Psycholinguistique NADJAR Aroua INTRODUCTION : La psycholinguistique cherche à
Psycholinguistique NADJAR Aroua INTRODUCTION : La psycholinguistique cherche à caractériser les opérations mentales qui découlent du traitement de l’information sur plusieurs plans tels que la phonologie et la phonétique, le lexique, la syntaxe, la morphologie, la sémantique et la pragmatique. La communication humaine implique de nombreux processus cognitifs qui s'exécutent très rapidement (l'identification d'un mot s'effectuant en général en l'espace de quelques centaines de millisecondes), souvent en parallèle, et de manière inconsciente. L'étude de ces mécanismes nécessite donc, d'une part, l'usage d'une instrumentation spécifique (par exemple le sonagraphe qui a facilité l'exploration du contenu des sons de parole) et, d'autre part, des protocoles expérimentaux particuliers destinés à isoler le processus cognitif étudié. La psycholinguistique ne s'intéresse pas uniquement au processus mis en œuvre par le cerveau humain lors de la perception ou de la production du langage, mais également aux pathologies pouvant affecter ces capacités linguistiques, à l'acquisition du langage chez l'enfant, ou au bilinguisme. 1. Point de vue psychologique : Du côté de la psychologie, l'intérêt est surtout tourné vers les données empiriques. Plusieurs chercheurs se sont penchés sur l'anatomie du cerveau, comme le physiologiste et anatomiste Franz Joseph Gall, fondateur de la phrénologie, qui avait pour but d’associer certaines facultés mentales spécifiques et indépendantes aux formes du crâne. Il a découlé de cette théorie une multitude de travaux et de modèles neuroscientifiques qui incluaient, chacune à sa façon, les capacités langagières. C’est au XIXe siècle que deux chercheurs de renommés, Paul Broca et Carl Wernicke, identifièrent sur un modèle anatomique les principales aires du langage : l’aire de Broca (Brodmann 44-45) et l’aire de Wernicke (Brodmann 22). Ils furent les premiers à localiser le « centre du langage » dans le cerveau. En psychologie, l'étude du langage se penche sur tous les processus qui permettent son apprentissage (la compréhension, l'acquisition, le traitement) Le langage n'est généralement pas considéré comme indépendant des autres fonctions cognitives. Le cerveau en entier est concerné. Les capacités langagières ne sont pas innées mais plutôt acquises grâce aux stimuli de l’environnement. Les analyses sont principalement centrées sur le langage spontané ou induit (production langagière). 2. Point de vue linguistique : Page 1 Psycholinguistique NADJAR Aroua Du côté de la linguistique, plusieurs modèles théoriques furent proposés pour tenter d'expliquer l'émergence et le développement du langage chez l'être humain. Ferdinand de Saussure, considéré comme le père fondateur du structuralisme linguistique, a défini plusieurs notions fondamentales telle la notion de signe linguistique et les différences entre la définition de la parole, du langage et de la langue. En linguistique, les études analysent plutôt la compétence du locuteur par ses intuitions. Les linguistes cherchent à définir le langage en tant que faculté cognitive et à en décrire la nature dans des modèles formels. Le but premier n'est pas de savoir comment le langage est produit lors de l'élocution mais plutôt de le définir par le biais de l'étude de ses propriétés sous- jacentes (son vocabulaire, sa syntaxe, sa sémantique, sa morphologie, sa phonologie, etc.). Noam Chomsky propose que la capacité à acquérir une langue est issue d'une codification génétique (neuronale) propre à l'humain1. Ainsi, selon l'approche innéiste, l'environnement linguistique sert de stimulus déclencheur à la mise en marche de la capacité linguistique. Jusqu'à il y a une quinzaine d'années, cette capacité langagière innée était considérée comme un organe langagier à toute fin pratique indépendant des autres fonctions, mais cette notion stricte de modularité a été révisée. 3. Domaines d'étude : À partir de cette collaboration interdisciplinaire entre la psychologie et la linguistique, une multitude de domaines d’études connexes a émergé : la perception du langage, l’acquisition du langage, la compréhension du langage, la production verbale et écrite, la lecture et les troubles du langage. Sur le plan pratique, les travaux en psycholinguistique font l’usage de plusieurs techniques modernes des neurosciences comme l'étude des potentiels évoqués (ERP), la magnétoencépaholographie (MEG), l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf), la technique d'oculométrie et la technique d'imagerie optique qui permettent d’établir et de valider de nouvelles théories. On donc peut distinguer plusieurs composantes à l'intérieur de la psycholinguistique : La phonétique et la phonologie qui s'intéressent à l'étude des sons de la parole. Autrement dit, comment le cerveau fait-il pour produire et comprendre ces sons ? La morphologie ; La syntaxe ; La sémantique ; La pragmatique. Page 2 Psycholinguistique NADJAR Aroua Elle est composée des domaines suivants: L'acquisition du langage La compréhension du langage La perception de la parole La production verbale orale et écrite Les troubles du langage Langage et pensée La reconnaissance visuelle des mots (ou la lecture) 4. La mémoire dans le langage 4.1. Type de mémoire : La mémoire est un processus complexe qui passe par plusieurs étapes. Il existe quatre grands types de mémoire : la mémoire sensorielle, la mémoire à court terme, la mémoire à long terme et la mémoire de travail. La mémoire sensorielle sert à maintenir l'information pour qu'on puisse ensuite la traiter. Elle se décompose en deux types : la mémoire iconique, une mémoire sensorielle visuelle, ainsi que la mémoire échoïque, une mémoire sensorielle auditive. La mémoire à court terme (MCT) est reliée à la mémoire sensorielle et à la mémoire de travail (MdT). Elle permet de conserver et de restituer une information pendant moins d'une minute. Cette dernière se mesure grâce à l’empan mnésique. Lors d’une tâche de rappel, nos facultés nous permettent de retenir en moyenne 7 ± 2 éléments. La MdT correspond au traitement cognitif des éléments qui sont temporairement stockés. Elle est composée, comme l’illustre l'image ci-dessous, d'un administrateur central, de la boucle phonologique, du tampon épisodique et du calepin visuo-spatial Page 3 Psycholinguistique NADJAR Aroua La boucle phonologique (phonological loop) comprend le registre phonologique qui permet la conservation de l'information acoustique ainsi que le mécanisme de répétition. Les aires de Broadmann 6 et 40 sont celles qui sont sollicitées dans ce traitement. La boucle phonologique est la principale composante de la mémoire à long terme pour ce qui a trait au langage. C'est elle qui conserve en mémoire les nouveaux mots jusqu'à ce qu'ils soient transférés en MLT. Le tampon épisodique (episodic buffer) lie les informations visuelles et auditives. Tout comme la boucle phonologique, il consolide les informations en mémoire à long terme. Quant à lui, le calepin visuo- spatial (visuospatial sketchpad) garde en mémoire l'information spatiale temporaire. Finalement, l'administrateur central (central executive) est la composante qui gère le système à travers les diverses composantes. La MLT se traduit par l'encodage, le stockage et la restitution. L'encodage donne un sens à l'élément qu'on veut rappeler. Son efficacité est affectée par la profondeur de celui-ci. Par exemple, on pourrait encoder le mot sapin selon ses caractéristiques : forme, odeur, Noël, etc. Le stockage, quant à lui, correspond au renforcement et tente de consolider les souvenirs afin qu'ils résistent à l'oubli. Finalement, la restitution se traduit par la récupération des souvenirs. Il s'agit d'une copie de l'information suivie de son envoi en mémoire de travail. On parle de rappel lorsque l'information est restituée de manière active, soit de manière non indicée ou simplement d'une reconnaissance. Ces trois composantes sont fortement reliées ; un souvenir bien encodé et structuré sera plus accessible, donc restitué plus rapidement. À l'opposé, l'oubli illustre un déficit dans une de ces composantes. La mémoire à long terme se subdivise en mémoire explicite (déclarative) et en mémoire implicite (non déclarative). La mémoire explicite comprend la mémoire épisodique (évènements biographiques et Page 4 Psycholinguistique NADJAR Aroua expériences) et la mémoire sémantique (faits, concepts relatifs à la connaissance du monde, mots, sens). 4.2. Mémoire et langage : La faculté de langage comprend un lexique et une grammaire mentale. Le lexique agit à titre de mémoire à long terme déclarative où sont stockés les mots réguliers et irréguliers ainsi que leur structure argumentale. Par ailleurs, la grammaire est comprise dans la mémoire à long terme procédurale et sous-tend les règles et les dépendances de structure syntaxique et morphologique. Dans cet ordre d’idée, Ullman et ses collaborateurs (Ullman, 2001, 2004 ; Ullman & Corkin, 1997 ; Ullman & Pierpont, 2005) ont présenté le modèle déclaratif-procédural afin de réconcilier le langage aux autres fonctions cognitives. Certains problèmes langagiers sont reliés à un mauvais traitement en MCT ou en MdT. Ces deux types de mémoire sont ceux qui dirigent les tâches cognitives comprenant une composante langagière. Parmi ceux-ci on retrouve : Des problèmes face à des phrases complexes ; Des problèmes de compréhension en récursion ; ex. : « Le chien de la voisine du frère de mon ami… » ; Double et triple négation ; ex. : « Les grévistes n’ont pas décidé de ne pas manifester contre l’austérité. » Double négation avec un quantificateur universel32 ; ex. : « Tous les grévistes n’ont pas décidé de ne pas manifester contre l’austérité. » Les composantes de la MCT : la boucle phonologique, le calepin visuo-spatial ainsi que le buffer épisodique ont tous un rôle à jouer uploads/Philosophie/ cours-01.pdf
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- Publié le Jan 06, 2023
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