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The Wayback Machine - https://web.archive.org/web/20220113214737/https://revueinvariance.pagesperso-orange.fr/oeuvredefreud… Le mouvement psychanalytique Nous l’avons dit ailleurs – sans l’avoir réellement démontré – que tout le procès cognitif de la fin du XIX° et du début du XX° est utilisé en vue d’une tentative multiple de réfuter Marx, de trouver d’autres explications théoriques fiables pour miner son corpus théorique et de celui de ses continuateurs. L’œuvre se Freud n’échappe à cette dynamique. Ce n’est pas quelque chose de purement conscient mais cela s’est imposé comme une nécessité pour la société capitaliste pour survivre en enrayant un vaste mouvement d’émancipation. En outre, au début de ce siècle s’opère le passage de la domination superficielle (formelle selon K.Marx) sur la société à celle réelle ; cela implique une extension de la domination sur tous les individus, d’où la nécessité de les contrôler, ce qui ne put se réaliser qu’au travers de la consommation : contrôler les désirs des hommes et des femmes. A ce propos, il est intéressant de noter encore une fois à quel point économie et psychologie ont un devenir lié. En effet c’est un sujet de l’empire austro-hongrois qui vécut à Vienne, Carl Menger (1840-1921), qui est un des fondateurs du marginalisme[1]. Or, voici comment W.M. Johnston caractérise l’apport de ce dernier: «La grande innovation de Menger porta sur la théorie de la valeur. A l’encontre de la scolastique médiévale et même d’Adam Smith, Menger soutint que la valeur réside non pas dans quelque qualité inhérente à un bien, mais plutôt dans les besoins humains qui assignent leur valeur aux biens, la compréhension du processus passe par l’étude des désirs des consommateurs. Menger commença par définir les biens comme des marchandises ou des activités de nature à satisfaire un besoin [Bedarf] humain reconnu. Un bien est un bien économique si et seulement si l’offre n’est pas à la mesure du besoin qui s’exprime à son sujet»[2]. Dans Forme, Réalité – Effectivité, Virtualité, j’ai abordé ce thème ; et ceci en est une illustration. Je voudrais ajouter que ce qui apparaît comme déterminant dans cette vision économique, c’est la consommation et non pas, comme chez Marx (à la suite des économistes classiques) la production. A la limite, presque, cette dernière semble être en dehors des hommes et des femmes, dont l’activité dés lors vise à « assigner la valeur ». Mais cela va plus loin en ce sens que l’assignation dépend du manque – « si l’offre n’est pas à la mesure des besoins » – et, en conséquence, ce n’est plus l’adulte qui opère, mais l’enfant, placé dans l’état de total dépendance, qui consomme[3]. Ainsi s’exprime bien la régression dont nous avons parlé plus haut. Elle ne peut d’ailleurs s’effectuer que parce que le capital en advenant à sa domination substantielle, réelle, domine la totalité des phénomènes économiques, ce qui permet l’affirmation d’une immédiateté au niveau de la consommation, comme nous l’avons vu à propos de la réflexion de Marx au sujet de cette dernière. On peut également dire : une fois qu’historiquement le procès du capital s’est pleinement effectué, ce dernier s’abolit dans son résultat, permettant l’affirmation d’une donnée régressive : la valeur. Enfin, et nous y reviendrons, toute régression chez les hommes et les femmes, ne fut possible que parce que simultanément le capital atteignait un stade de développement élevé, comme ce fut le cas avec le fascisme. C’est dans ce contexte que surgit la psychanalyse, la théorie psychanalytique. Elle naît lestée d’une grande ambiguïté ayant à la fois une dimension libératrice, révolutionnaire et une dimension conservatrice, réactionnaire, conformiste qui englobe la première et fonde son apparence immédiate. Pour expliciter le contenu de ce qui précède nous devons d’abord exposer la genèse de la psychanalyse et donc l’œuvre de Freud parce qu’elle revêt une importance primordiale. Nous n’exposerons pas seulement les faits mais nous prendrons position en fonction de ce nous avons déjà exposé dans « De la vie ». Enfin, je dois signaler un autre aspect de la régression qui se manifeste au travers d’une réduction : Freud n’envisage l’homme, la femme, qu’en tant qu’individu. Toute la dimension de la Gemeinwesen s’est évanouie. Nous signalerons, quand cela s’imposera, les oeuvredefreud https://web.archive.org/web/20220113214737/https://revueinvariance.... 1 of 30 10/22/22, 00:16 résidus, les réminiscences de celle-ci. Le terme psychanalyse apparaît dans L’hérédité et l’étiologie des névroses (1896), article écrit en français : «Je dois mes résultats à l’emploi d’une nouvelle méthode de psychanalyse, au procédé explorateur de Josef Breuer, un peu subtil, mais qu’on ne saurait remplacer, tant il s’est montré fertile pour éclairer les voies obscures de l’idéation inconsciente»[4]. Ainsi que dans Nouvelles remarques sur les névropsychoses de défense : « Dans ce même ouvrage [Études sur l’hystérie, Ndr] se trouvent aussi des indications sur la méthode laborieuse, mais parfaitement fiable, de la psychanalyse, dont je me sers dans ces investigations qui constituent en même temps une thérapie »[5]. Dans cet article le but de la psychanalyse est bien exprimé, ainsi que sa puissance : « A ces dernières objections, on doit opposer la requête que personne ne veuille bien juger avec trop d’assurance dans ce domaine obscur, s’il ne s’est pas encore servi de l’unique méthode qui est en mesure de l’éclairer ( la psychanalyse, pour rendre conscient ce qui est jusqu’à présent inconscient ) »[6]. Ce n’est pas un hasard si le nom de la méthode apparaît dans un article traitant de l’hérédité. Freud est un juif qui vit sa condition sans en faire une donnée de race. Ainsi pour lui l’hérédité ne peut être que secondaire. En outre le recours à une théorie de l’hérédité correspond le plus souvent à un blocage, à une incapacité liés à des données émotionnelles à affronter un problème. Notons que de nos jours nous assistons à un blocage encore plus intense que celui opérant au moment où Freud affronte la maladie mentale, et la réponse est la même, du moins en apparence : toute maladie est en définitive génétique ; elle est déterminée par un gène. Notons toutefois que la dimension héréditaire a tendance à s’abolir dans cette représentation parce que le gène est une particule qui est posée de façon plus ou moins autonome et divers mécanismes sont exposés pour mettre en évidence, en dehors du phénomène héréditaire proprement dit, comment tel gène va avoir en définitive un comportement anormal créant la maladie. Cela veut dire que ce qui restait encore d’humain, de féminin disparaît pour être remplacé par la combinatoire. Ainsi un homme, une femme ne transmettent pas ce qu’ils détiennent mais, par suite de divers phénomènes opérant lors de la méiose ( formation des gamètes, les cellules sexuelles possédant seulement un nombre N chromosomes ), transmettent non pas quelque chose qui est de lui ou d’elle, mais qui s’est effectué en lui ou en elle. Tout ceci exprime également que le racisme va être de plus en plus ( et l’est déjà en partie ) remplacé par un eugénisme ou recherche de la transmission des meilleurs gènes, avec volonté d’éliminer les porteurs de ceux qui sont considérés comme défectueux. Revenons à la citation de Freud. Il parle d’une nouvelle méthode de psychanalyse, ce qui implique qu’il a utilisé d’autres méthodes d’analyse de la psyché ou, s’il ne les a pas utilisées, elles lui étaient connues. Ce qui nous importe c’est la dénomination elle-même, une analyse de la psyché ou bien une analyse psychologique. La psychanalyse apparaît comme une méthode qui permet de comprendre le refoulement, de le dévoiler afin d’avoir accès à ce qui a déterminé le trouble, d’où la thérapie dont il a été question. D’après Paul-Laurant Assoun c’est dans Psychanalyse et théorie de la libido que Freud donne « la définition la plus complète du terme psychanalyse, introduit en 1896 » : « Psychanalyse est le nom : 1° D’une procédure pour l’investigation de processus mentaux à peu prés inaccessibles autrement ; 2° D’une méthode fondée sur cette investigation pour le traitement de désordres névrotiques ; 3° D’une série de conceptions psychologiques acquises par ce moyen et qui s’accroissent ensemble pour former une nouvelle discipline scientifique »[7]. Avant de pousser plus à fond une investigation sur cette définition, il convient de citer ce passage d’une lettre à Lou Andréas Salomé du 30 juillet 1915[8]. « Je ressens rarement un tel besoin de synthèse. l’unité de ce monde m’apparaît comme allant de soi, ne méritant pas d’être mentionnée. Ce qui m’intéresse c’est la séparation [Scheidung] et l’organisation [Gliederung] de ce qui autrement se perdrait dans une bouillie originaire ». oeuvredefreud https://web.archive.org/web/20220113214737/https://revueinvariance.... 2 of 30 10/22/22, 00:16 En s’exprimant ainsi Freud expose sans s’en rendre compte sa relation à la structure sociale en laquelle il vécut jusqu’en 1918. L’Autriche-Hongrie était caractérisée par l’extrême autonomisation de la forme féodale, avec sa hiérarchie terminée au sommet par l’unité supérieure, l’empereur, fondant la totalité du procès social et en qui tous les sujets de l’empire se reconnaissaient[9]. C’était la synthèse « allant de soi ». Lorsqu’il affirme que ce qui l’intéresse c’est la séparation, il postule qu’il ne peut exister, que s’il se différencie, se sépare uploads/Management/ oeuvre-de-freud.pdf
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- Publié le Aoû 27, 2021
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