Nom du l’ouvrage : La théorie positive de l'agence : lecture et relectures Aute

Nom du l’ouvrage : La théorie positive de l'agence : lecture et relectures Auteurs : Gérard CHARREAUX(*) Si on admet que le but ultime des sciences de gestion est d’aider à la création de richesse ou de valeur en se conformant à l’usage actuel, il est difficilement niable qu’une meilleure compréhension du fonctionnement des organisations et, plus particulièrement des entreprises, facilite la réalisation d’un tel objectif. Depuis plus de vingt ans, ces théories ont contribué à construire de nouvelles grilles de lecture des organisations et constituent la base d’une théorie des formes et de l’architecture organisationnelles en gestation. Ces théories ont deux grands domaines d’application, externe et interne à l’organisation. Dans le premier domaine, externe, Dans le second domaine, interne. Bien que la séparation entre les différentes TCO soit de moins en moins tranchée, chacun des grands courants prétendant inclure l’autre, nous nous intéresserons plus particulièrement à la théorie de l’agence. La théorie de l’agence cherche soit à expliquer les formes organisationnelles comme modes de résolution de ces conflits ou, plus exactement, de réduction des coûts induits. Le point de départ, l’unité de base, de la théorie la relation « conflictuelle » entre personnes – apparaissent ainsi différents de ceux qui sous-tendent la TDP (la structure des droits de propriété) et la TCT (la notion de transaction). Cependant, la jonction avec ces dernières se fait naturellement en précisant que les conflits portent nécessairement sur des droits de propriété et que toute coopération implique une transaction sur ces droits, entendus au sens large, c’est-à-dire relativement aux droits décisionnels résiduels et à l’appropriation des gains résiduels. Les objectifs que nous poursuivons dans cet article sont à la fois multiples et modestes. Le premier objectif est de présenter les fondements du paradigme que constitue la théorie de l’agence, en montrant notamment comment ceux-ci ont évolué depuis les travaux fondateurs. Le second objectif est de mettre en évidence ce qui nous semble être le cœur de la TPA. Avant de présenter les développements visant à atteindre plus spécifiquement ces objectifs, il nous apparaît nécessaire de situer la TPA dans le cadre des théories qui cherchent à expliquer les phénomènes collectifs en supposant la rationalité des choix individuels de façon, en particulier, à montrer clairement les différents niveaux d’analyse qui sous-tendent la TPA. Un des traits communs à l’ensemble des TCO est qu’elles reposent toutes sur l’individualisme méthodologique et l’hypothèse de rationalité des individus. Autrement dit, elles cherchent à expliquer le fonctionnement des organisations c’est-à-dire, un niveau macrosocial résultant de l’interaction d’individus en partant d’un niveau microsocial, l’individu personne physique. Ces notions d’équilibre et d’optimum social, indépendamment de leur formalisation précise, sont particulièrement importantes pour comprendre la nature du problème organisationnel de façon intuitive. Si on interprète l’organisation comme un système permettant d’obtenir des résultats affectant le bien-être de l’ensemble des parties-prenantes. La démarche exposée à partir de l’exemple de la théorie néoclassique standard qui se réduit à être une théorie des marchés, peut être transposée pour présenter la TPA en tant que théorie explicative des organisations, ce dernier constituant des systèmes sociaux particuliers : • La première étape qui correspond aux relations 1 et 2 – consiste à expliciter les hypothèses de rationalité qui sous-tendent la TPA et, plus généralement, le modèle sous jacent du comportement humain et à spécifier comment se fait l’influence du niveau systémique sur les actions des individus. • La seconde étape, à travers la description des relations interindividuelles, tente de montrer comment la TPA se propose d’expliquer le phénomène organisationnel à partir des comportements individuels ; elle correspond à la relation 3. Après avoir posé les principes permettant de comprendre comment la TPA explique l’émergence et la survivance des formes sorganisationnelles, nous discutons, dans la troisième partie, les caractéristiques de la conception de l’organisation comme « nœud de contrats » sur laquelle repose la TPA, notamment les problèmes qui sont posés pour définir la nature et les frontières de l’organisation. Enfin, dans quatrième et dernière partie, en prolongement des parties précédentes, nous exposons les principales articulations de la théorie des formes organisationnelles que constitue la TPA. 1. La modélisation du comportement humain et des représentations interindividuelles dans la TPA 1.1. La modélisation du comportement humain dans la TPA Le modèle de comportement humain qui sous-tend la TPA est souvent mal compris. Paradoxalement, on n’en trouve une présentation détaillée que récemment dans l’article que consacrent M.C. Jensen et W. H. Meckling (1994) à la « nature de l’homme ». Ils proposent un modèle, le modèle REMM Resourceful, Evaluative, Maximizing Model qui s’inscrit dans le paradigme des approches rationnelles et qui a pour seul objectif de contribuer à la construction d’une théorie des organisations. 1.1.1. Les postulats du modèle REMM Quatre postulats constituent ce modèle : (1) Les individus se préoccupent de tout ce qui est source d’utilité ou de désutilité (éléments pécuniaires ou non) et sont des « évaluateurs ». Ils sont à même de faire des arbitrages entre les différentes sources d’utilité et leurs préférences sont transitives ; (2) Les individus sont insatiables ; (3) les individus sont maximisateurs. Ils sont censés maximiser une fonction d’utilité sous contraintes. (4) les individus sont créatifs et savent s’adapter ; ils sont à même de prévoir les changements de leur environnement, d’en prévoir les conséquences et d’y répondre en créant de nouvelles opportunités. 1.1.2. Discussion autour des postulats Un certain nombre de commentaires s’imposent de façon à écarter les présentations caricaturales qui sont souvent faites de la TPA : (1) Les sources d’utilité ne sont pas uniquement pécuniaires et l’altruisme n’est pas exclu par le modèle (2) La conception de la rationalité est celle de la rationalité limitée (H. A. Simon, 1961, p. 24), les agents sont « intentionnellement rationnels, mais seulement de façon limitée… »). (3) L’influence du système social (la relation 1 du diagramme) est prise en compte. Les normes sociales représentent des contraintes et conditionnent les actions. (4) La possibilité pour l’individu d’être créatif et de s’adapter confère un caractère dynamique à la théorie. Sur cet aspect également, on peut conclure à un élargissement de la théorie dans la mesure où les contributions initiales s’inscrivent principalement pour des raisons liées à la modélisation dans un cadre statique et laissent supposer un comportement passif des agents, notamment des dirigeants vis à vis des mécanismes de contrôle destinés à réduire les conflits d’agence. 1.2. La représentation des relations interindividuelles Les phénomènes organisationnels résultent de l’interaction des individus. La TPA part de l’hypothèse de conflits d’intérêts ou plutôt d’absence de congruence d’intérêts, c’est-à-dire de non-identité des fonctions de préférence entre les individus pour expliquer les organisations comme mode de résolution de ces conflits. Précisons que si on souhaite respecter l’hypothèse d’autonomie et d’indépendance des préférences, les organisations ne peuvent « modeler » les préférences de façon à réduire les conflits ; les mécanismes organisationnels interviennent via les éléments (coûts et gains) qui figurent dans les fonctions d’évaluation des individus. 1.2.1. La représentation initiale de la relation d’agence : le cadre principal-agent La dénomination de la théorie, qu’on peut attribuer à S.A. Ross (1973, 1974), est liée à la définition que celui-ci donne de la relation d’agence : « On dira qu’une relation d’agence s’est créée entre deux (ou plusieurs parties) lorsqu’une de ces deux parties, désignée comme l’agent, agit soit de la part, soit comme représentant de l’autre, désignée comme le principal, dans un domaine décisionnel particulier ». Cette représentation présente plusieurs particularités et induit plusieurs conséquences sur lesquelles il faut insister : (1) Une formulation bilatérale réductrice qui trouve son origine dans le contexte légal anglo-saxon qui réglemente les relations d’agence réelles. Seuls les intérêts du principal et de l’agent sont considérés. (2) La relation est asymétrique. Le principal délègue la décision et l’action à l’agent qui agit au nom du principal ; le problème, vu sous l’aspect normatif, est de trouver un mécanisme incitatif qui incite l’agent à choisir l’action optimale du point de vue du principal, c’est-à-dire qui maximise l’utilité de ce dernier après prise en compte de la rémunération de l’agent. (3) La relation est créée intentionnellement. Elle résulte de l’autonomie et de la rationalité des individus. Chaque partie pense que les termes du contrat sont satisfaisants. Par exemple, l’employeur suppose que le gain supplémentaire qu’il va obtenir grâce à l’embauche du salarié sera supérieur au coût salarial ; inversement, le salarié accepte l’emploi car il considère que le salaire est au moins équivalent à celui qu’il pourrait obtenir par ailleurs (salaire d’opportunité). (4) La relation d’agence dans cette formulation est implicitement une relation d’autorité au sens de J.S. Coleman. Selon H. A. Simon (1957, traduction 1983, p. 112), « On peut définir l’autorité comme le pouvoir de prendre les décisions qui orientent les actions d’autrui. C’est une relation entre deux individus, l’un ‘supérieur’, l’autre ‘subordonné’ ». (5) La notion de contrat sous-jacente aux relations interindividuelles ne constitue qu’une métaphore. Elle est plus large que la notion juridique qui se définit comme un accord de volontés tendant à créer une obligation, c’est-à-dire un rapport juridique en vertu duquel uploads/Management/ ficher-de-lecture-6.pdf

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  • Publié le Aoû 02, 2021
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