Traduction : définition du concept et présentation des théories de la traductio

Traduction : définition du concept et présentation des théories de la traduction Cristina STAN (HETRIUC) Université « Ştefan cel Mare » Suceava, Roumanie stan_m_c@yahoo.com Abstract: The study synthesizes the main translation study theories in the francophone space, gives the definitions of translation following different approaches and compares different opinions in the translation field. Keywords: translation theory, definition of the translation. L`extension sémantique du concept de traduction est extrêmement large, couvrant non seulement des textes, mais également des constructions sémiotiques de taille, de forme et de contenu divers, dérivant de la multiplication des visions sur les sciences de langage ayant remplacé l`unique perspective linguistique, influencée par la philosophie, l`herméneutique et psychologie. Ainsi, peut-on prendre le terme au sens large d`un transfert linguistique, d`interprétation de tout ensemble signifiant à l`intérieur de la même communauté linguistique ou bien de translation du discours mental en discours verbal. Geogiana Lungu- Badea offre dans son Mic Dicţionar de termeni utilizaţi în teoria, practica şi didactica traducerii (Editura Universitatii de Vest, 2008) une définition exhaustive, générale qui synthétise les différents courants traductologiques. La traduction est un mot polysémantique, parmi les significations duquel on mentionne : 1. l`opération de traduction, 2. son résultat, 3. la discipline proprement- dite. Le statut de la traduction est complexe, chaque théoricien l`aborde sous un autre langue. Pour Philippe Torget, cité par Magda Jeanrenaud (Universaliile traducerii, 2006), la traduction signifie le passage d`un message d`une langue dans une autre, la construction d`un espace accueillant où l`identité et l`altérité se rencontrent. Selon Roman Jakobson (apud Magda Jeanrenaud, Universaliile traducerii, 2006), traduire c`est traduire les significations lexicales et grammaticales d`une langue. Pour la théorie interprétative, traduire c`est faire comprendre le sens d`une phrase. Pour Lederer (Qu`est-ce que la traductologie? 2006), la traduction consiste à restituer une identité de sens dans une équivalence des formes ; à cela s`ajoute, selon Delisle, les paramètres de la communication et les contraintes imposés aux traducteurs. Selon Lieven D`hulst (La traduction- contact de langues et de cultures (coord. Ballard, 2006), le terme de la traduction comporte deux définitions. En premier, la traduction est une opération linguistique donnant lieu à un produit linguistique équivalent à un produit linguistique antérieur relevant d`une autre langue et d`une autre culture. Deuxièmement, la traduction est une opération culturelle donnant lieu à un produit culturel correspondant à un produit antérieur relevant d`une autre culture. Cette opération prend des formes diverses telles que la paraphrase, l`analyse, la transposition dans un autre système de signes, photographique, audiovisuel. Berman (La traduction et la lettre ou l`auberge de lointain, 1999) affirme que la traduction est un dépassement, une mise en place d`un rapport dialogique avec l`Autre en tant qu`Autre. Pour Ballard (La traduction- contact de langues et de cultures (coord. Ballard, 2006), la traduction n`est pas simplement une opération sur les langues en tant que telles, la traduction concerne le discours produit à l`aide des langues dans des cultures différentes ; la traduction est un phénomène portant sur les textes. Umberto Eco (Viviana Agostini Ouafi, La traduction littéraire, Des aspects théoriques aux analyses textuelles, 2006) tout en prenant en compte de concepts comme intentio operis, affirme que la traduction est une forme d`interprétation et qu` en partant de la sensibilité et de la culture du lecteur d`arrivée, la traduction doit viser à retrouver, sinon l`intention de l`auteur, au moins l`intention du texte- source, ce que ce texte dit ou suggère par rapport à la langue qui l`exprime et le contexte culturel qui l`a vu naître. Ladmiral synthétise tous ces essais de définition : « Si l`on synthétise la plupart des définitions qui entreprennent de saisir ce qui fait la nature de la traduction, on viendra à un énoncé de base du type: la traduction produit un texte-cible sémantiquement, stylistiquement, poétiquement, rythmiquement, culturellement, pragmatiquement équivalent au texte-source.1 La traduction est un cas particulier de convergence linguistique ; au sens le plus large, elle désigne toute forme de « médiation inter linguistique », permettant de transmettre l`information entre locuteurs de langues différentes. La traduction fait passer un message d`une langue de départ ou langue- source dans une langue d`arrivée ou langue-cible. La traduction désigne à la fois la pratique traduisante, l`activité du traducteur au sens dynamique et le résultat de cette activité (le sens statistique), le texte-cible lui-même. »2. De la traduction verres colorés, verres transparents de Mounin, à la traduction éthique et ethnocentrique de Berman, à la traduction décentrement ou dépaysement et annexion de Meschonnic, à la traduction sourcière et cibliste de Ladmiral, en passant par la traduction- enrichissement de Ballard, par la théorie du polysystème, par la théorie interprétative, communicationnelle, par la skoposthéorie, s`impose un bref examen de tous ces courants. Georges Mounin est celui qui, par son ouvrage de 1955, Les Belles Infidèles, a déterminé chez les traducteurs et les théoriciens de la traduction, la conscience de l`importance d`avoir une culture de la traduction. A partir de ce moment-là, il est impossible de parler de la traduction sans connaître la multitude de discours à son égard, sans en faire des connexions et en trouver des explications. L`auteur distingue deux grandes classes : les traductions qu`il compare aux verres transparents (les traductions qui ont l`air d`avoir été directement pensées puis rédigées en français) et celles qu`il compare aux verres colorés (les traductions qui contiennent des éléments qui signalent son étrangeté, qui rappellent le fait qu`on lit en français un texte rédigé dans une autre langue). 1 Jean René Ladmiral, Traduire: théorèmes pour la traduction, Gallimard, 1994, p. XVIII. 2 Idem, p. 11. Antoine Berman est celui qui travaille, par ses livres, à créer une science qui étudie le phénomène de traduction dans sa complexité. Dans Pour une critique des traductions : John Donne, 1995 il décrit le concept de critique productive, fonde en raison un nouveau genre critique, présente sa méthodologie et ses étapes. Sa démarche part de l`herméneutique de Heidegger et elle se veut une réflexion éthique, poétique et historique sur la traduction. Toute traduction implique une compréhension ; on doit comprendre les textes, selon ses deux aspects : d`un côté l`analyse linguistique et historique de l`interprétation grammaticale et de l`autre côté l`interprétation à partir de la subjectivité de l`auteur. La traduction doit faire œuvre (être poétique) tout en restant une offrande au texte original (être éthique). A ce type de traduction éthique s`oppose la traduction ethnocentrique, qui annihile toute trace d`étrangeté, qui fait disparaître les caractéristiques du texte original, qui les ramène au modèle de la culture vers laquelle on traduit. La traduction heurte la structure ethnocentrique de toute culture, néanmoins, on doit faire de sorte qu`on reçoive l` Autre dans son espace. Pour Meschonnic (Poétique du traduire, 1999), la traduction est révélatrice de la pensée du langage et de la littérature, elle est l`élément d`échange et de connaissance entre les cultures. Il utilise le terme de poétique en défaveur du terme de traductologie, puisque cette notion signale plus clairement le fait que la traduction tient ensemble la théorie de la littérature et celle du langage. Elle s`érige, de même, en théorie critique contre la théorie du signe qui ignore le discours et le rythme, comme organisation de l`historicité du texte. La poétique reconnaît le travail de la pensée qui transforme les valeurs de la langue en valeurs de discours. Pour l`auteur, la traduction est décentrement dans le sens où elle est apporte à la langue d`arrivée des constructions nouvelles à la suite des calques lexicaux ou syntaxiques ainsi qu`une vision non-altérée de la culture de provenance. La traduction est annexion dans la mesure où elle est adaptation à la culture d`arrivée et effacement des signes de la présence de l`Autre. Traduire d`une manière éthique, non-effaçante, c`est traduire le rythme, qui n`a plus rien à voir avec le rythme prosodique, mais qui est « l`organisation et la démarche même du sens dans le discours, l`organisation du mouvement dans la parole, l`organisation d`une discours par un sujet et d`un sujet par son discours. »3. 3 Henri Meschonnic, Poétique du traduire, Verdier, 1999, p. 116. Traduire le rythme résout l`ancienne dispute qui consiste à privilégier soit le sens soit la forme. Le discontinu du signe est remplacé par le continu du rythme. L`attention doit se tourner vers le rythme, la prosodie qui constituent l`oralité du discours et non pas vers l`écrit. Toute texte signifie quelque chose depuis la ponctuation jusqu`à l`ordre des groupes et des mots, au nombre et à la place des modalisateurs, toute texte a une rythmique propre, une oralité propre. On ne doit pas, en traduisant, passer de la poétique orale du texte à un code écrit. Meschonnic exige de la part d`une traduction le respect du nombre des paragraphes, de la ponctuation, du même nombre des phrases que dans l`original. Les suppressions réalisent un masquage des signifiants. En conséquent, ce n`est pas au sens qu`on doit accorder la primauté, mais à la signifiance. Celle-ci est disséminée partout dans le texte et elle n`est pas constituée seulement par les signifiés, par le sens, mais aussi par une multitude de signes, qui englobent la prosodie, la stylistique, la uploads/Philosophie/ 69-65-1-sm.pdf

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