1 2 3 DE LA NÉGRITUDE AU SOCIALISME : LÉOPOLD SÉDAR SENGHOR ET LES ENJEUX DE LA

1 2 3 DE LA NÉGRITUDE AU SOCIALISME : LÉOPOLD SÉDAR SENGHOR ET LES ENJEUX DE LA RENAISSANCE AFRICAINE 4 «Du même auteur» -Philosophie et contestation en Afrique. Quand la différence devient un différend, Paris, Publibook, 2011 -Les nasses identitaires en Afrique. Pour une remise en question des pouvoirs balafrés, les Éditions Universitaires Européennes, 2011 - Politiques africaines et identités. Des liaisons Dangereuses, Saguenay, Différance Pérenne ,2014 -Identités et reconnaissances, Saguenay, Différance Pérenne ,2014 -Philosophie et contestation en Afrique. Quand la différence devient un différend, Saguenay, Différance Pérenne, 2015(Réédition) -Les larmes de l’éducation, Contribution à l’éthique professionnelle en enseignement, Saguenay, Différance Pérenne, 2016 -Révolution et développement. Pour une philosophie de l’émergence en Afrique, Saguenay, Différance Pérenne, 2016 -Savoirs, identités et mondialisation. Vers une Afrique de l’émergence ? (dir.),Bouaké, Edition, IRD A, 2016 5 Samba DIAKITE DE LA NÉGRITUDE AU SOCIALISME : LÉOPOLD SÉDAR SENGHOR ET LES ENJEUX DE LA RENAISSANCE AFRICAINE DIFFERANCE PERENNE 6 Ce texte publié par Les Éditions Différance Pérenne est protégé par les lois et traités internationaux relatifs aux droits d’auteur. T oute reproduction ou copie partielle ou intégrale, par quelques procédés que ce soit, est strictement interdite et constitue une contrefaçon et passible des sanctions prévues par la loi. ISBN NUMERIQUE 978-2-924532-22-5 PAPIER 978-2-924532-25-6 Dépôt légal - Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2016 Dépôt légal - Bibliothèque et Archives Canada, 2016 © 2016 LES ÉDITIONS DIFFÉRANCE PÉRENNE 2364 Rue du Roi, Saguenay, Québec, Canada G7X 5Z www .leseditionsdifferanceperenne.ca leseditionsdifferanceperenne@yahoo.ca Tel :+1 418 815 7579 7 Préface Avez-vous dit Senghorisme? Que me soit permis cet audacieux postulat, qui avec le temps s’imposera peut-être comme un constat. Le «senghorisme» est à la Francophonie ce que le marxisme est à l’économie, c’est-à-dire une logique de pensée holistique alternative à ce point articulée et cohérente qu’elle est capable, à elle seule, d’expliquer le fonctionnement de la société. Par le biais d’une lecture historiographique de l’œuvre de Léopold S. Senghor, en cela inspiré par la présente réflexion de notre collègue Samba Diakité, il nous est permis de proposer une hypothèse exploratoire centrale, non pas tant sur Senghor lui- même, que sur son legs et plus globalement encore, sur ce qu’est devenue l’un de ses projets phares : la Francophonie. Senghor : une indépassable théorisation? Nous postulons que Senghor, même si cela n’aura jamais été sa prétention, a théorisé un système-monde dont la Francophonie, depuis sa fondation, ne s’est jamais réellement idéologiquement émancipée, ne serait-ce que minimalement distancée. Le cadre conceptuel bâti par Senghor s’impose dans le discours des intellectuels organiques comme un référentiel aussi indispensable qu’indépassable. Une lancinante question se pose alors, que Senghor du reste serait peut-être aujourd’hui le premier à formuler : la Francophonie souffrirait-elle du «syndrome de Fukuyama», d’une sorte de fin de son histoire, institutionnellement condamnée à se répéter, incapable de se régénérer? Avec le temps, cet unilatéralisme idéologique des différents opérateurs de l’OIF s’est lentement transformé en une rhétorique somme toute assez banale. Or, d’un point de vue ontologique, il s’agit d’une attitude intellectuelle 8 qui est aux antipodes de l’état d’esprit insufflé par Senghor lui-même. En l’absence d’une remise en question épistémique et méthodologique rigoureuse, la Francophonie s’est lentement éloignée de sa francophonie. Bref, c’est paradoxalement en invoquant Senghor que la Francophonie aura oublié Senghor. Senghor : une pensée voyageuse Pour autant, cette légitime soif de dépassement du regard que nous portons sur Senghor ne pourrait justifier l’étourderie de ne pas réitérer toute la profondeur et l’étendue de son héritage. Voilà bien là un autre grand mérite des travaux du professeur Diakité. En outre, qu’il me soit ici permis d’insister à quel point Senghor fut un passeur d’identité. On aura jusqu’ici eu trop peu conscience de l’influence décisive de sa pensée (et celle de son compagnon de route Aimé Césaire) dans l’évolution de l’identité nationale des canadiens-français des années 1960. En effet, le discours sur la négritude aura une résonnance telle dans la «Laurentie» que de nombreux Québécois en arriveront à se considérer eux- mêmes comme des «nègres blancs d’Amérique», expression popularisée par le marxiste Pierre Vallières. Le discours de Senghor illustre à merveille la migration des idées dans l’espace de la Francophonie et l’identification de trajectoires étrangement communes à des peuples pourtant si différents les uns des autres. En ce sens, le senghorisme est le creuset d’une large et complexe mémoire collective transnationale qu’il nous revient de réinterpréter. Senghor : l’idéateur d’une utopie fédératrice La pensée de Senghor est certes voyageuse; elle est aussi rassembleuse. Si cela est possible, c’est peut-être parce que Senghor, habité par le doute méthodologique, se méfie des étiquettes racoleuses. Sans nier la reconnaissance de la primauté du bien commun, le senghorisme reconnaît du même souffle l’imprescriptible valeur ontologique de la personne. En ce sens, le senghorisme est un carrefour intellectuel, alimenté par une tension créatrice, dont on n’a pas fini d’épuiser les potentialités théoriques. 9 Je tiens donc à remercier sincèrement le professeur Diakité de nous ramener aux sources de l’existentialisme senghorien, en outre par les biais de la négritude et du socialisme africain. Puisse cette réflexion nous permettre d’enrichir notre regard sur l’homme et nous permettre de mieux comprendre les continuités et les ruptures idéologiques qui s’opèrent aujourd’hui entre héritage senghorien et la manière de renouveler le regard que nous portons sur «l’universel» et l’une de ses dimensions constitutives que représente plus que jamais la Francophonie. Jean-François Simard, Ph. D . Professeur à l’Université du Québec en Outaouais Président du Réseau international des Chaires Senghor de la Francophonie 10 11 Avant-propos Au nom de l’émergence, cette Afrique-là! Au temps de la sécheresse, ils sont ces jeunes courageux qui apportent de l’eau pour arroser les plants; Au temps du calvaire, Ils sont dans la misère. Au temps du silence, Au temps de la somnolence, Ils ont le revolver Parce qu’ils ont le vers. Et dans leur cœur, Ils défient la peur Et chantent en chœur. Au temps du glaive, Ils sont encore les gladiateurs Qui n’ont point peur des prédateurs. Mais quand arrive la braise, C’est encore eux qui sont sur la fournaise. Quand arrive la récolte, On pointe sur leur tempe, le colt; On leur coupe les doigts; On leur brûle le foie ; La Fois où l’envie a brouillé Leur foi, la foi d’homme, la foi de l’espérance, On leur apporte des paniers troués, 12 Et on leur laisse un avenir en déliquescence. Quand arrive le temps de traire la vache, On les cherche avec torche Et on leur présente des boucs castrés. Pauvre jeunesse encastrée! Quand arrive la baise, Ils deviennent des punaises; On les jette dans la braise, Sur les fournaises, Pour dissiper le Malaise. Pour le train de l’émergence, On a oublié de leur vendre leurs tickets, Mais on leur exige le piquet. On a peur de leur démence, Et on leur demande la Clémence. Dans la sécheresse de l’opulence, Il faut qu’ils prennent leur indépendance. On clame des gouvernements de combat, On présente au peuple le gouverne-ment du bas. Dans cette arène de l’émergence, Pour la reconquête de l’opulence, Les vrais combattants deviennent les spectateurs, Et les contemplateurs deviennent les gladiateurs. Des uns, on dit qu’ils ont de l’expérience, Comme si l’âge est synonyme de vaillance; Comme si l’âge est synonyme de sagesse; 13 Comme si l’âge apporte nécessairement de la hardiesse; Des autres, on dit qu’ils sont immatures, Comme si la jeunesse rime avec la forfaiture; Mais on ne naît pas avec l’Expérience, Et l’expérience n’est pas le gage de confiance. L’expérience s’acquiert dans l’action; L’action consolide les nations; Les nations se renouvellent dans la Confiance; La confiance a un sens, Pour les peuples dignes de confiance, Il faut lui donner du sens. Et même les techniques de combat, Dans ses plus ardents pas, Comme le Kotéba, Comme la Samba, Dans la diversité des sons, Se renouvellent de toutes les façons. Le nouvel Africain, c’est bien la nouvelle mélodie Qu’entonnent les acteurs de la nouvelle comédie D’ici et de là-bas! Là-bas! En bas! Du bas! Appelez-le Union Africaine, Renaissance Africaine, L’Afrique des Rois, L’Afrique des septuagénaires, 14 L’Afrique des Constitutions trouées, falsifiées, bafouées, L’Afrique des Présidents à vie, Appelez-les, comme vous voulez, Comme vous le savez! Comme vous le pouvez! Comme vous le devez! Appelez-les comme vous le voulez! Comme vous le disiez! Peu importe le nom! Peu importe la colère Noire! Le Destin de leurs peuples, ils les portent ! Le peuple, il les supporte! Et il suffoque! Mais, eux, ils s’en moquent ! On voulait un bœuf, on nous a présenté un veau; On a misé sur un mouton, on nous présente un agneau. On se ment à tous, dans la même comédie, Dans la même parodie, Dans la même continuité, Dans la même frilosité, Pour rouvrir le même bal, Pour prendre le même cocktail. Pour jouer le même jeu, Sur la même scène, pour le même enjeu, Par les mêmes acteurs, 15 Avec les mêmes spectateurs Autour du même donateur, Pour fermer le même rideau. L’Africain Nouveau Est un commencement nouveau, Par un Esprit nouveau, Pour un comportement uploads/Philosophie/ de-la-negritude-au-socialisme-leopold-sedar-senghor-pdf 1 .pdf

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