Lambert-Lucas Margarita Borreguero Zuloaga et Sonia Gómez-Jordana Ferary (éds)

Lambert-Lucas Margarita Borreguero Zuloaga et Sonia Gómez-Jordana Ferary (éds) Les marqueurs du discours dans les langues romanes : une approche contrastive Préface 1 Margarita BORREGUERO ZULOAGA et Sonia GÓMEZ-JORDANA FERARY Les études contrastives dans le domaine des marqueurs discursifs datent d’à peine une vingtaine d’années, du moins en ce qui concerne les langues romanes. Ces études s’inspirent des propositions théoriques d’analyse des marqueurs élaborées dans les années soixante-dix, notamment à partir de l’œuvre pionnière d’Elisabeth Gülich, Makrosyntax der Gliederungssignale in gesprochenen Französisch (1970). Ces propositions ont servi de cadre à la recherche contras- tive de la même façon qu’elles ont servi au développement des études sur les marqueurs du discours. Un grand nombre suivent la Théorie de l’Argumentation, la Théorie de la Pertinence, l’Analyse du Discours, la linguistique culiolienne, la Théorie de la Politesse linguistique, ou adoptent très couramment une approche éclectique. C’est seulement après que la réflexion théorique s’est consolidée et que les chercheurs ont mené de nombreuses analyses des marqueurs d’une langue qu’a surgi l’intérêt pour l’étude comparative d’éléments et de fonctions discursives dans deux ou plus de deux langues. Trois domaines ont impulsé particulièrement la recherche : la traduction, la lexicographie et la didactique des langues étrangères. Tout d’abord, les difficultés pour trouver des équivalents adéquats entre éléments discursifs dans le travail des traducteurs et interprètes a conduit a réfléchir sur les problèmes de traduction des marqueurs discursifs. Ce premier moment est marqué par des articles pionniers tels que “Discourse Markers and the Indeterminacy of Translation” (2000) de Carla Bazzanella et Lucia Morra, “Marcadores del discurso y traducción” (2002) de José Portolés, “Pragmatics Markers in Translation: a Methological Proposal” (2006) de Karin Aijmer, Ad Foolen et Anne-Marie Simon-Vandenbergen. Sans faire référence explicite aux langues romanes, ces derniers établissent un cadre méthodologique suivi depuis par d’autres auteurs, notamment pour ce qui concertne l’espagnol et l’italien (v. Medina 2010, Borreguero 2011a). C’est alors qu’ont paru les premiers travaux descriptifs comparant les valeurs et les emplois de marqueurs apparemment équivalents dans deux langues romanes et qui pouvaient servir de bases lexicographiques : v. par exemple pour l’espagnol et l’italien Calvo Rigual (2001), Calvi & Mappelli (2004), pour 1. La sélection d’études objet du présent ouvrage fait suite au Premier Congrès international de linguistique contrastive sur les marqueurs du discours dans les langues romanes, qui eut lieu à l’Université Complutense de Madrid en 2010, financé par les projets Marcadores discursivos y construcción interaccional del diálogo en italiano L2 HUM2007-66134 et Dialogue et marques d’oralité en pragmatique historique du français FFI2010-15158/FILO du Ministère d’Education et Compétitivité espagnol. L’ouvrage est financé grâce au projet Estructura informativa y marcación discursiva en la didáctica de la oralidad del italiano y el español L2 FFI2011-24960. 12 LES MARQUEURS DU DISCOURS DANS LES LANGUES ROMANES l’espagnol et le catalan Cuenca & Torres (2008), pour plusieurs langues romanes et germaniques, Garcés Gómez (2009). Le manuel de Flores Requejo (2008) a marqué un tournant, étant utilisé pour l’étude de marqueurs concrets, v. Borreguero (2011b) et Medina (2011) 2. L’élaboration de dictionnaires de marqueurs discursifs aussi bien mono- lingues que bilingues est toujours en cours dans la plupart des langues romanes. L’espagnol a été clairement un précurseur puisqu’on y trouve trois dictionnaires monolingues (Briz, Pons & Portolés 2000-2014, Santos 2003, Fuentes 2009), alors que le français, l’italien et le portugais – pour ne citer que les langues romanes les plus parlées – ne disposent toujours pas d’ouvrages similaires. La situation est encore moins bonne pour les dictionnaires bilingues de marqueurs, même si le français dispose du Wörterbuch deutscher Partikeln: unter Berück- sichtigung ihrer französischen Äquivalente (2009) de René Métrich, Eugène Facher et Jon Albrecht, après un premier ouvrage René Métrich, Eugène Facher et Gilbert Courdier en quatre volumes, Les Invariables difficiles : dictionnaire allemand-français des particules, connecteurs, interjections et autres « mots de la communication » (1998-2002). Par ailleurs, le Diccionario de partículas del español coordonné par Briz, Pons et Portolés incorpore les équivalents des marqueurs espagnols à l’italien et au portugais (outre ceux de l’anglais). In fine, l’enseignement des langues suscita de nombreuses perplexités au moment d’expliquer l’emploi des marqueurs du discours. Perplexités reflétées dans les premières études qui tentaient d’analyser la polyfonctionnalité et les différentes valeurs que ces éléments peuvent acquérir dans différents contextes 3. Outre les rares observations que l’on trouve dans les grammaires contrastives, des études telles que Flores Acuña (2003), Pérez Canales (2003), Fernández Loya (2004), Vázquez (2006), Sainz (2006, 2012), Hermoso & Anscombre (2011), Borreguero (2011c), Solsona (2011), Piedehierro (2012), répondent toutes à la même intention d’en améliorer l’approche didactique, en partant d’une réflexion sur la pratique de l’enseignement. Ont ainsi vu le jour des ouvrages comme celui de Martí Sanchéz (2008) pour l’espagnol L2. Le traitement que reçoivent les marqueurs du discours dans les manuels de langues étrangères a également été révisé en partant de l’idée que dans la plupart des cas, l’absence de considérations explicites et d’exemples rendent difficile leur apprentissage : v. Gilardoni (2006), Pernas, Gillani & Cacchione (2011), La Rocca (2011). Le contraste entre les marqueurs de l’italien et du français a aussi suscité d’intéressants travaux remontant à une vingtaine d’années tels que Ferrari & Rossari (1994), Rossari (1994, 1996), Bazzanella et al. (2007), Moseegard Hansen & Strudsholm (2008), Dittmar (2009), De Cesare (2012), Khachaturyan (2011). Un des premiers ouvrages du domaine a été Pragmatics Markers in Contrast (2006) de Karin Aijmer et Anne-Marie Simon-Vandenbergen, deux anglicistes de l’Université de Göteborg dont les travaux, sans aborder les questions liées aux langues romanes, ont servi de précédent au niveau théorique et méthodologique. 2. Cet axe de recherche s’est peu à peu consolidé avec l’étude d’autres langues – Delgar (2013) – et des doctorats consacrés aussi bien aux langues romanes – Caterino (2012), Fuschi (2013) – que prenant comme élément de contraste une langue germanique : Mariano (2002), Svensson (2011). 3. Le développement théorique et descriptif plus avancé des recherches sur les marqueurs du discours de l’espagnol – v. Martín Zorraquino & Portolés (1999), Loureda & Acín (2010) – fait que les études contrastives entre l’espagnol et une autre langue ont généralement été menées par des linguistes espagnols, avec des exceptions comme Anscombre (2010, 2011) ou Deloor (2011). PRÉFACE 13 Ainsi, un an plus tard, est paru l’article de Henning Nølke, « Connectors in Cross-Linguistics Perspective », et le numéro du Catalan Journal of Linguistics, coordonné par M. Josep Cuenca sous le titre Contrastive Perspectives on Discourse Markers (2007). Même si ce volume n’était pas spécialement consacré aux langues romanes, il a publié des études fondamentales comme celle consacrée à allora et alors (Bazzanella et al. 2007). Le pas suivant a été réalisé grâce à un séminaire organisé à l’Université d’Oslo par Elisaveta Khachaturyan, en novembre 2008, qui a rassemblé des chercheurs sur l’analyse constrastive des langues romanes, y compris sur les marqueurs du discours, dont nombre d’entre eux collaborent également à ce volume. Nous avons alors eu l’occasion d’échanger des impressions sur les diverses approches méthodologiques et sur les difficultés de l’étude contrastive, même si pour la plupart nous continuons à travailler sur les marqueurs d’une seule langue. Certains de ces travaux – dont une partie comparaient les marqueurs de deux ou plus de deux langues (v. Bazzanella & Borreguero 2011) – ont été repris dans un numéro de la revue Oslo Studies on Language (2011). En 2009 à Tübingen, Óscar Loureda et Heidi Aschenberg ont consacré une séance du 17e Congrès des hispanistes allemands (Hispanistentag) au même sujet, quoique dans ce dernier cas, les études contrastives se dont limitées à l’espagnol et à l’allemand ; elles ont été recueillies dans Marcadores del discurso: de la definición a la descripción (2011). En 2010 les départements de Philologie française et de Philologie italienne de l’Universidad Complutense de Madrid ont organisé le premier Coloquio Interna- cional de Marcadores del discurso, avec pour thème «un enfoque contrastivo», qui mettait l’accent pour la première fois sur la comparaison entre langues romanes, même certains participants y ont abordé les marqueurs en perspective intralinguistique, synchronique et diachronique 4. Une sélection des contributions à ce colloque, dont le français était une des langues objets, a été recueillie dans un numéro de la revue Langages (2011) coordonné par Amalia Rodríguez Somolinos. Une autre sélection fait l’objet du présent volume. Après Madrid, deux autres éditions du Coloquio Internacional de Marca- dores del discurso ont eu lieu à Buenos Aires et à Campinas, la quatrième à Heidelberg (mai 2015). Le succès de cette initiative est la meilleure preuve de l’intérêt que suscite dans le panorama de la linguistique actuelle la recherche contrastive au niveau discursif. Cette recherche réunit les apports de la linguis- tique comparée (d’abord) et contrastive (ensuite) dans des domaines comme la phonétique, la morphosyntaxe et la sémantique, ainsi que ceux de la linguistique textuelle et de tout ce qui concerne la forme et la fonction, la genèse et les valeurs sémantiques des marqueurs du discours – que ce soit sous ce nom ou sous d’autres comme particule discursive, connecteur pragmatique, etc. – connecteurs, marqueurs d’interaction, structurateurs du discours, uploads/Marketing/ les-marqueurs-du-discours-dans-les-langu 1 .pdf

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  • Publié le Oct 17, 2021
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