Chapitre 156 Cours 157 1 Les rouages de l’argumentation séries L ES S A À quo
Chapitre 156 Cours 157 1 Les rouages de l’argumentation séries L ES S A À quoi sert l’argumentation ? ➜ 1. Vouloir convaincre, persuader ou délibérer n Argumenter, c’est le fait de soutenir, réfuter ou discuter une opinion, une thèse. Convaincre, persuader et délibérer sont trois stratégies argumentatives différentes. Stratégie argumentative But Moyen Sollicitation du lecteur Convaincre amener une personne à penser profondément la même chose que soi - arguments rationnels : preuves logiques, nombre d’idées limité en vue d’une bonne compréhension - exemples clairs illustrant les arguments : références historiques, littéraires, anecdotes, faits d’actualité… - registre didactique ou polémique composition soignée: plan simple et clair, progressif, emploi de connecteurs logiques, conclusion. le locuteur s’adresse à la raison du destinataire Persuader entraîner l’adhésion d’un interlocuteur à une thèse - travail de l’éloquence : figures de rhétorique destinées à émouvoir, à impressionner, apitoyer ou effrayer le lecteur, rythme étudié, effets d’insistance… - prise en compte de la personnalité du destinataire - expression de la sensibilité personnelle de l’auteur - registre pathétique, lyrique, ironique, polémique… le locuteur s’adresse aux sentiments du destinataire, à son imagination Délibérer effectuer un choix face à une question problématique, un dilemme - peser le pour et le contre et parvenir à une conclusion - faire des hypothèses, marquer des hésitations, des contradictions, se poser des questions… la raison et les sentiments peuvent être sollicités L’argumentation : convaincre, persuader et délibérer 5 ➜ 2. Défendre une thèse à partir d’un thème n L’argumentation sert à défendre une thèse, sur un thème donné, directement ou indirectement. Le thème d’une argumentation est son sujet général, la question po- sée. La thèse soutenue par l’auteur est l’opinion qu’il défend, à l’aide d’arguments. Par exemple, le thème du Dernier jour d’un condamné de Victor Hugo est la peine de mort, tandis que la thèse qu’il défend est la nécessité d’abolir la peine de mort, et la dénonciation de sa barbarie. n Dans les essais, les lettres ouvertes ou les articles, les auteurs défendent explicitement un point de vue : ils ont recours à l’argumentation directe. Dans un conte philosophique, une fable, ou même un roman, les auteurs se servent d’un récit pour appuyer leurs idées et l’argumentation est en partie implicite : ils utilisent l’argumentation indirecte. B Savoir identifier les arguments et les exemples ➜ 1. Les arguments n L’argument est une idée qui permet d’appuyer ou de réfuter une thèse. C’est une bonne combinaison d’arguments qui permet de défendre une thèse. Un argument qui sert à critiquer une thèse est appelé contre-argument. Celui-ci est utilisé dans les réfutations. Il existe plusieurs types d’arguments. Parvenir à les identifier permet d’enrichir l’analyse de la littérature d’idée : Type d’argument Construction Exemples Argument logique Il est issu du raisonnement de l’auteur : il se fonde sur la logique du discours. « Je pense, donc je suis » est un argument logique : c’est le raisonnement très rigoureux de Descartes. Argument d’autorité Il s’impose car il s’appuie sur des références connues de tous, qui apparaissent comme des vérités d’évidence. Sganarelle, dans le Médecin malgré lui (Molière, 1666) invoque l’autorité d’Aristote pour justifier le fait qu’il garde son chapeau Argument de valeur Il se réfère à un système de valeurs (morales, religieuses, sociales…) bien installées. Quand les pères de Molière affirment que le choix d’un mari pour leur fille dépend de leur volonté, ils disent ce que pensent généralement les pères de cette époque. Argument d’expérience Il se fonde sur le recours à des faits, à des témoignages : il est directement issu d’exemples, il est concret. L’Agneau rappelle qu’il n’était pas né à l’époque des faits que le loup lui reproche dans la fable de la Fontaine. Argument ad hominem Il est choisi en fonction de la personnalité du destinataire : il est particulièrement adapté à sa sensibilité, à ses goûts, à sa culture, à son vécu. Pour disqualifier l’Émile (1762), qui décrit l’éducation idéale, on a reproché à Rousseau d’avoir abandonné ses enfants. Au lieu de contester ses thèses, on le discrédite. L’argumentation 25 cours 158 Cours L’argumentation 25 159 ➜ 2. Les exemples n Les exemples viennent appuyer les arguments en les illustrant. Ils permettent de concrétiser les arguments qui, seuls, restent abstraits : les exemples viennent vérifier une idée. Un bon exemple peut être une référence historique, littéraire, un fait d’actualité, une anecdote, une citation, une expérience… Types d’exemples Fonction Exemple illustratif (le plus courant) Cas particulier qui vérifie l’idée générale de l’argument. Les Fables de La Fontaine sont illustratives : le corbeau et le renard montrent de façon imagée qu’il faut être méfiant face aux flatteries. Exemple démonstratif ou argumentatif On se sert du cas particulier pour en induire une idée générale. À la base du raisonnement, ce type d’exemple peut être considéré comme un argument à lui seul. Dans les Essais, Montaigne part souvent de son propre cas pour lui donner une valeur universelle. Il condamne l’éducation collective des collèges à partir de sa propre expérience. C L’analyse d’un texte argumentatif ➜ 1. Comment repérer la structure de l’argumentation? Les premières questions à se poser face à un texte argumentatif concernent son or- ganisation. Construit logiquement, il présente une « charpente » souvent très visible. La mettre en évidence facilite la compréhension du texte. n Les connecteurs logiques (ou mots de liaison) établissent des liens entre les dif- férents arguments. Rapport logique Exemples de connecteurs Addition, succession Et, en outre, de plus, par ailleurs… Cause/conséquence Car, parce que, puisque, de sorte que, si bien que… Opposition Toutefois, cependant, quoique, bien que, mais… n Les paragraphes sont souvent révélateurs de la construction du texte. Mais un au- teur peut avoir choisi d’exposer plusieurs arguments dans un seul paragraphe. Il faut savoir s’en méfier. n La progression des arguments est intéressante à analyser: l’auteur peut choisir de commencer par le plus évident, et finir par le plus original ou le plus complexe. Les procédés de persuasion peuvent se faire de plus en plus insistants… n Le type de plan peut être parfois identifié : il en existe trois modèles majeurs : - le plan logique confronte ou compare deux points de vues : avantages/ inconvénients, thèse/antithèse et éventuellement synthèse. - le plan analytique tente de résoudre un problème : constat/causes/conséquences ou/et solutions. - le plan thématique accumule une série d’arguments qui appuient la même thèse. Certains textes peuvent toutefois combiner plusieurs types de plans. ➜ 2. Comment repérer la thèse ou la réfutation d’une thèse? n La thèse est fréquemment résumée dans une phrase clé, qui résume le point de vue de l’auteur, souvent en début ou en fin de texte. Les autres phrases tendent à la démontrer, à l’aide d’arguments et d’exemples. Un texte peut soutenir tour à tour plusieurs thèses. n L’énonciateur peut choisir d’opposer point par point ses arguments à ceux de la thèse adverse. Il s’agit alors d’une réfutation. Le raisonnement par l’absurde feint d’accepter une hypothèse pour en tirer logiquement des conséquences absurdes, qui discréditent l’hypothèse de départ. La concession feint d’admettre dans un premier temps la thèse adverse pour mieux la réfuter par la suite en s’y opposant (cependant, néanmoins…) ➜ 3. Comment distinguer les différents types de raisonnements ? n Le raisonnement par déduction ou déductif tire une conséquence à partir d’une ou plusieurs idées générales, pour dégager une proposition particulière. n Le raisonnement par induction ou inductif part d’une ou plusieurs observations particulières pour aboutir à une conclusion générale. n Le raisonnement par analogie opère par rapprochement et par contagion. On glisse d’un domaine à un autre. n Le syllogisme est une forme particulière de raisonnement déductif. Il consiste à énoncer deux propositions (les prémisses) et à en tirer une conclusion (possible parce qu’un terme commun aux deux prémisses permet de relier les autres termes). Si les prémisses sont acceptées, la conclusion qui en découle doit l’être aussi : « Tous les hommes sont mortels ; or Socrate est un homme ; donc Socrate est mortel ». n Le sophisme est un type de raisonnement volontairement faux ou trompeur, qui aboutit à une conclusion erronée : « Un cheval bon marché est rare ; tout ce qui est rare est cher ; donc un cheval bon marché est cher ». ➜ 4. Quelles sont les marques de l’énonciation dans un texte argumentatif ? Étudier l’énonciation dans un texte consiste à se poser deux questions : Qui parle ? À qui ? On peut alors effectuer des repérages qui vont faciliter cette analyse. cours 160 Cours L’argumentation 25 161 n La présence de l’énonciateur se manifeste à travers les marques de la première personne (pronoms personnels, adjectifs possessifs…) ou les verbes d’opinion, de sentiments, de locution (je pense, j’aime, j’affirme…). Les modalisations du discours sont aussi révélatrices de la présence du locuteur: peut-être, je crois, vraisemblablement, sûrement…On peut donc mesurer l’implication de l’énonciateur qui s’affirme plus ou moins selon ses intentions, sa personnalité… L’absence de marques de la première personne peut révéler une volonté de neutralité. n La présence du destinataire se lit dans uploads/Philosophie/ fiche-argumentation 1 .pdf
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- Publié le Nov 23, 2022
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