MALEBRANCHE ET LES MONDES IMPOSSIBLES Author(s): Jean-Christophe Bardout Source
MALEBRANCHE ET LES MONDES IMPOSSIBLES Author(s): Jean-Christophe Bardout Source: Revue Philosophique de la France et de l'Étranger, T. 205, No. 4, MALEBRANCHE (OCTOBRE-DÉCEMBRE 2015), pp. 473-490 Published by: Presses Universitaires de France Stable URL: https://www.jstor.org/stable/44646714 Accessed: 06-02-2019 09:29 UTC JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact support@jstor.org. Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at https://about.jstor.org/terms Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Revue Philosophique de la France et de l'Étranger This content downloaded from 129.199.59.105 on Wed, 06 Feb 2019 09:29:27 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms MALEBRANCHE ET LES MONDES IMPOSSIBLES Le XVIIe siècle est, pour ainsi dire, la première époque des possibles. Qu'il s'agisse de la scolastique moderne ou des phil post-cartésiennes, les spéculations sur le possible et le mei mondes possibles connaissent un développement incomparab à la métaphysique et plus spécialement à la théologie natur revient de démontrer a priori que le monde actuel est le m possible. Or, si le nom de Leibniz et sa théodicée viennent diatement à l'esprit, on sait que Malebranche s'inscrit à bo dans une telle entreprise, en affirmant constamment que Dieu c au regard d'un certain nombre de critères déterminables a le meilleur monde parmi une infinité de mondes possibles dans son entendement3. C'est même à cette fin qu'il élabore thèses les plus caractéristiques de sa philosophie, en formu principe dit de la simplicité des voies4. Il s'agit en effet de comprendre pourquoi le monde actuel, en dépit de ses impe 1. Pour une mise au point particulièrement informée, voir J. Schmut a inventé les mondes possibles ? », in « Les mondes possibles », Cahiers sophie de Vuniversité de Caen, sous la dir. de J.-C. Bardout et V. Jull 2006. 2. Perfection maximale de l'ouvrage et simplicité des voies, c'est-à-dire des moyens par lesquels Dieu agit, constituent les deux critères fondamentaux requis pour que le monde soit à la fois créable et jugé le meilleur (ce qui, en définitive, est tout un). Sans pouvoir ici entrer dans le détail de la théodicée malebranchiste (dont nous interrogeons plutôt l'un des présupposés), voir notre Malebranche et la Métaphysique, Paris, Puf, 1999, pp. 254-265. 3. Voir Traité de la nature et de la grâce ( TNG) I, XIII, Œuvres complètes (désormais OC suivi du tome en romain et de la page), sous la dir. d'A. Robinet, Paris, Vrin-CNRS, V, p. 28. Pour une formulation très claire du principe à l'œuvre dans la sélection du monde créable, voir Abrégé du TNG, V, OC IX, p. 1085. 4. Parmi de nombreux textes, voir XVIIe Eclaircissement (désormais Ecl.), OC III, p. 341. Revue philosophique, n° 4/2015, p. 473 à p. 490 This content downloaded from 129.199.59.105 on Wed, 06 Feb 2019 09:29:27 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms 474 Jean-Christophe Bardout et des nombreux maux dont Malebranche n la réalité5, est bel et bien le meilleur des que Dieu n'a pas seulement égard à la pe mais aux moyens ou voies de son exécutio certains égards, peut apparaître comme un perfection divine éclate plus encore dans la des lois prescrites au monde. En dépit de à l'interprétation métaphysique de l'occasi pour le moins différent du principe de raison lement commune de la rationalité libère, possibilité d'une théodicée. À l'encontre d la libre disposition par Dieu des vérités ét possibles7, Malebranche et Leibniz font retou des principes de la raison et affirment que arithmétiques et morales, autant que les pr identiques pour tout entendement, fini ou no loin encore dans l'affirmation de cette univoc Recherche de la vérité , que nous voyons par et en développant, dans le Xe Éclaircissemen concept d'une raison « plus indépendante que (comme nous avons tenté ailleurs de l cartésienne d'une disposition des vérités é non pertinente une spéculation relative à d'au dans la mesure où les vérités qui structur 5. Concernant le traitement malebranchiste du m tique au regard de la tradition augustino-thomiste ( zienne), voir D. Moreau, « Malebranche, le désordr consolari », in La Légereté de l'être, Paris, Vrin, pouvait, absolument parlant être meilleur, dans la m absence de bien, mais tend à devenir une véritable 6. Voir les lettres des 15 avril, 6 et 27 mai 1 VI" Réponses, n° 8. 7. Une fois au moins, Descartes affirme que Die Entretien avec Burman, Œuvres, éd. Adam et Tanner (tr. par J.-M. Beyssade, Puf, 1981, p. 170) ; voir d AT I, p. 149. 8. Parmi une abondante littérature, voir, pour M vérìtés éternelles selon Malebranche, Paris, Vrin, 193 des vérités éternelles. Principe de raison. Spinoz Questions cartésiennes II, Paris, Puf, 2002, pp. 183 9. Voir notamment RV, V, chap. V, OC II, pp. 16 tiennes, III, OC IV, pp. 69-70. 10. OC III, p. 131. 11. Voir notre étude « Remarques sur l'impossib possibles », in Les mondes possibles, Cahiers de phil op. cit. Revue philosophique, n° 4/2015, p. 473 à p. 490 This content downloaded from 129.199.59.105 on Wed, 06 Feb 2019 09:29:27 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms Malebranche et les mondes impossibles 475 monde créé, contemporaines de celui-ci parce qu'elles relèvent même causalité efficiente de Dieu, ne sauraient valoir pour d' mondes possibles, le retour à une certaine univocité de la raison (m vement commun aux grands post-cartésiens) restaure les cond d'une spéculation sur les possibles, du moins sur les critères a de la possibilité, auxquels accède l'entendement fini. Dans le co d'une critique de la thèse cartésienne, deux affirmations conc immédiatement une réflexion sur le possible et l'articulation d sibles en mondes possibles : a) en connaissant les idées divines mêmes, assimilées aux essences éternelles, archétypes de la cr connus dans le Verbe indépendamment de leur existence actue nous avons accès aux possibles, c'est-à-dire aux créables co dans l'entendement de Dieu, bien que, rappelons-le dès mainte nous n'accédions pas de même aux existences, dont l'origine de l'unique volonté divine13 ; b) En accédant (au moins en pr aux créables par vision des idées en Dieu, il nous est loisi rendre raison du choix que Dieu a fait de ce monde au regard infinité d'autres qu'il pouvait créer. En d'autres termes, l'univo principe de contradiction (qui mesure en premier lieu la pos du possible), ainsi que l'unicité du medium de la connaissance archétype accessible à tout entendement) nous mettent en q sorte du conseil de Dieu, pour reprendre (a contrario) le mot mêm Descartes14. Or si l'entreprise de la théodicée a pu paraître con en sa version leibnizienne, elle semble sujette à caution dans de Malebranche, quelles que soient ses intentions explicites. Nous défendrons l'hypothèse suivante : la mise en œuvre justification métaphysique du choix divin et la thèse selon la notre monde est nécessairement le meilleur de tous les po impliquent, de l'aveu même de Malebranche, un certain n d'ingrédients doctrinaux et de réquisits théoriques que Mora n'apparaît pas en mesure de satisfaire complètement. Tenton d'abord de les recenser, tels que Malebranche lui-même les é avant de nous demander si le traitement qu'il leur réserve et qu'il en fait répondent à sa propre intention philosophique. 12. Jésus connaît les possibles par son union au Verbe, TNG II, XVII, OC V, p. 78 Le Verbe en tant que Verbe (entendons abstraction faite de la v créatrice) est le lieu des possibles c'est-à-dire des essences. La volonté, d du Verbe par une distinction de raison, est l'origine des existences : EM § X, OC XII, p. 188 ; RV III, II, V, OC I, p. 435. 13. RV IV, XI, OC II, p. 98 ; voir Lettre à Arnauld du 19 mars 1699, p. 959, etc. 14. Lettre à Elisabeth, 15 septembre 1645, AT IV, p. 292. Revue phäosophique, n° 4/2015, p. 473 à p. 490 This content downloaded from 129.199.59.105 on Wed, 06 Feb 2019 09:29:27 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms 476 Jean-Christophe Bardout Pour construire ce qu'on nommera, pour sim il ne convient pas simplement de conquéri cità épistémique des vérités et des essen l'univocité n'ont pas, expressément du moins, monde était le meilleur possible. Afin d'él conception particulière du possible est requise que la possibilité soit mesurée par la simple n répugnance logique15. Le traitement de la sibles (qui requiert de comprendre comme - individus, événements, circonstances - se en systèmes cohérents)16, implique non se chaque monde possible17, mais aussi l'indiv mêmes. C'est du reste ce que Malebranche Cette considération des mondes (ce qu'il n bien la connaissance des individus qui les c considère entre autres son Église, Jésus-Ch toutes les personnes qui, en conséquence d taines lois générales, la doivent composer18 En d'autres termes, lorsque Malebranche sommaire il est vrai) le thème de la con comme celui de la science des futurs conti une connaissance des futurs en leur singularit Leibniz, uploads/Philosophie/ bardout-malebranche-et-les-mondes-impossibles.pdf
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- Publié le Dec 18, 2022
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