De la médiocrité à l’excellence Essai sur la signification humaine du développe
De la médiocrité à l’excellence Essai sur la signification humaine du développement par Ébénézer NJOH-MOUELLE Coédité par Nouvelles Editions Numériques Africaines (NENA) 65-66, rue Lib 29, Résidence Machala Nord Liberté 6, BP 25231 Dakar Fann, Dakar, Sénégal Division commerciale de Senervert, SARL au capital de 1 000 000 FCFA. RC : SN DKR 2008 B878. www.nena-sen.com Éditions CLÉ, Yaoundé B.P. 1501 Côte d’ivoire Tél : (237) 22 22 35 54 Fax : (237) 22 23 27 09 www.editionscle.info / editionscle@yahoo.fr infos@nena- sen.com/nenasen@orange.sn Date de publication : 2013 Collection : Littérature d’Afrique ISBN 978-2-917591-98-7 © 2013 Nouvelles Editions Numériques Africaines (NENA). Préliminaires Licence d’utilisation L’éditeur accorde à l’acquéreur de ce livre numérique une licence d’utilisation sur ses propres ordinateurs et équipements mobiles jusqu’à un maximum de trois (3) appareils. Toute cession à un tiers d’une copie de ce fichier, à titre onéreux ou gratuit, toute reproduction intégrale de ce texte, ou toute copie partielle sauf pour usage personnel, par quelque procédé que ce soit, sont interdites, et constituent une contrefaçon, passible des sanctions prévues par les lois de la propriété intellectuelle. L’utilisation d’une copie non autorisée altère la qualité de lecture de l’oeuvre. Résumé Dans cet essai dont la première édition remonte à l’année 1970, Ébénézer Njoh Mouellè examine, en philosophe qu’il est, le thème du développement pour en dégager une signification objective et équilibrée. Les notions de pauvreté, richesse, bien-être, bonheur, liberté, sont passées au crible d’une analyse qui tend à établir que le véritable développement serait celui qui permettrait l’émergence d’hommes créateurs parce que libres et capables de le demeurer. En somme, pour l’auteur de cet ouvrage, la fonction du développement est double : promouvoir l’excellence de l’homme en réduisant la médiocrité et fournir en permanence à l’excellence ainsi promue les conditions chaque fois nécessaires à sa réaffirmation. Du même auteur aux éditions CLE La philosophie est-elle inutile ? Six essais autour du principe d’utilité, Yaoundé. 2002, 111 p. – 1. L’art, la science et la question de l’utilité – 2. Temps vécu et temps de la production aujourd’hui en Afrique – 3. Afrique initiatique et tradition de l’excellence – 4. Réflexions sur le théâtre éducatif aujourd’hui – 5. L’utilité de la pensée dans le devenir des sociétés. Jalons III, Problèmes culturels, Yaoundé. 1987, 132 p. – 1. Communauté humaine et diversité culturelle – 2. Les folklores et la culture nationale – 3. La double vie spirituelle des chrétiens bantous – 4. L’intérêt pour le beau dans la création artistique négro-africaine – 5. Libres réflexions sur la nouveauté et l’africanité de la Théologie Nouvelle – 6. Le problème culturel camerounais et d’autres interviews. Considérations actuelles sur l’Afrique, Yaoundé. 1983, 168 p. Développer la richesse humaine, Yaoundé, 1980, 71 p. Jalons II, L’africanisme aujourd’hui, Yaoundé. 1975. 77. – 1. L’africanisme aujourd’hui – 2. Langues Africaines et réflexion philosophique – 3. Sagesse des proverbes et développement – 4. Littérature et développement – 5. L’université et la personnalité africaine Jalons, Recherche d’une mentalité neuve, Yaoundé. 1970, 89 p. – 1. Le rêve et la contestation – 2. La jeunesse africaine face à l’Afrique traditionnelle – 3. Recherche de la qualité et signification de la culture générale dans une éducation africaine au service du développement – 4. Les tâches de la philosophie aujourd’hui en Afrique. Préface de la première édition Dans l’imagerie nécessairement vague du sous-développé, le développement signifie automobiles pour tous, réfrigérateurs, machines à laver, machines à tout faire, maisons à étages, campagnes et forêts rasées, routes et autoroutes interminables et j’en passe. À la question : « Que signifie le développement socio-économique pour vous ? » L’Africain moyen répondrait par l’énumération d’objets à acquérir. Avant 1960 aussi, quand il imaginait l’indépendance politique, il se bornait à se voir à la place du colonisateur, jouissant ipso facto de toutes les prérogatives que celui-ci s’était attribuées. Le contenu du vocable indépendance se ramenait ainsi à un déplacement spatial d’hommes et à un transfert de privilèges, privilège de commandement, privilège de liberté entendue comme possibilité de faire désormais ce que bon nous semble. Aujourd’hui, chacun sait plus ou moins que 1960 n’a pas été le signal de la jouissance dans le repos pour les anciennement colonisés, mais le signal du travail, d’un travail organisateur de la liberté recouvrée, liberté de décider soi-même pour soi-même et qui est proprement la liberté politique. Il importe également de savoir aujourd’hui de manière claire, la signification profonde du développement. Et pour ce faire, une redéfinition du sous-développement ne serait pas superflue. Dans l’optique quantitative, celle qui présente l’état de développement en termes de réalisations techniques et de productions de biens de divers ordres, le sous- développement à l’opposé apparaîtrait essentiellement comme un état de manque et de privations. On est sous-développé parce qu’on ne possède ni ceci, ni cela. Mais il conviendrait de déterminer une fois pour toutes le point de référence. Un pays est-il sous-développé par rapport à un autre ou plutôt par rapport à ses propres potentialités ? En nous posant cette question nous ne cherchons nullement à nier la réalité du sous-développement. Nous tentons plutôt de dire ce qu’est exactement notre sous-développement. La question n’est donc pas vaine de chercher à déterminer si le sous-développement doit être entendu par comparaison avec les pays développés ou plutôt par rapport aux possibilités des pays concernés. En d’autres termes, l’idéal de développement pour l’Afrique sous-développée pourrait-il être, devrait-il être la réalité socio- économique des États-Unis d’Amérique d’aujourd’hui ? Si oui, pourquoi ? Simple affirmation d’une volonté de puissance ou recherche du bien être ? Avant d’aller plus loin, je voudrais souligner dès à présent l’énormité de l’erreur que nous commettrions en nous laissant aller à une frénésie du développement ignorante et peu soucieuse de sa finalité vraie. L’idée de développement est incontestablement une notion économique ; mais la réduire rigoureusement à l’économique serait la restreindre outre mesure. Le développement est un processus complet, total, qui déborde par conséquent l’économique pour recouvrir l’éducationnel ou le culturel. Pourquoi faut-il en effet que seule l’évaluation en kilogrammes d’acier par tête d’habitant, par exemple et non l’évaluation de la culture moyenne d’un pays, culture technique ou non, donne le véritable état de développement dudit pays ? Le pays où l’homme ne mange pas à sa faim, scientifiquement parlant, c’est-à-dire où il consomme moins de 2.000 calories alimentaires par jour est peut-être un pays sous-développé ; mais ne pourrait-on pas en dire autant du pays où les manipulateurs de conscience nous font manger ce que nous n’avons jamais choisi ; ce que tout le monde mange et apprécie superficiellement, anonymement ? Je sais ; on va me répondre tout de suite : il vaut mieux manger à sa faim, même si on succombe au choix dicté par la publicité, que de ne pas manger du tout ; et on n’aura pas tant tort. C’est une préférence réaliste mais non fatale, le problème de fond qui est posé demeure. Pour manger à ma faim et, plus généralement, pour être économiquement fort, devrais-je vendre mon âme, ma liberté ? L’abandonnement irrationnel aux forces de la nature est digne d’une indigence d’esprit qui nous ravale inéluctablement à l’état de sous- développement, et je préciserais mental. Ici, l’écrasement sous le poids de la nature hostile dont les hommes sont l’objet les jette dans les bras de l’irrationnel et les pousse jusqu’à transformer leurs malheurs en événements annonciateurs de bonheur plus grands ; là-bas, la coercition des structures du quotidien inventées par l’homme lui-même dans le cadre d’une civilisation technicienne et scientifique le pousse à n’être plus qu’un pantin et à devenir le jouet qui s’ignore d’une seconde nature. Les plans quinquennaux ne parlent que des chiffres, ponts, routes, hôpitaux, écoles, tonnages et, inlassablement, les hommes politiques proclament leur volonté de faire le bonheur de tous les citoyens. Le développement économique et social se propose d’être l’organisation du bonheur ou plus exactement du bien-être de tous ! Cela est-il possible ? Bien-être de tous, bonheur de tous me semblent être des mots vides de sens. Nul ne peut organiser le bonheur de tous car le bonheur est affaire personnelle quant à son appréciation : « Si je cherchais tes aliments, tu n’aurais pas de faim pour les manger ; si je te préparais ton lit, tu n’aurais pas sommeil pour y dormir », dit Gide à son élève Nathanaël. La bataille du développement n’est pas la bataille du bonheur de tous, car il n’y a ni bonheur commun ni commune mesure du bonheur ; la bataille du développement devrait être la bataille pour la liberté de l’homme. L’organisation de la liberté politique au niveau de l’État appelle donc comme un corollaire, à travers toutes les entreprises du développement, l’organisation de la liberté individuelle par l’éducation. Et si la liberté de l’homme est un jour assuré par le développement, alors s’évanouira le problème du bonheur lui-même. Je veux dire qu’on cessera de le présenter comme un Royaume dans lequel le développement devrait nous faire entrer. On aura compris que le véritable drame, le véritable malheur que le développement devrait uploads/Philosophie/ de-la-mediocrite-a-l-x27-excell-ebenezer-njoh-mouelle.pdf
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- Publié le Jul 02, 2021
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