'effectuer en contexte, pour que les apprenants constatent comment on les utilise pour véhiculer du sens. L'accent doit être mis sur la valeur notionnelle de la forme afin d'exposer des faits et les circonstances dans lesquelles ils se produisent. La structure doit être présentée dans des contextes pourvus d'un sens, et on incite les apprenants à découvrir eux-mêmes le sens et la façon dont il est exprimé. Puis on vérifie la compréhension, et les apprenants se familiarisent avec la forme en composant des phrases qui ont un sens et en créant de courts dialogues ou un court texte. Ainsi, il faut que les apprenants soient initiés aux formes parce qu'ils en ont besoin pour exécuter les tâches communicatives, et il faut qu'ils comprennent clairement la relation entre les formes et leur utilisation dans la communication. Le sens du message est déterminé par l'objectif de la communication. Le choix des formes, quant à lui, repose généralement sur le "bon sens" ou sur une sorte de consensus qui détermine les plus utilisées et les plus polyvalentes. Mais l'opération est 93 souvent compliquée et difficile, car la relation entre forme et sens n'est pas biunivoque. En effet, une forme peut exprimer plusieurs sens et inversement, d'où la difficulté du choix et de l'agencement des formes. L'enseignement de la grammaire doit se faire par un enseignement implicite où on les laisse découvrir eux-mêmes la règle grammaticale à travers l'observation et l'induction à partir d'exemples "parlant". On fera au maximum observer les phrases dans les documents (sonores ou écrits) ou dans les exercices proposés pour la présentation de la règle afin que les apprenants formulent eux-mêmes des hypothèses explicatives. Les tableaux grammaticaux présentés après les exercices ou à la fin de la leçon permettront de vérifier ces hypothèses. On évite la terminologie grammaticale abstraite et difficile, l’objectif n’étant pas d’arriver à une explication sophistiquée, mais de maîtriser le point de grammaire présenté. Cependant, un enseignement explicite n'est pas exclu. Il dépend du point de grammaire en question. Un enseignement grammatical explicite s'avère efficace pour les formes simples, leur réemploi spontané par les apprenants en témoigne. Il n'en va pas de même pour les structures plus complexes, notamment quand la relation forme-fonction n'apparaît pas nettement. Pour l'acquisition de ces formes "difficiles", il faut d'abord aider les apprenants à reconnaître la valeur communicative de la structure et attirer leur attention sur ses propriétés formelles, puis les entraîner à un maniement "intelligent" de ces formes et à leur réemploi spontané dans les tâches axées sur la fluidité verbale. Mais, il est aussi possible et utile d'inverser cet ordre et de commencer par une activité qui les sensibilisent à des aspects spécifiques du système grammatical, et les aider à analyser des séquences stéréotypées, et bribes de phrases ou des formules toutes faites qu'ils peuvent utiliser automatiquement. En classe, on peut axer les activités à la fois sur l'implicite et sur l’explicite. Les activités de sensibilisation font réfléchir les apprenants sur la langue produite spontanément, tandis que les activités communicatives leur donnent la possibilité d'automatiser l'emploi des structures explicitement apprises. En tous cas, l’enseignement de la grammaire doit se faire selon la démarche inductive partant de l’implicite pour aller vers l’explicite. Les activités visent essentiellement le développement de la fluidité verbale chez les apprenants plutôt que la précision de la forme. D’autre part, à mesure que les apprenants formulent des hypothèses sur les opérations de la langue cible, les mettre à l'épreuve et obtiennent des réactions, leur maîtrise du système évolue selon un processus graduel, dans lequel leur interlangue se modifie et progresse. Ainsi, les erreurs sont inévitables, en particulier lorsque la tâche sollicite fortement leur compétence linguistique transitoire. Ils doivent oser prendre des risques, formuler des hypothèses et les mettre à l'épreuve. Il s'agit d'un aspect important de l'apprentissage, qui requiert une ambiance de classe conviviale, où l'on encourage toutes uploads/Management/ enseigner-la-grammaire 2 .pdf
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- Publié le Jui 08, 2021
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