1 Animisme et Spiritisme Essai d’un examen critique Des phénomènes médiumniques

1 Animisme et Spiritisme Essai d’un examen critique Des phénomènes médiumniques Spécialement en rapport avec les hypothèses de la « force nerveuse », De l’ « hallucination » et de l’ « inconscient » Comme réponse À l’ouvrage du Dr Ed. von Hartman, intitulé : « Le Spiritisme » Par Alexandre Aksakof Directeur des Psychische Studien (Recherches psychiques), à Leipzig Avec portrait de l’auteur, et dix planches Traduit de l’éditeur russe par Berthold Sandow 2 3 AVANT­PROPOS DU TRADUCTEUR Selon un arrangement passé avec M. Alexandre Aksakof, conseiller d'État actuel de S. M. l'Empereur de Russie, j'ai assumé la responsabilité de publier en français son œuvre si connue à l'étranger : Animismus und Spiritismus. Le philosophe bavarois M. Carl Du Prel me recommandait cette œuvre comme indispensable à tout chercheur consciencieux ; j'étais de son avis. J'ai confié la traduction de l'ouvrage à M. B. Sandow, notre collaborateur, en raison de ses connaissances linguistiques ; j'ajouterai que les épreuves définitives ont été soumises à l'approbation de l'auteur. Je laisse au traducteur le soin de présenter au public français quelques considérations sur « Animisme et Spiritisme » et sur les origines de ce volume. L'éditeur : P.­G. Leymarie. L’œuvre que nous présentons au public n'a pas été écrite dans le but spécial de défendre la cause spirite, mais plutôt pour préserver cette doctrine contre les attaques sérieuses futures auxquelles elle serait indubitablement exposée, dès le moment où les faits sur lesquels elle se base seront admis par la science. La lecture de ce livre produira certainement une impression profonde sur l'esprit de tous ceux que captive le problème de la vie et qui méditent sur les destinées humaines. Les spirites n'y trouveront sans doute que la confirmation, scientifiquement formulée, de leurs croyances ; les incrédules, qu'ils le soient de parti pris ou qu'ils se complaisent simplement dans la quiétude d'un scepticisme indifférent, seront au moins conduits vers le doute, qui résume, malgré tout, la suprême sagesse chez l'homme, lorsqu'il n'a pas, pour sanctionner ses convictions, une certitude absolue. C'est à une plume beaucoup plus autorisée que la mienne qu'il appartiendrait de présenter « Animisme et Spiritisme » aux lecteurs français. Mais aucune nécessité de ce genre ne s'impose, car le nom de l'écrivain suffit pour recommander son œuvre ; et d'ailleurs, sa « Préface» justifie amplement, devant tous les penseurs, la publication du livre : elle expose d'une façon admirable la profession de foi de l'auteur et fait connaître nettement le but qu'il a poursuivi. On ne saurait rien y ajouter. Mon rôle doit donc, ici, se borner à mentionner brièvement quelques détails ayant trait aux origines de ce travail. Ainsi qu'on peut le voir en tête du volume, il a été écrit en réponse à une brochure que le philosophe allemand bien connu Edouard von Hartmann, ­ continuateur de Schopenhauer, ­ publia en 1885, sur le Spiritisme. La première édition originale (allemande) de Animismus und Spiritismus 1 (Leipzig, 1890) provoqua de la part du docteur von Hartmann, une réplique intitulée « l'Hypothèse des esprits et ses fantômes » (Berlin, 1891), dans laquelle il revient, avec insistance, sur les arguments qu'il avait déjà donnés. Cette fois, ce fut le savant Carl Du Prel qui se chargea de continuer contre cet adversaire si redoutable la polémique que l'état de sa santé forçait malheureusement M. Aksakof à suspendre. Ni la réponse du Dr Carl Du Prel ni les deux publications du Dr von Hartmann n'ont jusqu'à présent été traduites en français ; mais cette lacune ne diminuera pas sensiblement l'intérêt que le lecteur attentif trouvera dans cette œuvre, étant donné que l'auteur y reproduit in extenso les principaux arguments de son adversaire. Il me reste à fournir quelques indications sur les sources dont je me suis servi pour donner à cette traduction une fidélité aussi scrupuleuse que possible. J'ai traduit du texte allemand même les nombreuses citations extraites du livre du Dr von Hartmann. Les renvois se rapportent donc naturellement à l'édition allemande, puisque, comme je l'ai dit plus haut, il n'existe aucune traduction française de ce livre. La partie du texte primitif d'Animisme et Spiritisme, écrite par l'auteur en langue française, m'a permis de fixer dans la traduction une terminologie consacrée déjà par l'auteur lui­même. Pour les changements apportés dans l'édition russe, parue en 1893, j'ai soigneusement consulté cette édition ; quant aux citations de source anglaise, je n'ai pas eu sous les yeux tous les textes originaux et me suis ainsi trouvé obligé, pour beaucoup d'entre eux, de m'en tenir aux 1 Une seconde édition vient de paraître, avec le portrait de l'auteur. 4 traductions allemande et russe, qui ne laissent, je m'empresse d'ajouter, rien à désirer. Ai je encore besoin, après ces constatations, de solliciter l'indulgence du lecteur ? Mes efforts seront, j'espère, appréciés d'une façon équitable par ceux qui s'intéressent à ces questions d'une importance si capitale. Je ne puis omettre, en terminant, d'exprimer ma plus vive reconnaissance à mon savant ami, le Dr H., pour le précieux concours qu'il a bien voulu me prêter. J'ai eu recours à ses lumières pour la traduction de divers passages d'ordre scientifique et technique, et je puis dire que j'ai toujours trouvé auprès de lui des conseils aussi éclairés que bienveillants. Je dois enfin remercier M. Leymarie d'avoir bien voulu me confier ce travail aussi délicat qu'intéressant. B. Sandow 5 PRÉFACE DE L'EDITION ALLEMANDE Aujourd'hui que ma réponse à M. Hartmann, après quatre années de travail accompli au milieu de souffrances morales et physiques, est enfin prête, je ne crois pas inutile de donner aux personnes qui me liront quelques mots d'explication pour les guider dans leur lecture. M. Hartmann, en écrivant son ouvrage sur le « Spiritisme », a imaginé, pour en expliquer les phénomènes, une théorie basée uniquement sur l'acceptation conditionnelle de leur réalité, c'est­à­dire ne les admettant que provisoirement, avec les caractères qui leur sont attribués dans les annales du spiritisme. Par conséquent, le but général de mon travail n'a pas été de prouver et de défendre à tout prix la réalité des faits médiumniques, mais d'appliquer à leur explication une méthode critique, conforme aux règles indiquées par M. Hartmann. C'est donc un travail comparable à la solution d'une équation algébrique dont les inconnues n'auraient qu'une valeur supposée. Seul, le premier chapitre, traitant des matérialisations, se distingue, sous ce rapport, du reste de l'ouvrage, car ici M. Hartmann, tout en admettant la réalité subjective ou psychique du phénomène considéré par lui comme une hallucination, avait exigé, pour l'adoption de sa réalité objective, certaines conditions d'expérimentation auxquelles j'ai tâché de satisfaire. Ainsi donc, je n'ai à prendre la défense des faits ni devant les spirites, qui n'en doutent pas, ni devant ceux qui les nient à priori, car il s'agit ici non de les discuter, mais d'en chercher l'explication. II est indispensable que cet état de choses soit précise de prime abord, pour que les personnes non spirites qui pourraient songer à me critiquer ne fassent pas fausse route en se rabattant, comme d'ordinaire, sur l'impossibilité, l’invraisemblance, la fraude inconsciente ou consciente, etc. Quant aux critiques qui auront pour objet de faire ressortir les erreurs d'application de la méthode, elles seront pour moi les bienvenues. Cela dit une fois pour toutes, je préciserai que le but spécial de mon travail a été de rechercher si les principes méthodologiques proposés par M. Hartmann suffisent, comme il l'affirme, pour dominer l'ensemble des phénomènes médiumniques et pour en donner une « explication naturelle » ­ selon son expression ­ qui soit à la fois simple et rationnelle. Mieux encore : les hypothèses explicatives de M. Hartmann, une fois admises, excluent­elles vraiment toute nécessité de recourir à l'hypothèse spiritique ? Or les hypothèses proposées par M. Hartmann sont bien arbitraires ; bien hardies, bien larges ; par exemple : Une force nerveuse qui produit, en dehors du corps humain des effets mécaniques et plastiques ; des hallucinations doublées de cette même force nerveuse et produisant également des effets physiques et plastiques ; une conscience somnambulique latente qui est capable ­ le sujet se trouvant à l'état normal ­ de lire, dans le fond intellectuel d'un autre homme, son présent et son passé ; et enfin, cette même conscience disposant, aussi à l'état normal du sujet, d'une faculté de clairvoyance qui le met en rapport avec l'Absolu, et lui donne, par conséquent, la connaissance de tout ce qui est et a été ! Il faut convenir qu'avec des facteurs aussi puissants et dont le dernier est positivement « surnaturel » ou « métaphysique », ­ ce dont M. Hartmann convient, ­ toute discussion devient impossible. Mais il faut rendre à M. Hartmann cette justice qu'il a tenté lui­même de fixer les conditions et les limites dans lesquelles chacune de ses hypothèses est applicable. Ma tâche était donc de rechercher s'il n'existe pas des phénomènes que les hypothèses de M. Hartmann ­ dans les limites ou conditions où elles sont applicables d'après ses propres règles ­ sont impuissantes à expliquer. En affirmant l'existence de ces phénomènes, uploads/Philosophie/ alexandre-aksakof-animisme-et-spirit-is-me.pdf

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