Cours 5 LA STRUCTURATION SEMIQUE DU LEXIQUE La structuration sémique du lexique
Cours 5 LA STRUCTURATION SEMIQUE DU LEXIQUE La structuration sémique du lexique se réalise en réseaux qui entraînent divers rapports entre signifiant et signifié et prend en considération le niveau de la LANGUE, l’immanence, et le niveau du CONTEXTE, le plan manifeste ou des actualisations sémantiques. Structuration taxinomique du système sémique La substance lexicale s’organise en SYSTEMES SEMIQUES. Selon U. Weinrich les traits sémiques sont répartis en : - ordonnés (formant des champs sémio-lexicaux) - non ordonnés (constituants du sens : sèmes, classèmes, sémème, lexème) 1. Il a mis en exergue des TAXINOMIES SEMIQUES = inventaires sémio-lexicaux qui groupent des marques se plaçant sur un AXE SEMIQUE AXE SEMIQUE= le dénominateur sémique commun qui sous-tend plusieurs unités lexicales manifestes (discursives) ; = selon Greimas : l’unité de substance de contenu articulé en structure = témoigne de la relation existante entre le système sémique et la manifestation lexématique de ses éléments. Ex. J’ai acheté au marché des pommes, des poires et des prunes. Ce que permet de mettre ensemble les noms, c’est l’axe sémique /fruits comestibles/ Aujourd’hui il ne fait ni beau, ni mauvais On peut opposer beau/vs/mauvais en vertu de l’axe /état de l’atmosphère/ Mais on oppose beau/vs/laid dans un contexte comme Cet enfant est plus beau que celui de ta voisine, sur l’axe de /appréciation physique/ 2. Les axes sémiques conduisent à l’établissement des taxinomies. La majorité des taxinomies sont BINAIRES, engendrées en général au niveau des classèmes et en fonction des intérêts de l’analyse : +transitif/-transitif (si on analyse un verbe) + abstrait / -abstrait (pour des noms, adjectifs…) + humain/ -humain, etc. En ce cas les systèmes ont à la base les corrélations de traits : marqué/ non marqué et sont engendrés par les CLASSEMES. 3. Il y a aussi des cas particuliers où les taxinomies sont POLAIRES, c’est-à-dire situent les éléments de la langue aux deux pôles opposés d’un axe sémique (tel le cas des paires : grand/petit ; riche/pauvre) -des taxinomies MULTIPLES qui ont dans leur construction des axes sémiques formés de plus de deux membres : ex. grand/moyen/petit –sèmes lexicalisés ; à la base de ce type de taxinomie se trouve un axe sémique du type : positif/moyen/négatif ; une corrélation pronominale on/il/cela aura à la base un axe sémique du type positif/complexe/négatif, c.-à-d. personnel/pers.impers./ non personnel. 4. LES SYSTEMES TAXINOMIQUES RELATIFS referment des sémèmes appartenant à des séries à termes réciproques : parent/enfant grand-père/petit-fils Des oppositions comme homme /femme/ enfant taureau/vache/veau auront à la base un axe sémique comme : mâle/femelle/petit. 5. Il y a aussi des taxinomies hiérarchiques dont les termes sont progressivement ordonnés : un/deux/ trois..., lundi/mardi/..., gramme/ décigramme/... Evidemment que les archisémèmes peuvent se structurer en configurations qui permettent de saisir une certaine hiérarchie. Organisation du lexique en champs Selon Saussure, à l’intérieur du système de la langue, les unités lexicales contractent entre elles des relations réciproques, le propre du mécanisme linguistique étant de rouler tout entier sur des identités et des différences. Le lexique peut s’organiser en champs ou sous-ensembles de termes. LE CHAMP représente un inventaire de lexèmes organisés en paradigmes uniques ou dans un ensemble de classes paradigmatiques, d’une dimension variable, réunies autour d’un noyau sémantique et se manifestant à l’intérieur d’une même catégorie grammaticale (verbe, nom, adjectif…). La propriété fondamentale qui réunit les termes dans un champ est l’existence d’une propriété sémantique commune actualisée par un noyau sémique commun à plusieurs termes et des traits sémantiques distinctifs caractérisant chaque membre du champ. Ex. Champ des /couleurs/, des /animaux/, relations de parenté/, /des plantes à fleurs/, etc. On peut avoir des champs très larges lorsqu’on se propose de faire un glossaire ou un dictionnaire, ou des champs restreints, en fonction des besoins d’analyse. La nature des sèmes communs a des conséquences sur l’organisation en champs. Il faut faire certaines restrictions dans l’organisation des champs car autrement on peut se dissiper dans la multitude des lexèmes composants. Un noyau sémique comme /animal/ nous condiuirait à la réalisation d’un dictionnaire des termes désignant tous les animaux connus sur la terre. Pour pouvoir les classifier dans certaines catégories, on restreindra le noya sémique ; on aura ainsi des champs comme /animaux domestiques/, /animaux sauvages/, /animaux domestiques productifs/, /animaux domestiques d’agrément/, etc. On peut classifier d’après le /genre/, /espèce/, /utilité/, etc. Typologie des champs a. CHAMP ASSOCIATIF Ch. Bally, disciple de Saussure, envisageait chaque mot comme le centre d’un champ associatif, se définissant comme « un halo qui entoure le signe et dont les franges extérieures se confondent avec son ambiance. » Le champ varie d’un individu à l’autre, d’un groupe social à l’autre. Selon Bally le mot bœuf déclenche en français trois ordres d’associations : 1. les concepts liés aux mots : vache, taureau, veau, cornes, ruminer, beugler, 2. les concepts liés aux mots désignant les produits obtenus à partir des termes de départ : labour, charrue, joug, viande, abattoir, boucherie ; 3. les aux concepts de « force », « endurance », « travail patient », « lenteur », « lourdeur », « passivité ». D’autre part les associations qui entourent le signifié de bœuf sont à la base de certaines constructions métaphoriques et des emplois figurés : - un vent à décorner les bœufs, ruminer une idée, mettre la charrue avant les bœufs, fort comme un bœuf. b. CHAMP LINGUISTIQUE – terme introduit par Jost Trier. Son hypothèse : nos concepts recouvrent tout le champ de la réalité linguistique sans laisser de vide, ni de chevauchements. Les champs linguistiques coïncident avec les champs conceptuels. Malgré certaines conclusions insoutenables comme cette coïncidence ci-dessus, son idée fondamentale, la possibilité de structurer le lexique, a fait fortune. Toujours est-il que le rôle de la langue comme instrument de communication met en relief deux phénomènes à la fois distincts et indissociables : le fonctionnement et la construction d’une langue donnée, plus précisément sa structure et son architecture . A ce sujet Patrick Charaudeau : « la communication comme phénomène d"intercompréhension nous oblige à tenir compte de la double démarche : onomasiologique et sémasiologique. Ceci revient à dire que toute analyse doit rendre compte : 1. de la place d’un terme dans l’ensemble paradigmatique conditionné pour un contexte donné (Onomas) ; 2. du réseau sémantique sous-jacent à ce terme, pris en tant que « sémantisme généralisé » d’une seule et même forme (Sémas) Le mécanisme sémasiologique se fait voir dans la relation d’un même signifié par plusieurs signifiants différents (le rayonnement d’un sémème unique dans plusieurs unités lexicales). Ex. Je vais à l’école (dit par un enseignant) Le concept /école/ peut renvoyer à plusieurs signes : maternelle, école secondaire (collège, lycée), faculté/université en fonction du lieu de travail de l’enseignant. Le mécanisme sémasiologique est un engendrement de plusieurs signes linguistiques, de plusieurs unités lexicales à partir d’un même signifiant Selon Kurt Baldinger l’onomasiologie est basée sur la synonymie tandis que la sémasiologie est basée sur la polysémie. L’onomasiologie envisage le problème sous l’angle du locuteur, de celui qui doit choisir parmi les différents moyens d’expression. Une structure onomasiologique va du sème vers le lexème pour s’intégrer dans le discours. Par exemple le champ conceptuel de « siège » est actualisé dans le microsystème lexical : chaise, fauteuil, tabouret, canapé, pouf, etc. . A.J. Greimas analyse le système de la « spatialité » en obtenant ainsi tout le champ lexico-sémantique de la spatialité : Spatialité Dimensionalité non dimensionalité Horizontalité verticalité superficie volume Vaste/x épais/mince Perspectivité latéralité long/court large/étroit La sémasiologie envisage le problème sous l’angle du récepteur, de l’interlocuteur qui doit déterminer le sens d’un mot qu’il entend parmi toutes les significations possibles. Dans l’exemple avec /école/, le récepteur va décoder le message en faisant appel à ses connaissances sur son émetteur, sur la situation de communication. S’il ne connait pas l’encadrement professionnel de son interlocuteur, il ne pourra pas décoder correctement le concept d’école. L’analyse sémique du lexème marron montre l'existence des sémèmes différents, engendrant 4 signes linguistiques « marron » : Marron +comestible – comestible fruit plat graine coup de poing marchand de marrons crème de marrons marron d’Inde distribuer des marrons à un enfant dont il garde encore les bleus Ex. Je lui ai donné des marrons – énoncé ambigu. Donc, il faut contextualiser. c. La structuration sémique du lexique peut être conçue selon les deux axes sémiques : PARADIGMATIQUE ET SYNTAGMATIQUE L’analyse sémique met en évidence la configuration d’un sémème à l’intérieur d’un ensemble de composants. Les sémèmes s’organisent pour établir des relations sémantiques entre eux en fonction des deux axes de structuration du lexique : paradigmatique et syntagmatique. Au niveau PARADIGMATIQUE on arrive à une organisation du contenu sémantique en fonction de quelques facteurs : - 1. Le degré de couverture entre sémèmes/vs/lexèmes correspondant : si deux ou plusieurs sémèmes différents sont recouverts par un même lexème alors on a affaire à des rapports naturels caractéristiques au lexique : la POLYSEMIE et l’HOMONYMIE Ex. CHAT (Polysème /vs/homonyme) Polysèmes I. A. ZOOL. Genre de mammifères carnivores de la famille des Félidés comprenant le lion, le tigre, la panthère, le lynx, uploads/Philosophie/ cours-5 1 .pdf
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- Publié le Aoû 12, 2022
- Catégorie Philosophy / Philo...
- Langue French
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