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HAL Id: dumas-01428018 https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-01428018 Submitted on 6 Jan 2017 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. L’institution d’autrui chez Merleau-Ponty : vers une intercorporéité expressive José Duarte Penayo To cite this version: José Duarte Penayo. L’institution d’autrui chez Merleau-Ponty : vers une intercorporéité expressive. Philosophie. 2016. ￿dumas-01428018￿ José DUARTE PENAYO L’institution d’autrui chez Merleau-Ponty Vers une intercorporéité expressive UFR 10 – Philosophie Mémoire de Master 2 Mention : Philosophie Parcours : Philosophie contemporaine : expérience, connaissance, création, interprétation Responsable du Master « mention philosophie » : Mr Philippe BÜTTGEN Responsable de la Specialité « Philosophie contemporaine » : Mr Jocelyn BENOIST Directeur du mémoire : Mr Guy-Felix DUPORTAIL Diplôme national de master / Année universitaire 2015-2016 1 Résumé Le problème d’autrui est traité de façon singulière dans la philosophie de Merleau-Ponty. Au-delà de l’abandon des présupposés de Phénoménologie de la perception et de la mise en place d’une ontologie charnelle dans les travaux ultérieurs, la pensée du sens de l’autre exprime une continuité fondamentale : toujours revenir à un terrain préalable aux dualismes modernes et penser le sens d’une participabilité en deçà de l’harmonie et du conflit. Autrui n’est pas la « négation interne » d’un ego, ni la trace d’un au-delà, mais la perspective d’un monde à entrées multiples. Nous nous attacherons à montrer comment le philosophe français substitue la logique de l’institution à celle de la constitution, afin de penser l’intersubjectivité dans les termes d’une intercorporéité expressive. Mots clés : Autrui - Intercorporéité - Institution Resumen El problema del otro tiene un tratamiento singular en la filosofía de Merleau- Ponty. Más allá del abandono de los presupuestos de Fenomenología de la percepción y de la puesta en obra de una ontología carnal en sus trabajos ulteriores, la reflexión sobre el sentido del otro expresa una continuidad fundamental: volver siempre a un terreno previo a los dualismos modernos y pensar el sentido de una participabilidad anterior a la armonía y el conflicto. El otro no es la « negación interna » de un ego, ni la huella de un más allá, sino la perspectiva de un mundo con múltiples entradas. Buscaremos mostrar como el filósofo francés sustituye la lógica de la constitución por une de la institución, afín de pensar la intersubjetividad en términos de una intercorporeidad expresiva. Palabras claves: Otro - Intercorporeidad - Institución 2 Remerciements Je tiens à remercier toute ma famille qui, par son appui inconditionnel, plein d’affection et de confiance, m’a encouragé à venir en France pour continuer mes études. Un énorme merci aussi à l’amour de ma vie, Alejandra, qui, dans les moments de doute, m’a apporté un grand soutien en s’intéressant à la progression de mon travail et en me prodiguant d’importants conseils. Enfin, je tiens à remercier mon directeur, Guy-Félix Duportail, non seulement pour sa gentillesse, sa disponibilité et ses conseils sur la thématique de ce mémoire, mais aussi pour ses inoubliables cours sur la phénoménologie et la psychanalyse. 3 Abréviations d’ouvrages de Merleau-Ponty: PP: Phénoménologie de la perception. PE: Psychologie et pédagogie de l’enfant. Cours de Sorbonne 1949-1952. PM: La prose du monde. S: Signes. IP: L’institution La passivité (Notes de cours au collège de France 1954-1955). VI: Le visible et l’invisible. NAT: La nature. Notes Cours du College de France. 4 Sommaire Remarques préliminaires en guise d’introduction................................................... 5 1. De l’inférence analogique au champ anonyme d’existence ........................... 11 1.1 L’inférence impossible d’autrui .................................................................. 13 1.2 Le corps propre et la réélaboration du sens de l’analogie ........................... 18 1.3 Le champ anonyme d’existence .................................................................. 25 2. Le intermonde social: entre la généralité du corps et le solipsisme vécu ......... 34 2.1 La généralité du corps ................................................................................. 36 2.2 La généralité du soi ..................................................................................... 43 2.3 Le monde social .......................................................................................... 48 4. L’institution d’autrui dans La prose du monde ................................................. 55 4.1 L’inscription d’autrui dans mon champ ...................................................... 57 4.2 La processualité de l’autre .......................................................................... 65 4. Le terrain commun de la chair du monde.......................................................... 76 4.1 Le miroir de la chair .................................................................................... 78 4.2 L’intercorporéité ......................................................................................... 86 4.3 L’imminence des autres .............................................................................. 96 5. Conclusions ..................................................................................................... 104 Bibliographie ....................................................................................................... 111 Textes cités de Merleau-Ponty ........................................................................ 111 Autres textes cités ........................................................................................... 111 Texte consultés ................................................................................................ 113 5 Remarques préliminaires en guise d’introduction Paul Valéry mentionne l’existence d’au moins trois notions différentes du corps. Le premier sens évoque le sentiment d’immédiateté de celui qui le vit. Il s’agit d’une évidence « inséparable de l’instant », moins somme des organes pris individuellement que halo vital qui nous traverse. Si chacun peut le nommer « mon corps », donnant à entendre par là un objet contingent et passible de possession, il n’est pas moins aussi le lieu d’une dépossession : « Nous en parlons à des tiers comme d’une chose qui nous appartient ; mais, pour nous, il n’est pas tout à fait une chose ; et il nous appartient un peu moins que nous ne lui appartenons… »1 Rien de plus propre que sa peau, ses mouvements et ses gestes, et pourtant rien de plus impropre aussi, car, justement, nous lui appartenons plus qu’il ne nous appartient. Limite et force, entrave et incitation, source de l’action comme de l’obstacle, nous n’en avons connaissance par la vue que de « quelques parties mobiles qui peuvent se porter dans la région voyante de l’espace de ce Mon corps »2. Inassimilable donc à l’esprit, mais aussi à la simple matière, il est une sensibilité « si mienne » qui pourtant ne cesse de se donner comme site d’une étrangeté fondamentale, voire comme « notre plus redoutable antagoniste »3. Ni objet reposant en soi-même, ni pur acte d’un dynamisme libre, « mon corps » véhicule tous mes rapports au monde, organise le spectacle perceptif et figure sa propre insertion dans un terrain d’appartenance. 1 Valéry, Paul, Œuvres I, « Réflexions simples sur le corps », Pléiade, Gallimard, 1957, Paris, pp. 926-927. 2 Ibidem., p. 927. 3 Idem. 6 Le progrès de ces considérations fait déjà ressortir un excès dont l’assomption empêche une définition unique du sens du corps. Il y a de cette sorte un « second corps », intimement lié au premier et dont la caractéristique principale est d’être « celui que […] voient les autres, et qui nous est plus ou moins offert par le miroir et les portraits »4. Ce qui, dans la première définition, a été posé comme la « substance » d’une présence, le sentir d’une vie jetée au monde, acquiert dès lors l’attribut d’une figuration et d’une surface visibles. Par notre corps, non seulement nous sommes en prise sur le monde, mais nous sommes l’occasion d’un regard, le motif d’un désir : « il est celui qui a une forme et que saisissent les arts ; celui sur lequel les étoffes, les parures, les armures s’ajustent »5. « Mon corps » est aussi « le corps pour autrui », c’est-à-dire ce qui, en nous insérant au monde, nous expose comme forme, geste et style. Par lui, nous accédons autant à l’apparaître des choses qu’à l’apparition de nous-mêmes dans l’horizon d’un monde. C’est à partir de ces deux caractérisations que les opérations idéalisantes de l’esprit constituent la troisième définition du corps, qui « n’a d’unité que dans notre pensée, puisqu’on ne le connaît que pour l’avoir divisé et mis en pièces »6. C’est le corps objectivé de la science dans ses différents domaines : l’anatomie, science morphologique consacrée principalement aux structures macroscopiques du corps humain, l’histologie, discipline dédiée à l’étude des tissus, et la cytologie, qui a affaire aux structures cellulaires. Cette division du corps en différents champs d’étude, soustraite au domaine proprement perceptif, avec ses 4 Ibidem., p. 928. 5 Idem. 6 Ibidem., p. 929. 7 rapports objectifs respectifs, est loin d’être le sens unique et premier de la corporéité. Au contraire, il est un produit culturel spécifique, circonscrit aux conditions exceptionnelles d’expérimentation et observation, de telle sorte que la possibilité de son élaboration dépend du fait même que le corps soit d’abord le véhicule d’une participation pratique au monde. Avant d’être un objet capturé par le régime discursif de la science, le corps indique le mouvement d’une vie, le lieu d’une expérience et le mode fondamental qu’a la subjectivité de se présenter aux autres. Cependant, ces trois définitions épuisent-elles le sens d’être du corps ? Entre « mon corps » comme vécu des « instants », le « corps pour autrui » comme visibilité et le « corps objectif de la science » comme abstraction, n’y a-t-il pas une autre définition irréductible à ces trois notions ? C’est en ce sens que Valéry parle d’une sorte de « uploads/Philosophie/ 2016-dua-ins.pdf

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