1 Enseigner la philosophie en séries technologiques - Construction collaborativ

1 Enseigner la philosophie en séries technologiques - Construction collaborative d’une séquence sur la liberté - (restitution des séances du 17/10/17 et du 17/01/18) La séquence s’articule en deux parties : une explication de texte et une dissertation. Chacun de ces exercices est traité en 4h. Double intérêt de cette structure : (1) Aborder avec les élèves la méthodologie des exercices du baccalauréat par une application concrète (jusque dans la durée du cours, calquée sur la durée de composition dont ils disposeront). (2) Gérer le temps imparti et organiser sa progression en vue du traitement exhaustif du programme NB/ Un inconvénient de cette méthode pourrait être d’imposer aux élèves un déroulement de pensée déjà conçu sans eux ; il faudra alors réfléchir aux moyens d’inclure leurs réflexions et leur démarche dans ce cadre. PREMIERE PARTIE : EXPLICATION DE TEXTE Le texte retenu pour cette séquence est extrait de la Lettre à Schuller de Spinoza, dont nous proposons un découpage afin qu’il soit conforme à un texte type Bac (voir annexe 1). (1) Lecture et compréhension du texte : 1h (en demi-groupe si dédoublement) (2) Question 1 (correspond à l’introduction en séries générales) : 1h (3) Question 2 (développement) :1h (en demi-groupe si dédoublement) (4) Question 3 (discuter le texte, soulever ses enjeux) : 1h Observations : Le choix du texte est une étape importante dans la construction de la séquence. Les difficultés rencontrées par les élèves pour aborder les textes et le peu de temps dont nous disposons obligent à restreindre leur nombre. Nous retiendrons donc : - des textes marquants et imagés, susceptibles de créer un souvenir chez les élèves (ici, l’exemple de la pierre est de nature à marquer les élèves) - des textes centraux pour le traitement des notions au programme (la Lettre à Schuller de Spinoza permet par exemple d’aborder les concepts centraux de déterminisme et de libre-arbitre) - des textes dont le niveau de langue est accessible, et dans lesquels la structure argumentative est apparente NB/ Il ne faut pas avoir peur d’aborder des textes « difficiles » au cours de l’année : en prévenant les élèves de cette difficulté, en les accompagnant dans la lecture, cette difficulté devient un levier de motivation, un défi à relever qui peut être valorisant. I/ 1ère heure : Lecture et compréhension du texte La séance a pour objectif de surmonter le blocage initial élèves, en montrant que la compréhension n’est pas nécessairement linéaire (ligne à ligne, mot à mot) : il faut parfois 2 reconstruire le sens du texte en mettant de côté ce qu’on n’a pas compris, en partant de ce que l’on comprend d’abord, et en remontant ensuite aux passages les plus obscurs. On montrera donc aux élèves que personne (pas même le professeur !) n’est censé comprendre immédiatement, dès la première lecture, la vraie portée du texte. Comprendre un texte relève d’une ascension, il faut donc d’abord repérer laquelle de ses « faces » est la plus abordable. Le professeur doit se « mettre en scène », se mettre dans la peau d’un élève découvrant le texte le jour du bac. Il ne faut donc rien présupposer, ne pas donner de clés pour la compréhension du texte, montrer aux élèves qu’ils peuvent trouver ces clés eux-mêmes, dans le texte. Observations : Pour aider la lecture des élèves, on retiendra plusieurs pistes : - Repérer avec eux le « point d’entrée » du texte : dès la première lecture, demander ce qu’ils ont retenu - Repérer, à travers les répétitions, les termes centraux qui seront autant de concepts à travailler et définir ensuite (ici, la notion de « déterminisme », celle de « liberté ») - Utiliser des couleurs, surligner le texte, pour faire apparaître sa structure argumentative (connecteurs logiques, moments où l’auteur explique sa propre démarche), mais aussi les réseaux de champ lexicaux (ce qui permet de mieux repérer le thème, les jeux d’oppositions, les analogies, etc.) - Soulever les implicites du texte (difficulté des élèves à dépasser une lecture littérale ; les questions rhétoriques, par exemple, seront souvent comprises comme de véritables questions) - Schématiser au tableau le texte ou une de ses parties, et demander aux élèves une participation active dans la construction du schéma - Anticiper autant que possible les « malentendus », c-à-d les termes que les élèves comprennent différemment de nous (ex : « passions »). Application au texte de Spinoza : 1ère étape – deux points d’entrée possibles : (1) Schématiser l’exemple de la pierre au tableau en faisant apparaître ses principaux éléments ; la pierre – l’impulsion extérieure (coup de pied) – la conscience de la chute. Demander ensuite aux élèves de compléter l’analogie avec la liberté (« telle est cette liberté humaine que tous les hommes se vantent d’avoir… »). Si l’ambiance de classe s’y prête, possibilité d’envoyer un élève au tableau, chargé de faire le schéma en suivant les instructions de ses camarades. (2) Commencer par les exemples finaux (l’ivrogne, le nourrisson, le jeune homme…) et faire noter aux élèves en quoi on peut dire d’eux qu’ils ne sont pas libres, pour aborder ensuite seulement l’analogie de la pierre. Difficulté de compréhension à surmonter : L’idée d’un déterminisme physique ne pose pas problème (on peut, en tout état de cause, l’éclairer facilement en faisant appel à des images, comme celle des dominos qui tombent). Ce qui pose vraiment problème, c’est son application à l’homme lui-même. Il est difficile de comprendre que les causes qui nous déterminent soient « extérieures », comme l’est l’impulsion initiale (image du coup de pied) qui fait rouler la pierre. L’analogie avec la pierre prise par Spinoza n’est donc pas toujours conduite jusqu’au 3 bout par les élèves. Pour eux, un désir, une addiction, viennent bien en définitive de l’homme lui-même : ils sont vécus par lui, de manière interne ; il en est l’auteur. L’illusion de liberté décrite par Spinoza persiste parfois chez l’élève, et peut contribuer à son incompréhension des enjeux du texte. Ce qui manque ici aux élèves, c’est la distinction entre les différents actes de la vie mentale (une réflexion, une volonté, un désir, une envie, un caprice, etc.) : puisque rien n’est distingué, tout est rapporté indifféremment à l’individu et à son libre- arbitre. De manière significative, dans le langage courant une passion désigne quelque chose que l’on aime faire (la passion du football) – malentendu fréquent. Il faudra insister sur le sens fort du terme : ce qui agit en nous malgré nous, ce qui nous pousse à agir (dimension de passivité). Pour surmonter cette difficulté de compréhension, on pourra revenir sur la distinction entre volonté et désir. On peut désirer ce qu’on ne veut pas (les exemples de la fidélité en amour, du jeûne, des addictions peuvent servir de point d’appui). 2ème étape - dans un second temps seulement, on explicitera le sens des concepts rencontrés : Liberté humaine : Il s’agira de repartir ici de leur propre définition de la liberté (faire ce que l’on veut) afin d’amener le concept de « libre arbitre ». Déterminisme : Il s’agira ici de bien distinguer le terme de son sens actuel : être résolu, motivé par quelque chose. Trace écrite ( ?) La séance de lecture et compréhension du texte peut, selon l’appréciation du professeur, s’appuyer ou non sur une trace écrite (dans la mesure où les séances suivantes seront davantage tournées vers l’écrit). On pourra aussi par exemple travailler cette séance au brouillon (si les élèves disposent d’un cahier dédié) afin de garder trace du vocabulaire défini, et des schémas. Voir Annexe 2 pour une proposition de mise en pratique de cette séance de recherche sur le texte avec une trace écrite. Difficultés rencontrées dans la mise en œuvre de la séance : - Le respect du temps imparti (la compréhension du texte déborde souvent 1h) - Difficulté dans la gestion de l’avancement du groupe : certains élèves comprennent très vite, et relâchent leur attention pendant que les autres s’efforcent de comprendre (il sera alors possible de mobiliser les élèves qui ont compris le texte, et les inviter à reformuler pour leurs camarades) - La résistance du langage quotidien : lors de contrôle de connaissances, certains élèves mélangent leur ancienne conception du déterminisme comme manière d’être « sûr de soi, motivé » avec la définition qu’ils ont entendue en cours Avantages repérés lors de la mise en œuvre : - Les élèves sont valorisés parce qu’ils prennent en main les opérations - Le texte fonctionne ; l’exemple de la pierre est marquant (les élèves s’en souviennent longtemps après). - Le texte apparaît étonnamment plus simple 4 Remarque : Qu’est-ce qu’un texte simple pour un élève en difficulté ? C’est un texte où toutes les étapes du raisonnement apparaissent clairement et s’enchaînent selon un ordre logique (Une thèse – une explication de la thèse – un exemple – une conclusion). C’est, en définitive, un texte d’élève modèle… On trouve chez Alain ce genre de texte, mais aussi chez Saint Thomas (texte sur la limite de l’application uploads/Philosophie/ enseigner-la-philosophie-en-series-tech-nologiques-pdf.pdf

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