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See discussions, stats, and author profiles for this publication at: https://www.researchgate.net/publication/318234967 La "structure absolue" est-elle relative ? Conference Paper · June 2011 CITATION 1 READS 1,411 1 author: Some of the authors of this publication are also working on these related projects: The Times of Creation: a cross-disciplinary project on Arts and Software (Les Temps de la création: étude croisée Arts et Logiciels) View project Relateurs arithmétiques View project Daniel Verney Association Raymond Abellio de Recherches et Études 16 PUBLICATIONS 2 CITATIONS SEE PROFILE All content following this page was uploaded by Daniel Verney on 06 July 2017. The user has requested enhancement of the downloaded file. D. Verney – Rencontres de Seix 2011 - La "structure absolue" est-elle relative ? 1/15 RENCONTRES DE SEIX, 25-26 Juin 2011 LA "STRUCTURE ABSOLUE" EST-ELLE RELATIVE ? par Daniel Verney ***** Résumé Dans sa présentation de la "structure absolue" dont il est l'inventeur, Raymond Abellio fonde celle-ci sur la notion d'interdépendance universelle dont il souligne qu'elle implique "le primat de la relation par rapport aux individus". Qualifier la structure d'"absolue" pour marquer son caractère universaliste ou universalisant, n'est-ce pas entrer dans une contradiction pérenne avec le "primat de la relation" ? La structure absolue ne doit-elle pas se relativiser pour devenir vraiment opératoire ? Partant de cette contradiction qui signe à la fois la difficulté et la richesse du modèle de la structure absolue, nous en questionnerons le fonctionnement tel qu'Abellio l'évoque et tel que quelques uns l'ont développé, et nous chercherons à quelles conditions, et dans quel contexte épistémologique la structure absolue peut être appliquée. Nous observerons que ces applications concernent des champs de la cognition, si ce n'est de la connaissance, et nous montrerons qu'elles supposent d'une part une approche complémentaire de celle, gnostique et "héroïque", d'Abellio, et, corrélativement un élargissement de la notion et de la pratique de la "démarche rationnelle", élargissement qui est d'ailleurs impliqué et même nécessité, par la structure absolue. ***** INTRODUCTION Si la "structure absolue", création philosophique majeure de Raymond Abellio, est opératoire comme Abellio lui-même l'a illustré en s'intéressant au champ de la perception et à celui des fonctions sociales, on est en droit de se demander non seulement en quoi et comment elle l'est, mais aussi quel est son statut épistémologique : est-ce un modèle, une méthode, un outil, un guide, ou un objet fonctionnel non (encore) identifié ? Il est frappant de constater que relativement peu de chercheurs l'ont appliquée. Il y a à cela - à côté de la question de la réception de l'œuvre d'Abellio, qui n'est pas le sujet de notre étude - des raisons fondamentales que nous voudrions explorer sous forme de questionnements. Abellio a certes présenté des schémas et des exemples de fonctionnement de la structure absolue mais il n'a guère explicité la nature des pôles de structures qu'il découvre ou désigne dans les divers champs qu'il aborde, et moins encore les propriétés des relations et des opérations qu'il fait jouer entre ces pôles. Car la préoccupation essentielle d'Abellio, du moins telle qu'elle nous apparaît à l'étude de son œuvre, est moins celle d'un "ingénieur de la pensée" que d'un gnostique pour qui la structure absolue est le modèle d'émergence du Je (ou du Nous) intersubjectif dans une unité sphérique. Il lui importe plus de poser l'universalité du modèle que d'en décrire en détail un fonctionnement qui, selon lui, est destiné à s'effacer dans sa finalité résolue, car vécue. Bien que les aspects métaphysiques et spirituels de la structure absolue en constituent le fondement et le couronnement, comme Abellio le rappelle avec insistance, nous les considérons ici comme en arrière-plan, nous plaçant dans une perspective d'application qui nous amènera à nous interroger sur la nature des éléments, opérations et D. Verney – Rencontres de Seix 2011 - La "structure absolue" est-elle relative ? 2/15 schémas, en partant de la présentation qu'en a fait Abellio, mais aussi en les repérant et en les analysant dans les travaux des chercheurs qui en ont appliqué le modèle. Nous devrons en même temps interroger la notion même d’application concernant la structure absolue, ce qui nous ramènera à poser la question de son statut épistémologique : s’applique-t-elle comme un principe général à des réalités particulières, comme un modèle d’analyse conceptuelle, comme un guide ou – plus probablement selon nous – comme une condition a priori d’une activité de connaissance structurale ? 1. POURQUOI "ABSOLUE" ET POURQUOI "STRUCTURE" ? Abellio fonde son approche sur la notion d'interdépendance universelle dont il souligne dans l'introduction de La structure absolue, son ouvrage fondateur1, qu'elle implique "le primat de la relation par rapport aux individus". Qualifier la structure d'"absolue" pour marquer son caractère universel ou universalisant - et même s'il s'agit d'une provocation, comme Abellio l'a lui-même concédé dans plusieurs entretiens - n'est-ce pas entrer dans une contradiction pérenne avec le "primat de la relation" ? Rappelons que selon l'étymologie latine "absolutus" (participe passé du verbe absolvere) désigne ce qui a été dégagé de ses liens. Or qui dit liens dit relations. Ainsi la structure absolue affirme le primat de la relation tout en se posant comme dégagée de toute relation. Il est très peu probable que cette contradiction dans les termes ait échappé à Abellio. S'il a passé outre, on peut en partie expliquer cette "provocation" par sa position particulière dans le contexte philosophique de l'époque (le début de la décennie 1960, le structuralisme dominant, la situation marginale d'Abellio dans cet environnement intellectuel). On peut aussi invoquer une ambivalence selon nous intrinsèque à la démarche d'Abellio, qui est mue par l'idéal de l'universalité vécue dans le Nous intersubjectif, tout en poursuivant l'objectif - sous-jacent dans toute son œuvre - d'une explication absolue du monde. Quoiqu'il en soit, c'est la visée d'universalité qui est ici essentielle. Dans l'exposé des motifs de La structure absolue, Abellio affirme que les structures multipliées, proliférantes, telles que les structuralistes les emploient dans les sciences de l'homme, "coupent les liens avec l'universel"2, et il pose l'ambition d'un "structuralisme universel". Dans l'expression "structure absolue" le terme absolu apparaît ainsi comme une sorte d'intensificateur sémantique d'universel. L’association d'"absolue" à "structure" désigne un concept inédit - du moins dans le monde structural - celui d’une fonction qui n’est pas une structure parmi d'autres, ni un absolu dominant toute structure, mais le modèle dynamique de tout acte de connaître "structuralement. ". Comme l’a énoncé José Carlos Tiago de Oliveira dans son exposé aux Rencontres de Seix 2011, la structure absolue n’est-elle pas "la mère de toutes les structures" ? Mais le terme de structure n'est pas lui aussi sans poser de sérieuses questions. Certes, comme le rappelle Abellio, la racine str exprime la notion d'être, mais c'est avec une connotation de stabilité, si ce n'est de rigidité qu'on trouve bien sûr dans construction et dans les autres vocables "construits" autour de cette racine. Là encore, on a du mal à évoquer le "primat de la relation sur les individus", sauf à donner à la notion d'"être" une acception plus large qui constituerait la "chose en soi" dans et par le monde des relations - ou plus précisément définirait l'objet individuel par un jeu de relations de cognition. On pourra à ce sujet se référer aux travaux du philosophe Michel Bitbol, principalement à son ouvrage De l'intérieur du monde : pour une philosophie et une science des relations [MB 2010]. Dans cette perspective, et dans notre vision de la pensée d'Abellio, l'opération de structuration (de "mise en structure") est le moteur de toute connaissance visant la 1 [RA 1965] p 24. Les références entre [] renvoient à la bibliographie à la fin de cette étude 2 [RA 1965, p 44] D. Verney – Rencontres de Seix 2011 - La "structure absolue" est-elle relative ? 3/15 découverte de relations, et la structure absolue serait la condition a priori de toute structuration. Portant sur la manière de connaître plutôt que sur les objets ou situations du monde, la structure absolue serait ainsi une forme transcendantale (au sens de Kant) de la connaissance - ce qui, nous en avons conscience, peut être considéré comme une interprétation de la pensée d'Abellio3. Cette vision de la structure absolue a selon nous l'avantage de préserver une double ouverture : d'un côté sur l'émergence du Nous intersubjectif - l'approche transcendentale qui est le thème principal d'Abellio - et de l'autre côté sur une nouvelle science de la cognition, à la fois rationnelle et intuitive. 2. QU'EST-CE QU'UN "CHAMP" DE LA STRUCTURE ABSOLUE ? Dans l'introduction de La structure absolue4, Abellio affirme que pour procéder à toute structuration "il faut se donner un champ et y désigner quatre pôles effectivement mobilisables dans une dialectique" (italiques dans le texte). Il se pose évidemment aussitôt la question de cette donation et de cette désignation, mais ne précise pas son acception du mot champ, ce qui peut se comprendre si l'on admet que ce sont justement les opérations de "donation" et de "désignation" qui permettent dans chaque cas de "constituer"5 un champ : on est bien ici dans une uploads/Philosophie/ la-structure-absolue-est-elle-relative.pdf

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