Fragments d’un enseignement inconnu Vous ne vous rendez pas compte que l’on doi

Fragments d’un enseignement inconnu Vous ne vous rendez pas compte que l’on doit apprendre à dire la vérité. Il vous semble qu’il suffirait de désirer ou de décider de la dire. Et moi je vous dis qu’il est relativement rare que les gens fassent un mensonge délibéré. Dans la plupart des cas, ils pensent dire la vérité. Et cependant, ils mentent tout le temps, à la fois lorsqu’ils veulent mentir et lorsqu’ils veulent dire la vérité. Ils mentent continuellement, ils se mentent à eux-mêmes et ils mentent aux autres. Par conséquent personne ne comprend les autres, ni ne se comprend soi-même. Pensez-y, pourrait-il y avoir autant de discordes, de mésententes profondes et tant de haine envers le point de vue ou l’opinion de l’autre, si les gens étaient capables de se comprendre ? Mais ils ne peuvent pas se comprendre, parce qu’ils ne peuvent pas ne pas mentir. Dire la vérité est la chose du monde la plus difficile ; il faudra étudier beaucoup, et pendant longtemps, pour pouvoir un jour dire la vérité. Le désir seul ne suffit pas. Pour dire la vérité, il faut être devenu capable de connaître ce qu’est la vérité et ce qu’est un mensonge, et avant tout en soi-même. Or cela personne ne veut le connaître. L’homme est une machine. Tout ce qu’il fait, toutes ses actions, toutes ses paroles, ses pensées, ses sentiments, ses convictions, ses opinions, ses habitudes, sont les résultats des influences extérieures, des impressions extérieures. De par lui-même un homme ne peut pas produire une seule pensée, une seule action. Tout ce qu’il dit, fait, pense, sent, tout cela arrive. L’homme ne peut rien découvrir, il ne peut rien inventer. Tout cela arrive. Mais pour établir ce fait, pour le comprendre, pour se convaincre de sa vérité, il faut se libérer de milliers d’illusions sur l’homme, sur son être créateur, sur sa capacité d’organiser consciemment sa propre vie, et ainsi de suite. Rien de tel n’existe. Tout arrive, les mouvements populaires, les guerres, les révolutions, les changements de gouvernement, tout cela arrive. Et cela arrive de la même façon que tout arrive dans la vie de l’homme individuel. L’homme naît, vit, meurt, construit des maisons, écrit des livres, non pas comme il le désire, mais comme cela arrive. Tout arrive. L’homme n’aime pas, ne hait pas, ne désire pas, tout cela arrive. Mais aucun homme ne vous croira jamais, si vous lui dites qu’il ne peut rien faire. Rien ne peut être dit aux gens de plus déplaisant et de plus offensant. C’est particulièrement déplaisant et offensant que c’est la vérité, et que personne ne veut connaître la vérité. Si vous le comprenez, il nous deviendra plus facile de parler. Mais c’est une chose de saisir avec l’intellect que l’homme ne peut rien faire et une autre de le ressentir avec « toute sa masse », d’être réellement convaincu qu’il en est ainsi et de ne jamais l’oublier. Cette question de faire en soulève d’ailleurs une autre. Il semble toujours aux gens que les autres ne font jamais rien comme il faudrait, que les autres font tout de travers. Invariablement chacun pense qu’il pourrait faire mieux. Nul ne comprend ni n’éprouve le besoin de comprendre que ce qui se fait actuellement – et surtout ce qui a déjà été fait – d’une certaine façon, ne pouvait pas se faire d’une autre façon Plus tard je compris ce que G entendait par considération, et me rendis compte de la place énorme qu’elle occupe dans notre vie, et de tout ce qui en découle. G appelait considération cette attitude qui crée un esclavage intérieur, une dépendance intérieure. 1 Un « groupe » est le commencement de tout. Un homme seul ne peut rien faire, rien atteindre. Un groupe réellement dirigé peut faire beaucoup. Du moins a-t-il une chance de parvenir à des résultats qu’un homme seul ne serait jamais en mesure d’obtenir. Vous ne réalisez pas votre propre situation. Vous êtes en prison. Tout ce que vous pouvez désirer, si vous êtes sensé, c’est de vous évader. Mais comment s’évade-t-on ? Il faut percer les murailles, creuser un tunnel. Un homme seul ne peut rien faire. Mais supposez qu’ils soient dix ou vingt, et qu’ils travaillent à tour de rôle : en s’assistant les uns les autres, ils peuvent achever le tunnel et s’évader. En outre, personne ne peut s’échapper de la prison sans l’aide de ceux qui se sont déjà échappés. Eux seuls peuvent dire de quelle façon l’évasion est praticable et faire parvenir aux captifs les outils, les limes, tout ce qui leur est nécessaire. Mais un prisonnier ne peut pas trouver ces hommes libres ni entrer en contact avec eux. Une organisation est nécessaire. Rien ne saurait être achevé sans une organisation. Chaque prisonnier peut un jour rencontrer sa chance d’évasion, à condition toutefois qu’il sache se rendre compte qu’il est en prison. Mais aussi longtemps qu’un homme échoue devant cette compréhension, aussi longtemps qu’il se croit libre, quelle chance pourrait-il avoir ? Nul ne peut aider par la force à la délivrance d’un homme qui ne veut pas être libre, qui désire tout le contraire. La délivrance est possible, mais elle ne saurait l’être que comme résultat de labeurs prolongés, de grands efforts et, par dessus tout, d’efforts conscients vers un but défini. Il faut comprendre que l’être d’un homme, aussi bien dans la vie qu’après la mort – s’il doit exister après sa mort – peut être de qualité très différente. « L’homme-machine », pour qui tout dépend des influences extérieures, pour qui tout arrive, qui est maintenant tel homme, et le moment suivant tel autre, et plus tard encore un troisième, n’a aucun avenir d’aucune sorte : il est enterré et c’est tout. Il n’est que poussière et il retourne en poussière. Cette parole s’applique à lui. Pour qu’il y ait une vie future, de quelque ordre qu’elle soit, il faut une certaine cristallisation, une certaine fusion des qualités intérieures de l’homme ; il faut une certaine autonomie par rapport aux influences extérieures. S’il y a dans un homme quelque chose qui puisse résister aux influences extérieures, alors cette chose même pourra résister aussi à la mort du corps physique. Mais je vous le demande : qu’est-ce qui pourrait résister à la mort du corps physique chez un homme qui défaille quand il s’est coupé le petit doigt ? S’il y a quoi que ce soit dans un homme, cela peut survivre ; mais s’il n’y a rien, alors rien ne peut survivre. Cependant, même si ce « quelque chose » survit, son avenir peut être variable. En certains cas de cristallisation complète, il peut se produire après la mort ce que les gens appellent une « réincarnation » et, en d’autres cas, ce qu’ils appellent une « existence dans l’au-delà ». Dans les deux cas la vie continue dans le corps astral, ou avec l’aide du corps astral. Vous savez ce que signifie cette expression. Mais les systèmes que vous connaissez et qui parlent de corps astral affirment que tous les hommes en ont un. C’est complètement faux. Ce qui peut être appelé corps astral est obtenu par fusion, c’est à dire par une lutte, par un travail intérieur, terriblement durs. L’homme ne naît pas avec un corps astral. Et un tout petit nombre d’hommes seulement en acquièrent un. S’il vient à se constituer, il peut continuer de vivre après la mort du corps physique, et il peut renaître dans un autre corps physique. Voilà la réincarnation. S’il n’est pas re-né, alors, dans le cours du temps, il meurt aussi ; il n’est pas immortel, mais il peut vivre longtemps après la mort du corps physique. Fusion, unité intérieure, sont obtenues par « friction », par la lutte du « oui » et du « non » dans l’homme. Si un homme vit sans conflit intérieur, si tout arrive en lui sans qu’il s’y oppose, s’il va toujours avec le courant comme le vent le pousse, alors il restera tel qu’il est. Mais si une lutte intérieure s’amorce et surtout si, dans cette lutte, il suit une ligne déterminée, alors graduellement certains traits permanents commencent à se former en lui ; il commence à cristalliser. Pourtant, si la cristallisation est possible sur une base juste, elle ne l’est pas moins 2 sur une base fausse. Par exemple, la peur du péché, ou une foi fanatique en une idée quelconque, peuvent provoquer une lutte terriblement intense du « oui » et du « non », et un homme peut cristalliser sur de telles bases. Mais la cristallisation se fera mal, elle sera incomplète. Un tel homme perdra ainsi toute possibilité de développement ultérieur. Pour que la possibilité d’un développement ultérieur lui soit rendue, il devra être au préalable « refondu », et cela ne peut s’accomplir sans des souffrances terribles. - Comment peut-on provoquer la lutte du « oui » et du « non » ? - Le sacrifice, dit Gurdjieff, est nécessaire. Si rien n’est uploads/Philosophie/ extraits-gurdjieff.pdf

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