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EURORGAN s.p.r.l. - Éditions OUSIA is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Revue de Philosophie Ancienne. http://www.jstor.org EURORGAN s.p.r.l. - Éditions OUSIA LA "MÉTAPHYSIQUE" D'ARISTOTE: "ONTO-THÉOLOGIE" OU "PHILOSOPHIE PREMIÈRE"? Author(s): Enrico Berti Source: Revue de Philosophie Ancienne, Vol. 14, No. 1 (1996), pp. 61-85 Published by: EURORGAN s.p.r.l. - Éditions OUSIA Stable URL: http://www.jstor.org/stable/24354598 Accessed: 31-12-2015 04:32 UTC Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at http://www.jstor.org/page/ info/about/policies/terms.jsp JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact support@jstor.org. This content downloaded from 165.123.34.86 on Thu, 31 Dec 2015 04:32:00 UTC All use subject to JSTOR Terms and Conditions LA MÉTAPHYSIQUE D'ARISTOTE: "ONTO-THÉOLOGEE" OU "PHILOSOPHIE PREMIÈRE"?1 1. L'interprétation heideggérienne de la Métaphysique comme "onto-théologie" Dès que Heidegger, dans la deuxième partie de Identität und Differenz (1957), a parlé de la "constitution onto-théo-logique de la métaphysique", c'est devenu un lieu commun d'affirmer que la métaphysique, depuis Aristote, est essentiellement une "onto théologie", c'est-à-dire une science qui réduit l'être à un "étant" particulier, même si c'est l'étant suprême, c'est-à-dire Dieu, et que par conséquent elle oublie la "différence ontologique" entre être et étant. Pour cette raison, la métaphysique est considérée, en substance, comme un "oubli de l'être" et, en tant que telle, comme un discours qui doit être "dépassé" (au moyen de la bien connue Überwindung der Metaphysik), ou bien comme un dis cours dont on doit se "remettre" comme d'une maladie (au moyen de ce que Heidegger appelle Verwindung), même si ce n'est pas pour aller plus en avant qu'elle, mais au contraire pour remonter plus en arrière, peut-être en passant de nouveau à travers d'elle, c'est-à-dire en "se souvenant" d'elle 2. De cette manière le "dé passement" heideggérien a fini par converger avec l'autre "dé 1. Cette contribution est la version abrégée et mise à jour d'un texte de titre analogue publié dans A. Bausola et G. Reale (édd.), Aristotele. Perché la metafisical, Milano, Vita e pensiero, 1994, pp. 117-144. 2. A cet égard il est inutile d'indiquer des noms, parce que l'on dev rait citer la plupart des philosophes contemporains, qui sont presque tous influencés par l'inteprétation heideggérienne. REVUE DE PHILOSOPHIE ANCIENNE, XIV, I, 1996 This content downloaded from 165.123.34.86 on Thu, 31 Dec 2015 04:32:00 UTC All use subject to JSTOR Terms and Conditions 62 Enrico BERTI passement", qui se fait au moyen de l'analyse logique du langa ge, soutenu par Carnap en 1932 précisément contre Heidegger (auquel Heidegger ensuite opposa le sien), dans un refus presque unanime, aussi bien que dogmatique, de la métaphysique3. Dans l'écrit mentionné ci-dessus Heidegger ne fait aucune allusion explicite à Aristote, mais il affirme que la métaphysi que est onto-théologie parce que, au moyen d'un "défèrement" (Austrag) de la différence ontologique, elle présente l'être, objet de l'ontologie, comme "le fondement qui porte devant", c'est-à dire comme Dieu, objet de la théologie; un Dieu évidemment dont l'homme ne sait que faire, parce qu'on ne peut pas lui adres ser des prières, ni lui offrir des sacrifices, et devant lequel on ne peut pas "tomber à genoux plein de révérence", ni "faire de la mu sique et dancer" 4. On perçoit dans ces mots tout le ressentiment du luthérien contre la théologie rationnelle d'origine aristotéli cienne, utilisée surtout par l'Église catholique5. En réalité le nom d'Aristote est présent dans tous les écrits précédents, où Heidegger développe son interprétation de la mé taphysique comme onto-théologie, à partir du cours sur le Sophi ste de Platon donné à Marbourg dans le semestre d'hiver 1924 25, où il présente pour la première fois la philosophie première d'Aristote comme dédoublée en ontologie et théologie6. Ensuite, dans le cours sur les Concepts fondamentaux de la philosophie ancienne (1926), la recherche entreprise par Aristote sur l'être 3. Je me permets de renvoyer à mon essai "Überwindung" délia me tafisical, réimprimé dans E. Berti, Le vie délia ragione, Bologna, Il Mu lino, 1987, pp. 149-186. 4. M. Heidegger, Identität und Differenz, Pfullingen, Neske, 1957, p. 70. 5. J'ai aussi illustré l'attitude de Heidegger à l'égard de la métaphysi que conçue comme onto-théologie dans mon livre Aristotele nel Novecen to, Roma-Bari, Laterza, 1992, pp. 64-79. 6. M. Heidegger, Platon: Sophistes, hrsg. ν. I. Schüßler (Gesamtaus gabe, Π/19), Frankfurt a. M., Klostermann, 1992, pp. 221-224. This content downloaded from 165.123.34.86 on Thu, 31 Dec 2015 04:32:00 UTC All use subject to JSTOR Terms and Conditions LA MÉTAPHYSIQUE D'ARISTOTE 63 en tant qu'être dans le livre Γ de la Métaphysique est présentée comme une recherche sur l'être de l'étant, c'est-à-dire comme ontologie dans le sens le plus valable du terme, tandis que la dé finition de la science en question comme recherche des causes premières de l'être et surtout comme recherche de "l'étant qui est plus que tout autre", c'est-à-dire qui correspond plus que tout autre à "l'idée d'être", est présentée comme une réduction de l'on tologie à la théologie7. C'est intéressant de voir comment Heidegger explique cette réduction: il déclare explicitement se fonder sur l'interprétation de la métaphysique d'Aristote donnée par F. Brentano dans son livre Von der mannigfachen Bedeutung des Seienden nach Ari stoteles (1862), où les quatre significations de l'être distinguées par Aristote dans Metaph., A 7, c'est-à-dire l'être par accident, l'être par soi, l'être comme vrai et l'être comme puissance et acte, sont toutes réduites à l'être par soi, c'est-à-dire à l'être des caté gories, et celui-ci est à la fois réduit à l'ousia, entendue par Hei degger comme "étantité" (Seiendheit), c'est-à-dire comme l'es sence elle-même de l'être. Il déclare ensuite que la primauté de Vous ία sur les autres catégories se fonde sur l'"analogie d'attri bution", c'est-à-dire sur la même analogie que Plotin emploie pour expliquer le rapport entre l'intelligible et le sensible, et la Scolastique pour expliquer le rapport entre Dieu et les créatures. Mais l'analogie d'attribution permet, selon Heidegger, de conce voir Dieu lui-même comme la "suprême concrétisation de l'ou sia", par conséquent comme l'être par essence, c'est-à-dire com me "l'étant où l'être proprement dit se manifeste de la manière la plus pure". Pour cette raison l'ontologie se tranforme en théo logie Cependant Heidegger refuse l'utilisation que la Scolastique a 7. M. HEIDEGGER, Grundbegriffe der antiken Philosophie, hrsg. F.-K. Blust (GA, 11/22), 1993, pp. 149-151. 8. Ibidem, pp. 152-155 et 179-181. This content downloaded from 165.123.34.86 on Thu, 31 Dec 2015 04:32:00 UTC All use subject to JSTOR Terms and Conditions 64 Enrico BERTI faite de cette conception: tout en étant convaincu, de même que Brentano, que le moteur immobile, ou pensée de la pensée, dont parle Aristote, est l'être par essence, il juge que cet être n'a rien à faire avec le Dieu du christianisme, parce qu'il ne connaît pas le monde et ne le crée pas. Heidegger par conséquent refuse l'onto-théologie d'Aristote aussi bien du point de vue de la phi losophie, parce qu'il la considère comme le résultat de l'oubli de la différence ontologique, que du point de vue de la religion, puis que l'être suprême qu'elle atteint n'est pas un Dieu personnel, auquel on puisse adresser une prière. La même interprétation d'Aristote se trouve dans le cours sur les Principes métaphysiques de la logique (1928), où Heidegger cite explicitement la définition de la philosophie première comme science de l'être en tant qu'être, donnée par Aristote dans Mé taph., Γ 1, et la définition de la philosophie première comme "science théologique" (θεολογική) donnée en Métaph., Ε 1, affir mant: "la philosophie en tant que philosophie première a donc un double caractère, elle est science de l'être et science du divin", c'est-à-dire ontologie et théologie. Heidegger déclare dans la suite que cette duplicité pose un problème signalé déjà par Paul Natorp, dont il cite l'article Thema und Disposition der aristote lischen Metaphysik ("Philosophische Monatshefte", 24, 1888, pp. 37-65 et 540-574), problème qu'à son avis on ne peut pas ré soudre au moyen d'une interprétation historico-philologique com me celle avancée par Werner Jaeger (dont il cite Γ Aristoteles du 1923), c'est-à-dire en attribuant la théologie à la jeunesse et l'on tologie à la maturité d'Aristote, mais qui demande une "compré hension" nouvelle, pour laquelle Heidegger renvoie à Kant '. Le sens de ce renvoi et de la nouvelle compréhension de la philosophie, souhaitée par Heidegger, est éclairci dans son livre sur Kant et le problème de la métaphysique, paru l'année suivant 9. M. HEIDEGGER, Metaphysische Anfangsgründe der Logik im Aus gang von Leibniz, hrsg. ν. K. Held (GA, Π/26), 1990, pp. 16-17. This content downloaded from 165.123.34.86 on Thu, 31 Dec 2015 04:32:00 UTC All use subject to JSTOR Terms and Conditions LA MÉTAPHYSIQUE D'ARISTOTE 65 (1929), où il ramène la distinction entre ontologie et théologie à celle entre metaphysica generalis et metaphysica specialis, que Kant a trouvée chez Baumgarten et a réinterprétée en uploads/Philosophie/ enrico-berti-la-metaphysique-de-aristote-onto-theologie-ou-philosophie-premiere.pdf
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- Publié le Mar 04, 2021
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