f-; - 1 ., EMMANUEL -: (EVINAS MS PROPRES essais Noms propres Noms propres, ou
f-; - 1 ., EMMANUEL -: (EVINAS MS PROPRES essais Noms propres Noms propres, ou le livre des rencontres. Martin Buber, Paul Celan,Jacques Derrida, Edmond Jabès, Sôren IGerkegaard, Roger Laporte, el bien d'autres, sont ici l'occasion de pages fulgurantes, comme si Emmanuel Lévinas avait voulu fixer en quelques instantanés rapides et incisifs le por trait de ceux qui, depuis des années, accompagnent sa réflexion. Mais, s'agissant de Lévinas, on peut aussi estimer qu'il y a dans cette démarche un peu plus que le simple désir de témoigner. Qu'il y a en fait comme une nécessité proprement philosophique, un souci moral de vérifier par soi même, à travers l'expérience directe, les principes mêmes de sa pensée. A ce titre, alors, Noms propres est à prendre comme la manifestation concrète de l'ouverture à l'Autre, de l' « éveil du Moi par Autrui, de moi par l' Etranger "· Donc des noms et des œuvres, des proximités intellectuelles, des compa gnonnages de pensée. Tout un réseau de méditations el de thèses, un entre croisement de réflexions sur l'homme auprès desquelles Lévinas s'est formé, par rapport auxquelles il s'est situé, soit parce qu'il s'en distinguait, soit au contraire parce qu'il s'en approchait. Ainsi, par exemple, Kierke gaard, le philosophe de la subjectivité. Vis-à-vis de son travail Lévinas opère un démarquage. Trop outrancier, à son goût, dans le développement de ses analyses, et mal libéré de l'hégélianisme, comme beaucoup IGerke gaard est tombé dans le piège de la totalité. « L'éthique signifie pour Kier kegaard le général - relève Lévinas. [ ... J Le rapport à Autrui est-il cette entrée et cette disparition de la généralité? Voilà ce qu,: l'on doit se demander contre Kierkegaard, contre Hegel. [ ... J La subjectivité est dans la responsa bilité et seule la subjectivité irréductible peut assumer une responsabilité. • L'éthique, c'est cela"· Phrases lumineuses qui, tout en rappelant à grands traits les propos de Kierkegaard, indiquent la distance critique que prend Lévinas et lui permettent, au passage, de formuler ses propres analyses. De réaffirmer notamment, que « l'extériorité où les hommes nous montrent leur visage fait éclater la totalité ", et que par conséquent il existe dans la relation entrc; Moi et l'Autre des modalités singulières qui empêchent toute réduction de l'Autre à Moi : précisément les modalités sur lesquelles se fonde l'éthique. Martin Buber, en revanche, suscite une autre attitude. Le rapport critique s'efface pour laisser place aux affinités avouées. Les longs commentaires qui proposent une lecture de « la théorie de la connaissance " selon Buber, sont l'occasion d'aborder de front des questions fondamentales telles que la vérité, la relation sujet/objet, et de montrer que la philosophie contempo f raine a sensiblement modifié les schémas anciens. Auparavant « le sujet était enfermé en soi et, métaphysiquement, origine de soi et du monde", et la théorie de la connaissance se réduisait à exposer« la façon dont un sujet (Suite au verso.) aueint l'objet». Désormais la rupture est consommée. On pense l'homme comme ((intentionnalité» - Husserl-, ou comme u être-dans-le-monde,, - Heidegger-, voire même sous le régime d'un« renouvellement inces· sant de la durée» - Bergson. Autrement dit, .. l'homme est en situation ; avant qu'il ne soit situé». Entendez qu'il est en relation immédiate avec les choses et que sa manière d'être première est le contact. C'est dans celle fracture de l'idée de sujet que s'est engouffré Martin Buber, mettant l'accent, en particulier dans son maître livre Leje et le 1ù, sur la « présence "• le « face à face "• bref sur des catégories nouvelles que l'on retrouvera à la base de la réflexion d'Emmanuel Lévinas. Chez Buber, en effet, outre une vraie séparation avec les pensées de la totalité, Lévinas décèle l'esquisse avancée de quelques éléments de son propre canevas phi losophique, ce qu'il ne manque pas de souligner avec force. Ainsi revient-il sur la nécessité de toujours veiller à préserver l'intégrité de l'Autre. Ainsi reprend-il l'idée que la reconnaissance doit déboucher sur la Rencontre, c'est-à-dire, sur l'instauration d'un lien entre les êtres où nul n'est un «objet» pour l'autre, où« le Je n'y absorbe pas le Tu comme un objet, ni ne s'absorbe en lui extatiquement. Car la relation Je-Tu est une relation avec ce qui demeure absolu malgré la relation ». De fait chaque texte de Noms propres est centré sur une question particulière qui entre dans la problématique philosophique de Lévinas. C'est pourquoi l'ouvrage est à lire comme on reconstitue un puzzle : pièce par pièce, et question par question. Au terme d'ailleurs, les auteurs s'évanouissent, et se manifeste alors clairement que l'hommage était aussi un prétexte, un moyen de révéler. Paul Celan et la poésie de l'être : pour montrer que le langage excède les mots, que le poème dénude,« pré-dévoile» l'inexprima· ble, qu'il se situe" au moment du pur toucher, du pur contact, du saisisse ment, du serrement, qui est, peut-être, une façon de donner jusqu'à la main qui donne ». Jacques Derrida et la mise en pièces de la métaphysi que : parce qu'avec lui le regard philosophique est parvenu aux fonde ments de la pensée occidentale et a fait surgir ses présupposés les plus secrets, les mieux enfouis. Max Picard et les leçons du visage ... Marcel Proust déchiffreur de l'altérité ... Roger Laporte chantre du silence ... Jean Wahl ou la lecture du sentiment ... Une manière pour Emmanuel Lévinas de nous parler superbement des autres tout en parlant de soi. Noms propres est finalement un livre de synthèses. De toutes les synthèses : synthèse des penseurs abordés, synthèse de la pensée de Lévinas. EMMANUEL LEVINAS Noms propres Agnon Buber Celan Delhomme Derrida Jabès Kierkegaard Lacroix Laporte Picard Proust Van Breda Wahl FATA MORGANA Paru dans Le Livre de Poche (Série Biblio-essais) ETHIQUE ET INFINI. DIFFICILE LIBERTÉ. HUMANISME DE L'AUTRE HOMME. © Fata Morgana, 1976. A Simone, Georgie et Michael A David, Valérie, Juliette et Boris AVANT-PROPOS Les guerres mondiales - et locales - le national socialisme, le stalinisme - et même la déstalinisation - les camps, les chambres à gaz, les arsenaux nucléaires, le terrorisme et le chômage - c'est beaucoup pour une seule génération, n'en eût-elle été que témoin. Nous avons pourtant été émerveillés, dès l'école, par les promesses de renouvellements que venait d'apporter la notion de la durée bergsonienne. Nous avons appris, avec Husserl, à nous assurer de ce que nous pensions en recherchant comment nous le pensions, en évitant le glissement que confèrent au sens des intentions mécon nues de la conscience, en découvrant que l'Ctre commande en moi les voies de son Apparaître. Et, grâce à Heidegger, notre oreille s'éduqua à entendre l'être dans sa résonance verbale, sonorité inouïe et inoubliable. Elle allait nous ouvrir l'être-en-propre, le vouloir qui veut ne pas vouloir et la générosité qui laisse être l'Ctre, la Gelassenheir qu'il aurait, peut-être, fallu traduire par dé-ception, au sens étymologique du terme, en se demandant si la déception, au sens obvie, n'eDt pas la seule condition possible du dés-inter-essement. Nous allions nous laisser prendre à ces leçons considérables. Mais là, quelques-uns d'entre nous eurent d'autres motifs de déception. 7 Toujours est-il qu'à aucune époque l'expérience histo rique n'a pesé plus lourdement sur les idées; ou, du moins, jamais les hommes d'une génération n'étaient davantage conscients de ce poids. Pendant les 25 siècles où notre civilisation s'historiait, le Rocher inexpugnable de Dieu, le fundamentum inconcussum du Cogito, le Ciel étoilé du Monde résistaient, tour à tour, à la fluence du temps et assuraient une présence au présent. Et voilà que les enseignements sur la mort de Dieu, sur la contingence de l'humain dans la pensée et l'usure de l'humanisme - entendus dès la fin du siècle dernier - prennent une signification apocalyptique. L'inquiétude nouvelle, du lan gage-en-dérive, n'annonce-t-elle pas, sans périphrases, désormais impossibles ou dépourvues de toute force persuasive, la fin du monde ? Le temps ne transmet plus son sens dans la simultanéité des phrases. Les propositions n'arrivent plus à mettre ensemble les choses. Les « signifiants » jouent sans signi fiés à un « jeu de signes » sans significations ni enjeux. Comme si l'anamnèse platonicienne, qui maintenait pen dant des siècles l'unité de la Représentation, se faisait amnésie et comme si le désordre ne s'assemblait pas forcément en un ordre autre. Désaffection dans les esprits pour le sensé en tant que position, pour la « thèse doxique » de Husserl, dénonciation de la rigueur des formes logiques, qui serait répressive, hantise de l'inex primable, de l'ineffable, du non-dit recherchés dans le mal-dit, dans le lapsus, dans le scatologique ; généalogie en guise d'.exégèse, cadavres de mots enflés d'étymologies et privés de logos portés par le ressac de textes - voilà la modernité dans la rupture douloureuse du discours dont témoignent certes ses plus sincères représentants, mais qui déjà se monnaie en vérités premières et bavar dage à la mode. 8 Les noms de personnes dont le dire signifie un visage - les noms propres au milieu de tous ces noms et lieux communs - ne uploads/Philosophie/ emmanuel-levinas-noms-propres-1976-pdf.pdf
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- Publié le Dec 12, 2021
- Catégorie Philosophy / Philo...
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