POÈTES ET (PHILO)SOPHOI: POUR UNE ARCHÉOLOGIE DE LA "MIMESIS" Author(s): Ioanna

POÈTES ET (PHILO)SOPHOI: POUR UNE ARCHÉOLOGIE DE LA "MIMESIS" Author(s): Ioanna Papadopoulou Source: Revue de Philosophie Ancienne , 2006, Vol. 24, No. 1 (2006), pp. 3-16 Published by: EURORGAN s.p.r.l. - Éditions OUSIA Stable URL: https://www.jstor.org/stable/24358472 REFERENCES Linked references are available on JSTOR for this article: https://www.jstor.org/stable/24358472?seq=1&cid=pdf- reference#references_tab_contents You may need to log in to JSTOR to access the linked references. JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact support@jstor.org. Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at https://about.jstor.org/terms is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Revue de Philosophie Ancienne This content downloaded from 192.141.245.167 on Thu, 24 Jun 2021 14:41:48 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms POETES ET (PHILO )SOPHOI : POUR UNE ARCHÉOLOGIE DE LA MIMESIS « est-il rien de plus puissant que l'epos poétique ? » Nicole Loraux 1 Dans un colloque consacré aux sages présocratiques2, l'emploi du mot mimesis peut paraître anachronique3 et prématurément platoni sant. Or, cette communication part justement de l'hypothèse que la fonction cruciale de ce concept chez Platon est l'aboutissement natu rel et l'élargissement d'un processus qui met la mimesis au centre de l'auto-définition de la (philo)sophie par rapport à la poésie, de Xéno phane à Aristote, c'est-à-dire pendant toute la période au cours de laquelle la philosophie se constitue comme genre. Je voudrais en effet montrer que la mimesis marque le lieu à partir duquel s'opère le déta chement des sages présocratiques par rapport aux poètes et ce lieu ne relève pas seulement de la lexis. Aux prises avec ce véritable langage dominant constitué par la poésie, les présocratiques opèrent des modi fications sémantiques considérables pour décrire le monde, créant un effet langagier que l'on peut comparer par certains aspects à la révo lution visuelle que l'art moderne a réalisé par rapport à la représenta tion. En guise d'introduction à une archéologie de la mimesis, j'illustre rai par quelques exemples cette recherche d'un nouveau langage « anti-poétique » qui cherche à créer des modèles anti-mimétiques. Le 1. « Achille, le poète et les mots », Préface à G. Nagy, Le meilleur des Aché ens (trad. fr. de The Best of the Achaeans, Baltimore, 1979), Paris, 1994, p. 14. 2. Sur la question si les présocratiques sont des philosophes, voir les contri butions de A. Laks et de G.E.R. Lloyd dans A. Laks et C. Louguet (éds), Qu'est-ce que la philosophie présocratique, Lille, 2002. 3. Sur les bénéfices de la pratique contrôlée de l'anachronisme en histoire, voir N. Loraux, « Éloge de l'anachronisme en histoire », dans La tragédie d'Athènes, Paris, 2005, pp. 173-190. REVUE DE PHILOSOPHIE ANCIENNE, XXIV, 1,2006 This content downloaded from 192.141.245.167 on Thu, 24 Jun 2021 14:41:48 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms 4 Ioanna Papadopoulou projet qui sous-tend les hypothèse que seule une archéologie de la mim comment le nouveau langage con philosophie. Par conséquent, il n'es pour interpréter la dimension anth figuratifs dans la perspective de la socratiques, sinon d'une mimesis o gage poétique et les arts figuratifs sus valables uniquement pour les v l'homme). Même si la mimesis n'es avant Platon, le processus est à l'œu mais ce dernier point, qui relève mythe, ne sera pas abordé ici. Cependant, le fait est que Platon, fatal »5, si peu attesté avant lui6, réflexion, au point que les filiation me ne sont pas évaluées à leur juste poétique dans l'œuvre platonicien cet exercice « archéologique » d'éta res. Plus précisément, la mimesis c englobant qui touche aux aspects m riques ; or, le lien de la mimesis po réalité demeure insuffisamment d platoniciens autour du concept ne r maticité, il est difficile d'éclaircir 4. La première occurrence attestée du homérique à Apollon, dans le passage G. Nagy, Pindar's Homer, Baltimore poulou-Belmehdi et Z.D. Papadopoulo ades », dans F. Labrique (éd.), Religion l'Antiquité, Institut Français d'Arché 135, Le Caire, 2002, pp. 155-176. 5. U. von Wilamowitz-Moellendorf voir W.J. Verdenius, Mime sis. Plato's Meaning to Us, Leiden, 1972, p. 1. 6. G. Else, « Imitation in the Fifth (1958), pp. 73-90. This content downloaded from 192.141.245.167 on Thu, 24 Jun 2021 14:41:48 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms POETES ET (PHILO)SOPHOI 5 mode diégétique et la mimesis qui renvoie au métap façon arbitraire le visible à l'invisible). C'est Aristo mimesis artistique et, dans sa Poétique, « épure » le rités métaphysiques. Pourtant il me semble que le manque de systém différents exposés platoniciens autour de la mi rent. On peut attribuer notre perception lacunaire té terminologique entre langage ancien et termin décalage perturbe la perception moderne du conce que la mimesis poétique semble relever des fondem pensée platonicienne7. Comme le dit Yvon Lafranc nos contemporains ... a consisté essentiellement à théorie ontologique, au sens grec du terme, en une gique ou logique ... cette transformation de la théo théorie logique pose à la fois un problème philoso me historique (celui de l'accord de ses interprétat avec les textes) »8. D'autant plus que, « l'invisible se libérer entièrement d'une pratique du mythe, to mancipe pas des images sensibles et des métaphores C'est en allant un pas au-delà du dilemme récurre prétations du mot10 mimesis (imitation ou re-prése peut saisir l'intérêt de cette archéologie. Les p gique et anthropologique peuvent restituer au mo 7. A. Diès, Autour de Platon, Paris, 1927, t. II, pp well, Aristotle ' Poetics, Londres, 1986, pp. 117-121. 8. Y. Lafrance, «Mythe et raison dans ia théorie plato dans J.-F. Mattéi, « La naissance de la raison en Grèce », Nice, Mai 1987, Paris, 1990, p. 316. 9. L. Couloubaritsis, « De la généalogie à la généséol Mattéi, op. cit., n. 8, p. 93. 10. La ruse platonicienne pousse à l'extrême le rapproch entre poésie et peinture en entretenant la confusion entre tation. 11. Voir R. Dupont-Roc et J. Lallot, Aristote. La Poétique, Paris, 1980, pp. 144-145. G. Nagy, op. cit., n. 4, pp. 339-413 ; Poetry as Performance, Cambridge, 1996, pp. 39-86. This content downloaded from 192.141.245.167 on Thu, 24 Jun 2021 14:41:48 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms 6 Ioanna Papadopoulou mettant en évidence « un sens plus pro compréhension des constructions platon du philosophe. Si l'on adopte le point d que privilégie par ailleurs Platon qua tion d'une certaine poésie - par mimesi bien le poieîn que le (apo)deiknuein. P mimesis aussi bien en composant qu'en ( Dans ce contexte régi par les lois de l'o cle, il convient de souligner que la mim de présence même si elle est couramm d'expression16 stricto sensu. Ce mode d sence, devenant ainsi un mode de comm c'est sous ce rapport que les créature 12. Selon l'expression de G. Nagy, Poetry as P 13. « A travers le processus de communicat message communiqué devient présente au ré son absence effective est oubliée et que déclenche un processus d'identification qui m et moral du récepteur en question », L. Briss Paris, 1982, p. 92. 14. « La performance, même en tant que pr être 'fait', 'créé' (...) le fait de 'créer' des ver combinaison de deux procédés : la composit épique en auteur: Les Vies d'Homère », dan Identités d'auteur dans l'antiquité et dans l 2004, pp. 50-52. Sur la (apo-)deixis, voir G. Na 373-381. Plus généralement sur la deixis, voi in Alcman, Pindar and Other Lyric, Arethus 15. Présence du personnage mais aussi p d'Homère, ce qui explique l'usage du temps prés montre Gregory Nagy, toute performance ritu sée réactiver la présence d'Homère lui-même (o « L'aède épique », op. cit., n. 14, pp. 66-67). S de visualisation, E. Bakker, « Discourse and P sation,and 'Presence'inHomericPoetry »,Cla 16. Sur la mimesis comme mode d'expressi de P. Payen, « Historia et intrigue. Les res d'Hérodote», à paraître dans les DHA. This content downloaded from 192.141.245.167 on Thu, 24 Jun 2021 14:41:48 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms POÈTES ET (PHILO)SOPHOl 7 cible des présocratiques. Par suite, le danger et la force de la poétique ne peuvent être rendus uniquement par le sens d'« imiter » ou même par « re-présenter » dans son acceptio ne. Il convient d'y adjoindre, dans certains cas, le sens de « Platon en fournit une illustration éloquente : « nous allo Homère et les autres poètes de ne pas créer/ représenter (μ Achille, fils d'une déesse, couché tantôt sur le flanc, tantôt s tantôt sur le ventre ... Et nous les prierons plus instamment ne pas « créer » (poieîn) les dieux en pleurs ... (République, 3 La dénonciation platonicienne atteint son point culminant d cation du poète suprême, Homère, « osant produire la mime semblable du dieu suprême en train de gémir ». Homère crée le dieu suprême à chaque récitation des scènes célèbres les Platon fait référence. Comme le dit Jean-Pierre Vernan n'établit aucune différence entre la uploads/Philosophie/ arche-ologie-de-la-mimesis.pdf

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