L’ARGUMENTATION Gérard Vigner IA-IPR de Lettres Tout le monde peut faire ce con
L’ARGUMENTATION Gérard Vigner IA-IPR de Lettres Tout le monde peut faire ce constat apparemment paradoxal. Un enfant, capable à l’oral, et dans certaines circonstances, de s’engager dans des opérations d’argumentation parfois très élaborées, se trouve le plus souvent en difficulté pour engager une argumentation écrite convenablement formée, compétence qui ne commence à être véritablement maîtrisée, quand elle l’est, qu’aux environs de 16-17 ans. Comment rendre compte d’un tel décalage ? Par quelles étapes passe l’acquisition d’une compétence à développer une argumentation écrite ? La conduite de discours argumentatif dans la vie sociale et celle à l’oeuvre dans les apprentissages scolaires obéissent, semble-t-il, à des logiques distinctes. Un rapide état des lieux en la matière. Un constat général, une présence affirmée de l’argumentation dans les programmes du collège comme dans ceux de lycée, de même qu’ elle constitue un objet d’étude universitaire régulièrement fréquenté ( voir Marianne Doury, Sophie Moirand, 2004). De nombreuses raisons peuvent être avancées pour rendre compte de cette présence de plus en plus forte : d’abord, par le fait que cette dimension argumentative de la formation n’a jamais complètement disparu de nos programmes, même après l’éviction d’un enseignement explicitement rhétorique par les pédagogues de la IIIème République (éviction qui s’explique par le grief porté à l’égard de la rhétorique d’entraîner les élèves à s’exprimer sur des sujets convenus, sans engagement véritable sur des valeurs partagées, alors que la IIIème République va tenter de concevoir l’enseignement de la littérature comme un véritable traité de leçons de choses morales). Ensuite par la prise de conscience de l’importance revêtue par cet usage du discours dans une perspective à la fois citoyenne et démocratique. La vie de la Cité, dans la Cité, n’est pas concevable sans le recours au débat dont la maîtrise doit être donnée en partage à tous (d’où l’introduction du débat argumenté au lycée avec les activités liées à l’Education civique, juridique et sociale). Le passage à la démocratie participative, dans laquelle chacun est plus impliqué qu’autrefois dans le processus de prise décision, va dans le même sens. L’exigence de plus grande transparence dans tous les domaines de la vie collective se traduit par un jeu beaucoup plus important d’argumentation et de contre- argumentation qu’autrefois. Avec les malentendus cependant qui peuvent naître de la confusion entre l’argumentation abordée comme forme de discours, dans la relation à l’autre, comme intervention en direction d’autrui, dans la dimension interpersonnelle de la relation, et l’argumentation comme type de texte (le texte argumentatif, tel qu’il apparaît et est défini, de façon souvent fort réductrice, dans certaines typologies). [ L’argumentation, telle qu’elle se présente aujourd’hui s’oppose tout à la fois à la rhétorique traditionnelle, appréhendée dans sa dimension oratoire, et à la logique, comme outil impersonnel et formel de démonstration. Dans la réalité, les oppositions sont moins tranchées, le discours argumentatif prend en compte l’auditoire, le public destinataire. Et une argumentation peut s’appuyer sur une démarche de raisonnement, le syllogisme par exemple, qui quelque part fait référence à la logique. L’étude des langues anciennes permettra aux élèves qui ont choisi cette option de découvrir la rhétorique dans ses origines culturelles et historiques et d’apporter d’utiles éclairages à cette dimension de nos programmes toujours valorisée, dans la tradition française. ] 1. Premières définitions Un argument permet de faire admettre une conclusion sur la base d’une relation qui n’est pas de nature logique (nous serions sinon dans l’ordre de la démonstration), mais de nature idéologique (ce qui relève de valeurs plus ou moins partagées). Un argument ne dispose pas d’une force en soi. Cette force varie selon les époques, selon les milieux sociaux, selon la nature et la position des locuteurs, selon les environnements intellectuels. « La notion d’argumentation est envisagée comme une forme de discours qui vise à obtenir l’adhésion d’un auditeur ou d’un lecteur aux thèses qu’on présente à son assentiment. L’argumentation a donc pour but de modifier les savoirs, les croyances et les opinions d’autrui en essayant de démontrer, en s’efforçant de convaincre, en s’attachant à persuader. » (Documents d’accompagnement, 2nde, p. 21) « L’argumentation est ainsi une opération qui prend appui sur un énoncé assuré (accepté), l’argument, pour atteindre un énoncé moins assuré (moins acceptable), la conclusion. Argumenter, c’est adresser à un interlocuteur un argument un argument, c'est-à-dire une bonne raison, pour lui faire admettre une conclusion et l’inciter à adopter les comportements adéquats. » Christian Plantin, 1996, p. 24) « Argumenter revient à donner des raisons pour telle ou telle conclusion. Les raisons constituent, lorsqu’elles sont énoncées, autant d’arguments. Une argumentation consiste donc en une relation entre un ou des arguments et une conclusion. » (Jacques Moeschler, 1985, p. 46) « L’argumentation est toujours inscrite dans un contexte interpersonnel et dans une situation concrète (…). Les arguments ne son pas vrais ou faux, ce sont des raisons plus ou moins fortes pour ou contre une thèse proposée. Dès qu’il s’agit de raisonner sur des valeurs, touchant le bien ou le mal, la justice ou l’injustice, la liberté ou la contrainte, et bien d ‘autres enjeux de la vie collective et individuelle, le discours de l’argumentation s’efforce de justifier la préférence que l’on accorde à telle ou telle fin et que l’on cherche à faire partager. » (Denis Bertrand, 1999, p. 15) L’argumentation apparaît bien comme une visée, dans le cadre d’une interaction, d’un échange. L’argumentation va se réaliser en un discours dont la nature effective n’est pas arrêtée a priori, même si la tradition rhétorique la plus ancienne est là pour imposer ses représentations. Existe-t-il des types de textes qui seraient par nature argumentatifs ? En fait une visée argumentative peut se réaliser par le moyen d’une narration, d’une description (discours de nature figurative) ou d’une explication. On peut ainsi comparer, s’agissant de la dénonciation de l’entreprise coloniale, le choix d’André Gide qui a préféré publier un journal de voyage, Voyage au Congo. Carnets de route, qui eut l’écho que l’on sait, à celui d’Aimé Césaire dans Cahier d’un retour au pays natal, qui prend la forme d’un long poème qui veut tout à la fois porter témoignage et susciter une prise de conscience, ou encore à celui de Franz Fanon, en 1961, qui publie un violent pamphlet, Les Damnés de la terre. Différences d’époque, de publics, d’auteurs. Mais une même entreprise : dénoncer. De même, les reportages du journaliste Albert Londres, dans les années 20, ne sont pas de simples descriptions ou narrations, mais des entreprises de dénonciation, avec Terres d’ébène, par exemple. La tradition rhétorique nous a légué la distinction entre discours judiciaire, discours délibératif, discours épidictique au travers de pratiques qui s’inscrivent dans l’ordre du politique, du judiciaire ou du religieux. Mais l’argumentation peut revêtir une gamme infiniment plus large de discours, dans les formes les plus variées. Un discours argumentatif peut ainsi se réaliser dans un texte qui offre certaines propriétés formelles, en confrontant des jugements de valeur ou en rapportant un événement significatif, mais propriétés qui ne sauraient avoir le caractère de stabilité du texte narratif ou descriptif, par exemple. Et peut-être trouve-t-on là une autre des difficultés à enseigner l’argumentation écrite. Il n’existe pas de schéma prototypique commun à tous les textes argumentatifs, comme il existe un schéma commun, le fameux schéma narratif, (au prix de nombreuses simplifications il est vrai) aux différentes réalisations du texte narratif. Le schéma de Stephen Toulmin (1993), auquel il est très souvent fait référence, ne correspond pas à un schéma textuel mais à une démarche d’argumentation. Schéma qui présente cet avantage de montrer que le passage de l’argument à la conclusion se fonde sur un certain nombre de principes, de normes de valeurs, qui ne sont pas toujours explicitées, mais qui justifient le passage à la conclusion (nous serions sinon dans un pur discours d’autorité). Aussi importe-t-il, avec les élèves de toujours leur demander sur quelles règles d’inférence et sur quels supports ils fondent leur passage à la conclusion. Le débat argumentatif trouve son origine dans le fait que les supports d’inférence peuvent varier entre locuteurs. Selon que je considère que les gens doivent être protégés contre eux-mêmes ou qu’au contraire les gens doivent se prendre en charge (voir exemple ci-dessous), assumer leurs responsabilités, la conclusion ne sera pas la même. Selon les époques, selon les milieux sociaux et intellectuels les supports d’inférence ne seront pas les mêmes. Il importe que les élèves soient conduits, sur certains textes, à tenter de mettre à jour le support d’inférence sur lequel se fonde le passage à la conclusion (par exemple, lorsqu’il s’agit de dénoncer le travail des enfants à partir de poèmes de Victor Hugo ou le travail des enfants à partir de campagnes de l’Unicef, la dénonciation de la peine de mort dans Le Dernier jour d’un condamné de Victor Hugo toujours ou dans le discours de Robert Badinter à l’Assemblée nationale). DONC DONNEES, ARGUMENTS de plus en plus d’enfants souffrent d’obésité CONCLUSION il faut établir de nouvelles normes dans l’élaboration des produits alimentaires étant donné que les aliments comportent de plus en plus de sucre et de matières grasses uploads/Philosophie/ l-x27-argumentation-pdf.pdf
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- Publié le Mar 02, 2021
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