1 Marc Halévy DE L’ETRE AU DEVENIR Journal philosophique et spirituel Tome II 2
1 Marc Halévy DE L’ETRE AU DEVENIR Journal philosophique et spirituel Tome II 2 Le 21 avril 2001 Le prophète Zakariah (14;9) écrit : « Et YHWH sera (pour) roi sur toute la terre En ce jour-là, YHWH sera Un Et Son nom : Un. » Le verbe « être » est conjugué sur le mode inaccompli : « sera Un » ou « deviendra Un ». ⺈⺈⺈⺈⺈⺈⺈⺈⺈⺈⺈⺈⺈⺈⺈⺈⺈⺈⺈⺈⺈⺈⺈⺈⺈⺈⺈⺈⺈⺈⺈⺈⺈⺈⺈⺈ ⺈⺈⺈⺈⺈⺈⺈ L’Un devient. L’Un advient. Maïmonide (Rambam), lui, écrit : « Grâce à la sagesse, à l’élévation et à l’accomplissement de la Torah se poursuivent l’achèvement du monde et la mise en ordre de la réalité de la manière la plus parfaite. » L’Un s’accomplit par l’œuvre des hommes. Le 25 avril 2001 Le sens de l’histoire va du social à l’individuel. Ou plutôt, de la socialité à l’individualité. La voie de l’humanité, contrairement à ce que les pouvoirs inquiets rabâchent depuis des siècles, est l’affranchissement de l’individualité et, donc, la dissolution de la socialité. La société organisée (le clan, la tribu, la cité, le royaume, l’empire, l’état, etc.) est le stade primitif de l’humanité, son stade infantile de la dépendance, de la soumission et de l’obéissance. Son stade adulte sera celui de la liberté et de la responsabilité individuelles, les rapports sociaux devenant une pure question de choix ou de convenance personnels. Désocialiser le monde. La liberté commence où finissent les dépendances. 3 La fraternité libre supplantera les solidarités imposées. Solidarité (chaleur) : mythe romantique de gauche qui masque l’infantile esprit sécuritaire et parasitaire. Plus besoin d’être fort ensemble dès lors où l’on est fort par soi-même. Celui qui a dit que « l’homme est un animal social » est un menteur. L’homme est un animal individualiste qui s’est créé une socialité par nécessité et faiblesse. Aujourd’hui, par la culture et par la technologie, cette faiblesse n’existe plus. Il est donc temps de s’affranchir de cette socialité non désirée, de cet esclavage social, de ces lois qui se mêlent de tout ce qui ne les regarde pas, de ces institutions d’asservissement qui, au nom du collectif, oppriment l’individuel. Platon est la plus immense calamité de l’occident. Tout le christianisme en procède. Toutes les idéologies aussi. Tous se nourrissent de « valeurs » absolues et immuables qui n’existent que dans les têtes malades de ceux qui sont incapables de vivre la vie vivante dans l’ici-et- maintenant. Face au Judaïsme qui célèbre la libération et la vie, le christianisme célèbre la soumission et la mort. De lui procède ce que Nietzsche appelait une « morale d’esclaves » basée sur le ressentiment, la jalousie, la revanche. Une morale collective, une morale du grand nombre, une morale de parasites, une morale du nivellement par le bas, de la médiocrité érigée en système, de l’étêtage systématique au nom des « grands idéaux » de justice, de solidarité ou d’égalité. Platon, par christianisme et rationalisme interposés, a créé l’Occident, ses idéalismes et ses valeurs. Il est temps de tuer Platon. * Le 27 avril 2001 Du monisme implicite de Nietzsche. « A l’altitude convenable, tout se rassemble et se confond. C’est parce que toute création est “communion ”, que le penseur, le créateur et l’amoureux ne font qu’ un . Leur unité, leur grande synthèse, se fait dans et par la puissance, qui a détruit le mot pour le porter à cette hauteur, où il n’y a plus d’identité, mais un “ego fatum ”. N’est-ce pas alors, malgré tout, une mêmeté cosmologique, où l’autre a disparu, ou plutôt s’est dissout comme le moi dans l’ensemble de l’être cosmique. » « L’univers, œuvre d’art sans auteur, œuvre d’art qui s’engendre de soi-même. » Nietzsche écrit ailleurs : « le vieux dieu est mort » . Et encore : « Je ne pourrais croire qu’à un dieu qui saurait danser. » . 4 Et sur la création, précisément : « Qu’importe ce que je suis. Est-ce que j’aspire au bonheur ? J’aspire à mon œuvre ! » « L’homme est quelque chose qui doit être surmonté. » « Celui qui doit créer détruit toujours. » * « Q – Où est la vérité ? R – Où n’est pas la vérité ? » HOUEI-HAI maître du Tch’an Face à la Vérité (au sens philosophique classique, au sens d’un Absolu immuable à atteindre), il faut opposer la vie véritable, l’authenticité. La Vérité n’existe pas ; elle se crée au fur et à mesure qu’on l’invente. Face à cette Vérité illusoire, la vérité se vit. Elle est ce qui se vit ici-et- maintenant. Il faut vivre sa vérité en la créant. Je deviens ma vérité. Apprendre à vivre sans plus penser vivre. Contre Hamlet : non pas : « être ou ne pas être ? » mais bien : « être et ne pas être : devenir pour advenir ! » Être pour exister et vivre, mais surtout ne pas être pour continuer à devenir. Le 28 avril 2001 Lorsque l’on se trouve au fond d’une impasse, face à un mur infranchissable, la seule issue est de retourner en arrière jusqu’au point de bifurcation et de prendre l’autre branche de la fourche. L’esprit humain jamais ne crée quoique ce soit ex nihilo : faites le test de dessiner un extra-terrestre de science-fiction qui n’ait RIEN de commun avec quoique ce soit de connu. Impossible ! Une pieuvre à tête de chauve-souris avec une queue de léopard, dix-huit gants de boxe et quatre rouleaux à tarte en guise de « mains », ça oui, aucun problème. Mais… Donc, en cas d’impasse, une seule issue, retourner en deçà de la bifurcation et prendre l’autre branche. 5 Or l’Occident est dans une impasse de la pensée. Son rationalisme, son matérialisme, sa logique, son mécanicisme, son obsession de la domination et de la conquête spatiale sont autant de gouffres qui obstruent définitivement son chemin. L’issue se trouve avant la bifurcation, donc avant Socrate, Platon et Aristote, donc avant les Évangiles et les textes apocalyptiques pharisiens et esséniens qui les ont façonnés avec l’aide prépondérante de l’idéalisme platonicien. Et avant Socrate, il y avait quoi ? Il y avait les présocratiques, pardieu, Héraclite d’Ephèse en tête, et Pythagore, et, en même temps qu’eux : la Torah hébraïque, Lao-Tseu, les Upanishads, Bouddha, Jaïna (tous des VIIe et VIe siècles avant l’ère vulgaire). Ce n’est donc pas un hasard si l’Occident – du moins les rares élites qui sont conscientes de l’impasse – se tournent depuis longtemps déjà vers ces sources alternatives et salvatrices. Avant la logique aristotélicienne (dont les logiciens les plus contemporains ont largement démontré l’inconsistance logique), la « vérité » n’était pas LA quête. La quête centrale était celle de la sagesse. La méthode n’était pas la raison (la rationalité, le rationalisme), toujours effroyablement réductrice par son langage aussi pauvre que stérile, et par ses concepts autant artificiels qu’arbitraires, ni la « logique » dont le théorème de Gödel a définitivement détruit la suprématie ; la méthode était l’analogie, la métaphore, la symbolique, l’herméneutique, la glose, le mythe, le rite. Peu importe le nom qu’on veut lui donner. Place donc au Tout, à l’Un et à l’Impermanence. Place à l’analogie, à la métaphore et aux langages poétiques. Il faut alors une réelle témérité intellectuelle pour reléguer la permanence, l’absolu, l’immuable, l’espace (qui est le lieu de tous nos sens) à la périphérie de la pensée, comme un seulement des nombreux lieux où s’exprime et où se réalise l’élan créateur dont la dimension centrale et axiale est le temps, la durée, l’instant, l’ici-et- maintenant. Il faut tuer tous les archétypes afin que vivent et se déploient tous les germes. * Le 30 avril 2001 « La connaissance et le langage peuvent exister indépendamment l’un de l’autre. » « La connaissance et le langage sont deux choses distinctes. » SORCIER DON JUAN in La force du silence de Carlos Castenada 6 « Les mots ou le langage, tels qu’ils sont écrits ou parlés, ne semblent jouer aucun rôle dans mon mécanisme de pensée. » ALBERT EINSTEIN « Le Tao qui peut être exprimé par la parole n’est pas le Tao éternel. » LAO-TSEU « Et Moshé parlera aux Elohim : “voici, moi-même je vais vers les fils d’Israël et je leur dis un Elohim de vos pères m’a envoyé vers vous et ils me diront : quoi est son nom ? quoi leur dire ? ” Et Elohim dira à Moshé : “Je serai ce que Je serai ”, et Il dira : Tu diras ceci aux fils d’Israël : “Je serai ” m’a envoyé vers vous. » Exode :3;13-14 L’essentiel et l’authentique sont derrière les mots. Comment dépasser les mots ? Les mots sont les voies de la communication horizontale avec les autres hommes. Mais l’essentiel et l’authentique est dans la communion verticale avec l’Un qui est au-dessus de mes cimes et sous mes racines. Communion jubilatoire au-delà de tous les mots, de tous les noms, de tous les concepts, de tous les langages. Dépasser les mots est la voie. Dépasser tous les langages des hommes. uploads/Philosophie/ etre-devenir-2mark-halevy.pdf
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- Publié le Nov 17, 2021
- Catégorie Philosophy / Philo...
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