Rendez-vous avec la conaissance Le Manuscrit www.manuscrit.com Eric Coulon Rend

Rendez-vous avec la conaissance Le Manuscrit www.manuscrit.com Eric Coulon Rendez-vous avec la connaissance La Pensée de Raymond Abellio PHILOSOPHIE  Éditions Le Manuscrit, 2004. 20, rue des Petits-Champs - 75002 Paris Téléphone : 01 48 07 50 00 Télécopie : 01 48 07 50 10 www.manuscrit.com contact@manuscrit.com ISBN : 2-7481-4701-4 (Fichier numérique) ISBN : 2-7481-4700-6 (Livre imprimé) « Il n’est point de rencontre dite fortuite qui n’ait, on le sait, dans l’invisible, pleine valeur de rendez-vous. » Raymond Abellio INTRODUCTION La philosophie n’a-t-elle pas de tout temps aspiré à la scientificité ? N’est-elle pas même apparue lorsque l’idéal de scientificité a commencé à s’imposer avec force à la pensée comme son horizon et sa finalité essentiels ? Si, comme nous le pensons, c’est la prise de conscience progressive de cet idéal — de son sens mais aussi des exigences et des enjeux qui émanent de lui — qui peut être considérée comme l’acte fondateur et identifiant de la philosophie entendue comme nouvelle tâche assignée à l’être humain, il va de soi, telle une évidence irréfragable et salutaire, que c’est cette même philosophie qui doit dès lors être comprise et vécue comme le dépositaire permanent de cet idéal, comme l’instance ayant la multiple et précieuse charge d’en révéler l’existence, de l’articuler, d’en rappeler et d’en préserver l’importance et, enfin, épreuve des épreuves, d’assumer et d’incarner toutes les dimensions, toutes les modalités qui le constituent ainsi que toutes les assignations qu’il adresse à l’être humain. Rappelons, s’il est besoin, que cet idéal appartient essentiellement à et n’est déterminant que pour la culture occidentale, ce qui la caractérise et, par conséquent aussi, la distingue. Que cet idéal, dont on peut affirmer qu’il a été puissamment réactivé avec le vingtième siècle et qu’il est devenu déterminant surtout depuis la fin de la seconde guerre mondiale, anime aujourd’hui un grand nombre de recherches et de réflexions philosophiques, cela est indéniable. Mais s’agit-il toujours du même idéal ? Il ne faut en effet pas perdre de vue qu’entre le moment antique de la conception et de la naissance de la philosophie et les développements les plus récents de cette dernière a eu lieu un événement culturel décisif qui est venu bouleverser le cours des choses, l’univers des idées et des valeurs et donc le rapport général au monde qui structurait toute une civilisation. Cet événement lourd de conséquences pour l’Occident se présente comme l’advenue du mouvement, de nature essentiellement intellectuelle, caractérisé par l’exil de cet idéal loin des grandes questions universelles et fondatrices posées et affrontées par la philosophie, exil instaurant dans un même temps une discipline particulière nommée science, celle-ci s’étant imposée depuis, en le déterminant selon de nouveaux critères, comme le seul garant légitime de cet idéal. Dès lors, c’est à ce nouvel idéal de scientificité, oublieux de ses origines mais aussi des enjeux vitaux dont il était porteur, que s’est rattaché en même temps qu’attaché, comme à un modèle de rigueur et d’exigence, l’esprit occidental. Et donc aussi une part importante de la pensée philosophique. L’idéal que représentait la constitution d’une philosophie comme science — aspiration formulée en ces termes par Husserl au début du vingtième siècle — a été progressivement et massivement remplacé par l’effectivité d’une pratique philosophique s’élaborant et se déployant sur le modèle des sciences, autrement dit sacrifiant à un type de rationalité tout à fait étranger, selon nous, à l’essence même du philosopher et trahissant par là même le travail et la finalité de la raison inscrits dans cette essence. Face à la domination persistante de cette rationalité, l’époque contemporaine ne semble plus offrir à la conscience — comme spectacle et comme voie — qu’une seule et même alternative : la soumission à l’esprit positiviste ou l’abandon au relativisme. Ou la raison instrumentale ou la dénégation des pouvoirs de la raison. Le seul diagnostic possible d’une telle situation est alors, selon nous, le suivant : la plupart des philosophes actuels ne croient plus en la philosophie. Cela ne signifie pas qu’ils ont démissionné, ce qui laisserait penser qu’ils ont néanmoins toujours conscience de la mission qui était la leur, mais qu’ils ont tout simplement oublié, dans un redoublement de l’oubli, un « oubli de l’oubli » comme dirait Heidegger, ce qu’être philosophe signifie et implique originairement et universellement. Ces considérations nous amènent nécessairement à avancer que la profondeur et la portée d’une pensée peuvent être évaluées et estimées en fonction de la teneur et de la tonalité du rapport qu’elle entretient avec l’idéal dont il est ici question. Ce Rendez-vous avec la connaissance que nous proposons avec cet essai n’est rien d’autre qu’une tentative d’identification et de clarification de l’un de ces rapports. Il fut mis en œuvre et incarné par celui qui, initialement baptisé Georges Soulès, prit par la suite, par un nouvel acte baptismal consacrant et scellant une nouvelle naissance, au détour d’une existence marquée par les ruptures, les passages, les changements, les transformations et les résolutions, le nom approprié et révélateur de Raymond Abellio. Ce rapport a ceci de singulier et de fondamental à nos yeux que la science qu’il vise et à laquelle il renvoi est moins épistêmê ou mathêsis que gnôsis. Dès lors, la philosophie constituée, vécue et proposée par Raymond Abellio peut ainsi être indifféremment appelée connaissance. Philosopher équivaut pour lui à connaître, et cet acte décisif et intégral renvoie chez lui à cette troisième faim qu’est la faim de connaissance - expression qui ne désigne rien d’autre que l’essence de la philosophie elle-même mais qui, parce qu’elle n’est pas tombée dans le domaine public, parce qu’elle n’évoque aucune réalité institutionnelle et disciplinaire et, surtout, parce qu’elle met l’accent sur la dimension vitale, nécessaire, dynamique et incarnée de l’élan philosophique, évoque et signifie bien mieux l’état intérieur d’Abellio. Ce feu intérieur insistant et inaltérable - puissance non pas irrationnelle mais a-rationnelle, universelle et transcendantale - qui ne se satisfait d’aucune compromission ni d’aucun à peu près, qui ne souffre aucune démission ni aucune lâcheté, est le facteur déterminant qui conduisit Abellio à établir ce rapport singulier et fondamental avec la question, le motif et l’enjeu épistémologiques, plus précisément gnoséologiques. Ce Rendez-vous avec la connaissance a donc pour but de faire signe vers cette singularité fondamentale qu’est l’engagement intègre et global — existentiel, intellectuel et spirituel — d’Abellio dans la quête du sens et dans l’actualisation de cet idéal de scientificité dont s’est épris depuis son origine la réflexion philosophique. Si nous pouvons affirmer que c’est en raison de sa lucidité, de son ampleur et de son intensité mais aussi parce qu’elle est fondatrice d’une nouvelle et efficiente Méthode1, d’une nouvelle et positive rationalité, tant réclamées 1 Loin des velléités contemporaines stériles, dans l’accomplissement de sa quête d’une « méthodologie d’un type nouveau » qui ne se réduise ni à une simple formalisation vide ni à une recette ou un exercice psycho-physiques mais qui soit essentiellement et synchroniquement vision incarnée et assomption de la chair du monde, qui passe donc par l’épreuve, la spécification, l’intégration et la mise en œuvre d’un contenu réel, qui se présente par conséquent à la fois comme théôria et prâxis, c’est-à-dire comme véritable outil d’accomplissement de soi et du monde en pleine conscience et en pleine clarté, Abellio se trouva logiquement confronté au problème brûlant et capital de l’actualisation et de l’accomplissement personnels, mais aussi, de surcroît, de l’expression et de la transmission de cette même méthodologie. S’imposa en effet rapidement à lui, comme enjeu gnoséologique fondamental répondant aux exigences qu’il désirait incarner, corrélativement à la recherche de ce qu’il a appelé « la méthode de structuration », la nécessité de réfléchir à en même temps que de vivre une « structuration de la méthode » adéquate. Ce dont Abellio prit en effet conscience, témoignage supplémentaire à la fois de la rigueur et de la lucidité avec laquelle il accomplit sa quête mais aussi du caractère singulier et fondamental de celle-ci, c’est qu’il ne pouvait y avoir de fondation possible d’une telle méthodologie qu’au travers d’un double mouvement mettant en jeu simultanément un questionnement portant sur la nature et le sens de celle-ci et une mise à l’épreuve individuelle concrète et conséquente des exigences qui en commandent l’existence. C’est parce que cette nouvelle Méthode exige et engage plus que la seule vision et demeure insaisissable par une simple démonstration linéaire, qu’il est particulièrement difficile pour nous de la dire et pour le lecteur de la comprendre et de la vivre. Par ces précisions concernant les conditions et les limites de l’accès à la pensée et à l’œuvre d’Abellio, nous souhaitons dès à présent indiquer ce dont il est question dans cet essai et prévenir toute critique hâtive. aujourd’hui, autant de qualités qui la rendent fondamentales, que nous avons choisi d’exposer et de présenter la pensée d’Abellio, cette présentation, justement à cause du caractère singulier de l’engagement qui demeure attaché à cette pensée, singularité définie par rapport à l’intellectualité de notre époque mais aussi au regard de l’histoire des idées, cette présentation donc ne pouvait prendre d’autre forme que celle uploads/Philosophie/ abelio.pdf

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