Thème :Enseignement de la grammaire et apprentissage d’une langue étrangère : c

Thème :Enseignement de la grammaire et apprentissage d’une langue étrangère : cas de la grammaire en contexte. Pr Bouarich Houriya Faculté des lettres et sciences humaines Kénitra Introduction : Le choix du thème puise son intérêt dans des considérations d’ordre didactico-pédagogique qui permettront l’étude de l’apprentissage d’une langue étrangère par le biais de sa grammaire. Il est question du français qui occupe désormais une place importante dans l’enseignement secondaire au Maroc. Il est important de rappeler de prime abord que tout enseignement est une interaction entre deux soucis majeurs : le didactique et le pédagogique. Par didactique, on entend le procédé permettant de sélectionner les savoir-faire afin de faciliter l’appropriation du savoir par l’apprenant. La pédagogie quant à elle vise la mise en pratique de ces actions. La cohérence de cet enseignement s’établira à partir d’un savoir qui s’articulera autour de trois pôles : l’enseignement, l’enseignant, l’apprenant. Cette répartition en trois dominantes a été stipulée par CHEVALLARD (1984, in HALTE (1992 :17)) qui avance que « la didactique a trois pôles et que chaque pôle se constitue dans la relation qu’il établit avec les autres ». Il précise que le didacticien « s’intéresse au jeu qui se mène tel qu’il peut l’observer puis le reconstruire en des classes concrètes, entre un enseignant, des élèves, et un savoir» Nous retiendrons, pour notre part, la sélection du savoir susceptible de 1 conduire au but; ce savoir n’est autre que la grammaire dont l’objectif est de transmettre des connaissances nécessaires pour l’appropriation d’une langue étrangère. Dans ce cas, la grammaire paraît comme un support incontournable ; la preuve en est qu’elle a été de tout temps impliquée dans l’enseignement des langues. Tantôt, elle se présente comme primordiale dans l’acquisition / apprentissage d’une langue, tantôt elle est bannie, même si elle reste implicite. Dans les deux cas de figure, qu’elle soit implicite ou explicite, la grammaire est toujours présente. Seulement cette affirmation ne va pas sans soulever une controverse ayant trait à son champ d’application dans le processus d’apprentissage de la langue étrangère. Au Maroc, la question «grammaire» n’a pas suscité l’intérêt qu’elle mérite malgré l’existence d’une littérature abondante sur le sujet. Cette littérature ne rend pas compte de ce que l’enseignant marocain de français langue étrangère peut espérer d’un enseignement grammatical ; on privilégie tantôt les approches qui mettent l’accent sur l’écrit, tantôt celles qui se préoccupent de l’oral. Ceci étant, l’enseignant marocain s’ingénie à faire assimiler les deux codes en vue d’aboutir à une communication satisfaisante . Dans la pratique, l’enseignement de la grammaire a été toujours lié à la grammaire de la phrase, ce qui a créé chez les enseignants des «habitudes» que même l’influence de la grammaire des textes ( plus appréciée relativement ) n’a pu déraciner. Une telle dichotomie grammaire de phrase / grammaire de texte, reste réductrice. Cet état de choses persiste en dépit du fait que les Recommandations Pédagogiques de 1994 (au fait du problème engendré par l’enseignement de la grammaire de phrase et dans un souci de respecter les nouveautés dans le domaine didactique touchant l’apprentissage de la grammaire d’une langue étrangère) font allusion au domaine de la phrase, du texte et du discours ainsi 2 qu’à l’interdépendance qui existe entre les trois domaines. Cela veut-il dire que l’on se trouve en présence d’une trilogie indispensable à toute conception de l’enseignement de la grammaire ? Disons, tout de suite, que toute recherche portant sur la pertinence de l’enseignement grammatical devrait, à notre sens, prendre en compte l’enseignement de la grammaire de la phrase qui est indispensable et devrait être renforcée par la grammaire du texte pour rendre compte finalement de tout le discours afin de sensibiliser un apprenant non natif aux différentes facettes de la langue cible englobant l’oral et l’écrit et ce, en présentant toujours la difficulté dans un contexte. Autrement dit, l’enseignement doit être autant centré sur le message et sur les emplois que sur la forme linguistique. Cette conception de l’enseignement de la grammaire rejoint ce qui est appelé communément «grammaire en contexte » ou «grammaire contextualisée » puisqu’elle permet de passer de l’enseignement des éléments de la phrase à l’enseignement des éléments du discours. La présente recherche s’inscrit dans cette vaste problématique. L’aborder dans ses différents aspects relatifs à l’enseignant, à l’apprenant, aux grammaires d’apprentissage et aux grammaires d’enseignement dépasse le cadre de cette recherche. Nous avons donc été amenée à opérer un choix du domaine d’investigation et à axer notre recherche sur un acteur pédagogique actif: l’enseignant au lycée en raison de son rôle stratégique dans le système. L’hypothèse de travail soulève une question centrale concernant l’efficacité de la grammaire en contexte dans l’enseignement d’une langue étrangère. Vu la diversité des sens attribués au concept " grammaire", nous proposons une démarche qui s’articule autour de la présentation de définitions renforcées par quelques typologies des grammaires. Par ailleurs, et afin d’élucider ce que nous 3 entendons par grammaire en contexte, nous proposons de consacrer un chapitre aux orientations grammaire de phrase / grammaire de texte / grammaire de discours et de puiser dans les textes fondateurs de ces différentes orientations afin d’éclaircir certaines notions qui sont à la base de la grammaire en contexte. Toutefois, l’enseignement de la grammaire est intimement lié aux grammaires pédagogiques ayant pour objectif de faire apprendre un certain contenu grammatical de la langue et ce, à partir d’un programme. Nous nous proposons donc d’examiner les Recommandations Pédagogiques (1994) et le manuel de 3ème année sciences, afin de voir l’usage qu’ils font de ce savoir. Nous nous intéresserons aussi à la réalité sur le terrain : grâce à la technique du questionnaire, la deuxième partie de ce travail consistera à analyser les représentations que se font les professeurs de l’enseignement de la grammaire, spécialement de la grammaire en contexte. Adopter tel ou tel cadre théorique dans la perspective de ce travail risque de limiter la portée de cette recherche, dans la mesure où il ne s’agit pas d’un travail purement linguistique, mais d’une entreprise didactique qui requiert un appel à l’éclectisme. Autrement dit, nous essayerons d’atteindre un but précis en suivant l’évolution du concept à travers différents courants théoriques dont la grammaire générative, la grammaire de l’énonciation, la pragmatique et la grammaire textuelle et ce, pour mettre en évidence la place qu’occupe la grammaire en contexte dans lesdits courants, ce qui est de nature à justifier l’éclectisme prôné à juste titre par les didacticiens. Les acteurs pédagogiques concernés, à savoir le chercheur et les enseignants, savent au préalable, grâce à leur formation et à une pratique en classe, qu’on peut décrire une langue selon des perspectives différentes et qu’on doit éviter de s’enfermer dans telle ou telle théorie pour ne pas limiter notre champ d’investigation. Cependant, en tant 4 qu’enseignants marocains, nous sommes amenés, , à partir du postulat faisant de la grammaire traditionnelle, de par sa terminologie, sa présence inéluctable sur le terrain (en classe, dans les manuels, dans les Recommandations Pédagogiques et dans nos mémoires) une théorie incontournable. Elle devrait donc être l’élément à partir duquel se construiront les autres grammaires, c’est- à- dire une sorte de canevas sur lequel viendront se greffer les notions fondamentales à l’acquisition / apprentissage d’une langue étrangère et qui faciliteront l’assimilation de celle- ci tout en comblant les lacunes qui persistent. Ces notions seront empruntées à différentes théories ; (la grammaire générative , l’énonciation, la pragmatique, la grammaire textuelle), l’adoption de la grammaire traditionnelle résoudra ne serait- ce qu’un seul problème et qui est de taille : celui de l’homogénéité de la métalangue. Nous pensons que l’éclectisme s’impose de lui-même puisque ce qui prime c’est l’accomplissement de l’objectif final qui est de bien parler et écrire correctement le français. Pour cela, il faut travailler au niveau du "comment" . L’action principale consiste à enseigner les règles qui régissent l’usage d’une langue afin que l’apprenant puisse les réinvestir dans une communication. Dans notre hypothèse de travail, nous stipulons que l’enseignement de la grammaire en F.L.E devrait reproduire les particularités du système visé à partir d’un contexte précis reproduisant la situation idéale proche du réel afin de répondre aux attentes des élèves. Il ne s'agit pas ici de se préoccuper de la description de la langue en tant qu’objet, c’est- à- dire un système de signes dont il s’agit de décrire les différents types de combinaisons, mais de sensibiliser l’apprenant à l’exercice de combinaisons du sens et de la forme qui changent en fonction des situations, des contextes et de la position de l’énonciateur. La grammaire sera donc traitée d’un point de vue didactique, à partir duquel 5 seront étudiés ses aspects descriptifs et pédagogiques. A cet effet, il s’avère nécessaire de présenter les définitions relatives au concept « grammaire ».Nous proposons donc d’aborder les distinctions grammaire pédagogique/grammaire linguistique en veillant à relater les différentes acceptions qui ont marqué le champ didactique. Nous citerons, entre autres, Chomsky (1969), Berman (1979), Galisson (1983), Besse et Porquier (1984), Dirven (1992), Cuq (1996), Germain(1998). 6 I- CADRE THEORIQUE A- Les différents sens du concept « uploads/Philosophie/ 11grammaire-en-contexte.pdf

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