Advaita-Vedanta et Religion-Sagesse ADVAITA VEDANTA et RELIGIONSAGESSE 1. INTR
Advaita-Vedanta et Religion-Sagesse ADVAITA VEDANTA et RELIGIONSAGESSE 1. INTRODUCTION L'Inde antique nous a légué ses nombreuses traditions spirituelles comme autant de pistes dans cette chasse au trésor que l'humanité entreprend à chaque renaissance. Les Védas sont reconnus comme les premiers textes ayant capturé par écrit l'ensemble des connaissances existantes alors sur ce continent. Composés essentiellement de rituels utilisés dans toutes les activités de la vie sociétale d'alors, que ce soit les prières, invocations et incantations aux divinités, les méthodes de guérison, les épisodes mythiques,... ce sont surtout des traités pratiques, à l'exception du RigVéda qui comporte des hymnes historiques et cosmogoniques. Le plus connu d'entre eux étant l'hymne 10.129 du RigVeda qui figure au début du texte de la Doctrine Secrète. Depuis 1805, 51 traductions de cet hymne en langage occidental ont été réalisées (36 en anglais, 3 en français – Langlois et Renou et 12 en allemand). Il faudra attendre les Upanishads pour disposer de traités plus philosophiques, exposant les concepts de base de cette grande tradition. Le Vedanta, qui signifie « fin ou dernière partie du Véda » est une véritable exégèse des Upanishads. Dans le langage courant, Védanta désigne le système de philosophie théologique tel qu'il a été édifié par les « cinq grands commentateurs » (Shankara, Ramanuja, Nimbarka, Madhva et Vallabha) . Le Vedanta est une voie triple qui s'appuie sur les Upanishads comme révélation (sruti), la Bhagavad Gita comme tradition écrite (smriti), et les Brahmasutras comme texte de base de l'exégèse littérale. Contrairement au Samkhya qui s'appuie sur le raisonnement, le Vedanta base chaque point de sa doctrine sur la révélation qui est considérée comme le critère de la vérité par excellence. Les Brahmasutras formaient l'ossature d'un enseignement oral qui s'est perdu : les plus anciens commentaires que nous en avons datent de plusieurs siècles plus tard. La doctrine repose sur la notion de l'unité de la réalité spirituelle, manifestée dans son double aspect du Soi individuel (atman, jiva), et du Soi suprême ou brahman. On la qualifie de monisme, le terme d'AdvaitaVedanta s'appliquant à un monisme absolu tel qu'enseigné par Sri Shankaracharya. Le monisme est une doctrine qui part de l'affirmation que tout ce qui existe, depuis le plus simple élement existant jusqu'à l'univers tout entier, constitue un tout unique, constitué d'une seule substance. La démarche proposée par le Vedanta sera la recherche, la découverte de cette unité. Sa finalité en est la délivrance de la ronde des renaissances par la réalisation de l'unité de l'être, la résorption du jiva dans le brahman, l'abolition de l'ignorance et du karman. La méthode pratique consiste en une combinaison de connaissance et d'intuition, le véhicule en est la dévotion et la méditation. Les successeurs de Shankaracharya vont réintroduire un Dieu suprême, l'Ishvara, principe actif de ce Tout, support de la forme religieuse du courant de pensée qui servira de base aux diverses sectes du Shivaisme et du Vishnouisme. Une théologie va résulter de ce changement important. Celleci va drainer croyances et doctrines où tous les mouvements spéculatifs de l'Hindouisme postShankara vont y trouver leur inspiration. Le tantrisme ancien va venir se mêler à cette philosophie et générer cette abondance et diversité des formes que revêtent les mouvements qui en sont issus. Les textesracines, appelés Vedantasutras ou Brahmasutras sont attribués au rishi Badarayana, identifié avec Vyasa, l'auteur fabuleux des Puranas. Ils sont constitués de 555 aphorismes qui sont surtout une suite de discours visant à présenter les thèses principales du Védanta et à réfuter les autres systèmes de pensée existants alors, principalement contre le Samkhya, le Nyaya, et le Bouddhisme. Il n'existe aucune certitude quant à leur datation. Sur la base de la tradition des grammairiens sanscrits, Jacobi les positionne autour du 3ème siècle avant notre ère. Shankarcharya va apparaître comme le premier commentateur de ces sutras dont le texte a été Page 1/9 Advaita-Vedanta et Religion-Sagesse conservé. Son activité est identifiée entre la moitié du 8ème siècle et le début du 9ème siècle de notre ère (788820). Il semble qu'il ait été l'élève de Govinda, luimême disciple de Gaudapada, commentateur célèbre de la MandukyaUpanishad , les GaudapadaKarika ou Agamashastra. On attribue beaucoup d'ouvrages à Shankara, dont le Vivekashudamani, traité dogmatique, l'Upadeshasahasri, dialogue théologique, et l'Atmabodha, commentaire sur les karika de Gaudapada. Il a aussi écrit un commentaire sur la Bhagavad Gita, mais son ouvrage le plus connu reste son imposant commentaire sur les Brahmasutras, le Brahmasutrabhashya. Afin de pénétrer dans cet univers, celui du Védanta, nous allons nous appuyer sur un des ouvrages qui a bénéficié d'une traduction en français, le VivekaShudaMani – le plus beau fleuron de la discrimination ainsi que sur quelques commentaires écrits par Shankaracharya et ses disciples, notamment le Panchikaranam de Sri Sureshvaracarya. 2. VIVEKACUDAMANI Le thème fondamental de cette doctrine peut se formuler ainsi : « Seul, Brahman est réel ; l'univers est irréel, et l'âme individuelle n'est autre que l'Âme universelle. » Ou bien, dit autrement, la Réalité est UNE, notre perception de l'univers est une myriade de formes, couleurs, senteurs, odeurs, saveurs, sons, et de pensées nous donnant l'impression d'une forme de réalité qui est différente pour chacun et à chaque moment, qui peut être qualifiée d'irréelle, même si nous nous y accrochons très fermement. Enfin, l'affirmation de l'identité de l'âme individuelle et de l'Âme universelle nécessite la lecture de l'ouvrage pour une compréhension de sa signification. Madame Blavatsky l'a exprimé de façon identique dans la Voix du Silence quand elle parle de l'état de Samâdhi : « Et maintenant ton soi est perdu dans le SOI, toimême en TOIMÊME, absorbé dans Le SOI dont tu as rayonné tout d'abord .» L'ouvrage – le VivekaCudaMani débute avec une mise en garde : « La libération est une chose rare ». Je crois que nous l'avons constaté autour de nous. Les causes invoquées sont : la difficulté pour toute créature d'accéder à la condition humaine, de prendre avec dévotion le sentier de la spiritualité et d'acquérir la parfaite connaissance des Écritures sacrées. Le bouddhisme considère aussi l'incarnation dans un corps humain comme extrêmement précieux. La théosophie enseigne que ce type d'incarnation est le résultat d'un cycle évolutif qui se compte en centaines de millions d'années. Ceci illustre bien, à notre échelle de temps, la valeur d'une incarnation dans un corps humain. Dans ces conditions, ne pas se consacrer, ou au minimum s'intéresser, au chemin spirituel, est, pour l'auteur, une hérésie : « Y atil un insensé comparable à l'être qui, possesseur d'un corps humain,..., s'abstient de l'effort qui lui permettrait d'atteindre le véritable but de l'existence ! ». Les prérequis sont ainsi énoncés : « Celui qui sait discriminer le Réel de l'irréel – dont le mental est détourné de l'irréel – qui possède le calme de l'esprit et les vertus cardinales, et qui, enfin, aspire à la liberté, est seul considéré comme dûment qualifié pour entreprendre l'investigation dont Brahman est le suprême aboutissement. » Quatre vertus cardinales forment le socle de la pratique proposée par le VivekaCudaMani : 1. viveka la discrimination entre le Réel et l'irréel. Nous avons entendu au début que la Réalité est Brahman, et que l'univers est illusoire. La discrimination est cette capacité à concevoir dans un premier temps, puis à voir cette dichotomie crée par Maya, ou pouvoir d'illusion. Pour ce faire, il nous faut bien comprendre ce qu'est Maya, la Grande Enchanteresse. Elle existe de toute éternité, c'est le Pouvoir même du Seigneur, sa Shakti. En tant que Cause première, elle est supérieure Page 2/9 Advaita-Vedanta et Religion-Sagesse à tous ses effets. C'est elle qui a projeté tout l'univers. Elle est constituée par les trois gunas – rajas, tamas et sattva qui, lorsque l'univers n'existe plus – en état de pralaya – sont dans un état d'équilibre parfait. Le point de départ de toute évolution cyclique va être la rupture de cet équilibre. On notera que les modèles cosmologiques scientifiques de notre époque expliquent la théorie de la naissance de l'univers par une rupture de symétrie (entre matière et antimatière). Le verset 109 nous donne une description de Maya qui peut dérouter même un intellect solide : « On ne peut dire d'Elle ni qu'Elle existe, ni qu'Elle n'existe pas, ni qu'Elle participe, à la fois, de l'existence et de la nonexistence ; Elle est ni homogène, ni hétérogène, ni l'un et l'autre à la fois ; Elle n'est pas composée de parties ; Elle ne constitue pas un tout indivisible, et Elle n'est pas, à la fois, l'un et l'autre. Maya – la grande Merveille – échappe à toute description ! ». Nous voilà bien avancés ! pourraiton dire. Notre intellect dont la logique de raisonnement ne supporte aucun sophisme, se trouve impuissant à produire un concept mental satisfaisant pour celui qui questionne. Maya, la Grande Enchanteresse, n'est pas saisissable dans notre référentiel de pensée. La caractéristique de Maya est son inintelligibilité même. On ne peut en donner aucune preuve, … sinon ce serait une chose réelle... Seule la perception du Réel fait disparaître Maya, tout comme la uploads/Philosophie/ advaita-vedanta-et-theosophie.pdf
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- Publié le Sep 07, 2022
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