UES Licence 3 QUESTIONS DE PSYCHOPATHOLOGIE : CLINIQUE DE LA POSITION SUBJECTIV

UES Licence 3 QUESTIONS DE PSYCHOPATHOLOGIE : CLINIQUE DE LA POSITION SUBJECTIVE Pr F. Sauvagnat. Ce polycopié traite de deux questions : a- Le concept de séparation en psychanalyse et ses applications à la psychopathologie b- La question de la sexuation : recherches freudiennes et post-freudiennes sur la sexuation Le concept de séparation en psychanalyse et ses applications à la pychopathologie Première semaine : Position du problème Du point de vue de l'histoire des travaux psychanalytiques, on peut considérer que la question de la séparation apparaît dans un troisième temps des élaborations sur l'enfant. Rappelons qu'on distingue en général un premier temps qui est celui de la découverte de l'inconscient freudien, avec la tétrade du mot d'esprit, du rêve, de la psychopathologie de la vie quotidienne, et de l'interprétabilité du symptôme névrotique. Le second temps (qui débute dans les années 1920, à la suite de la première guerre mondiale) correspondant à la deuxième topique (ça, moi, surmoi), a consisté dans la prise en considération de la pulsion de mort, du surmoi sadique, etc. Le troisième temps, mettant en avant divers types de "troubles de la séparation" comme causalité fondamentale des troubles psychiques, se structure dans les années quarante, consécutivement au second conflit mondial (en lien avec de nombreuses études sur ce qu'on appelait à l'époque les "populations déplacées", puis sur les modes de placement ou d'enfermement dans diverses sortes de "camps", allant de camps militaires à des camps d’extermination). Au décours de la seconde guerre mondiale, la question de l'abandon et de la séparation viennent véritablement au premier plan. Du point de vue de la théorie du sujet on peut considérer que l'enjeu va se situer entre une théorie "expressive", par laquelle le sujet, d'abord autistique, se développerait, s'exprimerait de façon de plus en plus différenciée, selon un schéma de développement génétique que nous retrouvons chez Piaget (rappelons que cet auteur est au départ très influencé par les conceptions psychanalytiques de la pensée schizophrénique via son analyste Sabina Spielrein) et une théorie "appellative", selon laquelle le sujet serait essentiellement constitué en tant qu'appel confirmé ou non par l'autre.Nous nous appuyons ici sur le modèle de la théorie du langage dévelopé par le psychologue allemand Karl Bühler (dit Organon-Modell), séparant trois fonctions (expressive, centrée sur le sujet; appel, centré sur l'autre, représentative, centré sur la référence à un objet). Nous verrons que les premières théories se contentent en général de considérer que l'enfant a rapport avant tout à sa mère, alors que les 1 secondes vont supposer nécessairement une autre instance qui soit au-delà de l'instance maternelle: l'instance paternelle. Si la problématique de la séparation, telle qu'elle se développera à partir des années quarante, notamment à travers les recherches sur les placements d'enfants, avait des précurseurs dans les travaux psychanalytiques et notamment l'oeuvre de Freud, elle ne fera que bien ultérieurement l'objet de théorisations élaborées. Ceci surviendra dans des conditions politico-économiques particulières: à la fin de la seconde guerre mondiale, lorsque l’attention du public a été attirée sur ces situations extrêmes que sont les situations d’internement (notamment dans les camps de concentrations de divers types). Or il apparaît à la même époque, notamment à la suite des travaux de Spitz sur l’hospitalisme, que certaines conditions de placement de très jeunes enfants, considérées jusqu’alors comme "sanitairement correctes", mais dans lesquelles les contacts affectifs sont évités,peuvent provoquer des syndromes gravissimes, pouvant entraîner jusqu’à la mort, dans la mesure où certaines relations affectives minimales ne sont pas assurées. A partir de là, va apparaître un nouveau type de conception, une sorte de nouveau paradigme scientifique, celui de l'"abandon», dont Bowlby pourra écrire qu’il vient renverser complètement les tendances majeures des recherches dominantes jusque-là dans le domaine de la psychopathologie de l’enfant. En effet, jusque-là la plupart des recherches «objectives» - et surtout les recherches germanophones, mais pas seulement elles - étaient plus ou moins implicitement concentrées sur l’hérédité; en rupture avec cette conception, les recherches sur les séparations, l’attachement, etc. seront majoritairement des recherches sur une pathologie acquise (et massivement : des travaux sur les « borderline » et les délinquants). Ici, bien entendu, les références psychanalytiques auront une importance majeure. Mais curieusement, si les termes séparation, abandon, associés plus ou moins confusément avec une frustration, seront très fréquemment employés à partir des années quarante et cinquante, pour des choses aussi différentes que la «névrose d’abandon» de la Suissesse Germaine Guex (qui désigne une série de sentiments de frustration d'allure plus ou moins névrotique, ayant un caractère répétitif et liés à des plaintes allant du reproche d'abandon parental à des sentiments de jalousie) ou certaines psychoses infantiles (Margaret Mahler), une définition, une appréhension rigoureuse de ce qui était en jeu ne seront mises en oeuvre que beaucoup plus tardivement. Globalement, ces termes ont renvoyé à une préoccupation sociale avant d'être intégrés dans des réflexions psychopathologiques, pour être définis de façon plus serrée. Il fallait rendre compte de deux types de problèmes. Le premier était celui des effets négatifs de certaines séparations. Dans ce registre, les notions les plus courantes sont celles d'"abandon", de "carences maternelles". Ce sont des notions qui ont autant et même plus de rapport avec le domaine social qu'avec le domaine psychologique, et qui ont justifié certaines décisions gouvernementales, certaines initiatives institutionnelles, etc. Tout un courant de recherches scientifiques, appuyées à des préoccupations politiques s'est formé dans les années quarante pour montrer à quel point certains types de placements pouvaient avoir un effet particulièrement pernicieux, si les contacts affectifs proposés aux enfants étaient insuffisants. Les notions développées étaient celle de continuité des soins et d'insistance sur les relations affectives. Des rapports d'ensemble ont été présentés aux Nations Unies (notamment rapports de Bowlby et d'Ainsworth) à ce propos. 2 Le deuxième aspect, bien noté d'emblée dans les travaux de S. Freud avec la notion de séparation agie par l'enfant ( c'est le fameux jeu de la bobine décrit dans "Au-delà du principe de plaisir") était au contraire un aspect "positif" : il fallait expliquer que l'enfant agisse, recherche certains types de séparation, même si elle peut être liée par ailleurs à une certaine angoisse - la séparation était présentée dans l’article de S. Freud «Inhibition, symptôme, angoisse» (1925) comme un signe d’angoisse privilégié. L'explication la plus largement répandue, dans les années quarante et cinquante, aura trait à certaines particularités de ce qu'on appelait l'"environnement", et qu'on désignait surtout comme la mère. C'est ainsi que Winnicott évoquera la mère "suffisamment bonne", "raisonnablement attentive", que Margaret Mahler parlera de la "bonne symbiose" avec la mère permettant ce qu'elle appelle la phase de séparation-individuation. Néanmoins, ces deux principes explicatifs ne caractérisaient que la mère elle-même, et non pas l'enfant. Comment pouvait-on expliquer le fait que certains enfants acceptent la séparation, voire même que certains enfants refusent activement certaines choses, tentent de se séparer, etc.? Et d'autre part, comment expliquer ce résultat paradoxal maintes fois observé: les enfants ayant une relation très "positive" avec leur mère, et dont on pourrait supposer que cela corresponde à une "symbiose" positive, présentaient des réactions catastrophiques lors de séparations; au contraire, les enfants ayant une relation moins bonne présentaient des réactions moins défavorables. Par ailleurs, les tentatives de décrire une genèse du refus en partant de mécanismes plus ou moins réflexes (comme la tentative de Spitz dans Le non et le oui de dériver le geste de refus à partir du réflexe de fouissement) , pour ingénieuses qu'elles aient été, ne permettaient pas de repérer à quel niveau situer les mécanismes qui rendraient cette séparation "positive" radicalement impossible. La question était donc ouverte: comment comprendre les mécanismes de séparation "positifs" du point de vue de l'enfant ? Nous partirons des premières théories de ce qu'on peut appeler rétrospectivement l'objet séparateur, pour aboutir aux élaborations les plus circonstanciées sur la problématique de la séparation comme possibilité d'existence du sujet du désir, telle qu'elle sera envisagée par J. Lacan. II. De la découverte des pulsions à l'objet transitionnel: Objet et séparation A partir de quand et par quels moyens le sujet tente-t-il de jouer sa séparation ? Quel type d'objet l'enfant utilise-t-il pour cela ?Un certain nombre de discussions ont été soulevées à ce propos depuis le début du siècle, qu'il est indispensable de connaître. Elles concernent autant , au départ, l'observation de l'enfant que la pratique de la cure psychanalytique elle-même. Nous distinguerons quatre étapes : 1) Les premières définitions de l'objet: objet de jouissance dans le suçotement chez Samuel Lindner, objet d'un amour partiel chez Karl Abraham et Melanie Klein, 3 l'objet fétiche de Friedjung et Wulff. 2) La question de la naissance de l'objet et l'enjeu de la séparation-individuation de l'enfant chez Margaret Mahler. 3) L'objet transitionnel chez Winnicott. 4) L'objet entre fantasme et pulsion chez J. Lacan: les enjeux de l'objet cause du désir. La demande de l'Autre comme objet cause du désir du névrosé. Nous concluerons enfin par la différenciation entre objets névrotiques, pervers et psychotiques. La découverte inattendue d'un précurseur: Samuel Lindner En 1879, deux ans après le célèbre article de Charles Darwin où ce dernier uploads/Philosophie/ clinique-de-la-position-subjective.pdf

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