LES DÉTERMINANTS DE L'INTENTION DE CRÉER UNE ENTREPRISE CHEZ LES ÉTUDIANTS : UN
LES DÉTERMINANTS DE L'INTENTION DE CRÉER UNE ENTREPRISE CHEZ LES ÉTUDIANTS : UN TEST EMPIRIQUE Jean-Pierre Boissin, Barthélemy Chollet, Sandrine Emin AIMS | « M@n@gement » 2009/1 Vol. 12 | pages 28 à 51 DOI 10.3917/mana.121.0028 Article disponible en ligne à l'adresse : -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- https://www.cairn.info/revue-management-2009-1-page-28.htm -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Distribution électronique Cairn.info pour AIMS. © AIMS. Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. 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Le but est d’obtenir des pistes sur le type de contenu à donner aux formations dans le contexte de mise en œuvre des maisons de l’entrepreneuriat. Au plan théorique, cette recherche s’appuie sur la théorie du comportement planifié ; l’intention de créer une en- treprise est supposée dépendre de trois éléments : l’attrait perçu de la création d’entreprise ; le degré d’incitation à entreprendre perçu dans l’environnement social ; la confiance qu’a l’individu en sa capacité de mener à bien le processus entrepreneurial. Ce modèle est testé sur 655 étudiants grenoblois. Les résultats confirment le pouvoir explicatif de la théorie du comportement planifié. Ils contribuent égale- ment à enrichir cette théorie en identifiant un effet modérateur : l’impact de la capacité perçue sur l’intention n’est pas le même selon que l’étudiant est proche ou éloigné dans le temps d’une entrée sur le marché du travail. Une deuxième série de régressions permet d’identifier les types d’attentes profes- sionnelles qui expliquent le plus l’attrait des étudiants pour la création et les tâch- es critiques pour réussir une création d’entreprise qui ont la plus grande influence sur le sentiment qu’a l’étudiant d’être capable de créer à l’issue de ses études. Jean-Pierre BOISSIN Barthélémy CHOLLET Sandrine EMIN Université Pierre Mendès France, Grenoble CERAG UMR CNRS 5820 jean-pierre.boissin@upmf-grenoble.fr Université de Savoie et Grenoble École de Management. IREGE bchol@univ-savoie.fr Université d’Angers GRANEM UMR MA 49 sandrine.emin@univ-angers.fr La France figure parmi les pays au monde dans lesquels la création d’entreprise est le moins souvent envisagée comme choix professi- onnel. C’est notamment confirmé par des enquêtes comme le GEM (Global Entrepreneurship Monitor, 2005), réalisée au sein de 35 pays : devenir créateur d’entreprise reste en France un parcours atypique. Dans ce contexte, les jeunes diplômés de l’enseignement supérieur représentaient 12 % de l’ensemble des créations recensées en 2002 (INSEE Première, 2003). Ils n’étaient que 8 % en 1998 (enquête SINE, 1998). Cette évolution encourageante peut certainement s’expliquer en partie par la promotion et la progression à un rythme soutenu de la for- mation à l’entrepreneuriat dans les établissements d’enseignement su- périeur pendant la même période1. Certaines études ont en effet montré 1 Le concept de Maison de l’Entrepreneuriat introduit dans le cadre du plan Innovation 2002 afin de formaliser les différentes démarches dans le domaine en est un bon indicateur (Bois- sin, 2003, 2006). A la rentrée 2007, il existait sept premières Maisons de l’Entrepreneuriat en France (Grenoble, Aix-Marseille, Clermont- Ferrand, Lille, Limoges, Nantes, Poitiers). Le dispositif doit être étendu en 2009. © AIMS | Téléchargé le 27/09/2021 sur www.cairn.info (IP: 197.15.225.125) © AIMS | Téléchargé le 27/09/2021 sur www.cairn.info (IP: 197.15.225.125) 29 J.P. Boissin, B. Chollet, S. Emin M@n@gement vol. 12 no. 1, 2009, 28-51 l’importance de la sensibilisation à l’entrepreneuriat pour le développe- ment d’une conscience entrepreneuriale1. Il semble donc important de continuer à œuvrer pour rendre encore plus performant le dispositif univer- sitaire, en particulier avec la mise en œuvre de maisons de l’entrepreneuriat (plan Innovation 2002, ministères de la Recherche et de l’Industrie). Les nombreuses expériences de formation à l’entrepreneuriat relatées et commentées dans la littérature2 nous renseignent sur les formes prises par les formations (pratiques pédagogiques utilisées) en fonction des niveaux d’intervention (sensibilisation, spécialisation ou accompagnement) ou des objectifs poursuivis (créations d’entreprises ou d’activités, formation de consultants, accompagnateurs spécialisés en entrepreneuriat, etc.). Mais aucune étude, à notre connaissance, ne renseigne sur ce que doit con- tenir une formation en vue de favoriser la sensibilité entrepreneuriale. Si l’enseignement entrepreneurial est destiné, en partie, conformément au propos de Tounès (2003), à préparer et à développer les perceptions, les attitudes et les aptitudes entrepreneuriales, il reste encore à savoir comment s’y prendre. Cet article part de l’idée que la réponse se trouve probablement dans les croyances professionnelles des étudiants. Il paraît nécessaire, en effet, pour concevoir les formations à l’entrepreneuriat, de comprendre au préalable les croyances que les étudiants ont vis-à-vis de la création d’entreprise. L’objectif de cet article n’est donc pas d’évaluer les pratiques existantes en matière de formation, mais d’identifier sur quelles croyances le contenu des formations doit chercher à agir afin de favoriser le développement d’une intention entrepreneuriale3. Les orientations données à ce sujet reposent sur une enquête réali- sée auprès de 655 étudiants dans le cadre de l’action de la Maison de l’entrepreneuriat – Grenoble Universités. Au plan théorique, l’article s’appuie sur le modèle d’intention proposé par la théorie du comportement planifié. L’intention de créer une entreprise chez un individu est supposée dépendre de trois éléments : l’attrait perçu de la création d’entreprise ; le degré d’incitation à entreprendre perçu dans son environnement social ; la confiance qu’il a en sa capacité à mener à bien le processus de création d’une entreprise. Les résultats présentés proviennent à la fois d’analyses factorielles et de régressions linéaires multiples. Le cadre théorique et la méthode sont d’abord précisés. Viennent ensuite la présentation des résultats et leur discussion. 1 Se reporter à l’article de Fayolle (2004) pour une synthèse sur l’impact des programmes d’enseignement en entrepreneuriat. 2 Le lecteur peut notamment se référer aux actes du premier congrès de l’Académie de l’Entrepreneuriat (1999), au numéro spécial 3 Dans cet article, nous utiliserons, pour des raisons de facilité, de façon interchangeable les termes « entrepreneuriat » et « création d’entreprise », même si nous sommes parfaitement conscients de la non correspondance de ces termes. La créa- tion d’entreprise, dans la présente recherche, est à entendre dans un sens assez large comme toute création d’une structure quel qu’en soit le support juridique (entreprise, association, etc.)de Gestion 2000 consacré au sujet (mai-juin 2000), à l’article de Sénicourt et Verstraete (2000) ou à nos premiers ré- sultats (Boissin, Chollet, Emin, 2007 et 2008). © AIMS | Téléchargé le 27/09/2021 sur www.cairn.info (IP: 197.15.225.125) © AIMS | Téléchargé le 27/09/2021 sur www.cairn.info (IP: 197.15.225.125) M@n@gement vol. 12 no. 1, 2009, 28-51 30 Les déterminants de l’intention de créer une entreprise chez les étudiants : un test empirique MODÈLES D’INTENTION : UNE APPLICATION AU Cette recherche repose sur les modèles psychosociaux d’intention tels que la théorie du comportement planifié de Ajzen (1991). L’exploitation de ces travaux en entrepreneuriat par un certain nombre d’auteurs confirme leur utilité dans notre contexte, et ce d’autant plus que cer- taines recherches sont spécifiques au contexte français et d’autres aux populations étudiantes. Si pour beaucoup la création d’entreprise réclame une certaine planification, et de ce fait suppose une inten- tion préalable à l’action (Bird, 1988 ; Katz et Gartner, 1988), le carac- tère prédictif des modèles fait néanmoins l’objet de critiques dans la communauté scientifique1. En effet, leur valeur prédictive reste encore à prouver pour des comportements tels que la création d’entreprise. La théorie du comportement planifiée est en effet mieux adaptée aux comportements contrôlés par l’individu2 et aux comportements pour lesquels il existe un court décalage temporel entre l’intention et le passage à l’acte. Force est de constater que la création d’entreprise entre difficilement dans ces catégories. La capacité de refinalisation des individus, dit autrement l’instabilité des intentions dans le temps soulignée par Moreau et Raveleau (2006), en est une bonne illustra- tion. L’utilisation de ce modèle reste néanmoins utile pour sonder la tête des étudiants en vue d’identifier à quels niveaux peuvent se situer d’éventuels blocages à l’esprit entrepreneurial. C’est en ce sens que nous l’utilisons. Il existe de nombreuses définitions de l’intention. Cette variété montre que le terme n’a pas de signification univoque et com- plètement partagée (voir par exemple Shook, Priem et Mc Gee, 2003 ; Moreau et Raveleau, 2006). Pour notre part, nous retenons l’approche de Kolvereid uploads/Management/ mana-121-0028.pdf
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- Publié le Aoû 11, 2021
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