La philosophie spéculative de Whitehead Author(s): Jean Wahl Source: Revue Phil
La philosophie spéculative de Whitehead Author(s): Jean Wahl Source: Revue Philosophique de la France et de l'Étranger, T. 111 (JANVIER A JUIN 1931), pp. 341-378 Published by: Presses Universitaires de France Stable URL: http://www.jstor.org/stable/41083866 Accessed: 03-05-2017 09:30 UTC JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact support@jstor.org. Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at http://about.jstor.org/terms Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Revue Philosophique de la France et de l'Étranger This content downloaded from 129.199.59.249 on Wed, 03 May 2017 09:30:49 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms La philosophie spéculative de Whitehead Si nous avons choisi d'étudier la philosophie de Whitehead, c'est qu'il nous est apparu que nous pouvions en dégager certaines idées qui tendent d'une façon ou d'une autre à se faire jour dans la philosophie contemporaine, une tendance vers une conception toute opposée au kantisme et aux recherches sur la théorie de la connaissance, toute proche de l'empirisme, mais d'un empirisme qui n*a rien du sensationnalisme de Hume. Cet empirisme nous met en présence de réalités qui sont le passé en tant qu'il presse sur le présent, le temps comme suite de blocs de durée, l'espace comme volumineux, en présence de ce qu'il y a au-dessous de nos induc- tions et de nos perceptions, le sens de notre corps, le sens de la conformité de l'avenir avec le passé, notre saisie de ce qui nous est extérieur, et plus profondément encore, ce que Whitehead appelle la réception; car comme tout événement dans l'univers, nous sommes pris et nous prenons, et ce qui se manifeste en nous est l'essence du monde en tant qu'il est passage d'une réalité à une autre et absorption des unes par les autres1. I. - Attitudk générale de Whitehead. Whitehead dit de sa philosophie qu'elle est une philosophie de la nature ; il entend par là non pas un ensemble d'applications d'une 1. Les ouvrages de Whitehead auquel nous nous référons sont : The Concept of Nature, Cambridge, University Press, 1920 (G. N.)î An Enquiry concerning the principles of Natural Knowledge, Cambridge, University Press, 1910 (N. Kn); Time Space and Material (Aristotelian Society, Supplementary), Vol. II, 1929 (Proc); Science and the Modern World (1927); Religion in the Making (1927); Symbolismy its meaning and object, 1928 (F. H.); Process and Reality, Cambridge, University Press, 1929 (P. ''.); The function of reason, Princeton, University Press, 1929. Parmi les articles sur Whitehead, mentionnons ceux de Smith : Whitehead's Philosophy of Nature dans Issues and Tendencies in Contemporary Philosophy (1923); de Murphy sur Symbolism (Journal of Philosophy, 29 août 1929); de Hall (Of what use are White head's eternal objects (Journal of Philosophy, 16 janvier 1930) et l'í'lude de Uohenko, The Logic of Events, Berkeley California, 1929). 22a Vol. HI This content downloaded from 129.199.59.249 on Wed, 03 May 2017 09:30:49 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms 342 REVUE PHILOSOPHIQUE théorie de la connaissance ou d'une métaphysique, un néo-criticiste, ou une affirmation de la puissan en tant qu'inconcevable pour la raison, comme le f tique; sans doute chacune de ces deux conceptions p quelque sorte appelée par les constatations de W «Hre un philosophe de la nature, c'est pour lui esse consacrer à l'étude de cette nature, sans faire inter dérations épistémologiques. « Nous ne nous occupon de la connaissance perceptuelle et non de la synthè sant et du connu. » Ce n'est pas l'epistemologie problème de la métaphysique, mais bien au cont cultés épistémologiques ne pourront être résolu appel à l'ontologie (P. R., p. 267). Il s'agit de pr comme il nous est donné, sans faire de division pr l'apparent et le réel, en acceptant at their face value James, toutes ses qualités. Il s'agit de prendre le co comme un concept observé, si on peut dire. « L que nous observons dans la perception au moyen (C. X.. p. 3). Dès l'abord, nous sommes amenés ain non pas par une théorie des termes logiques co Russell, non pas par une volonté métaphysique com mais par l'observation des démarches du savant, situation devant les choses : « Dans cette perception avons conscience de quelque chose qui n'est pas la p ]>. 3 et 5). La sensation est sensation de quelque <.rest en nous écartant de nous, c'est en nous dépas connaissons (S. M. W., p. 110). Ainsi Whitehead r mation commune à Alexander, à Russell, aux néo-t de l'intentionnalité de la pensée, dirigée, braquée s là une des idées qu'il indiquera en employant le t hension pour caractériser l'élément essentiel des ch (jui est une synthèse, qui est la négation d'un él propre du mot : « Les choses ainsi rassemblées en u ont une référence essentielle à d'autres lieux et à d'autres mo- ments » (S. M. W., p. 87). Nous verrons en effet que ce n'est pas seulement la pensée qui est intentionnalité ; que tout dans le monde est rassemblement de l'autre et tendance vers Fautre. Et ce qui nous apparaissait d'abord comme réalisme, pourra de This content downloaded from 129.199.59.249 on Wed, 03 May 2017 09:30:49 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms J. WAHL. - LA PHILOSOPHIE SPECULATIVE DE WH1TEIIEAD 343 ce point de vue nous sembler très proche de l'idéalisme d'un Hegel. Ce quelque chose que nous percevons se présente avec un carac- tère fermé, exclusif par rapport à la pensée. L'étudier vraiment, c'est l'étudier en soi, sans faire intervenir l'idée que la pensée puisse le transformer. Bien plus, la nature est impénétrable pour la pensée qui transforme toujours en entité ce qui pour la sensa- tion est individualité (C. N., p. 24). Elle possède pour la pensée un caractère d'inexhaustivé (C. N., p. 49). Cette nature, elle comprend des termes multiples (C. N., p. 8), et elle comprend des relations (p. 14). Sur ces deux points, Whitehead adopte les vues de Russell : indépendance des termes par rapport à leurs relations, indépendance des relations par rapport à leurs termes. Comme Font vu James et Alexander, les relations sont <les « facteurs de fait qui sont là pour la conscience sensible », ot ne sont pas créés par la pensée. Les qualités secondes comme les qualités premières sont com- prises au sein de cette nature. Il faut se débarrasser de cette idée d'une division de la nature en deux, dont Tune serait de rêve - la nature perçue - et l'autre de conjecture, - la nature conçue par la science; dont l'une serait perçue et non vraie, et l'autre vraie et non perçue. 11 n'y a qu'une même nature, homogène toujours à elle-même, vue à des points de vue différents. La science ne dis- cute pas les causes de la connaissance, mais la cohérence de la connaissance (C. N., p. 41). C'est à partir de cette philosophie de la nature que pourra se constituer la « philosophie spéculative » ou métaphysique. White- head veut rompre en effet avec la méthode qui a dominé à la fin du xixc siècle, il ne veut pas traiter les questions détachées les unes des autres, mais expliciter le schéma d'idées générales sous- entendu dans toutes nos conceptions (P. R., X et 3). Sans doute les premiers principes ne seront jamais formulés d'une façon définitive (P. R., 4); on pourra néanmoins faire apercevoir leur cohérence {Ibid., p. 8), opposer à la « disconnexion » avec laquelle ils se présentent chez Descartes, un schéma homogène, et profiter de l'étude des diverses métaphysiques pour dégager de cha- cune d'elles les éléments valables, profiter de la dialectique de l'histoire pour aller vers un électisme de l'intelligence; car « cha- This content downloaded from 129.199.59.249 on Wed, 03 May 2017 09:30:49 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms :*44 REVUE PHILOSOPHIQUE que philosophie est dépassée à son tour; mais le fa tèmes philosophiques exprime une grande variété d rales au sujet de l'univers, qui ne demandent qu'à nées » (Ibid., p. 9). Chaque philosophie s'est trompée uniquement sur un aspect de la réalité. Il faudra Tune par l'autre (Ibid., p. 19 et 20) en effectuant ain cription et cette analyse à partir de champs déterm rience, qui est la métaphysique pour Whitehead ( 72. 76), et qui nous ramènera tout près du sens c p. 97, 99). Whitehead nous apportera donc les éléments d'une philosophie objectiviste (S. M. W., p. 110; P. R., p. 221). Notre expérience per- ceptuelle nous révèle que nous sommes à l'intérieur d'un monde, ([lie nous sommes au milieu d'autres choses qui sont également: nous sommes des éléments de ce monde au même titre que les choses que nous percevons, et Whitehead met ainsi en lumière à sa façon ce sentiment du In der Welt sein sur lequel Heidegger a magis- tralement insisté, notre immanence dans l'être telle que uploads/Philosophie/ art-wahl-la-philosophie-speculative-de-whitehead-pdf 1 .pdf
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- Publié le Oct 13, 2021
- Catégorie Philosophy / Philo...
- Langue French
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