L’ÊTRE ET LESCIRCONSTANCES Livre I: Pensée circonstancielle et Pensée ontologiq

L’ÊTRE ET LESCIRCONSTANCES Livre I: Pensée circonstancielle et Pensée ontologique Oscar Brenifier Leila Millon Livre II: Le symptôme de l’imposture Oscar Brenifier Kathryn Cook Viktoria Chernenko Editions Alcofribas Novembre 2022 Oscar Brenifier est le président et co-fondateur de l’Institut de Pratiques Philosophiques, basé à Paris. Il a un doctorat en philosophie et il promeut la pratique philosophique depuis de nombreuses années sur le plan international. Ses spécialités sont entre autres la consultation philosophique, la philosophie pour les enfants, la philosophie en entreprise, la didactique de la philosophie. Il a rédigé plus de cinquante ouvrages, pour en- fants et adultes, traduits en une trentaine de langues. Il est également l’un des auteurs du rapport de L’Unesco ”La philosophie, une école de liberté ”. Leila Millon a grandi dans la pratique philosophique et est im- pliquée dans des activités philosophiques depuis son plus jeune âge. Depuisquelques années, elle dirige la plupart des activités anglaises et françaises de l’Institut de Pratiques Philosophiques. Elle a également étudié la musique, et est diplômée de l’UQAM (Université du Québec à Montréal) en musique et en chant. Elle mène une vie artistique où elle allie à la fois musique et philosophie. Ses spécialités dans la pratique sont la consultation philosophique, la formation de praticiens et les ateliers de pensée critique. Kathryn Elizabeth Cook est une praticienne en philosophie spé- cialiséedanslesateliersdepenséecritiqueetlesconsultationsprivées. Elle est titulaire d’une maîtrise de l’Université Purdue et introduit la méthode socratique dans la philosophie de l’enseignement en classe et le débat sur le coaching à l’Université Lynn aux États-Unis. Elle a été forméeàl’InstituteofPhilosophicalPracticeetàl’InstituteofThinking and Dialogue et est une praticienne certifiée de l’American Philosoph- ical Practitioners Association. Viktoria Chernenko Praticienne en philosophie, fondatrice de l’ITD (Institut de la Pensée & du Dialogue). M.A. en psy- chologie, doctorant en philosophie. Elle promeut la pratique philosophique depuis 12 ans dans plus de 20 pays, organisant des ateliers et des consultations individuelles. Co-auteur de livres en anglais, russe et chinois. Auteur de programmes sur le conseil philosophique, le développement personnel et la pensée critique pour adultes et enfants. Remerciements: Isabelle Millon pour son travail de relecture. Toute l’équipe de l’IPP pour les divers dialogues et propositions. Remerciements à SAG, qui a inspiré ce livre, malgré lui… Contents I Pensée circonstancielle et pensée ontologique Chapter 1 Pensée circonstancielle 1 Chapter 2 Pensée ontologique 14 Chapter 3 Pensée circonstancielle (PC) et pensée ontologique (PO) 24 Chapter 4 Externalisation du sujet 30 Chapter 5 Réduction 32 Chapter 6 Mauvaise foi 34 Chapter 7 Victimisation 37 Chapter 8 Complaisance 39 Chapter 9 Autoprotection 41 Chapter 10 Facilité 43 Chapter 11 Procrastination 44 Chapter 12 Besoin 45 II Le symptôme de l’imposture 46 Chapter 1 L’imposture circonstancielle 47 Chapter 2 Arrogance 54 Chapter 3 Addiction 57 Chapter 4 Divertissement et transcendance 78 Chapter 5 L’imposture de la pensée positive 82 Chapter 6 L’imposture morale 85 Chapter 7 L’envie comme imposture 91 Chapter 8 L’imposture de la transcendance 103 Chapter 9 L’imposture romantique 113 Book I: Pensée circonstancielle et pensée ontologique Chapter 1 Pensée circonstancielle Lescirconstancessontlesconditions,événementsetsituationsliésàunphénomène et l’affectant, qu’il s’agisse d’une action personnelle ou d’un événement imperson- nel. Le terme “circonstance” vient du latin circumstare (encercler, englober), il est construit avec circum « autour » et stare « se tenir ». Cela renvoie donc à des paramètresextérieursouaucontexteaffectantlacauseetlaformed’unphénomène, l’idée de « se tenir » désignant une caractéristique plus substantielle ou essentielle d’un phénomène, son centre de gravité, ce qui demeure solidement. Dans le cas d’un « sujet libre », comme l’être humain, les circonstances d’une action renvoient avant tout à ce qui n’est pas sous l’emprise de ce sujet. Une circonstance est donc un élément ou un ensemble d’éléments qui vont con- ditionner, contextualiser, modifier, minimiser ou souligner un fait ou un événe- ment fondamental ou essentiel. Elle va déterminer une ambiance, un environ- nement, une réalité, produire le contexte dans lequel un phénomène se produit. Le principe de la pensée circonstancielle est de tendre à expliquer une situation à partir d’événements externes ou environnants, qui ne font généralement pas partie intégrante du sujet lui-même; il s’agit plutôt de personnes, d’événements, de faits ou de divers facteurs en interaction avec lui, extérieurs à lui. Par le terme sujet, nous entendons ici l’entité, avant tout un être humain, qui est au centre du prob- lème, la principale cause de l’action, considérée « libre ». Le problème qui se pose alors est de déterminer dans quelle mesure un phénomène est attribuable au sujet lui-même ou à ces facteurs externes. Souvent, lorsqu’on essaie d’expliquer une situation donnée par des facteurs ex- ternes, on mentionne couramment la famille, l’éducation, l’environnement immé- diat, des personnes spécifiques, la culture ou la société dans son ensemble, tout ce qui peut être utilisé pour décrire un contexte. Ensuite, le passé d’une personne, son histoire de vie, ses expériences diverses, notamment désagréables, difficiles ou traumatisantes, ses habitudes, sont aussi souvent utilisés pour rendre compte d’une action ou d’un comportement spécifique, comme s’il s’agissait d’un facteur extérieur au sujet à un moment donné, bien qu’ils constituent son moi intérieur. Unetroisièmemodalitécirconstancielleestl’explicationtranscendantale,seréférant àunepuissancesupérieure,nicontrôlablenivraimentexplicable,plutôtmystérieuse et implacable, comme Dieu, le karma, le destin, la nature, la fatalité, la malédic- tion, le malheur, bien que nous prétendions pouvoir observer son effet et l’impact sur le sujet. Quatrièmement, avec des prétentions plus objectives ou scientifiques, c’estl’identitépersonnelledusujet,prédéterminéeetfigée,parexemplesonhéritage génétique, ses caractéristiques biologiques ou psychologiques, voire sa nature mé- taphysique, assignée comme des traits fondamentaux de son moi, dans une ap- proche plutôt essentialiste, puisqu’elle ne permet aucune liberté ou éloignement 1 CHAPTER 1. PENSÉE CIRCONSTANCIELLE de cette « nature ». Une distinction conceptuelle qui peut être utile dans ce contexte est celle entre la cause et lacondition. Unecause est ce quiproduitou effectueunrésultat, cedont procède activement tout phénomène, sans laquelle il n’existerait pas. Une condi- tion est une circonstance, singulière ou plurielle, ou une situation, qui permet à un phénomène de se produire, sans laquelle ce phénomène ne peut se produire. La cause est manifeste, elle opère efficacement, le résultat est visible. La condition est latente, le phénomène peut arriver ou ne pas se passer, selon d’autres facteurs. La cause est nécessaire et suffisante, la condition est nécessaire mais non suffisante. Un aspect crucial de la différence est l’imprévisibilité de l’événement : une cause est singulière, ellesortde«nullepart», ellepeutmodifierirréversiblementlecoursdes événements, elle est discontinue, tandis que la condition est un phénomène plutôt permanent, son action est continue, elle est plus prévisible. De fait, dans un sys- tème déterministe, il n’y a pas de causes mais seulement des conditions, puisqu’il n’y a pas de libre détermination ni d’autonomie ; on pourraitdireque le phénomène est totalement circonstanciel, tout s’explique par le contexte. Inversement, si les explications circonstancielles ont tendance à renvoyer à des conditions, forme de démonstration plus probante, elles peuvent aussi bien renvoyer à une cause spéci- fique: « Il m’a forcé à le faire », « Cet événement m’a mis en colère », etc. Laréférenceàdesélémentscirconstancielsestleplussouventutiliséepourmet- tre un accent particulier ou donner un angle d’analyse spécifique, fournir « un tour »donnéàladescriptionetàlacompréhensionducomportementoudel’actiond’un sujet, àexpliquersamanièred’être. Ellepeutavoirpoureffetdedramatiserunede- scription ou une explication, ou au contraire d’adoucir ou d’atténuer l’importance et la gravité d’un phénomène, en allégeant ses implications pratiques et morales. On l’utilise pour rendre compte d’un phénomène observable, notamment en prê- tant attention à sa nature causale, à sa genèse, à sa condition de possibilité et à ses causes d’occurrence, de la même manière que le processus générateur modi- fie la réalité d’un phénomène, affectant notre perception et notre compréhension de celui-ci. Ce processus générateur, identifié et exposé, déterminera la valeur et l’importance de l’événement, en attribuant une responsabilité et une charge à cer- tains facteurs de l’action considérés comme efficients ou premiers. L’argumentation circonstancielle peut être observée par exemple dans le pro- cessus judiciaire, lors d’un procès. L’avocat de la défense ou le procureur men- tionnera les circonstances, qui peuvent être soit aggravantes, afin de confirmer la responsabilité du prévenu ou d’obtenir une condamnation plus forte, soit at- ténuantes, afin d’alléger l’accusation ou de disculper le prévenu. Dans ce cas, les circonstances seront considérées comme des arguments objectifs pouvant aider le jugeoulejuryàrendreunemeilleuredécision, puisqu’ilsévaluerontplusadéquate- ment, plus globalement, le comportement et les actes de l’accusé. Ainsi, si l’accusé avait subi de fortes violences parentales durant son enfance, si un violeur avait lui- 2 CHAPTER 1. PENSÉE CIRCONSTANCIELLE même subi un viol, ou si l’accusé n’avait pas de casier judiciaire antérieur, ces cir- constances pourront contribuer à réduire la gravité du crime et inviter à une réduc- tion de la peine finale. Alors qu’à l’inverse, s’il peut être prouvé qu’il a longuement préparé et calculé son crime, que ses motivations étaient sordides, qu’il avait ef- fectivement, intentionnellement et vicieusement voulu faire du mal, ces éléments tendront à aggraver la peine. La nature de l’intention et le degré de conscience cog- nitive ou morale sont les principaux paramètres qui marquent généralement une différencedansl’appréciationd’uncomportement. L’histoiredel’individu, sonétat mental momentané, son statut, le comportement de sa victime, qu’il s’agisse d’un individu ou de la société dans son ensemble, la préméditation ou l’impulsivité du geste incriminé, affecteront également l’appréciation de la situation. Dans la vie quotidienne, les circonstances uploads/Philosophie/ etre-et-circonstances-fr-001-141-1-001-014.pdf

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