L'obscur de la jouissance ÉDITORIAL............................................
L'obscur de la jouissance ÉDITORIAL........................................................................................................................................................... 3 L’obscur de la jouissance Marie-Hélène Briole ............................................................................................... 3 L’ORIENTATION LACANIENNE ...................................................................................................................... 5 J. LACAN, «NOTE ITALIENNE», Autres écrits, PARIS, SEUIL, 2001, P. 310................................................. 5 Le réel est sans loi Jacques-Alain Miller ......................................................................................................... 5 ENSEIGNEMENT ............................................................................................................................................... 13 Le «nom de jouissance» et la répétition Éric Laurent.................................................................................... 13 L’EXPÉRIENCE DE LA PASSE ........................................................................................................................ 20 Vouloir ce qu’on désire Esthéla Solano-Suarez............................................................................................. 20 La racine de la position de l’analyste Hilario Cid Vivas ................................................................................ 26 Accommoder sur le sinthome Alain Merlet.................................................................................................... 28 La passe et le lien Marie-Hélène Roch........................................................................................................... 30 L’ÉCOLE ET LA FORMATION DU PSYCHANALYSTE............................................................................... 36 La formation du psychanalyste Alexandre Stevens........................................................................................ 36 Suite Francisco-Hugo Freda .......................................................................................................................... 41 Le désir d’École Christine Le Boulengé ........................................................................................................ 45 La passe et la formation de l’analyste Elisa Alvarenga.................................................................................. 47 Le désir, le souci et l’expérience Pierre Naveau............................................................................................. 52 LE TRAITEMENT PSYCHANALYTIQUE DU SYMPTÔME......................................................................... 57 Éléments d’analyse du symptôme Pierre-Gilles Guéguen............................................................................. 57 Le symptôme au féminin Dominique Laurent............................................................................................... 61 Exiger le symptôme Patrick Monribot........................................................................................................... 65 Le symptôme d’Armand Nathalie Georges-Lambrichs ................................................................................ 68 Le surdoué Hélène Bonnaud........................................................................................................................... 71 Le masque de la vérité Laure Naveau............................................................................................................. 74 Symptôme et surmoi Herbert Wachsberger.................................................................................................. 78 ÉTUDE................................................................................................................................................................. 82 L’éthique du réel du rêve Javier Aramburu................................................................................................... 82 2 Accueil Cliquer ÉDITORIAL L’obscur de la jouissance Marie-Hélène Briole L’inconscient freudien apparaît comme une logique qui s’impose au sujet, une loi souvent féroce, voire implacable. Il s’agit d’une nécessité logiquement articulable que l’expérience analytique se propose de dégager. Mais on est encore loin de l’exigence libidinale qui sera présente dans le symptôme à la fin de l’enseignement de Lacan, lorsque le symptôme s’égale à la pulsion comme volonté de jouissance. Quelque chose, alors, semble déborder l’inconscient et la puissance de l’interprétation. Cette exigence de jouissance s’avère ininterprétable, c’est-à-dire que l’interprétation de l’analyste, quelle que soit sa pertinence, n’aura sur elle aucun impact. Car le symptôme institue en lui-même un ordre, un mode de jouir. Le point de départ de Lacan consistait à libérer le sujet de la parole. Ensuite, à partir du Séminaire, Livre XVII, L’envers de la psychanalyse, il va s’agir de libérer le sujet de la jouissance. De la répétition signifiante, on passe à la répétition de jouissance : le ça l’emporte sur l’inconscient, et le mode de jouir domine. Le corps est saisi comme substance jouissante, mais le symbolique lui-même apparaît comme moyen de jouissance, ou expression de la jouissance – «là où ça parle, ça jouit.» Le dernier enseignement de Lacan remet en question ce qui semblait acquis. Ce moment est un dénouement. Après avoir effectué son «retour à Freud», Lacan a pensé opportun de trouver une autre manière de saisir l’inconscient, et même la psychanalyse. Lorsque est contestée la suprématie du symbolique, la logique ne suffit plus à rendre compte de ce dont il s’agit dans l’expérience analytique. Le nœud borroméen lui donne alors l’instrument propre à soutenir et à justifier cet au- delà du sens qui est orientation vers le réel. En attente, il y avait cette interrogation : en quoi le sens touche-t-il au réel ? Le sujet de l’inconscient, incluant le ça, s’est transformé en parlêtre. Lacan est alors préoccupé par l’autisme de la jouissance, par ce qui est profondément singulier et ne peut se partager. Si la jouissance est de l’Un, alors que le désir est de l’Autre, cela fait en effet apparaître la psychanalyse pour ce qu’elle est – un forçage de la jouissance de l’Un. La jouissance est du corps, elle n’a pas de sens, l’Autre n’y est pas impliqué. «Jouissance opaque d’exclure le sens», soulignera Lacan dans «Joyce le Symptôme». L’opération propre à la psychanalyse consiste précisément à rapporter la jouissance au sens pour la résoudre, la dénouer. Au terme du procès analytique, le résultat de la traversée du sens est un évidement : du signifiant, du sens, de la joui-sens. A la place de l’Autre apparaît un trou ; c’est la place propre au réel qui, par définition, exclut le sens. Cela peut même aller jusqu’à un certain ravalement de la pensée ; la géométrie des nœuds, précisément parce qu’elle laisse une place aux embrouilles, montre bien comment le savoir-faire l’emporte sur le savoir. Lacan s’est servi du nœud pour nous donner le concept de réel, qui implique du sans-fin, du sans- conclusion. Pourtant on ne peut faire autrement que d’y mettre du sens – être, c’est avoir du sens. La passe ne serait-elle pas, dans cette logique-là, la dernière histoire que l’on se raconte à propos du réel ? La passe apparaît comme la trouvaille conceptuelle majeure, la trouvaille propre à chacun à partir de son analyse, la trouvaille qui était attendue de Lacan et qui a permis que son École ait une théorie de la fin de l’analyse. La passe s’est imposée comme le point de capiton de la tâche analysante, rejoint ou non, validé ou non par une procédure. Comme l’a souligné Jacques-Alain Miller dans son Cours L’orientation lacanienne, le sujet supposé savoir est une signification imaginaire déterminée par l’articulation symbolique et, in fine – c’est ce qui permet que ça s’arrête – se constitue, se cristallise et émerge quelque chose que Lacan a appelé l’objet a, et qui serait de l’ordre du réel. La passe suppose qu’à l’effet de sens imaginaire se substitue un effet réel, et c’est ce qui fait que l’objet a apparaît à la fin de l’enseignement de Lacan comme «une métaphore du réel». Ce qui rend nécessaire le nœud borroméen, ce qui le soutient, c’est bien de mettre en question cette métaphore du réel : «Le nœud borroméen est justement là pour corriger, pour rectifier les mirages qui sont induits par l’expérience analytique elle- même, et que l’émergence comme réel de l’objet a ne corrige pas parce qu’il fait partie de cette préférence». Il ne faudrait pas, en effet, que cela engendre chez le psychanalyste une préférence donnée en tout à l’inconscient, au point de croire que tout esi interprétable. La question de la formation du psychanalyste est d’autant plus complexe qu’il ne s’agit pas d’acquisition de savoir, mais bien plutôt d’une transformation de l’être du sujet qui s’effectue dans 3 Accueil Cliquer la cure. Qu’il y ait du psychanalyste – produit de la fin de la cure et vérifié dans la procédure de la passe – ne signifie pas pour autant que ce psychanalyste n’ait pas à poursuivre sa formation et à soumettre son acte au travail de contrôle. Dans cette perspective, la formation du psychanalyste relève d’un ne cesse pas et l’Ecole devient le dispositif susceptible de fournir une lecture de l’acte analytique. 4 Accueil Cliquer 5 L’ORIENTATION LACANIENNE «Là où ça parle, ça jouit.» J. LACAN, «NOTE ITALIENNE», Autres écrits, PARIS, SEUIL, 2001, P. 310. Le réel est sans loi Jacques-Alain Miller Je m’apprêtais la dernière fois à vous faire comprendre cet énoncé : «Le réel est sans loi». * La compréhension «Faire comprendre» est une expression, une ambition, scabreuse. On le sait dans la psychanalyse où l’on procède par des voies qui échappent au comprendre, et que le comprendre s’efforce de rattraper comme il peut, et encore, à la condition qu’on en ait l’envie, l’intérêt, l’investissement pour ça. On peut très bien se contenter de l’évidence de la pratique analytique, laquelle a des effets patents, ne serait-ce qu’on en redemande. On doit en tenir compte, même si l’on reste quinaud quant au comment et au pourquoi. Cette pratique a aussi des résultats qui ne sont pas négligeables mais qui en même temps excèdent et découragent la compréhension. On n’aurait pas besoin de s’appuyer sur cette béquille que Freud a nommée l’inconscient si l’on pouvait recomposer, reconstituer, modéliser, tranquillement des rapports de cause à effet. Lorsqu’on s’y aventure, lorsqu’on s’y essaye, lorsqu’on monte des mécanismes – «j’ai dit ça», dit l’analyste, «alors le patient a fait ça, et puis lui est venu que…, et donc par conséquent il…» –, on doute que l’on soit vraiment dans la dimension de ce dont il s’agit. Suis-je sur cette pente à faire l’éloge de la bêtise, je veux dire à célébrer qu’on n’y comprenne rien ? Ce serait vraiment me renier. Mais une fois que l’on a tout compris, il faut faire sa place à ce que l’on ne comprend rien. Le pire, si je puis dire, c’est que même de ça l’on peut rendre raison. 1. Au-delà de Freud L’appareil freudien C’est un fait que sur cette pratique qui est pour nous, analystes et analysants, revêtue d’une certaine évidence et même d’une routine, il a poussé un considérable appareil conceptuel dû pour l’essentiel à l’effort solitaire de Freud, et qui nous a apporté l’inconscient et la pulsion et le transfert, et, pour suivre la liste que fait Lacan dans son Séminaire XI, la répétition. De fait, depuis lors, on répète cet appareil conceptuel. Ce n’est pas sans tracas, et même sans un certain sentiment d’effroi, que l’on peut songer à ébranler cet appareil conceptuel et à y voir, y souligner, l’artifice qu’il constitue. Pourrions-nous seulement y songer si Lacan lui-même, après en avoir dégagé cette liste de uploads/Philosophie/ cause-freudienne-de-psychanalyse49.pdf
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- Publié le Oct 19, 2021
- Catégorie Philosophy / Philo...
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