ÂME [â-m'] s. f. 1° Principe de vie. 2° Le principe immatériel de la vie, l'âme

ÂME [â-m'] s. f. 1° Principe de vie. 2° Le principe immatériel de la vie, l'âme après la mort. 3° L'ensemble des facultés morales et intellectuelles. Grande âme. Avoir de l'âme. Être tout âme. 4° L'âme, en parlant des relations amoureuses. 5° Une personne, homme, femme ou enfant. 6° La vie, l'existence. 7° Imitation de la vie, chaleur, expression. 8° Agent, moteur principal, en parlant des personnes. 9° En parlant des choses. 10° Emplois techniques. 1° Principe de vie. Les anciens philosophes admettaient une âme raisonnable, qui présidait aux fonctions de l'intelligence ; une âme sensitive, qui présidait aux sensations ; et une âme végétative, qui présidait à la nutrition. L'âme du monde, principe qui, suivant quelques philosophes, vivifie le monde. 2° Le principe immatériel de la vie, l'âme après la mort. L'immortalité de l'âme. Évoquer les âmes des morts. Une âme régénérée par le baptême. Les âmes des trépassés. ♦ Ainsi voit le monde une âme juste au lit de la mort, MASS., Mort. ♦ Vigilant, qui n'a pas reçu son âme en vain, MASS., Élus. Locution familière : Dieu veuille avoir son âme ; sorte de prière pour le repos d'une personne trépassée. Donner son âme au diable, faire un pacte avec le diable à qui l'on abandonne son âme pour des avantages terrestres. On croyait que les sorciers donnaient leur âme à Satan, et recevaient en échange une puissance surnaturelle. Faust est la plus célèbre de ces légendes où un homme donne son âme au diable. Une âme en peine, une âme livrée aux peines de l'enfer ou du purgatoire. Il est comme une âme en peine ; il est en proie à la plus vive inquiétude, affliction, etc. Corps et âme, tout entier. Il se donna à lui corps et âme. C'est un corps sans âme, se dit d'une armée, d'un parti sans chef. Être comme un corps sans âme, être abattu, sans volonté, sans résolution. 3° L'ensemble des facultés morales et intellectuelles. L'aliment de l'âme, c'est la vérité et la justice. Ce qui souille l'âme. âme bien née, noble, élevée. âme basse, vénale. Les yeux sont le miroir de l'âme. L'âme humaine peut tout se représenter par la pensée. ♦ Une âme généreuse et que la vertu guide, CORN., Cinna, III, 4 ♦ Ainsi parlent, seigneur, les âmes soupçonneuses, CORN., Sertor. II, 2 ♦ Ne me prenez point tant pour une âme insensible, CORN., Agésil. IV, 5 ♦ Mardochée à ses yeux est une âme trop vile, RAC., Esth. II, 1 ♦ Mais bien qu'il l'abandonne, il l'adore dans l'âme, CORN., Sertor. IV, 2 ♦ Le lâche ! il vous flattait lorsqu'il tremblait dans l'âme, CORN., Héracl. I, 1 ♦ J'en rougis dans mon âme, CORN., Nicom. II, 1 ♦ De mon trône en son âme elle prend la moitié, CORN., Pomp. I ♦ Je voudrais le connaître, Mais connaître dans l'âme, CORN., le Ment. II, 2 ♦ Je vous rappelle un songe effacé de votre âme, RAC., Mithr. I, 2 ♦ ... la dame, Qui riait sans doute en son âme, LA FONT., Fianc. ♦ Et je veux qu'un amant pour me prouver sa flamme, Sur d'éternels soupçons laisse flotter son âme, MOL., Fâcheux, II, 4 Grande âme, homme d'un esprit étendu, homme d'un grand caractère. ♦ Les plus grandes âmes sont celles qui s'arrangent le mieux dans la situation présente et qui dépensent le moins en projets pour l'avenir, FONTEN., Chazelles. Avoir de l'âme, avoir un coeur noble, sensible et généreux. Que d'âme et de douceur dans ses regards ! Être tout âme, être doué d'une excessive sensibilité. 4° Particulièrement en parlant des relations amoureuses. ♦ Son âme ailleurs éprise, RAC., Andr. II, 2 ♦ L'amour n'est pas un feu qu'on renferme en une âme, RAC., ib. II, 2 ♦ Que vous et Bajazet vous ne faites qu'une âme, RAC., Baj. IV, 3 ♦ Chacun peut à son choix disposer de son âme, RAC., Andr. III, 2 5° Une personne, homme, femme ou enfant. ♦ Qu'on ne laisse monter aucune âme là-haut, RAC., Plaid. I, 6 ♦ En y comptant les femmes, vous trouverez près de vingt millions d'âmes, VOLT., Russie, I, 2 ♦ Je fus bien surpris de ne pas trouver une âme chez M. de Luxembourg, SAINT-SIMON, 11, 128 ♦ En effet il n'a vu âme vivante, SÉV., 206 ♦ Il n'est âme vivante Qui ne pèche en ceci, LA FONT., Fab. IX, 11 Familièrement. C'est une bonne âme. C'est une personne bonne et simple. Familièrement. On dit d'un homme qui est l'aveugle instrument des volontés d'un autre, quand en soi-même on les condamne comme immorales ou criminelles : c'est son âme damnée. 6° La vie, l'existence. ♦ Essuyez des pleurs qui m'arrachent l'âme, J. J. ROUSS., Hél. III, 2 ♦ Dans cet embrassement dont la douceur me flatte, Venez et recevez l'âme de Mithridate, RAC., Mithr. V, 5 ♦ Que des pleurs, des baisers de flamme Fassent passer toute mon âme Dans ces dons qu'elle doit toucher, GRESS., le Chartreux. Familièrement. Il a l'âme sur les lèvres, il est près d'expirer. Il a rendu l'âme, il est mort, il vient de trépasser. ♦ Pendant que la pauvre femme rendait l'âme, SÉV., 348 ♦ Il a rendu l'âme entre les mains de M. de Condom, SÉV., 413 ♦ Peut-être ils rendent l'âme, RAC., Plaid. II, 12 Familièrement. Sur mon âme, expression affirmative, c'est-à-dire sur ma vie, mon honneur. ♦ Mon bras, sur mon âme, LA FONT., Cal. Mon âme, terme de tendresse. ♦ Iras-tu, ma chère âme ? et ce funeste honneur...., CORN., Hor. II, 5 7° Imitation de la vie, expression de vie, chaleur, mouvement. Phidias avait donné de l'âme à l'ivoire. Chanter avec âme. 8° Fig. Agent, moteur principal. ♦ C'est l'âme de l'entreprise et l'homme de confiance, SÉV., 525 ♦ Enfin vous êtes l'âme de tout cela, SÉV., 491 ♦ Elle est l'âme de toute la parure de l'hôtel de Condé, SÉV., 399 ♦ Elle fut l'âme de l'entreprise, FLÉCH., Aig. ♦ La Renaudie était l'âme du parti, BOSSUET, Déf. ♦ Vous qui devez être l'âme d'un État, BOSSUET, Polit. ♦ Si Charlemagne, qui était l'âme des Français sans le paraître...., MABLY, t. II, p. 124 ♦ J'étais de ce grand corps l'âme toute-puissante, RAC., Brit. I, 1 ♦ âme de mes conseils, et qui seul tant de fois Du sceptre dans ma main as soulagé le poids, RAC., Esth. II, 5 ♦ Toi, pour qui j'ai tout fait ; toi, l'âme de ma vie, VOLT., Alz. II, 3 9° En parlant des choses. ♦ L'ambition, qui est l'âme de notre conduite, MASS., Conf. ♦ Ma passion pour vous, généreuse et solide, A la vertu pour âme et la raison pour guide, CORN., Pulch. I, 1 ♦ Les passions qui doivent être l'âme de la tragédie, CORN., Ex. de Nic. ♦ La charité qui est l'âme et la vie de la grâce, PASC., Prov. 5 ♦ Cette tristesse qui en est l'âme, ne s'y remarque plus, LA BRUY., 15 10° On dit qu'une étoffe n'a que l'âme, quand elle n'a ni force ni consistance. L'âme d'une devise, les paroles qui l'expliquent. L'âme d'un violon, d'une basse, le petit morceau de bois placé dans le corps de l'instrument pour soutenir le chevalet et mettre en communication les deux tables de l'instrument. L'âme d'un soufflet, la soupape de cuir par laquelle l'air pénètre. L'âme d'un fagot, le menu bois qui se trouve au centre. L'âme d'une statue, le massif sur lequel on applique la terre qui sert à modeler la statue. L'âme d'un canon, d'une arme, le creux où l'on introduit la charge. L'âme d'un tableau, l'esquisse. âme d'un cordage, fils que l'on met au milieu des différents torons dont le cordage est composé. âme d'une fusée, trou conique ménagé dans le corps d'une fusée volante. Dans les manufactures de tabac, on appelle âme : 1° un bâton autour duquel le tabac cordé est monté ; 2° les petites feuilles qui remplissent le dedans des andouilles de tabac. âme de la plume, petite masse sèche et longue que renferme le tuyau d'une plume. REMARQUE 1. Ce mot s'était toujours écrit sans accent circonflexe jusqu'en 1798 ; mais alors l'Académie, dans son édition, l'a marqué d'un accent circonflexe, et a maintenu depuis cet accent. L'accent, outre qu'il indique la prononciation, représente une lettre supprimée ; l'ancien mot était anme et, par suite, alme et même arme. 2. Balzac a dit âme pour ce qu'il y a de meilleur dans une chose. ♦ Je choisis les oiseaux qui sont engraissés de sucre, et me nourris de l'âme du fruit, BALZAC, liv. II, lett. 4 SYNONYME ÂME FAIBLE, COEUR FAIBLE, ESPRIT FAIBLE. Comme âme est plus compréhensif que coeur et esprit, l'âme faible désigne une personne en qui tout est faible ; elle est sans ressort et sans vigueur. Le coeur faible est, suivant les deux acceptions du mot coeur, ou trop tendre, trop facile à toucher, à séduire, ou pusillanime et facile à décourager, à effrayer. Un esprit faible est incapable d'examen, uploads/Philosophie/ ame.pdf

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