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Tous droits réservés © Société de philosophie du Québec, 2011 Ce document est protégé par la loi sur le droit d’auteur. L’utilisation des services d’Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d’utilisation que vous pouvez consulter en ligne. https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-dutilisation/ Cet article est diffusé et préservé par Érudit. Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de l’Université de Montréal, l’Université Laval et l’Université du Québec à Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. https://www.erudit.org/fr/ Document généré le 11 nov. 2019 21:02 Philosophiques L’histoire de la philosophie autrichienne et ses institutions Remarques sur la Société philosophique de l’Université de Vienne (1888-1938) Denis Fisette Les conférences Hugues Leblanc 2010 Volume 38, numéro 1, printemps 2011 URI : https://id.erudit.org/iderudit/1005718ar DOI : https://doi.org/10.7202/1005718ar Aller au sommaire du numéro Éditeur(s) Société de philosophie du Québec ISSN 0316-2923 (imprimé) 1492-1391 (numérique) Découvrir la revue Citer cet article Fisette, D. (2011). L’histoire de la philosophie autrichienne et ses institutions : remarques sur la Société philosophique de l’Université de Vienne (1888-1938). Philosophiques, 38 (1), 71–101. https://doi.org/10.7202/1005718ar Résumé de l'article Cette étude porte sur la place qui revient à la Société philosophique de l’Université de Vienne (1888-1938) dans l’évolution de l’histoire de la philosophie en Autriche jusqu’à la formation du Cercle de Vienne en 1929. Nous examinerons plus particulièrement trois aspects de la relation entre le Cercle de Vienne et la Société philosophique qui ont fait l’objet de plusieurs études par les historiens de l’empirisme logique : le premier aspect concerne la thèse d’un proto-Cercle de Vienne formé principalement par H. Hahn, P. Frank et O. Neurath ; le deuxième aspect porte sur la thèse suivant laquelle le chaînon manquant entre le Cercle de Vienne et la tradition bolzanienne en Autriche est l’étudiant de Brentano et de Meinong, A. Höfler ; nous examinerons enfin le lien établi par plusieurs historiens entre l’annexion de la Société philosophique à la Kant-Gesellschaft en 1927 et la fondation du Cercle de Vienne en 1929. Nous voudrions montrer que cette institution a joué un rôle clé dans l’histoire de la philosophie en Autriche et qu’elle est en partie responsable de la formation du Cercle de Vienne. PHILOSOPHIQUES 38/1 — Printemps 2011, p. 71-101 L’histoire de la philosophie autrichienne et ses institutions Remarques sur la Société philosophique de l’Université de Vienne (1888-1938)* DENIS FISETTE Université du Québec à Montréal fi sette.denis@uqam.ca RÉSUMÉ. — Cette étude porte sur la place qui revient à la Société philosophique de l’Université de Vienne (1888-1938) dans l’évolution de l’histoire de la philoso- phie en Autriche jusqu’à la formation du Cercle de Vienne en 1929. Nous exami- nerons plus particulièrement trois aspects de la relation entre le Cercle de Vienne et la Société philosophique qui ont fait l’objet de plusieurs études par les histo- riens de l’empirisme logique : le premier aspect concerne la thèse d’un proto- Cercle de Vienne formé principalement par H. Hahn, P. Frank et O. Neurath ; le deuxième aspect porte sur la thèse suivant laquelle le chaînon manquant entre le Cercle de Vienne et la tradition bolzanienne en Autriche est l’étudiant de Bren- tano et de Meinong, A. Höfl er ; nous examinerons enfi n le lien établi par plusieurs historiens entre l’annexion de la Société philosophique à la Kant-Gesellschaft en 1927 et la fondation du Cercle de Vienne en 1929. Nous voudrions montrer que cette institution a joué un rôle clé dans l’histoire de la philosophie en Autriche et qu’elle est en partie responsable de la formation du Cercle de Vienne. ABSTRACT. — This study examines the place of the Philosophical Society of the University of Vienna (1888-1938) in the evolution of the history of philosophy in Austria up to the formation of the Vienna Circle in 1929. I will examine three aspects of the relationship between the Austrian members of the Vienna Circle and the Philosophical Society, which has been emphasized by several historians of the Vienna Circle : the fi rst aspect concerns the theory of a fi rst Vienna Circle formed mainly by H. Hahn, P. Frank and O. Neurath ; the second aspect is the contention that the missing link between the Vienna Circle and the Bolzano trad- ition in Austria is Alois Höfl er, a student of Brentano and Meinong ; I will fi nally examine the link they established between the annexation of the Philosophical Society to the Kant-Gesellschaft in 1927 and the founding of the Vienna Circle in 1929. I will argue that this institution played a key role in the history of philosophy in Austria and is partly responsible for the formation of the Vienna Circle. 1 * Une version de ce texte a servi de base à mon allocution présidentielle de l’Association canadienne de philosophie en juin 2011 à Fredericton ; plusieurs aspects de ma recherche sur la Société philosophique de l’Université de Vienne ont fait l’objet de conférences aux Universités de Luxembourg, Rio de Janeiro, Grenoble et Ottawa. Je tiens à remercier les nombreuses per- sonnes qui ont pris part aux discussions et Kevin Mulligan pour ses remarques sur une version antérieure de ce texte. Je remercie enfi n le Conseil de recherche en sciences humaines du Canada pour son appui fi nancier dans cette recherche. 72 • Philosophiques / Printemps 2011 Deutsche ! Wann werdet ihr von einer Verirrung, welche euch euren Nachbarn nur ungenießbar und lächerlich macht, endlich zurü ckehren ? B. BOLZANO Und auch dieser Ruf des edlen Philosophen verdient, noch in unsere Zeit gehört zu werden ! J. C. KREIBIG Par ses nombreuses études sur l’histoire de la philosophie autrichienne comme dans ses conférences que nous publions dans ce numéro de Philoso- phiques, Kevin Mulligan a apporté une contribution majeure à notre connaissance de cette riche et profonde tradition dont est largement rede- vable la philosophie telle que nous la pratiquons aujourd’hui. La plupart de ces études sont dominées par l’idée d’une philosophie spécifi quement autri- chienne (ou austro-hongroise) dont les origines remontent au philosophe pragois Bernard Bolzano et dont l’axe central est le programme philoso- phique de Brentano auquel ses étudiants ont contribué de manière originale. Cette idée est le cœur d’un ouvrage d’Otto Neurath publié en français en 1935 sous le titre Le développement du Cercle de Vienne et l’avenir de l’em- pirisme logique, dans lequel il montre que la philosophie préconisée par le Cercle de Vienne est non seulement redevable de cette tradition autrichienne en philosophie, mais en est aussi l’aboutissement. La thèse d’une philoso- phie spécifi quement autrichienne a été défendue récemment par Rudolf Haller dans plusieurs études et notamment dans un article intitulé « Wit- tgenstein and Austrian Philosophy », dans lequel il formule ce qu’il est main- tenant convenu d’appeler la thèse Neurath-Haller1. D’après cette thèse, il existe depuis Bolzano une philosophie autrichienne autonome (notamment par rapport à la tradition allemande) possédant une « homogénéité intrin- sèque » qui se caractérise entre autres choses par sa vision du monde scien- tifi que et son aversion pour le kantisme et la métaphysique. Cette thèse a donné lieu, au cours des dernières années, à de nom- breuses discussions que nous ne commenterons pas ici2. Nous nous penche- rons plutôt sur la question des conditions empiriques du développement de ce Geist autrichien jusqu’à la fondation du Cercle de Vienne en 1929, c’est- à-dire notamment sur les facteurs institutionnels et culturels qui, concrète- ment, ont rendu possible la transmission de cette tradition. K. Mulligan3 et 1. R. Haller (1981, p. 92) formule cette thèse de la manière suivante : « I wish […] to defend two theses : fi rst, that in the last 100 years there has taken place an independent deve- lopment of a specifi cally Austrian philosophy, opposed to the philosophical currents of the remainder of the German-speaking world ; and secondly that this development can sustain a genetic model which permits us to affi rm an intrinsic homogeneity of Austrian philosophy up to the Vienna Circle and its descendants. » 2. Cf. sur cette question le commentaire récent de Mulligan, 2011. 3. Mulligan (2001, p. 8) écrit à ce propos : « Mais l’histoire institutionnelle et culturelle des effets de Bolzano, de Brentano et de ses élèves est encore à écrire. » L’histoire de la philosophie autrichienne et ses institutions • 73 B. Smith4 ont tous les deux reconnu l’importance de cette question et des facteurs sociopolitique, économique, culturel, et plus généralement la place des institutions dans l’explication de ce phénomène. Mais de quels facteurs et de quelles institutions s’agit-il précisément ? Smith ne répond pas directe- ment à cette question mais renvoie au manifeste du Cercle de Vienne dans lequel Neurath, qui en est le principal rédacteur, souligne l’importance de la Société philosophique de l’Université de Vienne (dont Neurath a été lui même un membre actif de 1906 jusqu’au milieu des années 1920)5. Fondée la même année qui a donné naissance à Wittgenstein, soit en 1888, elle a cessé ses activités en 1938, soit l’année du décès de Husserl qui a été l’un de uploads/Philosophie/ de-denis-fissete.pdf
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- Publié le Jan 15, 2021
- Catégorie Philosophy / Philo...
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