1 Université de Paris Ecole doctorale 131 Laboratoire CERILAC L’être communicat

1 Université de Paris Ecole doctorale 131 Laboratoire CERILAC L’être communicationnel des machines Le cas du robot humanoïde en France et au Japon Par Ludovic Garattini Thèse de doctorat en Sciences de l’Information et de la Communication Dirigée par Joëlle Le Marec Présentée et soutenue publiquement le [Date de soutenance] Devant un jury composé de : Prénom Nom, titre [ex. : Maître de conférence], établissement, rôle par rapport à la thèse [ex : Rapporteur, Président ou encore directeur de thèse] 2 Titre : L’être communicationnel des machines : Le cas du robot humanoïde en France et au Japon Résumé : Mots clefs : Robotique, robot, humanoïde, STS, philosophie des sciences et techniques, sociologie des sciences et techniques, mode d’existence, objet technique, écologie technique, histoire des sciences et techniques, élément technique, individu technique, ensemble technique, Simondon, Kitarô, anthropologie des sciences et techniques, Japon. Title : The communicational Being of Machines: Humanoid robots in France and Japan, a case study Abstract : Keywords : 3 L’être communicationnel des machines : Le cas du robot humanoïde en France et au Japon 4 5 INTRODUCTION 6 Introduction générale « Ecce roboto » soupirent de résignation (quand ce n’est pas de fierté) les scientifiques au sortir du labo-prétoire, au moment d’offrir leurs machines innocentes en pâture à la presse. Il est indéniable que lors de nos nombreuses visites de laboratoire et enquêtes menées sur le robot humanoïde, il nous a été donné plus d’une fois de rencontrer cet agacement (ou cet engouement) des scientifiques face à leurs publics qui, quoiqu’il en soit, « ne comprennent pas » ce que sont leurs machines. Mais qu’est-ce qu’un robot humanoïde ? Dans son dernier ouvrage publié à titre posthume, Nietzsche s’interroge sur le sens à donner à cette existence : comment devient-on ce que l’on est ?1 Si la philosophie a longtemps semblé mettre d’accord ses sages sur le fait qu’être, c’est exister et que ce fut par ailleurs longtemps le privilège de « l’homme » sur les choses, comment existe donc un robot humanoïde ? Lorsque l’on tente de poser sérieusement la question de l’être d’un objet technologique qui prend forme humaine, on est tout d’abord tenté, par prudence, d’enquêter sur la manière dont les objets techniques eux-mêmes ont pu être abordés par la littérature, qu’elle soit populaire, scientifique ou technique. Mais au moment même où l’on s’intéresse à cette question, une littérature riche, complexe, ancienne mais aussi résolument contemporaine sort tel le diable d’une boite pour satisfaire et submerger la curiosité des chercheur·e·s 2. Les objets sont 1 « Ecce homo : Wie man wird, was man ist ». 2 J'ai choisi d’écrire l'ensemble de cette thèse selon une adaptation personnelle aux modalités de l’écriture épicène et inclusive. L’écriture épicène et inclusive, en français, est un mode d’écriture permettant de rétablir un équilibre entre l'expression des genres qui fut rompu, dans notre langue, autour du XVIIème siècle. Par exemple, j’essaierai autant que faire se peut de privilégier les termes neutres lorsque le genre d’un terme me semble inutile ou véhiculer des biais associant des qualités à un genre plutôt qu’à un autre (comme pour les professions, ou les statuts : présidence au lieu de président, lectorat au lieu de lecteur etc.). Également, le français moderne donnant la priorité au masculin dans la conjugaison des participes passés, des adverbes ou des formes adjectivales lorsque est qualifiée une liste de noms communs incluant les deux genres, je rétablirai autant que faire se peut une ancienne forme du français qui conjugue ces participes passés et formes adverbiales selon le genre possédé par le dernier élément de la liste de noms. Par exemple, comme dans « le et la lectrice française ». Cette manière d’écrire permet d’oblitérer le recours compulsif au masculin et permet de créer des effets de lecture nouveaux et différents des attentes du lectorat. Contrairement à l’opinion qui circule faisant de l’écriture épicène et inclusive une forme d’écriture « lourde » et « inesthétique », nous prendrons le parti de 7 partout, ils occupent toujours une place, même discrète, auprès de nous, dans nos productions savantes et dans celles plus ordinaires. Cette extrême diversité peut décontenancer les chercheur·e·s mais, dans le cas d’un objet technique qui prendrait forme humaine, elle devient absolument confondante. Pour les robots humanoïdes, cette confusion s’explique surtout en raison du double statut que possèdent ces machines et que ne possèdent pas, ou moins, des objets techniques comme une turbine ou un moteur. En effet, comme objet imitant l’humain dans son entier3, c’est toute une pensée de la référence, du simulacre, de la mimésis, du fonctionnement de la pensée et de la représentation qui s’offre à leur curiosité. Et en tant qu’objet technique, c’est une pensée sur la nature, la culture, le mythe de l’homo faber et l’étude des causalités du monde regroupées comme sciences physiques qui fournit, quant à elle, quantité d’informations sur le fonctionnement des objets techniques, leur genèse, leurs usages et leur histoire. Objet à la fois esthétique et objet électromécanique, le robot humanoïde semble ainsi pouvoir être approché de plusieurs croire que cette forme est une occasion donnée à la langue française ainsi qu’à ceux et celles qui l’écrivent d’innover et de créer dans leur propre langue. En ce sens, elle assume une fonction autant poétique que politique. Nous pensons en effet que l’usage des choix laissés par ce format d’écriture donne plus de liberté à celui ou celle qui écrit, lui donnant de choisir et de raffiner d'autres significations qui n’existaient pas lorsque la phrase n’utilisait que le masculin. Par exemple, il nous est donné d’insister sur le genre féminin pour des professions ou des statuts que le lectorat a l’habitude d’associer au genre masculin et vice versa. Je considère donc ici l'écriture épicène non pas comme une contrainte, mais comme l’occasion d’enrichir la langue et les potentialités expressives du discours en français. 3 Par praticité de lecture, nous nous référerons à cette spécificité liée au projet de construction d’un humain artificiel à l’aide du terme anthropomorphe. Nous entendrons par là un anthropomorphisme complet. Beaucoup d’objets artificiels, si ce n’est tous, ont un caractère anthropomorphique. Pour éviter tout débat concernant la précédence de la pensée sur l’outil ou de l’outil sur la pensée, nous entendons par caractère anthropomorphique la découverte d’une résonnance entre les schèmes corporels du corps humain et ceux du monde dans l’outil qui les actualise tous deux. Le qualificatif anthropomorphique ici désignerait donc le fait que l’humain trouve dans l’objet un caractère qui lui appartient, mais cela ne préjuge pas que ce caractère (mouvement d’un membre articulé comme le bras par exemple) n’existe pas non plus ailleurs. Il existe bien et c’est même parce qu’il existe ailleurs que l’humain est en capacité de faire entrer en résonnance son corps avec le milieu extérieur via l’outil. Enfin, lorsque nous parlons d’anthropomorphisme sans préciser un caractère, nous entendons donc la reproduction de tous les schèmes du corps humains dans la machine. Mais rares sont ceux qui poussent l’anthropomorphisme en direction de la reproduction non pas d’un caractère ou d’une fonction mais de la totalité de l’être modèle. 8 manières à la fois. Mais la polymorphie et le succès du robot humanoïde, figure caméléon pour celles et ceux qui convoquent et usent, avec malice, de sa souplesse d’acrobate entre objet imitant et objet technologique, cache selon nous une pauvreté insoupçonnée précisément à l’endroit du mode d’être de la machine elle-même. Cette pauvreté est d’autant plus surprenante que, en tant qu’objet imitant l’humain, on le retrouve partout dans les sciences, les croyances et les représentations que l’humain se fait de lui-même et du monde. Et en effet, en tant qu’image miroir, tout ce qui se dit de l’humain peut se trouver mis à la question dans l’objet technique censé le reproduire. Si l’humain pense, alors la machine censée lui ressembler doit, elle aussi, penser. Si l’humain rêve, court, invente, joue, parle, de même, la machine l’imitant est censée pouvoir rêver, courir, inventer, jouer et parler. Le robot humanoïde se retrouve, de cette façon, chargé d’une lourde tâche, à savoir celle d’accomplir les anciens rêves des démiurges : à la fois pierre philosophale et homonculus, il occupe toutes les places d’un imaginaire que l’on redoute, ou que l’on espère, mais perçu comme réel par les moyens techniques et scientifiques d’accomplissement physique des rêves de l’humanité et non plus, seulement, par les moyens de l’alchimie et de la magie. Offrant prise de toute part aux sciences, qu’elles soient humaines et sociales ou techniques et naturelles, la première prospection bibliographique réalisée pour ce travail de thèse a donc été relativement difficile et, tout naturellement, transdiscplinaire. Des sciences de l’ingénieur·e aux sciences du langage, nombre d’auteur·e·s et d’articles scientifiques occupant des disciplines qui se rencontrent rarement (comme les arts du spectacle ou la mécanique des fluides) parsèment ainsi une étude qui, quant à elle, se veut cohérente et nécessairement interdisciplinaire cette fois-ci. Et cette cohérence nous semble avoir été trouvée autour d’une question qui ne nous est pas apparu comme ayant été véritablement traitée uploads/Management/ these-garattini-l-x27-etre-communicationnel-des-machines-final.pdf

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  • Publié le Apv 02, 2022
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