L’internationalisation des PME et ses conséquences sur les stratégies entrepren
L’internationalisation des PME et ses conséquences sur les stratégies entrepreneuriales 25, 26, 27 octobre 2006, Haute école de gestion (HEG) Fribourg, Suisse 1 Les compétences entrepreneuriales : définition et construction d’un référentiel Eric Michaël Laviolette elaviolette@ccip.fr Christophe Loue cloue@ccip.fr Advancia Paris, France Résumé Depuis quelques années, la formation à l’entrepreneuriat suscite un fort engouement de la part de nombreux acteurs : structures d’accompagnement à la création, grandes entreprises, établissements universitaires et grandes écoles. Pour tous ces acteurs, la question de la compétence est un élément central. Plus particulièrement, une des problématiques essentielles est la mise en œuvre d’une ingénierie capable de répondre aux besoins spécifiques des créateurs d’entreprise, à savoir un travail de fond, diagnostique et analytique sur leur capacité à entreprendre. L’objectif de cet article est double : proposer, dans une première partie, une synthèse de la littérature sur les concepts centraux que sont l’entrepreneuriat, la compétence et les compétences entrepreneuriales. Elaborer ensuite, dans une seconde partie, un référentiel de compétences entrepreneuriales, construit dans un premier temps à partir de référentiels existants et d’hypothèses. Cet outil sera soumis, dans un second temps, à une validation auprès des accompagnateurs de porteurs de projets au sein d’incubateurs. La perspective, à terme, est de concevoir un référentiel de compétences opératoire et prescriptif, intégrant des niveaux de maîtrise et une optique de prescription d’un parcours de formation adapté pour le créateur. Mots clés : entrepreneuriat, compétences entrepreneuriale, référentiel. Les compétences entrepreneuriales : définition et construction d’un référentiel 2 Introduction Depuis quelques années, la formation à l’entrepreneuriat suscite un fort engouement de la part de nombreux acteurs : structures d’accompagnement, grandes entreprises, établissements universitaires et grandes écoles. Pour tous ces acteurs, la question de la compétence est un élément central. Plus particulièrement, une des problématiques essentielles est la mise en œuvre d’une ingénierie capable de répondre aux besoins spécifiques des créateurs d’entreprise, à savoir un travail de fond, diagnostique et analytique sur leur capacité à entreprendre. Malgré une littérature foisonnante sur le sujet de l’entrepreneuriat, force est de constater que les travaux académiques abordant la thématique de la compétence entrepreneuriale restent rares. Certes, il existe un petit nombre de référentiels de compétences associés à l’entrepreneur mais ceux-ci n’ont pas été conceptualisés à des fins d’ingénierie de formation, c’est-à-dire l’identification des compétences entrepreneuriales, leur évaluation sur des critères objectifs et leur développement par le biais de la formation. Dans cet article, nous proposons de formaliser un référentiel qui réponde à ces visées. Pour élaborer cet outil, nous avons adopté une démarche en quatre étapes : Premièrement, nous avons effectué une analyse de la littérature et un recensement des diverses compétences associées à l’entrepreneuriat à travers des référentiels (Herron et Robinson, 1993, Chandler et Jansen, 1992, 1993, Belley, Dussault et Lorrain, 1998, Petersen et Saint Pierre, 2002, Charles-Pauvers, Schieb-Bienfait et Urbain, 2004). Parmi nos critères de sélection concernant les référentiels de compétences sur lesquels nous nous sommes appuyés, nous avons fait le choix d’éliminer les compétences comportementales, de type « charisme, assurance, présence, honnêteté, loyauté » (Bellier, 2000), plus difficilement mesurables. De même, certaines compétences, plus génériques, telles « capacités d’une gestion des ressources humaines » (Belley, Dussault et Lorrain, 1998), ont été développées. Nous avons également spécifié des intitulés à des fins plus opératoires, de manière à faciliter l’objectivité de l’évaluation. Deuxièmement, nous avons regroupé les diverses compétences en catégories homogènes. Le choix a été fait de retenir 3 niveaux de regroupement, en nous référant aux travaux de Chandler et Jansen (1992) : compétences entrepreneuriales, managériales et fonctionnelles (marketing et commercial, gestion des ressources humaines et gestion financière). Enfin, dans une troisième phase, à venir, nous validerons cet outil auprès des accompagnateurs et des créateurs (validation de la structure de l’outil, de son contenu et de son utilisation) au sein d’incubateurs. Dans le cadre de cet article à visée conceptuelle, nous présenterons dans une première partie les concepts d’entrepreneuriat, de compétence avant d’aborder celui, plus spécifique, de «compétence en entrepreneuriat ». Nous proposerons ensuite, dans une seconde partie, un référentiel de compétences entrepreneuriales issu des divers travaux recensés sur cette thématique. Enfin, nous conclurons sur les modalités de validation de ce référentiel auprès des accompagnateurs et des entrepreneurs eux-mêmes. Les compétences entrepreneuriales : définition et construction d’un référentiel 3 1. L’entrepreneuriat L’entrepreneuriat renvoie à des situations tellement hétérogènes qu’il est vain de se limiter à une seule définition. Néanmoins, il est possible d’identifier des grandes approches conceptuelles (Fayolle et Verstraete, 2005) pour mieux cerner le phénomène complexe qu’est l’entrepreneuriat dans sa globalité. En particulier, nous avons retenu trois conceptions complémentaires à notre sens. La première conception est celle de Shane et Venkataraman, qui définissent l’entrepreneuriat comme : « processus par lequel des opportunités à créer des produits et des services futurs sont découvertes, évaluées et exploitées. » (2000, p. 18). L’opportunité est entendue au sens de Casson (1982) : des situations où des nouveaux produits, services, matières premières et méthodes d’organisation sont introduits et vendus à un prix supérieur à leur coût de production. L’exemple que nous donnent ces auteurs est celui d’un individu capable de découvrir des ressources sous-évaluées par des détenteurs qu’il rachète et combine pour les revendre en produits ou services « sur-évalués » par des acquéreurs. Aussi, nous pouvons convenir que l’opportunité est à la base une nouvelle information profitable auquel un individu accède à deux conditions. Premièrement, s’il détient des connaissances antérieures qui sont complémentaires à cette information et qui permettent de la révéler et deuxièmement, s’il possède certaines propriétés cognitives pour l’évaluer. La détention de cette information déclenche une conjecture ou une vision entrepreneuriale : un projet d’exploitation de cette opportunité. La deuxième conception est celle de l’émergence organisationnelle, c’est-à-dire le processus qui conduit à l’apparition d’une nouvelle organisation. Elle a été fondée par Gartner (1988 ; 1990 ; 1993) puis, développée et reprise par d’autres auteurs (Aldrich, 1999 ; Thornton, 1999 ; Sharma et Chrisman, 1999 ; Hernandez, 2001 entre autres). Dans cette approche, l’entrepreneuriat est entendu comme un processus de création d’une organisation, c’est-à-dire les activités par lesquelles le créateur (de l’opportunité) mobilise et combine des ressources (informationnelles, matérielles, humaines, etc.) pour concrétiser l’opportunité en un projet structuré voire une entité. Sur ce point, il est nécessaire de souligner que la création d’une organisation n’est pas synonyme de création d’une entité. Comme le souligne Verstraete (1997, 2003), l’émergence organisationnelle renvoie à la fois à l’acte d’organiser et les formes organisées issues de l’action : projet, équipe, structure, etc. Dans cette approche, l’entrepreneur est un stratège capable d’élaborer une vision entrepreneuriale (Filion, 1997) et un pilote capable de conduire le changement via des actions entrepreneuriales. La troisième conception est celle de la dialogique individu/création de valeur que Bruyat (1993) définit comme une dynamique de changement où l’individu est à la fois acteur de la création de valeur dont il détermine les modalités et objet de la création de valeur, qui par l’intermédiaire de son support (projet, structure, etc.) l’investit voire le détermine. S’inscrivant clairement dans cette approche, Fayolle (2004) définit l’entrepreneuriat comme situation reliant de façon concomitante, un individu caractérisé par un engagement personnel fort (consommation de temps, argent, énergie, etc.) et un projet ou une organisation émergente ou une organisation « stabilisée » de type entrepreneurial. La valeur créée renvoie aux apports techniques, financiers et personnels que génère l’organisation impulsée et qui procurent satisfaction à l’entrepreneur et aux parties prenantes ou intéressées. Pour l’entrepreneur, il s’agit de biens financiers et matériels mais aussi d’autonomie, de pouvoir ou d’estime de soi entre autres. Pour les clients, il s’agit de la satisfaction procurée par la Les compétences entrepreneuriales : définition et construction d’un référentiel 4 consommation du produit et/ou service proposé. Pour les financiers, il s’agit de la profitabilité de la structure créée et des gains monétaires effectifs et potentiels. A notre sens, ces trois conceptions sont complémentaires car aucune d’entre elles ne suffit en soi pour qualifier le phénomène entrepreneurial. L’approche par la création d’une opportunité d’affaires formalise le stade d’émergence de l’idée en une opportunité en ayant toutefois une vision trop objectiviste de l’opportunité comme chose à découvrir. Par contraste, l’approche par la création d’une organisation réintroduit l’action d’ordonner ou de structurer le réel que suppose tout acte de création sous des multiples formes organisées que sont le modèle d’affaires, le plan d’affaires, le prototype de produit et l’entité créée. Cette approche se focalise davantage sur la phase de montage du projet et de lancement des activités jusqu’à que l’organisation se stabilise. Une des limites de cette approche est d’élargir l’acte entrepreneurial à toute nouvelle action d’organiser. Une lacune que l’approche par la création de valeur compense en réintroduisant un principe essentiel de l’entrepreneuriat depuis Schumpeter, celle du degré d’innovation ou de la valeur crée via l’organisation impulsée par l’individu qui est aussi engagé dans une dynamique de changement au niveau personnel. La situation est entrepreneuriale tant qu’il y a une dynamique de changement concomitant entre l’individu et le(s) supports de la création de valeur. Les supports de la création de valeur peuvent être considérés comme des uploads/Management/ les-competences-entrepreneuriales-definition-et-construction-d-x27-un-referentiel 1 .pdf
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- Publié le Aoû 31, 2022
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