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Nous contacter Accueil L'Envers de la dialectique Gérard Lebrun Meilleur prix EUR 26,59 ou neuf EUR 26,98 A propos de cet espace Gérard Lebrun, L’envers de la dialectique HEGEL À LA LUMIÈRE DE NIETZSCHE lundi 30 mars 2009, par Nicolas Rousseau La dialectique serait-elle l’opium du philosophe ? On a toutes les raisons de le croire, à la lecture du cours magistral de Gérard Lebrun, publié par deux de ses étudiants, sous le titre L’envers de la dialectique. Hegel à la lumière de Nietzsche [1] qui propose une lecture fascinante du système hégélien comme théodicée d’un type inédit, mais pas moins délirant que les autres. Il y aurait bel et bien un envers de la dialectique, si étonnant que cela puisse paraître. Étonnant, puisque la dialectique se voulait le régime de discours qui ne laisse rien au-dehors de lui, aucun envers, aucune détermination conceptuelle. Or, Lebrun montre, à la lumière de Nietzsche, qu’il y a bel et bien un revers non élucidé par la dialectique, et que celle-ci constitue donc une « stratégie philosophique inavouée ». Cours magistral, à tous les sens du terme, où éclate à chaque page le talent de pédagogue et d’interprète d’un auteur qui a élevé le commentaire au rang d’œuvre, et l’enseignement au rang d’art [2] Au cinéma, il arrive qu’on tourne la suite d’un film, et (rarement il est vrai), il arrive que la suite soit meilleure que le premier. Je pencherais pour dire, mutatis mutandis , que c’est le cas ici, et que le grand professeur de Sao Paolo, a surpassé son étude précédente sur Hegel, La patience du concept . Un éclairage nietzschéen sur Hegel S’agirait-il donc d’une sorte de second tome de La Patience du concept , qui prolongerait l’exploration du langage hégélien ? Oui, mais dans une direction entièrement opposée – et c’est la principale surprise qui attend le lecteur, dès les premières pages. En effet, à la fin de la Patience , le lecteur était resté sur l’image d’un Hegel d’un type inédit : non pas le panlogiste dogmatique, le théologien masqué qui aurait mis Gérard Lebrun, L'envers de la dialectique - actu philosophia http://www.actu-philosophia.com/spip.php?article106 1 of 9 3/12/2014 5:42 PM le point d’orgue à la métaphysique en la rendant totalement systématique –mais au contraire un parfait sceptique qui aurait entrepris de dissoudre une à une nos certitudes de langage et nos évidences les mieux assurées, à la façon d’un Wittgenstein. Ne resterait alors, après la dialectique hégélienne, qu’une pensée entièrement « fluidifiée », se mouvant à l’infini en elle-même –la philosophie n’étant plus alors un de ces systèmes sur lesquels les impatients décident de leur vie et bâtissent une morale, mais la mise en question, par le langage même, des moyens par lesquels notre langage se constitue, « rien qu’un flot montant qui ne constitue que lui-même ». C’est pourquoi le changement de perspective dans L’envers de la dialectique est si spectaculaire. Alors qu’au début de la Patience , Hegel était rapproché de Nietzsche comme critique de la superstition, ici Nietzsche est convoqué pour mettre au jour les choix profonds et inavoués sur lesquels repose le langage dialectique. C’est en effet d’abord d’un problème de langage dont il s’agit : « voit-on de quelle façon il s’agit de parler ? » Gérard Lebrun, ayant patiemment établi les règles du langage de Hegel –ayant appris à parler hégélien, comme on parle français ou anglais [3] – il travaille ici à dire le ressentiment qui anime secrètement la dialectique. Déjà, le premier mérite de la Patience du concept était de déchiffrer le hégélien sans jamais le parler directement : décoder une langue mais sans reprendre tel quel le style de Hegel, au contraire de plusieurs commentateurs qui s’installent dans ce Gérard Lebrun, L'envers de la dialectique - actu philosophia http://www.actu-philosophia.com/spip.php?article106 2 of 9 3/12/2014 5:42 PM langage et le parlent sans en interroger les règles… comme si, par la seule imprégnation, la lumière allait finir par se faire dans la tête du lecteur ! Avec l’ Envers , le style de Lebrun a gagné en force, en concision, et en humour. Plus libre, plus personnel, plus drôle, ce livre nous montre un Lebrun qui a abandonné ce style rigoureux jusqu’à la rigidité de la Patience du concept , sans rien perdre de sa parfaite maîtrise. Sur le fond, Lebrun se rapproche de Foucault et Deleuze (du premier pour le thème de l’archéologie du sens, du second pour la conception de la différence). Dans l’ensemble, le livre semble parcouru d’un éclat de rire secret, comme celui qui anime les meilleurs chapitres de Nietzsche : un rire serein et libérateur. Mais, au juste, en quoi consiste le ressentiment hégélien ? Pourquoi Nietzsche nous aide-t-il à le découvrir ? Et, en supposant qu’on puisse comprendre les règles de la dialectique, la philosophie peut-elle y échapper ? Voilà les questionnements que ce livre met en place. Nous passerons en vue quelques thèmes de l’enquête menée par Gérard Lebrun, en regrettant que, pour chaque citation qui sera faite, trois ou quatre autres passages seront laissés de côté. Un peu à la façon de la dialectique hégélienne, qui est sans doute impossible à résumer, il serait vain de vouloir rendre de façon satisfaisante, autrement qu’en citant tout le livre, le travail d’exploration entrepris par Lebrun. Ce compte-rendu, du fait de ses insuffisances inévitables, sera plus que jamais une invitation à lire le livre. Les illusions de la dialectique L’auteur commence par contester les résultats de son livre précédent : est-il si certain que l’exercice de la dialectique nous délivre pour de bon des illusions de l’Entendement, entendue comme la « raison » des classiques, cette faculté de « découverte et de possession des principes » [4] ? Cette certitude de pouvoir se délivrer des naïvetés de la philosophie par un discours qui s’inscrirait dans l’Absolu, n’est-ce pas là une naïveté plus grande encore ? « Cette quête exclusive de la « vérité » nous dispense de toute réflexion préalable sur le sens usuel des mots. Pourquoi ce concept est-il ainsi marqué ? Pourquoi l’usage de ce mot l’a-t-il emporté ? Ces questions indignes de la philosophie, Hegel les abandonne au philologue, à l’historien du fortuit. […] Ainsi naît un dogmatisme plus insinuant que celui qui procède par axiomes et théorèmes et qui, mieux que celui-là, nous donne l’assurance qu’il ne tient qu’à nous de faire se déployer le discours de la Vérité. Havre inespéré pour la théologie. » [5] Lebrun se propose de parcourir le déploiement de l’ontologie de Hegel, c’est-à-dire précisément « un indicateur sémantique, un méta-discours qui a pris toutes précautions pour que le sens de certains mots […] demeure inflexiblement marqué » [6]. « Parcourir cette dimension, c’est découvrir qu’il y a un point de vue d’où la raison hégélienne est exposée au même type de critique qu’elle-même adresse incessamment à l’« Entendement ». C’est commencer à dévoiler l’envers de la dialectique. Elle aussi est partiale. Elle aussi occulte ses présupposés. Elle n’est Gérard Lebrun, L'envers de la dialectique - actu philosophia http://www.actu-philosophia.com/spip.php?article106 3 of 9 3/12/2014 5:42 PM pas le méta-discours qu’elle prétendait être relativement aux philosophies d’« entendement ». » [7] On n’étudiera donc pas le système à l’aune d’un autre système de repérage, au nom d’un discours plus vrai : on se contentera de prendre cette ontologie pour ce qu’elle est, un texte, avec ses articulations, son mode de construction, et pour y retrouver –c’est là l’intérêt de l’éclairage nietzschéen – des orientations vitales inavouables, car morbides… Le premier chapitre est consacré à la définition de la « véritable théodicée » telle que l’entend Hegel. En quel sens précis son œuvre est-elle une justification de l’ordre du monde au nom de Dieu ? Ce que rejette Hegel, c’est aussi bien la compréhension de l’histoire en termes de pure causalité d’un côté, ou d’intervention d’une Providence divine de l’autre. Aussi Hegel ne fait-il pas l’apologie du fait accompli ni du meilleur des mondes possibles. Il y a une profonde originalité de la Providence hégélienne : quelle est-elle ? Elle ne dit pas qu’un Dieu dirige le monde, mais elle affirme plus « modestement » que tous les évènements, si hasardeux soient-ils, finiront par former du sens, que du hasard surgira la nécessité, que l’ordre sortira du désordre de l’histoire. C’est cette « modestie » de la rationalité de l’histoire hégélienne que Lebrun repère en fait comme une exigence théologique maximale : à savoir que l’histoire devrait finir par former un récit, que le rationnel et le sens finiraient par émerger de l’irrationnel et du non-sens. Une raison doit finir par ressortir de cette histoire pleine de bruit et de fureur. Le monde sensible, le monde du fini, qui n’est rien face au Concept, finit par céder entièrement à cet infini auquel il est incapable de résister. La religion ayant fait son œuvre, c’est à l’Etat de recueillir tout le passé, et le bon chrétien doit vivre pleinement en lui, dans « un monde luthérien , morne et sobre, où la présence uploads/Philosophie/ gerard-lebrun-l-x27-envers-de-la-dialectique-actu-philosophia.pdf

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