Revue Philosophique de Louvain Jacques D'Hondt, L'idéologie de la rupture Jean-

Revue Philosophique de Louvain Jacques D'Hondt, L'idéologie de la rupture Jean-Dominique Robert Citer ce document / Cite this document : Robert Jean-Dominique. Jacques D'Hondt, L'idéologie de la rupture. In: Revue Philosophique de Louvain. Quatrième série, tome 78, n°40, 1980. p. 633; https://www.persee.fr/doc/phlou_0035-3841_1980_num_78_40_6119_t1_0633_0000_2 Fichier pdf généré le 25/04/2018 Ouvrages d'ordre général 633 «instaurer une nouvelle 'critique de la raison' propre à notre temps» (p. 206). Toutefois, l'auteur se rend parfaitement compte qu'il n'est pas seul et que c'est par un travail collectif de philosophes authentiques que la chose pourra aboutir. Jamais il n'entend, en effet, être infidèle au projet philosophique dans le sens fort du mot, donc parfaitement distancié de la science et de l'idéologie dont les tâches sont autres que celles de la philosophie. Il nous semble que, à une époque de défaitisme philosophique, la chose est à souligner fortement. Ce n'est pas la philosophie que Giuseppe Bufo veut renverser, mais une certaine manière de philosopher qu'il a décrite de façon un peu caricaturale dans le récit de sa «conversion» à la pragmatologie. Jean-Dominique Robert. Jacques D'Hondt, L'idéologie de la rupture (Philosophie d'aujourd'hui). Un vol. 22 x 14 de 189 pp. Paris, PUF, 1978. J. D'Hondt est l'auteur connu et apprécié de plusieurs ouvrages sur Hegel, parus depuis 1966. On sait que Hegel parlait de «fermentation bouillonnante» et d'«un nouveau surgissement de l'esprit» qui s'annonçait à son époque. Personne ne le contredira sur ce point. Le tout est cependant d'apprécier le type de rupture en train de s'accomplir sous nos yeux. Le titre du présent ouvrage indique bien dans quel piège il ne faudrait pas tomber: V idéologie de la rupture. C'est qu'en effet, pour son auteur, toute rupture suppose aussi continuité. On est ici face au travail même de la dialectique. Saisir sur plusieurs exemples concrets la continuité dans la rupture et la rupture dans la continuité, c'est ce à quoi tend ce livre où les noms de Hegel, Marx, Engels reviennent sans cesse, références et textes à l'appui. Un livre à méditer tant par ceux qui pensent qu'il n'y a rien de nouveau sous le soleil que par ceux qui croient que le soleil se lève avec leur propre regard. Jean-Dominique Robert. Sylviane Agacinski, Jacques Derrida, Sarah Kofman, Ph. Lacoue- Labarthe, Jean-Luc Nancy, Bernard Pautrat, Mimesis Desarticulations (La philosophie en effet). Un vol. 22 x 14 de 366 pp. Paris, Aubier Flammarion, 1975. Prix: br. 65 FF. La collection «La philosophie en effet» produit des œuvres articulées/désarticulées, rigoureuses/vigoureuses, pertinentes/impertinentes, informées/déformées qui récupèrent et travaillent audacieusement les effets méconnus de la tradition. La succession des six textes du présent volume offre, sans sujet/objet, la mimétologie d'une intermimologie. Un effet typographique laisse un blanc à peine plus large entre Des et articulations, le coupement suggérant la dialecticité désarticulations/ Review Reviewed Work(s): L'idéologie de la rupture, coll. Philosophie d'Aujourd'hui by Jacques D'Hondt Review by: Solange Mercier-Josa Source: Revue de Métaphysique et de Morale, 84e Année, No. 3 (Juillet-Septembre 1979), pp. 419-420 Published by: Presses Universitaires de France Stable URL: https://www.jstor.org/stable/40901975 Accessed: 18-07-2020 18:00 UTC JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact support@jstor.org. Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at https://about.jstor.org/terms Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Revue de Métaphysique et de Morale This content downloaded from 193.52.103.21 on Sat, 18 Jul 2020 18:00:30 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms NOTES CRITIQUES L'idéologie de la rupture, par Jacques D'Hondt, Paris, P.U.F., coll. Philo- sophie d'Aujourd'hui, 1978, 191 pages. Jacques DHondt est sans conteste run des philosophes contemporains qui connaît, comprend et enseigne le mieux Hegel. Il y a cependant là comme un paradoxe. En effet l'écriture de D'Hondt nous fait irrésistiblement penser que l'idée d'un « esprit français » renvoie bien à une certaine réalité : simplicité de la phrase qui n'exclut pas l'agrément d'une figure, limpidité des énoncés, rai- sonnement raisonnable par excellence et que nous oserons dire de « bon sens » dans l'acception cartésienne et laudative du terme. Or le système dont rend compte, avec tant d'aisance et de calme polémique contre ceux qui prétendent y substituer le leur, l'essai de D'Hondt, le système auquel il donne une nouvelle impulsion, est celui qui passe pour le plus abstrus, le plus dense de la philosophie allemande. Plus encore que dans ses livres précédents et en particulier dans Hegel philo- sophe de l'histoire vivante, livre fondamental pour qui veut s'assurer d'une juste intelligence de ce que sont les thèses hégéliennes, D'Hondt s'oppose dans L Idéo- logie de la rupture avec un courage serein au fort courant qui, en France, tend à ne plus voir dans la pensée dialectique qu'un archaïsme. En plusieurs et relativement courtes interventions, l'auteur affronte sous des biais différents la même question : quel type de pensée est-il mieux apte que la dialectique à rendre intelligible le surgissement d'un réel autre que le réel existant, quelle démarche ressaisit-elle avec plus de clarté le réel dans sa temporalité ? A la conception continuiste traditionnelle qui pense l'histoire et en particulier celle du savoir comme un développement unique, progressif, expansionniste de la raison, une totalisation des acquisitions, le rupturalisme contemporain substitue la vision d'une pluralité de cultures qui se succèdent sans se rapporter en rien les unes aux autres parce que fondées sur des problématiques hétéro- gènes. La métaphore spatiale de la dispersion, de l'éclatement remplace celle de la continuité du temps : ainsi les continents d'Althusser ; ainsi les brèves échelles de Foucault pour lequel n'existe aucune filiation entre les différents sys- tèmes de conditions du savoir, les diverses épistémies. Or D'Hondt se demande si cette absolutisation de la différence, cette exaltation de la rupture qui « ignore la cause profonde des bruyantes explosions de surface » ne participe pas de l'idéologie, dans le sens que Marx donne à ce terme, si elle n'est pas, quoi qu'elle pense d'elle-même, partie intégrante de la production intellectuelle d'une classe dominante qui ne sait plus comment agir. En d'autres termes, et ce sont ceux de J. D'Hondt, « la théorie de la rupture ne serait-elle pas projetée illusoirement sur le passé, la conceptualisation d'une absence de toute issue ? ». Nous avons lu ce livre comme celui qui n'a pas craint de se heurter au probl spécifique de notre temps : qu'est-ce que penser l'Autre (d'ailleurs passé ou fu du monde existant, comment une telle pensée est-elle possible ? 419 This content downloaded from 193.52.103.21 on Sat, 18 Jul 2020 18:00:30 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms Revue de Métaphysique et de Morale Ainsi dans l'analyse de V Apocalypse, par laquelle il commence son ouvrage, D'Hondt montre que, malgré le désir qu'a le prophète de décrire la nouvelle Jérusalem comme radicalement autre que l'ancienne, la description qu'il fait du nouveau se constitue bien par une négation de l'ancien - ; l'autre que pose cette description n'est pas n'importe quel autre mais est lié au même par le type de négation qu'elle opère et par le langage qu'elle emploie qui ne peut être tout à fait autre et rester intelligible. J' D'Hondt écrit : « La nouveauté ne vient plus d'ailleurs par un glissement, un déménagement, une migration. Mais la nouveauté se cachait au cœur de l'ancien, parce que la réalité n'est pas plate et qu'elle possède un revers, une vie intime, une profondeur. » En réfléchissant sur le commencement, Γ utopie et la liberté, V aiguisement de la contradiction, J. D'Hondt nous fait reconnaître que le renversement n'est pas une simple image mais une idée fondamentale et complexe et que les nouveaux concepts qui entendent l'exténuer, « migration », « descente », « émergence », n'en sont que les « apparences certes importantes mais toutefois partielles et superficielles ». Solange Mercier-Josa. Bergson et le fait mystique, par Marie Cariou, Paris, Aubier-Montaigne, 1976, 22 χ 14, 267 p. Coll. Philosophie de l'Esprit. Mane Cariou note, a propos de Bergson et du renouveau philosophique, que l'introduction du mouvement dans la genèse des figures, est à l'origine de la mathématique moderne. Et elle aurait raison, surtout si, au lieu de penser à Descartes, elle évoquait la méthode des fluxions, version neuwtonienne du Calcul infinitésimal. Dans ce cas, elle pourrait même ajouter que cette intro- duction est à l'origine d'une systématisation beaucoup plus vaste. C'est bien ce que Kant a compris, qui, après Newton, a saisi la signification et la portée d'une science, celle qui avait fait ses preuves depuis trois siècles. Et Bergson, à son tour, prolonge Kant, plus qu'il ne le remplace, en ce sens que pour l'un comme pour l'autre « le point de départ est un constat : celui d'un accord entre l'intelligence et la matière ». Par là Kant, comme Bergson, rejette définitivement la mauvaise métaphysique. La différence qui subsiste uploads/Philosophie/ d-x27-hondt-ideologie-de-la-rupture-compte-rendus.pdf

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