Nouveau cursus de formation Nouveau Grand Témoin 2018-2019 ! Formation à la dém
Nouveau cursus de formation Nouveau Grand Témoin 2018-2019 ! Formation à la démarche de programmation urbaine Gérard Pinot, vous êtes co-fondateur de Génie des Lieux, entreprise de conseil en organisation par l’espace. Pouvez-vous revenir sur votre parcours professionnel ? Globalement, Génie des Lieux représente la partie exposée de mon parcours. Architecte DPLG depuis 1984, j’ai passé mon diplôme d’architecte sur la programmation d’un lycée des métiers du bâtiment, qui renvoie aujourd’hui à mon positionnement professionnel. C’était à la fois une réflexion sur mon métier d’architecte par rapport aux praticiens, qui construisent les bâtiments, et une interrogation sur l’apprentissage des métiers du bâtiment. En quoi l’espace et tout le dispositif spatial mis en place dans les lieux pédagogiques ont un impact sur le mode d’apprentissage ? Je me suis immergé pendant 6 mois dans mon terrain d’étude à l’aide d’un protocole que j’avais défini avec les élèves et les enseignants. Dans chaque atelier, j’essayais avec mes outils (scénarios, dessins, schémas...) de comprendre comment fonctionnaient ces espaces en termes de pédagogie et comment élèves et enseignants avaient eux-mêmes organisés leur parcours de formation. A partir de là, avec l’analyse des situations, des problèmes, des propositions, j’avais mis en place une démarche utilisant les modalités du diagnostic et des scénarios. Très tôt, dès mon diplôme d’architecture, j’ai choisi de ne pas faire de maîtrise d’œuvre. Ce qui m’intéressait c’était l’amont. Avec les espaces de travail je trouvais justement le lien avec les organisations. Par la suite j’ai eu deux rencontres déterminantes. La première, lorsque je suis entré en 1987 dans une agence de Space planning Franco-Anglaise, DEGW, où j’ai rencontré mon futur associé de Génie des Lieux, Pierre Bouchet. La deuxième fut ma rencontre avec la sociologue Marie Odile Nouvelot qui était à l’ENESAD1 de Dijon, Institut de Recherche pédagogique du ministère de l’agriculture. Elle été spécialiste dans la sociologie des organisations, ce qui était très atypique. En effet, en science de l’éducation, la pédagogie était au cœur des enjeux, et très peu l’organisation des institutions éducatives. On s’était donc dit qu’on allait entreprendre quelque chose ensemble, ce qui s’est traduit par un projet de recherche en 1987. Il s’agissait plus précisément d’un protocole Recherche Action, réalisé sur des lycées agricoles. Ces derniers souhaitaient mener une réflexion sur leur projet de réaménagement, en se donnant la possibilité d’introduire une nouvelle réflexion sur le projet d’établissement. A l’époque, s’engageait la décentralisation et les régions se mettaient en place : il n’y avait pas encore de structures administratives, pas de bureaucratie, pas d’expertises. Les régions étaient ouvertes aux démarches innovantes... On a mis en place des protocoles avec des recherches participatives, afin de réaliser à la fois un programme immobilier du lycée pour la région et un projet 1 Établissement national d’enseignement supérieur agronomique de Dijon – devenu aujourd’hui l’Institut national supérieur des sciences agrono- miques, de l’alimentation et de l’environnement après fusion avec l’École nationale supérieure de biologie appliquée à la nutrition et à l’alimenta- tion (ENSBANA) Interview de Gérard Pinot, Grand témoin 2018-2019 du cursus de formation à la démarche de programmation urbaine d’Aptitudes Urbaines. Président du CINOV-SYPPA (Syndicat des Programmistes en Architecture et Aménagement) Associé Fondateur de Génie des Lieux d’établissement pour le lycée. Cette partie recherche a été déterminante et m’a amené à m’intéresser à la programmation générative. La programmation générative partait du postulat que la division du travail entre programmation et conception n’avait pas de sens. Il fallait que l’architecte intègre dans sa démarche de conception les problèmes d’usagers, d’utilisateurs, d’occupants pour pouvoir trouver des solutions avec des processus itératifs d’évaluation et de scénarios, en mettant l’architecte comme acteur principal. Un des postulats de la programmation générative est que l’architecte puisse se transformer dans sa pratique professionnelle. Toutefois c’était pour moi une vision utopique de se dire que l’on va améliorer la qualité de l’espace public, en changeant la pratique d’un seul acteur, l’architecte, qui plus est en lui donnant la prépondérance sur tous les autres. Ce qui était intéressant dans la programmation générative, c’était son processus itératif, l’analyse des problèmes, la production de scénarios et l’évaluation. Les processus exploratoires en fin de compte. Pour revenir sur ma première rencontre déterminante, c’était donc chez l’agence de Space planning DEGW. DEGW est une société d’aménagement tertiaire, venue implanter des méthodes anglosaxonnes avec l’arrivée des entreprises américaines en Europe pour les accompagner dans leur aménagement. Lors de cette expérience, j’ai rencontré Pierre Bouchet qui a un parcours différent du mien, il s’intéresse davantage à l’analyse de valeur, c’est une autre entrée, qui parle de l’économie de la fonctionnalité. Avec nos parcours différents, on a réfléchi à une offre différente de service aux entreprises pour sortir du conseil en aménagement tertiaire. Dans un monde assez formaté et normatif, nous avons fait le pari avec Génie des Lieux d’essayer d’introduire le rapport à l’organisation dans l’aménagement, le rapport à l’organisation humaine, en donnant une importance particulière au management par l’espace, pour aider l’entreprise à repenser sa gestion et ses enjeux. Ce qui nous intéressait, ce n’était pas le volume mais de faire des projets avec des maîtres d’ouvrage qui ont des vraies questions de management et d’organisation. Ce positionnement nous a structuré jusqu’à maintenant, avec le souci de faire progresser notre client, de le faire monter en compétences à l’occasion de son projet. C’est notamment la mise en place d’un processus itératif qui permet de faire progresser les clients dans la maîtrise de leur projet. Au final, plus les maîtres d’ouvrage montent en compétences dans le management de leur projet, plus ils sont en mesure de définir les compétences dont ils doivent s’entourer et formaliser le cahier des charges pour consulter des AMO. Enfin, j’ai eu également l’occasion d’expérimenter mon positionnement en tant qu’usager habitant impliqué depuis 10 ans dans la définition et la gouvernance de la maison des solidarités d’Arcueil2. Il s’agit d’innovation sociale, où le citoyen est vraiment acteur. C’est un projet ambitieux qui a été construit à l’origine par des groupes de travail citoyens, et qui ont le pouvoir de décision. La maison des solidarités est la preuve qu’un collectif peut construire ensemble un « projet d’établissement » avec une vision et le faire vivre dans la durée. C’est ce qui donne du sens à mon parcours professionnel : c’est à travers un travail de construction du collectif que les gens s’émancipent et progressent. Qu’est ce qui vous amène aujourd’hui à vous intéresser à l’urbain ? Avec Génie des Lieux, je n’ai jamais pensé l’immobilier dans une stricte logique bâtimentaire mais plutôt comme une opportunité pour des hommes de construire leur organisation dans l’espace. L’espace de l’entreprise est un espace commun qu’ils doivent partager, avec des règles et des bonnes pratiques. L’immobilier est une contrainte, c’est une donnée que l’on vous impose, qui est un produit financier plus qu’autre chose d’ailleurs. C’est l’organisation qui est importante, pas le bâtiment. En ce qui concerne le bâtiment, il est de notre responsabilité de trouver des solutions pour que l’organisation se mette en place dans cet espace imposé. Il s’agit du projet collectif d’une entreprise avec ses propres règles. Quand on aménage des espaces pour des milliers de personnes, c’est de l’ordre de grandeur d’une collectivité. Et c’est cette échelle qui m’intéresse et me rappelle l’environnement urbain. Il s’agit d’échelles où les usagers restent sur ce lieu collectif 8 heures par jour, avec des gens qui ne se connaissent pas forcément. On est vraiment dans une interaction d’ordre social. 2 La Maison des Solidarités : 102 Rue Marius Sidobre, 94110 Arcueil - http://www.lamaison.asso.fr La communauté d’entreprise fait par ailleurs interface avec le territoire. On aborde l’urbain par le projet social et le monde du travail. Les clients sont-ils perméables à leur environnement ou non ? Comment s’en isolent- ils ou s’y ouvrent-ils ? C’est la question des services, de l’ouverture aux extérieurs, des communs, des espaces publics, de l’accessibilité. La localisation d’une entreprise est également stratégique par rapport à la ville et aux transports. Elle est implantée en fonction de son secteur économique parce qu’il y a des territoires par secteur économique. Il y a des problématiques de bassin d’emploi, d’attractivité pour les salariés. Il y a un certain nombre d’entreprises qui n’iront jamais à certains endroits parce qu’ils savent qu’ils ne pourront pas recruter. Parce que les salariés n’iront pas dans ces quartiers-là. Ou pas avant un certain nombre de transformations. Le territoire est réellement stratégique pour l’entreprise. Depuis 2010, vous êtes président du Syndicat des Programmistes en Architecture et en Aménagement (SYPAA) au sein de la fédération CINOV. Vous avez récemment contribué à la rédaction du guide « 52 missions d’AMO pour vos projets »3 dans le cadre du collège AMO, à l’attention des maîtrises d’ouvrage. Pouvez-vous nous en dire quelques mots ? J’ai vu l’intérêt par la profession de faire évoluer la posture de la programmation, de sa reconnaissance et de son rôle sur la maîtrise d’ouvrage. Faire évoluer les pratiques par un acteur institutionnel, la reconnaissance du métier par les maîtres d’ouvrage c’est le rôle du SYPAA. Lorsque j’ai vu uploads/Management/ interview-de-gerard-pinot-grand-temoin-2018-2019-du-cursus-de-formation-a-la-demarche-de-programmation-urbaine-aptitudes-urbaines.pdf
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- Publié le Dec 02, 2021
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