1 FICHE DE LECTURE QU’EST-CE QUE L’AGRICULTURE ÉCOLOGIQUEMENT INTENSIVE ? de MI

1 FICHE DE LECTURE QU’EST-CE QUE L’AGRICULTURE ÉCOLOGIQUEMENT INTENSIVE ? de MICHEL GRIFFON INTRODUCTION Diplômé de l’Institut National Agronomique en 1971, Michel Griffon a été Directeur à la Société d'Etudes pour le Développement Economique et Social, focalisant ses travaux sur les politiques agricoles en Europe et dans les Pays en Développement. En 1986, il rejoint le CIRAD (Centre de Coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement). Sa recherche a surtout porté sur la promotion d'une agriculture qui soit acceptable au plan environnemental et capable de réduire la sous-alimentation dans le monde. Il dirige de 2005 à 2008 le département Ecosystèmes et développement durable à l’Agence Nationale de la Recherche, avant d’en être nommé Directeur Général Adjoint. Bénéficiant de la double compétence d’ingénieur agronome et d’économiste, Michel Griffon a été effectué de nombreuses missions de coopérations en Amérique Centrale, en Afrique et en Asie. Il attache une grande importance au terrain qui est selon lui indispensable pour voir l’avancée de la recherche et ses débouchés concrets. Son expérience lui a donc servi de bases à des ouvrages fondamentaux tels que « Développement durable, ensemble » en 2003, avec Marie-Odile Monchicourt, « Nourrir la Planète » paru en 2006, « Pour des agricultures écologiquement intensives » en 2011 et enfin « Qu’est-ce que l’agriculture écologiquement intensive ? ». Son dernier livre est ainsi paru le 4 février 2013 aux éditions Quae, dans la collection Matière à débattre à décider. Sa réflexion s’inscrit dans la continuité des discussions issues du Grenelle de l’environnement de 2007. On fait peut se référer à Louis Malassis, dont il reprend certaines formulations issues de « l’Épopée inachevée des paysans du monde » de 2004, ou encore à l’ouvrage de Bruno Parmentier « nourrir l’humanité » publié en 2006. Michel Griffon est l’initiateur du concept d’Agriculture Écologiquement Intensive dont il va dans cet ouvrage présenter les différentes spécificités, exposant l’évolution du concept et en explicitant les techniques applicables aux cultures et élevage avant d’en voir la viabilité économique. Le but premier de l’auteur est de lancer la réflexion sur la meilleure manière pour l’agriculture de remplir deux objectifs d’apparence contradictoire ; produire plus et mieux respecter l’environnement. Ce livre, préfacé par Erik Orsenna, est donc destiné à un public qui s'interroge sur l'orientation des agricultures pour demain. Il peut être lu dans l’optique de s’informer et de décider, que dans celle d’appliquer certaines bonnes pratiques. L’auteur commence par définir de manière pédagogique l’agriculture écologiquement intensive en la situant par rapport aux autres courants plus ou moins proches (agriculture biologique, à haute valeur environnementale …). Michel Griffon veut montrer la variété des tentatives destinées à se diriger vers une agriculture qui tend à utiliser intensivement les 2 capacités spécifiques des écosystèmes selon les lois scientifiques de l’écologie, et à s’inscrire dans une perspective de développement viable. Il veut sortir du modèle de l’agriculture conventionnelle, utilisant massivement intrants et capitaux. Les technologies utilisées par l’AEI reposent sur une connaissance fine du fonctionnement de l’écosystème agricole. Après l’avoir exploitée, et après avoir voulu la conserver en l’état, les sociétés devraient apprendre à en utiliser les fonctionnements naturels de l’environnement afin de relever le défi à long terme de nourrir l’ensemble de la planète. Il développe dans le chapitre 2 son analyse autour aux systèmes de culture à différentes échelles : parcelle, exploitation, bassin versant, bassin économique. Une approche multiscalaire utile car dans la réalité toutes ces échelles sont emboitées et en interaction. Les fonctionnalités évoquées concernent : le peuplement végétal, la diversité génétique, la dynamique de l’eau, la fertilité des sols et les insectes ravageurs... Le vocabulaire employé est assez technique mais l’auteur prend bien soin d’expliciter chaque idée par des exemples. Cette même approche est appliquée aux systèmes d’élevage. Il est question notamment de l’abandon du forçage alimentaire. En effet dans les pratiques d’élevage dit conventionnel, les animaux sont nourris avec un nombre minimum d’ingrédients, ce qui a un impact sur la santé des animaux et la qualité de la viande. L’agriculture écologiquement intensive veut au contraire améliorer le bien-être animal. Dans un chapitre suivant les services dits écologiques et environnementaux sont abordés. En effet l’AEI peut rendre des services en réduisant par exemple des externalités négatives comme l’effet de serre par le stockage du carbone... Dans la dernière section de son ouvrage intitulé « conditions de réalisation d’une agriculture écologiquement intensive », Michel Griffon envisage la question de la « viabilité ». Pour cela il évoque la par exemple la rémunération envisageable des services environnementaux pour les agriculteurs. L’auteur prône une reconnaissance sociale du monde agricole Les thèmes de la concurrence internationale sur les marchés locaux et des difficultés d’accès à la terre sont notamment abordés. Également économiste, l’auteur n’est pas naïf concernant la situation mondiale. Ses analyses tiennent compte des conjonctures à venir sur l’évolution des taux de change mondiaux, les lois de la compétitivité… L’essentiel consiste pour lui à toujours appréhender les systèmes dans leur globalité et leur complexité, sans chercher à imposer une solution universelle. CONCLUSION Par ses exemples très concrets, M. Griffon veut montrer que l’agriculture écologiquement intensive est possible ici et maintenant. On apprend ainsi que l’on peut « produire des biocarburants à partir d’une plante invasive tropicale, les jacinthes d’eau ». Michel Griffon signe ici un livre abordable et convaincant, qui garde à l’esprit le point de vue et les intérêts de tous les acteurs, depuis l’agriculteur jusqu’au consommateur. Il s’agit d’un bon ouvrage de synthèse, pas exactement de vulgarisation, car par moment la lecture est un peu difficile si l’on ne possède pas une culture technique en biologie ou en écologie. En effet, 3 l’essentiel de l’argumentation du livre consiste à dire que l’intensivité écologique consiste à amplifier ses fonctionnalités. Cette amplification permet alors de réduire les intrants chimiques et les besoins en énergie. Elle permet en outre de produire des externalités positives et de réduire les externalités négatives, sans pour autant diminuer la production de biens agricoles. Cet ouvrage fait véritablement le tour de la question en proposant une réflexion sur les enjeux et conditions d’existence de ce type d’agriculture, encadrés et schémas repères pour comprendre les références à l’origine de ce mouvement, ainsi que des exemples extrêmement concrets. Michel GRIFFON avait déjà écrit sur le sujet en 2010 dans le livre « Pour des agricultures écologiquement intensives » mais cet ouvrage restait très conceptuel et général. Dans « Qu’est-ce que l’agriculture écologiquement intensive ? » l’auteur vient bien au-delà de la définition du concept en lui-même, il est parvenu à faire un inventaire assez exhaustif des techniques « écologiquement intensives » à différentes échelles. Mais il faut bien comprendre que l’Agriculture écologiquement intensive n’est pas une simple recette à appliquer afin de résoudre les problèmes actuels, comme le rappelle l’auteur « finalement, l’objectif est moins de définir un système de production précis qui serait le point d’aboutissement final, que d’explorer des trajectoires possibles en conservant une certaine flexibilité ». Ainsi l’intérêt de cet ouvrage est surtout d’alimenter les débats entre les professionnels agricoles et de l’environnement. uploads/Philosophie/ fiche-de-lecture-qu-x27-est-ce-que-l-x27-agriculture-ecologiquement-intensive-de-michel-griffon.pdf

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